Que l’argent soit une bénédiction
!
Malheur à ceux qui
vivent tranquilles dans Sion et en sécurité sur la montagne de Samarie, à ces
grands de la première des nations auprès desquels va la communauté d’Israël ! …
Vous croyez éloigner le jour du malheur, mais vous faites approcher le règne de
la violence. Ils se reposent sur des lits d’ivoire, ils sont vautrés sur leurs
divans, ils mangent les agneaux du troupeau, les veaux mis à l’engrais. Ils
improvisent au son du luth, ils se croient habiles comme David sur les
instruments de musique. Ils boivent le vin dans de larges coupes, ils ont
recours à la meilleure huile, mais ils ne s’attristent pas de la ruine de
Joseph. C’est pourquoi ils partiront en exil en tête des prisonniers, et les
cris de joie de ces paresseux cesseront.
Que la grâce du Seigneur
Jésus-Christ, l'amour de Dieu et la communion du Saint-Esprit soient avec vous
tous ! Amen.
Un jour un homme âgé, riche
et de mauvais tempérament, a rendu visite à un rabbin. Le rabbin a pris sa main
et l’a dirigé devant une fenêtre. Puis il lui a dit : « Regardez là-bas. »
L’homme riche a regardé dans la rue. « Que voyez-vous ? » a demandé le rabbin.
« Je vois des hommes, des femmes et des enfants, » le riche a répondu. Le
rabbin a pris encore sa main et l’a amené devant un miroir. « Et maintenant,
que voyez-vous ? » « Je vois moi-même, » a répondu le riche.
Puis le rabbin lui a dit : «
Et voilà, la fenêtre et faite d’un verre, et le miroir et fait d’un verre. Mais
le verre du miroir est couvert d’une couche d’argent, et aussitôt que l’argent
y est ajouté, vous cessez de voir les autres et ne voyez que vous-même. »
Non seulement le rabbin était
perspicace et plein d’esprit, mais il était également inquiet pour cet homme
riche de mauvais tempérament. Il voulait avertir cet homme de l’influence que
sa richesse avait sur lui. Elle le mènerait à la ruine s’il ne regardait que
lui-même. Cette histoire me rappelle le caractère de Scrooge dans le livre de
Charles Dickens, Un Chant de Noël. Lui aussi était un riche sous l’emprise de
son argent. Il ne connaissait ni la bonté, ni la bienveillance, ni la charité,
et il détestait Noël qu'il qualifiait de « foutaises ». Heureusement pour lui,
le fantôme de son ancien associé Jacob Marley est apparut avec « un message à
transmettre : que Scrooge change de comportement, sinon il vivra, comme lui,
l'enfer de l'éternité. De toute façon, il va être hanté par trois esprits chargés
de lui montrer comment quitter le mauvais chemin. » (http://fr.wikipedia.org/wiki/Un_chant_de_Noël.)
Et ces deux histoires me
rappellent celle du roi Midas qui a demandé à un dieu la faculté de transformer
en or tout ce qu'il touche. Il se croyait au paradis jusqu’à ce qu’il touche sa
fille qui s’est transformée en statue d’or. Alors, il s’est rendu compte que sa
faculté pouvait être une malédiction et a demandé au dieu de reprendre son don.
Il est facile de tomber sous
le charme de la richesse. Personne n’est à l’abri de son allure. N’importe qui
parmi nous pourrait commencer à aimer l’argent à cause des possessions, du
pouvoir et du respect qu’il lui accorde dans ce monde. Nous pourrions finir par
ressembler à l’homme riche se regardant dans le miroir, ou à Scrooge ou au roi
Midas. Nos trois lectures ce matin du prophète Amos, de l’Evangile de Luc et de
la première épître au Timothée, nous avertissent tous du danger de la richesse,
ou de l’amour de l’argent. La richesse est une bonne chose si nous l’utilisons
pour servir Christ. Mais réservée pour nous-mêmes, la richesse est à la racine
de tous les maux. Elle nous plonge dans la ruine et provoque notre perte.
Amos s’est adressé aux riches
d’Israël pendant une période de prospérité économique et politique. Israël,
c’est-à-dire le royaume du nord, avait récupéré des terres perdues dans des
anciens conflits. Les deux grandes puissances de l’époque qui le menaçaient,
l’Assyrie et l’Egypte, avaient d’autres préoccupations. Les affaires en Israël
allaient très bien. Ce n’est donc pas étonnant que les riches se soient sentis
en sécurité et un peu content d’eux-mêmes. Qu’avaient-ils à craindre ?
Mais Dieu ! Malheur à ceux
qui vivent tranquilles dans Sion et en sécurité sur la montagne de Samarie… Ils
se reposent sur des lits d’ivoire, ils sont vautrés sur leurs divans, ils
mangent les agneaux du troupeau, les veaux mis à l’engrais. Ils improvisent au
son du luth, ils se croient habiles comme David sur les instruments de musique.
