lundi 26 mars 2012

Sermon du Dimanche 25 Mars 2012

Dimanche Judica Es 50.4-9

Chants proposés :

Entonnons un saint cantique, LlS 73 : 1-3

L’Agneau de Dieu va de bon coeur, LlS 77 : 1-4

Dans ce profond abîme, LlS 71 : 1-5

Jésus, dans sa grâce, racheté les pécheurs LlS 164 : 1-13

4 « Le Seigneur, l’Eternel, m’a donné le langage des disciples pour que je sache soutenir celui qui est abattu. Il réveille, oui, matin après matin il réveille mon oreille pour que j’écoute comme le font des disciples.

5 Le Seigneur, l’Eternel, m’a ouvert l’oreille, et moi je ne me suis pas rebellé, je n’ai pas reculé.

6 J’ai présenté mon dos à ceux qui me frappaient et mes joues à ceux qui m’arrachaient la barbe ; je n’ai pas caché mon visage aux insultes et aux crachats.

7 Cependant, le Seigneur, l’Eternel est venu à mon aide. Voilà pourquoi je ne me suis pas laissé atteindre par les insultes, voilà pourquoi j’ai rendu mon visage dur comme une pierre, et je sais que je ne serai pas couvert de honte.

8 Celui qui me déclare juste est proche : qui veut m’accuser ? Comparaissons ensemble ! Qui s’oppose à mon droit ? Qu’il s’avance vers moi !

9 C’est le Seigneur, l’Eternel, qui viendra à mon aide : qui me condamnera ? Ils tomberont tous en lambeaux comme un habit, dévorés par la teigne. »

Chers amis,

qui bénéficiez des prestations du

GRAND SERVITEUR DE L’ETERNEL ?

« Comprends-tu ce que tu lis ? » Un eunuque éthiopien est en train de lire le chapitre 53 du livre du prophète Esaïe. Cela se trouve trois chapitres plus loin que le texte à la base de notre sermon. Envoyé par Dieu à sa rencontre, le diacre Philippe lui demande : « Comprends-tu ce que tu lis ? » (Ac 8.26-30)

« Et vous, avez-vous compris le texte que je vous ai lu ? » Ma question est justifiée, à la suite de celle de Philippe, car notre texte parle du même contenu ; il traite du même thème.

Dans le livre du prophète Esaïe, nous trouvons ce qu’on appelle les chants du יְהוָה עֶבֶד (èbed yahweh), les « chants du Serviteur de l’Eternel », pas de serviteurs comme nous le sommes tous, mais du « Serviteur » avec un grand S, de celui qui allait rendre à Dieu un service exceptionnel, celui de nous racheter et de nous conduire. Il s’agit de chants du Messie Sauveur.

Ces « chants du Serviteur de l’Eternel » sont au nombre de quatre et se trouvent dans les chapitres 42 (1 à 9), 49 (1 à 13), 50 (4 à 11) – d’où est tiré notre texte, et du chapitre 52 (13) à 53 (12).

C’est ainsi que le diacre Philippe, « en partant du texte » du « chant du Serviteur de l’Eternel » au chapitre 53, « annonça [à l’eunuque] la Bonne Nouvelle de Jésus. » (Ac 8.35)

« En partant du texte » d’Esaïe 50, versets 4 à 9, nous entendrons aussi, à notre tour, « la Bonne Nouvelle de Jésus ».

Qu’allons-nous y apprendre de particulier sur le compte du

SERVITEUR DE L’ETERNEL ?

1) En quoi son service a consisté.

2) Ce qu’en a pensé l’Eternel.

3) En quoi c’est là une bonne nouvelle pour nous.


X X X 1 X X X

En quoi a consisté le service

du « serviteur de l’eternel » ?

Laissons-lui la parole. Il est le mieux placé pour en parler. Voilà ce qu’il dit dans notre texte : « J’ai présenté mon dos à ceux qui me frappaient et mes joues à ceux qui m’arrachaient la barbe ; je n’ai pas caché mon visage aux insultes et aux crachats. » (v. 6)

Quelle précision dans cette prophétie ! « Le Serviteur de l’Eternel », le Messie promis, décrit 750 ans avant les faits ce qui lui est exactement arrivé. Pensez aux récits de la Passion du Christ dans les quatre Evangiles.

