lundi 19 janvier 2009

Sermon du dimanche 18 janvier 2009 - 2ème dimanche après l'Epiphanie


Chants proposés :

Qu’aujourd’hui toute la terre AeC 228 : 1-5

Je crois en Dieu, le créateur, AeC 565 : 1-3

Tu nous appelles à t’aimer AeC 532 : 1-4

Quand vint le jour d’étendre les bras AeC 586 : 1-5


Texte : Jn 1 . 35-42


35 « Le lendemain, Jean était encore là avec deux de ses disciples.

36 Il vit Jésus passer et dit :

"Voici l'Agneau de Dieu."

37 Les deux disciples l'entendirent prononcer ces paroles et suivirent Jésus.

38 Jésus se retourna et, voyant qu'ils le suivaient, il leur dit :

"Que cherchez-vous ?"

Ils lui répondirent :

"Rabbi ce qui signifie maître , où habites-tu ?"

39 "Venez," leur dit-il, "et voyez."

Ils y allèrent [donc], virent où il habitait et restèrent avec lui ce jour-là. C'était environ quatre heures de l'après-midi.

40 André, le frère de Simon Pierre, était l'un des deux qui avaient entendu les paroles de Jean et qui avaient suivi Jésus.

41 Il rencontra d'abord son frère Simon et lui dit :

"Nous avons trouvé le Messie", ce qui correspond à Christ.

42 Il le conduisit vers Jésus.

Jésus le regarda et dit :

"Tu es Simon, fils de Jonas, tu seras appelé Céphas", ce qui signifie Pierre. »


Chers frères et sœurs

qui vous écriez : eurhka ! (eurêka), « j’ai trouvé ! »

Ne vous est-il jamais arrivé de savoir que vous deviez changer de comportement parce que les temps avaient changé, mais vous vous êtes cramponnés à la façon de vivre ou de travailler d’avant ?

Prenez exemple sur Jean-Baptiste. Il n’avait jamais caché que son ministère était passager. « Vous-mêmes m’êtes témoin que j’ai dit : "Moi, je ne suis pas le Messie, mais j'ai été envoyé devant lui." » Puis il a comparé son lien avec Jésus au lien d’un ami avec le marié : « Celui qui a la mariée, c'est le marié, mais l'ami du marié, qui se tient là et qui l'entend, éprouve une grande joie à cause de la voix du marié. Ainsi donc, cette joie qui est la mienne est parfaite. Il faut qu'il grandisse et que moi, je diminue. » (Jn 3.28-30)

Maintenant que Jean avait préparé la venue du Seigneur et que celui-ci avait commencé son ministère public, Jean encourage ses propres disciples à suivre Jésus.

Le but n’est pas d’être disciple de Jean-Baptiste, de Jean Haessig ou de quelque individu que ce soit, aussi éminent puisse-t-il être dans l’Eglise ; le but est d’être disciple du Christ. C’est là aussi sur quoi il porte ses efforts.

Voyons donc :

COMMENT

JESUS GAGNE DES DISCIPLES

1. tout au début ?

2. aujourd’hui ?

3. et ce que ça leur rapporte.


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COMMENT

JESUS A-T-IL GAGNE DES DISCIPLES

TOUT AU DEBUT ?

Comment cela s’est-il passé dans notre histoire ? Nous lisons : « Jean était encore là avec deux de ses disciples. » (v. 35) Dans notre histoire, ces « deux disciples » sont mentionnés trois fois. La troisième fois il est précisé : « André, le frère de Simon Pierre, était l'un des deux. » (v. 40)

Et l’autre ? Son nom, vous ne le rencontrerez ni dans ce chapitre ni, d’ailleurs, dans tout le troisième Evangile. Son auteur, le futur apôtre Jean, est trop modeste pour se nommer. Quand il faut qu’il parle de lui-même, il mentionne simplement « le disciple que Jésus aimait » (Jn 21.20 par ex.) ou l’un des deux « fils de Zébédée » (Jn 21.2 ; voir Mt 4.21)

Jean et André étaient de pieux Israélites qui attendaient la venue du Messie promis. Ils s’étaient fait baptiser par Jean-Baptiste et étaient devenus ses disciples. Le Saint-Esprit avait de grands projets pour Jean et André : ils devaient être les prémices, les premiers disciples de Jésus. Le jour de la rencontre entre Jésus et Jean-Baptiste devait aussi devenir un jour mémorable pour Jean et André.