Ils boivent le vin dans de larges coupes, ils ont recours à la meilleure huile,
mais ils ne s’attristent pas de la ruine de Joseph. C’est pourquoi ils
partiront en exil en tête des prisonniers, et les cris de joie de ces paresseux
cesseront.
Le sujet sur lequel Amos
appuie à travers ses prophéties, c’est la ruine de Joseph, c’est-à-dire, la
ruine du peuple que Dieu s’est acquis quand il l’a fait sortir de l’esclavage
en Egypte et entrer dans le pays de Canaan. Ce n’était pas un péché de faire
une soirée, de manger de la viande et de boire du vin. Non, le crime était que
ces riches menaient une vie de luxe et de décadence aux dépens des pauvres.
Amos décrit la situation de
cette façon-ci : A cause de trois crimes d’Israël, même de quatre, je ne
reviens pas sur ma décision, parce qu’ils ont vendu le juste pour de l’argent,
et le pauvre pour une paire de sandales.
Ils aspirent à voir la poussière de la terre sur la tête des faibles, et
ils violent le droit des malheureux. Le fils et le père s’unissent à la même
fille afin de déshonorer mon saint nom. Ils s’étendent près de chaque autel sur
des habits pris en gage, et ils boivent dans le temple de leurs dieux le vin de
ceux qu’ils condamnent. Am 2.6-8.
Ils détestent celui qui les
reprend à la porte de la ville et ils ont en horreur celui qui parle
sincèrement. Vous avez exploité le faible et vous avez prélevé du blé sur sa
récolte ; vous avez construit des maisons en pierres de taille, mais vous ne
les habiterez pas ; vous avez planté d’excellentes vignes, mais vous n’en
boirez pas le vin. En effet, je le sais, vos crimes sont nombreux, vos
péchés se sont multipliés. Vous opprimez le juste, vous recevez des pots-de-vin
et vous violez le droit des pauvres à la porte de la ville. Am 5.10-12.
En dehors de cette
exploitation des pauvres, ils ont plongé le peuple dans l'idolâtrie et ont, de
façon flagrante, fait la sourde oreille aux reproches de Dieu. Ils amenaient
Joseph à la ruine. Ils avaient le pouvoir de sauver les pauvres, d’être honnêtes
dans leurs affaires, et de servir le vrai Dieu. Mais ils aimaient se regarder
dans le miroir. Ils étaient sous le charme de la richesse. Ils aimaient le luxe
de tout leur cœur, de toute leur âme, de toute leur pensée et de toute leur
force, et non l’Eternel ! C’est pourquoi ils partiront en exil en tête des
prisonniers, et les cris de joie de ces paresseux cesseront.
C’est le même scénario que
celui de l’histoire de l’homme riche et du pauvre Lazare que raconte Jésus. Il
aurait été facile pour cet homme riche d’utiliser une portion minuscule de sa
richesse pour soulager le pauvre Lazare. Mais au lieu de sauver Lazare, il l’a
assassiné ; car étant parfaitement capable de lui venir en aide, il est resté
là à regarder mourir le pauvre sans rien faire ! Pouvons-nous douter que
l’homme riche était sous le charme de l’argent ?
Paul écrit à Timothée : Quant
à ceux qui veulent s'enrichir, ils tombent dans la tentation, dans un piège et
dans une foule de désirs stupides et nuisibles qui plongent les hommes dans la
ruine et provoquent leur perte. L'amour de l'argent est en effet à la racine de
tous les maux. En s'y livrant, certains se sont égarés loin de la foi et se
sont infligé eux-mêmes bien des tourments. 1Ti 6.9-10.
L’argent est une bonne chose,
un outil très important, mais comme le feu, il peut nous faire du mal. C’est
parce qu’il a une puissante influence sur notre nature propre qui nous rend
capables des maux incroyables comme ceux qu’Amos avait condamnés.
Du coup les Ecritures nous
mettent en garde constamment envers l’amour de l’argent. Dans sa parabole du
semeur, Jésus explique que certains reçoivent la semence, c’est-à-dire la
parole de Dieu, parmi les ronces. Ils entendent la parole, mais les
préoccupations de ce monde, l’attrait trompeur des richesses et les passions en
tout genre pénètrent en eux, étouffent la parole et la rendent infructueuse. Mc 4.18-19.
Après sa rencontre avec un
jeune homme riche, Jésus a dit à ces disciples, « Qu'il est difficile à ceux
qui ont des richesses d'entrer dans le royaume de Dieu ! En effet, il est plus
facile à un chameau de passer par un trou d'aiguille qu'à un riche d'entrer
dans le royaume de Dieu. » Lc 18.24-25.
Il y a beaucoup de textes
semblables dans la Bible. Si cela ne nous convainc pas de prendre garde à
l’amour de l’argent, rien ne le peut. Et nous aurons, en conséquence, à
apprendre cette vérité à dure école, par le jugement de Dieu, comme Israël,
comme l’homme riche de la parabole de Jésus. Mais c’est une leçon impitoyable !