Ce n’est pas pour rien qu’on appelle le prophète Esaïe le 5ème Evangéliste. La grâce lui a été faite par Dieu de pouvoir prédire exactement ce que le Sauveur du monde allait endurer plus tard, et ceci avec une précision étonnante.

Matthieu racontera plus tard les faits ainsi : Dans le palais du souverain sacrificateur, « ils lui crachèrent au visage et le frappèrent à coups de poing ; certains lui donnaient des gifles en disant : "Christ, prophétise-nous qui t’a frappé !" » (Mt 26.67-68)

Quelques heures plus tard, après avoir comparu devant Ponce Pilate, « ils lui enlevèrent ses vêtements et lui mirent un manteau écarlate. Ils tressèrent une couronne d’épines qu’ils posèrent sur sa tête, et ils lui mirent un roseau dans sa main droite ; puis, s’agenouillant devant lui, ils se moquaient de lui en disant : "Salut, roi des Juifs !" Ils crachaient sur lui, prenaient le roseau et frappaient sur sa tête. Après s’être ainsi moqués de lui […] » et ainsi de suite… (Mt 27.28-31)

Cela, le Saint-Esprit l’a inspiré à Esaïe pour qu’il le prophétise. C’est vraiment un texte sur la Passion du Christ, sur le traitement indigne infligé à Jésus.

Cela nous apparaît d’autant plus indigne que ce traitement est infligé à quelqu’un à qui on n’avait rien à reprocher.

Et cela est encore plus inoui quand on sait que Jésus de Nazareth est « vrai Dieu, né du Père de toute éternité » ! (Martin Luther, Petit Catéchisme) Ce traitement est infligé par de faibles créatures au Créateur et Maître de l’univers !

Bien entendu, cela n’a été possible que parce que Jésus le voulait bien. Cela n’a pu se faire que parce que le Fils tout-puissant de Dieu a laissé faire, s’est laissé faire. Il avait choisit de passer par là.

« Je ne me suis pas rebellé, je n’ai pas reculé. » (v. 5) « J’ai présenté mon dos à ceux qui me frappaient et mes joues à ceux qui m’arrachaient la barbe ; je n’ai pas caché mon visage aux insultes et aux crachats. »

Il dit d’ailleurs clairement ici : « Je me suis laissé atteindre » (v. 7), je me suis laissé faire, j’ai choisi de passer par là.

Il ne s’est pas défendu, malgré l’horreur de ce qui s’abattait sur lui. D’ailleurs, ces coups allaient trouver leur prolongement dans l’exécution ignoble de la crucifixion, où l’on laissait mourir le condamné à petit feu, dans d’atroces souffrances, jusqu’à ce que la soif et l’asphyxie aient eu raison de lui.

Pourtant, ce n’est là aussi que la moindre de ses souffrances. Derrière ses souffrances visibles il endurait les souffrances invisibles de l’enfer pour nous, le poids de nos péchés l’écrasait, notre culpabilité l’arrachait à l’amour de Dieu et lui faisait vivre l’abandon, la colère et la damnation de Dieu … à notre place.

Combien notre Seigneur doit nous aimer pour s’être engagé dans cette voie pour nous éviter ce même sort !

Le Saint-Esprit fera écrire plus tard à Paul : « Christ nous a rachetés de la malédiction de la Loi en devenant malédiction pour nous. » (Ga 3.13) Jésus s’est fait maudire pour nos péchés à notre place, pour que cette malédiction nous soit évitée, pour que Dieu renonce à nous maudire pour l’éternité.

La question se pose alors : A-t-il réussi ? Dieu a-t-il été satisfait de cette substitution ? Ou pour le dire autrement :

X X X 2 X X X

Qu’a pensé l’Eternel

du service de « son serviteur » ?