Les croyants juifs attendaient le Messie annoncé dans tout l’Ancien Testament. La mission de Jean-Baptiste, « prophète du Très-Haut […] pour préparer les chemins du Seigneur » (Lc 1.76 ; Mt 3.3), était de diriger ces croyants vers le Messie, maintenant qu’il était là. Le Baptiste avait, bien entendu, tout particulièrement préparé ses disciples à accepter Jésus-Christ comme leur Sauveur.

Jean-Baptiste n’avait pas la tâche facile. Certains de ses disciples étaient plus attirés par sa personne que par son message qu’ils comprirent mal ; certains de ceux-là fondèrent même, après sa mort, une espèce de secte. Plus tard, l’apôtre Paul en rencontrera lors de son troisième voyage missionnaire et les convertira.

C’est malheureusement un phénomène qu’on rencontre parfois : que certains soient plus attirés par la personnalité d’un prédicateur que par sa prédication. On s’en rend surtout compte quand il y a des défections lors d’un changement de pasteur.

Jean n’a jamais cessé de diriger l’attention et la méditation sur le Messie promis. Et lorsque, dans notre récit, « il vit Jésus passer, » il ne l’ignora pas de peur de devoir s’effacer et jouer un second rôle, non, « il dit » sans hésiter : « "Voici l'Agneau de Dieu." » (v. 36)

D’ailleurs, le jour précédent, il avait déjà dit à la vue de Jésus : « Voici l’Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde ! » (v. 29) Comment le savait-il, puisqu’il avoue à plusieurs reprises : « Je ne le connaissais pas » (Jn 1.31-33) Oh ! il connaissait les prophéties de l’Ancien Testament. Elisabeth, sa mère, lui a certainement aussi parlé de l’enfant de Marie qu’elle avait salué comme « son Seigneur » (Lc 1.43).

Et puis le Baptiste était prophète : Dieu s’adressait directement à lui. Il nous apprend : « Celui qui m’a envoyé baptiser d’eau m’a dit : "Celui sur qui tu verras l’Esprit descendre et s’arrêter, c’est lui qui baptise du Saint-Esprit." Et moi j’ai vu et j’atteste qu’il est le Fils de Dieu. » (v. 33-34)

Toute sa prédication avait pour objet de diriger ses auditeurs vers Jésus-Christ, celui qui allait les délivrer de la malédiction de la Loi en expiant leurs péchés. Ses auditeurs comprenaient très bien ce langage. Cela les renvoyait aux sacrifices des agneaux au Temple, préfiguration symbolique de ce qui arriverait au Messie promis.

« Les deux disciples » – André et Jean – « entendirent [le Baptiste] prononcer ces paroles et suivirent Jésus. » (v. 36) L’Evangile annoncé par le Baptiste avait touché leurs cœurs et les avait amenés à reconnaître en Jésus de Nazareth « l’Agneau de Dieu », « le Fils de Dieu ». Et cette connaissance pousse à vouloir toujours en savoir plus. D’où leur question : « Rabbi ce qui signifie maître , où habites-tu ? », où pouvons-nous nous entretenir avec toi ? Jésus exauce leur désir : « "Venez," leur dit-il, "et voyez." » (v. 38)

« Ils restèrent avec lui ce jour-là » (v. 39), entendirent tant de choses merveilleuses de sa bouche qu’ils y adhérèrent entièrement et deviendront plus tard deux de ses douze apôtres.

C’était là un gain inappréciable pour Jésus. C’était le début de son engrangement d’âmes immortelles pour son Royaume des cieux. C’étaient les deux premiers à avoir été gagnés par la Parole de Dieu enseignée, dans leur cas, d’abord par Jean-Baptiste, puis par Jésus lui-même.

D’autres suivront, et cela continuera jusqu’à la fin des temps.


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COMMENT

JESUS GAGNE-T-IL DES DISCIPLES

AUJOURD’HUI ?

Ceci, c’est la fin de notre récit qui nous le révèle. « André, le frère de Simon Pierre, […l rencontra d'abord son frère Simon et lui dit : "Nous avons trouvé le Messie", ce qui correspond à Christ. Il le conduisit vers Jésus. Jésus le regarda et dit : "Tu es Simon, fils de Jonas, tu seras appelé Céphas", ce qui signifie Pierre. » (v. 40-42)

A peine André a-t-il trouvé « la perle de grand prix » (Mt 13.46), Jésus, le Sauveur de l’humanité, qu’il veut en faire profiter les autres, en premier lieu – « d’abord » ! – son frère Simon. Il va donc le trouver pour lui apprendre la merveilleuse nouvelle : « Nous avons trouvé le Messie, […] le Christ ! »

La parole transmise par André, le témoignage de sa foi, a fait de « Simon » – nom hébreu qui signifie « celui qui écoute » – un « Céphas », autre nom hébreu qui signifie « un roc », et qui a donné le prénom français « Pierre » ! Il fallait qu’il soit non seulement un Simon, un « écoutant », de nom, mais qu’il écoute aussi réellement l’Evangile qui lui était annoncé pour qu’il devienne un « roc » de foi, un homme qui place solidement sa foi sur le Christ.

