dimanche 13 février 2011

Sermon du dimanche 13 févirer 2011 - Fête de la Transfiguration

FETE DE LA TRANSFIGURATION

Texte : EXODE 3 : 1 – 10

1 Moïse faisait paître le petit bétail de Jéthro, son beau-père, qui était prêtre de Madiân ;

il mena le troupeau au-delà du désert

et arriva à la montagne de Dieu, à l'Horeb.

2 Le Messager du Seigneur lui apparut dans un feu flamboyant, du milieu d'un buisson.

Moïse vit que le buisson était en feu,

mais que le buisson ne se consumait pas.

3 Moïse dit :

"Je vais faire un détour pour voir ce phénomène extraordinaire :

pourquoi le buisson ne brûle-t-il pas ?"

4 Le Seigneur vit qu'il faisait un détour pour voir;

alors Dieu l'appela du milieu du buisson : "Moïse ! Moïse !"

Il répondit : "Je suis là !"

5 Dieu dit :

"N'approche pas d'ici ; ôte tes sandales de tes pieds,

car le lieu où tu te tiens est une terre sacrée."

6 Il ajouta :

"Je suis le Dieu de ton père,

le Dieu d'Abraham, le Dieu d'Isaac et le Dieu de Jacob."

Moïse se détourna,

car il avait peur de diriger ses regards vers Dieu.

7 Le Seigneur dit :

"J'ai bien vu l'affliction de mon peuple qui est en Egypte,

et j'ai entendu les cris que lui font pousser ses tyrans ;

je connais ses douleurs.

8 Je suis descendu pour le délivrer de la main des Egyptiens

et pour le faire monter de ce pays vers un bon et vaste pays,

un pays ruisselant de lait et de miel,

là où habitent les Cananéens, les Hittites, les Amorites,

les Perizzites, les Hivvites et les Jébusites.

9 Maintenant, les cris des Israélites sont venus jusqu'à moi,

et j'ai vu l'oppression que les Egyptiens leur font subir.

10 Maintenant, va, je t'envoie auprès du pharaon;

fais sortir d'Egypte mon peuple, les Israélites !" »


Chers amis,

qui avez rencontré « le Messager du Seigneur » !

Ce texte a été choisi pour la Fête de la Transfiguration du Christ parce qu’il rapporte l’une des nombreuses apparitions de Jésus dans l’Ancien Testament comme « l’Ange de l’Eternel » !

Rappelez-vous ! Le mot « ange » signifie « messager », « porteur de nouvelles ». Dans la Bible, Dieu a souvent envoyé un ange auprès de quelqu’un.

Dans notre histoire, cependant, Dieu n’envoie pas un ange quelconque ; il envoie « l’Ange de l’Eternel » qui, ici, est appelé « Dieu » ; c’est qu’il est le Messie promis, le Christ Jésus.

Notre texte est donc bien un texte d’Epiphanie, un récit où « Christ, le Seigneur, » (Lc 2.11) apparaît dans sa majesté divine, un récit où il « s’épiphanie », où il manifeste sa divinité avec éclat.

Du temps de Moïse, Jésus n’était pas encore « vrai homme, né de la vierge Marie ». A l’époque, il n’était que « vrai Dieu, né du Père de toute éternité » (Martin Luther : Petit Catéchisme).

« Le Messager du Seigneur » – ou « Ange de l’Eternel »« apparut à [Moïse] » et se présenta en ces termes : « Je suis le Dieu de ton père, le Dieu d'Abraham, le Dieu d'Isaac et le Dieu de Jacob. »

Pas de doute : ici « le Messager de Dieu apparaît » comme « vrai Dieu » ; ici le Christ Messie fait son épiphanie, se manifeste avec éclat comme Dieu en personne !

La question se pose : Pourquoi ? Pourquoi le Fils de Dieu apparaît-il à Moïse ?

Dieu ne fait rien par ennui, ou pour s’amuser, ou pour faire l’intéressant. Quand il se révèle, lorsqu’il se manifeste, c’est qu’il a un projet. Cela est vrai aussi de l’épiphanie du Messie dans notre histoire.

LE CHRIST SE TRANSFIGURE DEVANT NOUS

– 1 –

à cause du combat de notre foi,

– 2 –

à cause de l’alliance qu’il a conclue avec nous,

– 3 –

à cause de la transfiguration bien plus glorieuse

qui nous attend encore.