Dans le premier des « chants du Serviteur de l’Eternel », Dieu déclare : « Voici mon Serviteur, celui que je soutiendrai, celui que j’ai choisi et qui a toute mon approbation. » (Es 42. 1)

Dieu se range totalement, entièrement, derrière « son Serviteur » et le service qu’il est en train de nous rendre.

Et le Seigneur Jésus, malgré l’horreur de ce qu’il est en train d’endurer, et bien qu’il soit poussé à l’extrême limite de ce qu’il peut supporter, le Seigneur Jésus sait que Dieu approuve sa démarche.

Il sait, qu’à cause du poids de notre culpabilité, Dieu doit « l’abandonner » (Mt 27.46), « l’abaisser pour un peu de temps » (Hé 2.7+9) dans les souffrances de l’enfer. Mais il ne doute pas de Dieu pour autant. Il sait que s’il tient bon jusqu’au bout, « l’Eternel viendra » finalement « à son aide » (v. 9), le ressuscitera des morts « et le couronnera de gloire et d’honneur » (Hé 2.9), une fois son service pleinement achevé.

Il vous est certainement déjà arrivé de rendre un service désagréable à quelqu’un que vous aimez, car vous saviez que vous lui faisiez ainsi plaisir. Cela aide à ne pas jeter le manche après la cognée ; cela donne la force de tenir bon et de ne pas perdre courage ; cela aide à persévérer dans la difficulté et de ne pas abandonner la partie.

C’est aussi ce qui a aidé Jésus à serrer les dents dans l’horreur qu’il a traversée pour nous. Il savait – et il le dit dans notre texte – que Dieu le « déclare juste » dans ce qu’il fait et endure. Il savait que Dieu suivait ses amères souffrances avec la plus grande attention, le plus grand intérêt. Jésus sentait et savait que « l’Eternel était proche » (v. 8) et suivait avec attention et satisfaction l’éminent et difficile service qu’il était en train de rendre en expiant nos péchés dans les souffrances de l’enfer.

Savoir que Dieu agréait pleinement son service, savoir qu’il « ne sera pas couvert de honte » (v. 7), que Dieu l’approuve dans ce service qu’il nous rend, « voilà pourquoi » dit-il – « je ne me suis pas laissé atteindre par les insultes, voilà pourquoi j’ai rendu mon visage dur comme une pierre, » nous dirions : voilà pourquoi j’ai serré les dents (v. 7).

X X X 3 X X X

En quoi le service rendu

Par « le Serviteur de l’Eternel »

est-ce

de la bonne nouvelle pour nous ?

Une bonne nouvelle, c’est quelque chose qui vous fait plaisir, quelque chose qui résout un de vos problèmes, quelque chose qui vous facilite ou embellit votre vie ou celle d’un proche.

Rappelez-vous le diacre Philippe ! « En partant du texte » du « chant du Serviteur de l’Eternel » au chapitre 53, « il annonça [à l’eunuque] la Bonne Nouvelle de Jésus, » mot-à-mot : « il lui annonça l’Evangile de Jésus » (Ac 8.35)

C’est que parler de Jésus, de ce qu’il a fait pour nous, de son expiation de nos péchés couronnée par sa résurrection, son ascension et sa session à la droite du Père, de ce qu’il continue de faire pour nous chaque jour, c’est vraiment de « l’Evangile », une « bonne nouvelle » pour nous !

Ce n’est pas une bonne nouvelle comme on peut en trouver dans les livres ou dans les journaux (il est vrai, on a parfois du mal à en trouver …), des nouvelles qui n’affectent pas notre vie.

Non, que Jésus ait expié nos péchés à notre place et pour notre compte, c’est vraiment une « bonne nouvelle » pour nous, cela nous concerne au plus haut point et place notre vie dans une toute autre lumière, dans une toute autre perspective.

Comme Dieu a accepté le sacrifice de Jésus, comme il a considéré l’expiation faite par Jésus comme suffisante pour se réconcilier avec nous, ce que Jésus nous dit dans l’Ecriture, c’est comme du baume sur une blessure, c’est comme de la chaleur qui se répand dans notre cœur.