S’il avait répondu à son frère : « Parle toujours… Tu m’intéresses ! », il n’aurait jamais été converti à Jésus, il n’aurait jamais été mis en sécurité « sur le roc éternel assis », comme nous le chantons dans un cantique (LlS 181). Car on n’est soi-même un « roc » de foi que tant que notre foi est « fondée sur le roc », Jésus-Christ, « le rocher de notre salut » (Mt 7.25 ; Ps 95.1).

Plus tard, l’apôtre Paul écrira aux chrétiens de Rome : « La foi vient de ce qu’on entend, et ce qu’on entend vient de la Parole de Dieu. » (Rm 10.17)

Avouons que Dieu est vraiment bon envers nous. Comme pour Pierre à qui il a envoyé André, beaucoup d’entre nous ont été « trouvés » par Dieu sans que nous l’ayons « cherché ». (Es 65.1 ; Rm 10.20) Les uns ont rencontré Jésus grâce au témoignage de leurs parents, d’autres grâce à celui d’amis, d’autres encore parce que Dieu leur a mis une Bible ou de la littérature chrétienne entre les mains ! Mais c’est toujours « l’Evangile de Christ » (Rm 15.19) confessé, annoncé, enseigné – oralement ou par écrit – qui amène à la foi et au salut (Ep 1.13).

André a commencé à parler à son frère du Sauveur du monde, de « l’Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde ». Il est bien dit qu’il l’a fait « d’abord ». Et après le « d’abord » il y a eu un « ensuite ». André a continué sa vie durant à parler du Christ. Ce n’est certainement pas pour s’être tu que des sources extrabibliques rapportent qu’il serait mort en martyr sur une croix en forme d’X qu’on appelle depuis « croix de St-André ».

Quoi qu’il en soit, remarquons qu’à peine il a rencontré son Sauveur qu’il s’efforce de le faire rencontrer à d’autres. A peine « l’Evangile du Christ » l’a amené à la foi en Christ qu’il répand cet Evangile autour de lui pour que le Saint-Esprit puisse en amener d’autres à croire en Christ.

André a appelé Pierre. Aux deux – les deux étaient pêcheurs sur le Lac de Galilée – Jésus dira un peu plus tard : « Suivez-moi et je ferai de vous des pêcheurs d’hommes ! » (Mt 4.19) Grâce à leur témoignage, grâce à leur prédication, ils retireront d’innombrables âmes à l’océan de la perdition éternelle.

Pierre, dont notre paroisse porte le nom, indique que c’est là le propre de tout croyant : témoigner de Celui sur qui nous fondons notre foi : « Vous êtes un peuple choisi, des prêtres royaux, une nation sainte, un peuple racheté afin de proclamer les louanges de celui qui vous a appelés des ténèbres à sa merveilleuse lumière. » (1 P 2.9)

Nous n’avons sans doute pas les dons d’un apôtre André ou d’un apôtre Pierre, mais si Jésus a fait de nous « des pêcheurs d’hommes », des « proclamateurs » de ses bienfaits, il nous accompagne aussi de sa bénédiction et de l’action du Saint-Esprit.

Nous n’avons pas non plus tous la même fonction dans l’Eglise. Par contre, dans le monde, nous dit Jésus, nous sommes tous « ses témoins », et nous avons tous la promesse que « la puissance du Saint-Esprit » agira à travers le témoignage de notre foi. (Ac 1.8)

Car c’est ainsi que Jésus gagne des disciples jusqu’à la fin des temps : par sa Parole qu’il nous demande d’annoncer, par la connaissance de son œuvre salutaire que nous devons exposer, par les bénédictions célestes qu’il nous a offertes et dont nous devons témoigner.

En effet,

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QU’EST-CE QUE ça rapporte

d’avoir ete gagne

en tant que disciple du christ ?

Ce qui leur est arrivé ce jour, à André et à Jean, les a tellement émus, la rencontre avec leur Sauveur et la certitude de leur salut en Christ les a tellement marqués qu’ils se rappellent même l’heure à laquelle ils ont eu cette bouleversante rencontre avec Jésus : « C'était environ quatre heures de l'après-midi. » (v. 39)

Cela a été un événement merveilleux et béni, au point que l’apôtre Jean l’a soigneusement consigné dans son Evangile jusque dans les paroles échangées avec Jésus.