Vous le savez, Dieu nous a
abondamment bénis. Par rapport à la plupart du monde, nous sommes riches. Même
par rapport à beaucoup dans nos communautés nous sommes dans une situation
aisée. Ce n’est pas un péché ! Toutefois, nous devons nous demander si nous
utilisons notre richesse — maison, voiture, vêtement, boire et manger — selon
la pensée de Christ. Voulons-nous mettre tous nos biens, et notre vie même, au
service de Christ ? Voulons-nous nous laisser diriger par le Saint-Esprit au
bénéfice des autres, surtout pour aider nos frères et sœurs dans la foi ? Ou
bien détendons-nous comme les notables d’Israël et l’homme riche pour regarder,
sans rien faire, la ruine de Joseph ? Il n’est pas facile de nous poser ces
questions. Elles nous rendent mal à l’aise. Mais c’est bien, car comme le
rabbin, la Loi de Dieu nous fait reconnaître la couche d’argent qui fait du
verre le miroir dans lequel nous ne voyons que nous-mêmes. Nous avons besoin
que Dieu casse ce miroir !
Eh bien, Jésus a fracassé le
miroir ! Il nous a ouvert les yeux à la réalité et nous a rachetés du pouvoir
et du charme de la richesse. Le pauvre Lazare qui n’avait connu que la misère
est allé au ciel, pas l’homme riche. Durant son ministère sur la terre, Jésus
n’avait guère le sou. Pourtant il a bouleversé le pays d’Israël jusqu’au fond
par son enseignement et par ses miracles. Puis, il est mort pour payer les
péchés du monde entier ; est ressuscité des morts, est monté au ciel, et a
déversé le Saint-Esprit sur son peuple. Pour tout cela il n’avait pas besoin
d’une richesse ni d’une puissance terrestre. Et il n’exige pas un seul sou de
nous. En effet, tous ont péché et sont privés de la gloire de Dieu, et ils sont
gratuitement déclarés justes par sa grâce, par le moyen de la libération qui se
trouve en Jésus-Christ. Rm 3.23-24. Que celui qui a soif vienne ! Que celui
qui veut de l'eau de la vie la prenne gratuitement ! Ap 22.17.
Le pardon des péchés, être
déclaré juste, et la vie éternelle, tout cela, c’est le don de Dieu qui nous a
été, et est toujours, offert par le moyen de la foi en Christ, par le moyen de
l’eau du Baptême et du pain et du vin de la Sainte Cène. Le pardon des péchés,
être déclaré juste, et la vie éternelle, voilà les choses dont nous avons
vraiment besoin dans la vie mais que nous ne pouvons pas acheter, et
d’ailleurs, n’avons pas besoin d’acheter. Voilà la liberté de la puissance du
diable et du charme de l’argent. Voilà la liberté des penchants de notre nature
propre. Voilà la vraie richesse et la vraie sécurité que cherchaient les nobles
d’Israël et l’homme riche, ce qu’ils imaginaient à tort posséder. En effet,
vous connaissez la grâce de notre Seigneur Jésus-Christ : pour vous il s'est
fait pauvre alors qu'il était riche, afin que par sa pauvreté vous soyez
enrichis. 2Co 8.9.
Vous et moi sommes devenus riches.
Et nous avons été libérés du charme de la richesse par le don de la vraie vie
en Christ. Voilà ce qui change tout. Luther le dit bien dans le catéchisme :
Jésus-Christ « m'a sauvé, racheté et acquis, moi perdu et condamné, en me
délivrant du péché, de la mort et de la puissance du diable ; non pas à prix
d'or ou d'argent, mais par son saint et précieux sang, par ses souffrances et
sa mort innocentes, afin que je lui appartienne et que je vive dans son
Royaume, pour le servir éternellement dans la justice, l'innocence et la
félicité, comme lui-même est ressuscité de la mort, vit et règne éternellement.
C'est ce que je crois fermement. »
Dieu donne de la richesse à
son peuple pour qu’il serve les autres et leur soit une bénédiction. Mais si
nous l’aimons, l’argent peut devenir une malédiction à la racine de tous les
maux. Il peut nous transformer en des monstres, qui, sous son charme,
exploitons et ruinons les autres. Par contre, si nous aimons Christ, si sa
parole et la puissance de sa résurrection nous remplissent le cœur, alors
l’argent sera une bénédiction, un outil pour servir Christ et son peuple. Au
lieu d’entendre les reproches des prophètes comme Amos, nous entendrons la voix
du Christ lui-même : « Venez, vous qui êtes bénis par mon Père, prenez
possession du royaume qui vous a été préparé dès la création du monde ! » Mt 25.34.
Que la paix de Dieu qui
dépasse tout ce que l’on peut comprendre, garde votre cœur et vos pensées en
Jésus-Christ, pour la vie éternelle ! Amen.
Pasteur David Maffett