Que dit-il ? « Le Seigneur, l’Eternel, m’a donné le langage des disciples pour que je sache soutenir celui qui est abattu. » (v. 4)

Dieu l’ayant déclaré « juste » et ayant approuvé le service que Jésus nous a rendu avec son expiation de nos péchés, Jésus a maintenant les arguments pour nous rassurer quand nous sommes anxieux, nous réconforter quand nous sommes découragés, nous consoler quand nous sommes abattus.

Il nous dit ici : « Le Seigneur, l’Eternel, m’a donné le langage des disciples pour que je sache soutenir celui qui est abattu. » (v. 4) Il a vraiment le don de nous toucher. Son « langage », ce qu’il nous dit et la façon dont il le dit va à l’essentiel, cela correspond à ce que nous, ses « disciples », avons besoin d’entendre.

C’est un langage tellement particulier – « qui n’est monté au cœur d’aucun être humain » (1 Co 2.9), car il vient directement de Dieu – qu’il est seul « puissance de salut » (Rm 3.16) et de réelle « consolation ».

Entendre Jésus nous dire que Dieu est désormais avec nous, qu’il nous entoure de son affection et de sa bénédiction, cela aide puissamment à affronter la vie et à la maîtriser, à s’y épanouir et y connaître le bonheur, même à affronter la mort. Car « le Serviteur de l’Eternel » nous parle de pardon, de réconciliation, d’amour et de fidélité de Dieu envers nous sur terre, de vie et de salut aussi pour l’au-delà.

C’est comme s’il nous disait :

« Ne t’en fais pas. Bien des choses te gênent encore dans la vie, certaines te posent vraiment problème, certaines te pèsent et te font souffrir, mais ce n’est pas le signe que Dieu est en colère contre toi ; sa colère, je l’ai détournée sur moi.

« Grâce à moi, il te pardonne, est en paix avec toi, même, grâce à moi il veille avec fidélité et amour sur toi. Tu es tenté de douter de son amour et de sa fidélité ? Regarde ma croix sur le calvaire : elle est la preuve que Dieu le Père, le Fils et le Saint-Esprit t’aime, sinon jamais le Père n’aurait admit que moi, son Fils, je me sacrifie ainsi pour toi. Et si Dieu ne t’aimait pas, je ne me serais jamais prêté à ce terrible échange où je me suis porté coupable à ta place pour que tu puisses connaître la paix, la joie et l’espérance. »

« Et maintenant, je t’accompagne, je te parle dans ma Parole, je te conseille et te console, je te guide et te réjouis avec tout ce que je t’accorde de bonheur déjà sur terre, maintenant, et un jour dans la félicité éternelle. »

Voilà « le langage » avec lequel Jésus, « le Serviteur de l’Eternel », « soutient celui qui est abattu ».

Pour nous tous, des moments d’abattement alterneront encore avec des moments de bonheur et de joie. Mais « la bonne nouvelle de Jésus », l’Evangile du gigantesque service qu’il nous a rendu par son sacrifice et qu’il continue à nous rendre par sa Parole, cet Evangile nous apprend que Dieu est maintenant notre Père, qu’il est en paix avec nous pour l’amour de son Fils, et que nous pouvons compter sur lui déjà pour nous épanouir dans cette vie, en attendant de le faire bien davantage encore dans l’éternité.

Merci, Jésus, d’avoir bien voulu être « le Serviteur de l’Eternel » pour notre bonheur, pour notre salut !

Amen.

Jean Thiébaut Haessig

dimanche 11 mars 2012

Sermon du Dimanche 11 Mars 2012

Dimanche Oculi 1 R 19.1-8

Chants proposés :

A toi, mon Dieu, mon cœur monte, AeC 25 : 1-5

Ô Seigneur ! ta voix m’appelle, AeC 416 : 1-5

Ecoute, entends la voix de Dieu, AeC 239 : 1-4

Seigneur, tu es notre joie, notre vie, AeC 592 : 1-2

1 « Achab rapporta à Jézabel tout ce qu’avait fait Elie et la manière dont il avait tué par l’épée tous les prophètes.