LE CHRIST SE TRANSFIGURE DEVANT NOUS

– 1 –

à cause du combat de notre foi

« Moïse faisait paître le petit bétail de Jéthro, son beau-père, qui était prêtre de Madiân. Il mena le troupeau au-delà du désert et arriva à la montagne de Dieu, à l'Horeb. »

Que fait-il dans le désert de Madiân, lui qui a grandi avec pharaon dans les palais égyptiens ? Pourquoi cherche-t-il à trouver « au-delà du désert » un terrain herbeux pour des moutons, lui qui était environné d’une armée de serviteurs en Egypte ? Que va-t-il à trouver à « l’Horeb » - qui signifie « sécheresse » - lui qui vivait dans la luxuriante vallée du Nil ?

La vie ne l’a pas épargné. Il est tombé de haut. Il a dû fuir les soldats de pharaon qui voulait le tuer (Ex 2.15). Sa foi en Dieu a été mise à rude épreuve. Elevé dans les plus hautes sphères de la société, il se retrouve parmi les plus pauvres. Sa sécurité et son luxe, il a dû les échanger contre la précarité et les dangers du désert. Précédemment prince, le voilà occupé à un emploi qu’on qualifierait aujourd’hui de pénible.

Cette dégringolade sociale, il n’a pas dû la digérer du jour au lendemain. Il a connu la peur, la fuite, l’errance, la solitude, la pauvreté, mais aussi la désillusion, la déception, le découragement. Certes, Dieu a eu pitié de lui et lui a fait trouver une femme et une famille dans cette terre étrangère, mais il s’y est toujours senti étranger. Son premier fils, il l’a appelé « Guershom », « Immigré » (Ex 2.22). Comme quoi « il n’y a rien de nouveau sous le soleil » (Ec 1.9), pas même l’immigration et ses difficultés.

Notre foi en Dieu n’est-elle pas aussi, parfois, mise à rude épreuve ? Nous ne vivons et n’habitons pas non plus tous dans le pays ou dans la région où nous avons grandi. Certains d’entre nous se trouvent loin de leur famille. D’autres doivent travailler dans des conditions difficiles ou ont du mal à joindre les deux bouts. D’autres encore se débattent dans des problèmes de santé.

Garder foi en Dieu, en la bonté et la justesse de ses décisions, de sa façon de nous conduire, n’est pas facile pour tout le monde. N’avons-nous jamais fait monter vers lui ces paroles du « Petit Catéchisme », mais alors sous forme de soupir, d’appel au secours : « Je ne puis, par ma raison et mes propres forces croire en Jésus-Christ ! » ?

Mais le Seigneur écoute les siens. Il ne reste pas distant. C’est la merveilleuse expérience que Moïse a pu faire, là-bas, dans le désert. « Le Messager du Seigneur lui apparut dans un feu flamboyant, du milieu d'un buisson. Moïse vit que le buisson était en feu, mais que le buisson ne se consumait pas. »

« Le Messager du Seigneur », « l’Ange de l’Eternel apparaît du milieu d’un buisson ». Il n’a pas trouvé mieux. La fertile Egypte à la culture si brillante ressemble à un palmier majestueux. La vie dans le désert est symbolisée par un « buisson ». C’est aussi l’image que donne parfois l’Eglise au milieu du monde : « un buisson » au milieu d’une forêt luxuriante.

La communauté des croyants, connaît des problèmes, parfois aussi durs que la vie de Moïse dans le désert : des problèmes financiers (comment trouver assez de dons pour mieux annoncer Christ parmi et autour de nous ?) ; des problèmes de cure d’âme (nous sommes tous humains, tiraillés par les problèmes et les tentations de ce monde et de notre nature parfois si faible) ; des problèmes aussi avec d’autres Eglises qui essayent de contourner la révélation biblique pour mieux plaire aux gens, pour donner à l’Eglise davantage l’aspect du majestueux palmier.

Pourtant, Dieu se manifeste avec grâce dans « le buisson », pas dans la palmeraie, dans l’Eglise, et non pas dans le monde. Le Seigneur, » ne rechigne pas à s’abaisser pour venir à notre rencontre. Plus tard, « le Messager du Seigneur » ira jusqu’à naître dans une étable et mourir sur une croix pour ne pas rater le rendez-vous avec nous.

Dans notre texte, il vient à la rencontre de Moïse, et, à travers Moïse, à la rencontre du peuple d’Israël en esclavage en Egypte. C’est lui qu’il veut relever de sa détresse, sauver de son malheur. « Le Seigneur dit : "J'ai bien vu l'affliction de mon peuple qui est en Egypte, et j'ai entendu les cris que lui font pousser ses tyrans ; je connais ses douleurs. Je suis descendu pour le délivrer… »

Dieu n’est pas un Dieu lointain, inattentif, insensible aux problèmes des siens. Que dit-il ? « J’ai vu […], j’ai entendu […], je connais […]. » Cher enfant de Dieu, ton Père céleste « connaît » tes problèmes, il sait ce que tu endures. Mais il « connaît » aussi ce qui contribue à ton bien, si tu t’appuies sur lui et lui fais confiance (voir Rm 8.28).