Chers amis, nous qui avons « trouvé le Messie », nous sommes tous subjugués par ce qu’il nous apporte par pure grâce.

Nous connaissons tous le cri chargé d’émerveillement d’Archimède eurhka ! (eurêka), « j’ai trouvé ! » – lorsqu’il eût trouvé le principe de la poussée qui porte désormais son nom. Figurez-vous qu’André et Jean ont poussé exactement le même cri de joie en découvrant le Christ : eurhkamen ! (eurêkamen), « nous avons trouvé ! » – parce qu’ils avaient « trouvé le Christ ».

Pourquoi ce cri des apôtres n’est-il pas autant connu dans le monde que celui d’Archimède ? Pourquoi notre étonnement et notre joie d’avoir trouvé le Christ et d’avoir été comblés de ses bienfaits ne sont-ils pas aussi connus dans le monde que la joie d’Archimède découvrant le principe de la poussée qui s’exerce sur un corps plongé dans l’eau ?

« Eurhkamen ton Messian ! » « Nous avons trouvé le Messie » et toutes les bénédictions qu’il nous apporte :

la délivrance de nos « péchés », car il les a « enlevés » en les expiant pour nous ! (Jn 1.29),

la réconciliation avec Dieu qui nous invite à « venir » auprès de lui et à le « voir » dans sa bonté et sa miséricorde,

l’honneur qu’il nous fait en nous engageant comme ses témoins et pêcheurs d’hommes !

Beaucoup d’entre nous ne se rappellent pas de l’heure où ils ont rencontré leur Seigneur. Ils n’ont pas, à l’époque pu exprimer leur joie d’avoir « trouvé » – mieux : d’avoir été trouvés par – « le Messie ». et d’avoir été arrachés à la mort éternelle et reçus dans son Royaume divin. Et pour cause : cela s’est passé lorsqu’ils ont été baptisés comme nourrissons. Au moins pouvons-nous en savoir le jour – il est consigné sur un registre de baptême – et peut-être même, si nous cherchons bien, pouvons-nous aussi dire : « C’était environ [telle] heure ! »

Ce n’est pas important, d’en connaître l’heure, c’est ce qui s’y est passé qui est d’une importance capitale. C’est là la raison pour laquelle on veut fixer cette date, et peut-être cette heure, dans sa mémoire.

D’autres on rencontré le Seigneur à l’âge adulte. Ce n’était sans doute pas une rencontre aussi subite que pour André, Jean et Pierre dans notre récit, mais plutôt un rapprochement progressif, une découverte lente. Mais comme dit plus haut : ce qui est important, ce n’est pas le moment précis ou la durée qu’on a mis pour finalement le rencontrer, ce qui est important, c’est d’avoir fait la connaissance du « Messie, ce qui se traduit : le Christ » (v. 41 ; NSB) ; ce qui est important, c’est de s’être vu accepté par lui, béni par lui, comblé par lui.

Gardez en mémoire avec reconnaissance ce qui s’est passé lorsque vous l’avez rencontré. Paul présente ainsi l’une des bénédictions que nous devons au « Messie » ou « Christ » quand il est entré dans notre vie : « En lui, par son sang, nous sommes rachetés, pardonnés de nos fautes, conformément à la richesse de sa grâce » (Ep 1.7). Jésus nous a donc réconciliés avec Dieu qui nous a reçus comme « ses enfants adoptifs » (Ep 1.5)

Pierre, quant à lui, nous rappelle cet autre miracle que le Christ a accompli avec nous quand il est entré dans notre vie : « Conformément à sa grande bonté, il nous a fait naître de nouveau à travers la résurrection de Jésus-Christ pour une espérance vivante, pour un héritage qui ne peut ni se détruire, ni se souiller, ni perdre son éclat […] dans le ciel » (1 P 1.3-4).

« Trouver » le Sauveur avec sa grâce et son pardon – en fait : être trouvé par lui – c’est la chose la plus merveilleuse qui puisse arriver à quelqu’un, car dans ce cas « rien ne peut nous séparer de l’amour de Dieu », ni dans la vie ni dans la mort, et ceci pour l’éternité ! (Rm 8.39)

C’est la raison pour laquelle nous ne pouvons réprimer notre cri de joie : « Eurhkamen ton Messian ! » (eurêkamen ton Messian) « Nous avons trouvé le Messie » dans l’espoir que d’autres, par notre témoignage, en arrivent aussi à s’écrier : eurhka ! (eurêka), « j’ai trouvé ! »

Amen.

Jean Thiébaut Haessig

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