2 Jézabel envoya alors un messager à Elie pour lui dire : "Que les dieux me traitent avec la plus grande sévérité si demain, à la même heure, je ne te fais pas ce que tu leur as fait !"

3 Voyant cela, Elie se leva et partit pour sauver sa vie. Il arriva à Beer-Shéba, une ville qui appartient à Juda, et il y laissa son serviteur.

4 Quant à lui, il marcha toute une journée dans le désert, puis il s’assit sous un genêt et demanda la mort en disant : "C’est assez ! Maintenant, Eternel, prends-moi la vie, car je ne suis pas meilleur que mes ancêtres."

5 Il se coucha et s’endormit sous un genêt. Et voici qu’un ange le toucha et lui dit : "Lève-toi et mange !"

6 Elie regarda, et il vit à son chevet un gâteau cuit sur des pierres chauffées ainsi qu’une cruche d’eau. Il mangea et but, puis se recoucha.

7 L’ange de l’Eternel vint une deuxième fois, le toucha et dit : "Lève-toi et mange, car le chemin est trop long pour toi."

8 Il se leva, mangea et but. Puis avec la force que lui donna cette nourriture, il marcha 40 jours et 40 nuits jusqu’à la montagne de Dieu, jusqu’à Horeb. »


Chers amis, dont la vie connaît

des moments d’enthousiasme

comme des moments de déception,

« Après la pluie le beau temps. » Qui ne connaît cette devise ? Mais la réalité nous rattrape souvent et voudrait nous faire croire qu’il faudrait dire cette devise à l’envers : « Après le beau temps, la pluie ! »

Notre expérience n’est-elle pas parfois : Tantôt transporté d’allégresse, tantôt totalement déprimé ? Plus les hauts étaient vertigineux, et plus noires ont été les profondeurs qui ont suivi ? Après le succès, le flop ? Après l’enthousiasme, la déception ?

C’est ce qu’a connu le prophète Elie, le grand prophète Elie. Nous sommes plus habitués à le voir triomphant sur le mont Carmel, ou radieux à côté du Seigneur sur le Mont de la Transfiguration. Ben non, aujourd’hui, nous le voyons « plus-piteux-tu-meurs » ; d’ailleurs, il souhaite mourir.

Réfléchissons un peu à ce phénomène :

APRES L’ENTHOUSIASME

LA DECEPTION

1. POURQUOI ?

2. COMMENT L’EVITER ?

3. COMMENT S’EN SORTIR ?

X X X 1 X X X

POURQUOI l’enthousiasme

fait-il parfois place a

la deception ?

Comment « Elie, le Tishbite » (1 R 17.1), grand prophète devant l’Eternel, s’il en fut, peut-il connaître un tel coup de blues ? Comment le type même du prophète à qui Dieu parlait directement peut-il se retrouver dans un tel état de perdition et de dérive ?

Récemment, j’ai écrit à un de nos pasteurs quelque peu découragé par une série d’expériences peu enthousiasmantes : « Un de mes grands étonnements sera toujours le fait que Dieu ait confié aussi bien le sacerdoce universel que le ministère pastoral à des pécheurs, alors que cela aurait été, dans l'abstrait (mais dans l'abstrait des myopes que nous sommes), tellement facile de confier tout cela à ses saints anges. Mais voilà, il voulait sans doute nous former, nous apprendre à être humbles et charitables les uns envers les autres et nous apprendre à nous occuper les uns des autres durant notre traversée de ce monde (Hé 11.13). »

Cela nous étonne aussi pareillement de voir que les hommes de foi qui nous sont donnés en exemples dans la Bible sont loin d’être parfaits :

Abraham, « le père de tous les croyants » (voir Ga 3.7+29) ! pris de trouille en Egypte, a préféré sacrifier sa femme, de peur d’être tué. Heureusement que, grâce à Dieu, tout s’est bien passé pour sa femme et pour lui !

David, le grand chantre et psalmiste de l’Ancien Testament, le poète et compositeur des cultes du Temple, le roi unificateur du Royaume d’Israël, s’est laissé entraîner, par convoitise, dans l’adultère et le meurtre. Mais il s’est profondément repenti et a trouvé grâce auprès de Dieu et se retrouve ancêtre de notre Seigneur !