Car Dieu ne « voit » et « n’entend » pas seulement nos gémissements, pour ensuite passer son chemin comme certains l’ont fait dans la parabole du « Bon Samaritain » (Lc 10:30-37). Quand Dieu nous voit souffrir, il intervient. Devant la misère du peuple d’Israël en Egypte, il déclare à Moïse : « Je suis descendu pour le délivrer de la main des Egyptiens. » Le mieux est de jeter, chez vous, un coup d’œil dans la suite du livre de « l’Exode », pour voir comment Dieu s’y est pris pour « délivrer » le peuple d’Israël « de la main des Egyptiens ».

Cette attitude interventionniste dans l’intérêt des siens, c’est encore aujourd’hui l’attitude de Dieu. Oh ! il n’a pas procuré aux Israélites le paradis sur terre. Leur délivrance les a menés à travers d’autres épreuves. Et il leur est arrivé de grommeler contre la façon dont Dieu les menait vers la liberté : ça n’allait pas assez vite ou ce n’était pas assez bien à leur goût.

Chers amis, on désespère de Dieu quand on veut lui dicter la façon dont il doit intervenir – et que ça se passe évidemment autrement. Faites-lui confiance ! Dans sa sagesse, il sait mieux que nous ce qui sert à notre bien ; et dans sa bonté, il ne peut jouer avec nous.

Voyez, ce n’était pas non plus du jeu quand il a envoyé son Fils : sa crèche n’était pas du jeu, et sa croix bien moins encore. Il « connaît » nos besoins, il « connaît » le combat de notre foi : c’est pour cela qu’il se transfigure devant nous dans son Evangile, c’est pour cela qu’il nous invite à sa table sacrée pour nous relever. C’est pour cela aussi qu’il s’est allié à nous dans le Baptême.

Ce sera notre second point :

LE CHRIST SE TRANSFIGURE DEVANT NOUS

– 2 –

à cause DE L’ALLIANCE QU’IL A CONCLUE AVEC NOUS.

« Le Messager du Seigneur », « l’Ange de l’Eternel », qui « apparaît » ici à Moïse, n’est autre que le Dieu de l’Alliance ! C’est comme tel qu’il se présente : « Je suis le Dieu de ton père, le Dieu d'Abraham, le Dieu d'Isaac et le Dieu de Jacob. »

Notre Dieu n’est pas un Dieu lointain, distant, mais un Dieu qui se lie, qui s’allie aux siens. En se présentant comme « le Dieu d’Abraham, le Dieu d’Isaac et le Dieu de Jacob », il rappelle qu’il s’est allié à ces patriarches, en promettant de leur envoyer un Messie-Sauveur.

En se présentant comme « le Dieu d’Abraham, le Dieu d’Isaac et le Dieu de Jacob », il rappelle qu’il est un Dieu qui fait des promesses et qui tient parole, un Dieu qui a passé un contrat, qui a contracté une alliance.

Une alliance d’ailleurs étonnante : d’un côté, l’allié, c’est Dieu ; de l’autre côté, l’allié, c’est « le peuple ». Le contrat dit que l’allié divin sera le libérateur et l’allié humain le délivré ; l’allié divin donnera un nouveau pays et l’allié humain le recevra, « un bon et vaste pays, un pays ruisselant de lait et de miel ». Ce n’est pas ce qu’on appelle du « donnant-donnant ». Ici on pourrait forger l’expression du « donnant-recevant ».

« Quelle alliance bancale ! » sommes-nous tentés de nous écrier. Effectivement, il y a de quoi. Mais n’a-t-il pas agi de même avec nous, et ne nous en portons-nous pas bien ? N’a-t-il pas lié des « promesses » (Ac2.38-39) bien plus époustouflantes encore à l’alliance du baptême dans laquelle il nous a reçus pour l’amour de son Fils ?

Cette alliance est, elle aussi, complètement déséquilibrée : d’un côté, l’allié qui agit, c’est Dieu (c’est ainsi qu’il nous a « régénérés » dans le baptême (Tt 3.5-7) ; de l’autre côté, les alliés qui profitent, c’est nous, les croyants ; d’un côté celui qui donne, c’est Dieu (il nous a donné son amour, son pardon, sa vie, son salut) ; de l’autre côté ceux qui reçoivent sans l’avoir mérité, c’est encore nous.