Un Moïse ou un Jérémie ont tout essayé, un Jonas aussi, pour ne pas avoir à être prophètes et porte-parole de Dieu dans des environnements hostiles et dangereux. Dieu a finalement fait de grandes choses par eux.

Pourquoi Dieu ne nous donne-t-il pas des personnes parfaites en exemple ? D’abord, parce qu’il n’y en a pas (Ec 7.20). Ensuite, parce que ça ne nous servirait à rien. Les pécheurs, les imparfaits que nous sommes, nous avons besoin d’exemples comme nous, nous avons besoin de voir comment l’œuvre de Dieu s’accomplit dans des pécheurs comme nous, des faibles comme nous, des tentés comme nous.

Que nous serviraient des exemples qui ne jouent pas dans la même catégorie que nous ? Ce serait comme vouloir faire combatte en judo un super-léger (moins de 60 kg) contre un lourd (plus de 100 kg) ou en football des biberons (5-6 ans) contre des seniors (20-34 ans). Ce serait couru d’avance, et en ce qui nous concerne, nous serions tout de suite découragés et abandonnerions la partie.

« Ces faits sont arrivés, » écrit l’apôtre Paul, « pour nous servir d’exemples » (1 Co 10.6). Comment l’exemple d’Elie peut-il nous être utile ? D’abord en voyant ce qui l’a fait culbuter de l’enthousiasme dans la déprime.

Son zèle au service de Dieu l’a amené à sortir, seul, vainqueur d’un face à face avec « 450 prophètes de Baal et 400 prophètes d’Astarté […] sur le mont Carmel » (1 R 18.19-46). Enfin, seul, non, car « la main de l’Eternel reposa sur Elie » (1 R 18.46).

On peut comprendre qu’un tel triomphe l’ait quelque peu grisé, que cela lui soit un peu monté à la tête. Il était humain, après tout. En plus, auparavant, Dieu l’avait miraculeusement nourri par des corbeaux (1 R 17.2-7), lui avait même permis de réveiller de la mort le fils de la veuve de Sarepta (1 R 17.8-24). Elie devait se sentir sur un petit nuage … Et cela a dû quelque peu lui faire perdre le sens des réalités.

Il rêvait d’une suite merveilleuse à sa victoire sur les prophètes idolâtres. Il voyait déjà le culte de l’Eternel rétabli partout, et l’idolâtrie vaincue à tout jamais.

Au lieu de cela, celle-ci redresse sa tête, comme l’hydre de Lerne dont les têtes repoussaient au fur et à mesure qu’on les coupait. Il est recherché par l’idolâtre reine Jézabel pour être exécuté (v. 1-2).

« Voyant cela, Elie se leva et partit pour sauver sa vie. » Il s’enfuit du Royaume d’Israël au nord pour se réfugier plus loin que « Beer-Shéba », dans l’extrême sud du Royaume de Juda au sud. (v. 3)

Voyant que la réalité ne correspondait pas à ses rêves et projets, il sombre dans la mélancolie.

Le Seigneur nous permet aussi de faire de grandes choses dans la vie, de relever des défis avec succès, de mener à bout des projets difficiles, de connaître des moments enthousiasmants, surtout si, en plus, ils sont vécus à plusieurs, dans une espèce de liesse collective.

Et nous oublions alors que le monde reste le monde, que l’euphorie d’un moment ne peut pas supprimer comme par magie les besoins du quotidien. Nous oublions que d’autres ne partagent peut-être pas notre enthousiasme et ne nous suivent pas, et quand nous le découvrons, nous avons du mal à gérer cette découverte.

Et c’est l’incompréhension, le découragement, peut-être même une sourde révolte à peine contenue.

X X X 2 X X X

COMMENT EVITER

QUE LA DECEPTION CHASSE

L’ENTHOUSIASME ?

Tout d’abord, comme nous l’avons vu, en ne prenant pas les vessies pour des lanternes, ni nos rêves pour la réalité. Pas non plus en prenant pour acquis que tout le monde partage, dans le détail, les mêmes rêves et projets que nous.