Et si le Pays de Canaan que Dieu allait offrir au peuple d’Israël allait être un pays fertile, la Canaan céleste que le Christ-Sauveur nous a obtenue et qui est promise aux baptisés est infiniment plus radieuse, magnifique et reposante.

Voilà comment Jésus révèle sa gloire aux siens dans sa Parole. Et voilà pourquoi il le fait : d’abord, pour nous aider avec efficacité dans le combat de notre foi, ensuite, parce qu’il est un Dieu de l’Alliance, et finalement, ce sera là notre dernier point :


LE CHRIST SE TRANSFIGURE DEVANT NOUS

– 3 –

A CAUSE DE LA TRANSFIGURATION

BIEN PLUS GLORIEUSE

QUI NOUS ATTEND ENCORE

Au début de notre histoire, « Moïse […] arriva à la montagne de Dieu, à l'Horeb. » Pourquoi « l’Horeb » est-il appelé « la montagne de Dieu » ? Pourquoi cet endroit désolé et désolant est-il appelé « la montagne de Dieu » ?

Voyez-vous, avant de mettre ce récit par écrit, sous l’inspiration du Saint-Esprit, Moïse avait fait sur cette même montagne une expérience bien plus bouleversante encore : Dieu lui y avait remis les « Dix Commandements » (Ex 19.10 – 20:21).

Cette montagne est parfois appelée « Horeb », parfois « Sinaï ». Les manifestations de Dieu sur le mont « Sinaï » ou « Horeb » ont été impressionnantes, surnaturelles, à un point tel qu’il est difficile de s’en faire une idée précise. Depuis, on l’a appelé « la montagne de Dieu », la montagne où Dieu a manifesté sa gloire et sa puissance, mais aussi sa sollicitude pour les siens.

Pour le moment, Dieu annonce à Moïse : il va « faire monter » Israël – « mon peuple ! » dit-il – « de ce pays vers un bon et vaste pays, un pays ruisselant de lait et de miel. » L’esclavage va faire place à la liberté, le travail forcé au travail rémunéré, l’interdiction d’adorer Dieu à la liberté de le faire. Ils ne souffriront plus de brimades, d’interdictions, d’une espèce de camisole de force dans laquelle on les enserre en Egypte, mais ils habiteront « un vaste pays » où ils pourront se répandre.

Mais le Pays de Canaan aussi ne devait être qu’une étape sur la route vers la grande Epiphanie du Messie, vers l’impressionnante Transfiguration finale de « l’Ange de l’Eternel ».

L’Epître aux Hébreux nous apprend : « [Les Israélites] obtinrent la réalisation de promesses, […] une résurrection supérieure, […] Dieu, en effet, avait en vue quelque chose de supérieur » pour eux, comme d’ailleurs « pour nous […]. » (Hé 11.33-40)

La transfiguration du « Messager du Seigneur » devait montrer à Moïse que Dieu était préoccupé du sort de « son peuple », qu’il avait un plan pour lui frayer un passage à travers les vicissitudes de la vie vers la félicité éternelle.

« Le Messager du Seigneur » n’allait pas seulement libérer le peuple d’Israël de l’esclavage en Egypte, il allait même délivrer toute l’humanité de ses péchés en les expiant lui-même.

Ce que le Christ transfiguré a dit à Moïse rejoint ce que Pierre, Jacques et Jean on entendu sur le mont de la Transfiguration : le Christ ou Messie allait nous libérer pour nous conduire vers une gloire sans pareille dans la félicité éternelle. Avec la libération du peuple d’Israël de l’esclavage égyptien, Dieu a voulu montrer qu’il est un Dieu-Sauveur capable de tenir ses promesses.

Et comme il a conduit le peuple d’Israël à travers les épreuves du désert vers le Pays de Canaan, il nous conduit, nous accompagne, nous encourage et nous assiste à travers les épreuves de cette vie vers la Canaan céleste, car « notre citoyenneté à nous est dans les cieux » (Ph 3.20).

Voilà le message du Christ transfiguré. Et tout ceci, nous le lui devons, à lui seul et à ce qu’il allait accomplir et dont il s’est entretenu avec « Moïse et Elie » sur le Mont de la Transfiguration (Lc 9.30-31).

Loué soit-il de se transfigurer ainsi devant nos yeux dans l’Evangile, en attendant de nous faire partager sa transfiguration dans les cieux ! (Ph 3.21)

Amen.

Jean Thiébaut Haessig

Chants proposés :

Daigne en cette heure, ô tendre Père LlS 1:1-3

Ô Jésus, Fils du Père, LlS 67:1+4-6

Seigneur, dirige tous mes pas LlS 305:1-3

Jérusalem, laisse passer ton Roi, LlS 162:1-3