Ensuite, en prenant à cœur ce qu’Elie dit à Dieu : « Je ne suis pas meilleur que mes ancêtres ! » (v. 4). Dans le succès, dans l’enthousiasme, voire l’enthousiasme collectif, il n’est pas facile de dire : « Je ne suis pas meilleur que … » les autres.

Quand tout va bien, quand nous sommes entraînés par le mouvement, nous avons du mal à ne pas croire que notre façon de voir, notre façon de faire, notre façon de projeter et de planifier serait la « meilleure » ; nous avons alors du mal à croire que d’autres pourraient être d’un autre avis ; nous avons du mal à consulter l’avis des autres avant de prendre une décision qui engage tout le monde.

Elie s’était-il laissé aller à penser s’y être pris « mieux que » les générations avant lui qui avaient échoué ; s’être dépensé pour la cause de l’Eternel plus et « mieux que » ses prédécesseurs ? Pensait-il avoir réussi à venir à bout de l’idolâtrie « mieux que » qu’eux ? Pensait-il avoir trouvé, « mieux que » les générations avant lui, comment réformer la vie cultuelle du peuple ?

Au bout du compte, il lui faut bien redescendre sur terre et admettre : « Je ne suis pas meilleur qu’eux. »

Chers amis, prenons garde de penser que notre façon de voir et de pratiquer serait « meilleure que » celle des autres ; que nous pourrions décider sans consulter, vu que les autres ne peuvent qu’être du même avis, puisque le nôtre est le « meilleur ».

La leçon a été amère pour Elie. Méditons son exemple pour nous éviter autant que possible des déconvenues analogues.

X X X 3 X X X

COMMENT SE SORTIR DE LA DECEPTION

POUR RETROUVER L’ENTHOUSIASME ?

« Elie avait de la chance, » pourrait-on être tenté de s’exclamer, « Dieu lui a envoyé un ange pour lui procurer la nourriture et les encouragements dont il avait besoin. A nous, cela ne nous arrive jamais qu’un ange vienne nous dire : "Lève-toi et mange, car le chemin est trop long pour toi !" (v. 5-7) »

Ah ! bon ? Cela m’étonnerait, car le Seigneur sait que pour nous aussi « le chemin est trop long » s’il ne nous aide à y avancer. Le Seigneur ne se désintéresse pas plus de nous qu’il ne l’a fait des croyants des temps bibliques ou, ici particulièrement d’Elie.

Dieu sait que si « sa puissance [ne] s’accomplit [pas] dans [notre] faiblesse » (2 Co 12.9), nous sommes mal barrés, nous ne tiendrons pas la distance, nous ne parviendrons pas au but.

Et ce n’est pas « la force que donne une nourriture » terrestre comme « un gâteau cuit » et « une cruche d’eau » (v. 6-8) qui vont nous permettre de demeurer sur « le chemin », dans « la vérité et la vie » (Jn 14.6). Ces aliments n’ont permis à Elie que de poursuivre le chemin vers « la montagne de Dieu, l’Horeb » ou Mont Sinaï (v. 8).

Notre Seigneur nous invite régulièrement sur cette merveilleuse « montagne », ce haut lieu qu’est le culte où il n’envoie pas un ange à sa place. Au culte il vient lui-même à nous. Et les mets succulents qu’il nous y sert, ce sont sa Parole édifiante et ses sacrements vivifiants.

Nous nous retrouvons régulièrement ici, parce qu’il nous y nourrit de « l’Evangile, puissance de Dieu pour notre salut » (Rm 1.16).

Cet Evangile, il nous le dispense dans sa Parole, dans le Baptême et dans la Cène.

Et dans la Cène, il nous dit mieux que : « Mange un gâteau cuit ! » et : « Bois une cruche d’eau. » Là il nous dit : « Prenez, mangez, ceci est mon corps qui est donné pour vous ! » « Buvez-en tous, cette coupe est la nouvelle alliance en mon sang qui est répandu pour vous » « en rémission de vos péchés » !

Dans nos cultes, le servant, ce n’est pas une créature, et serait-elle un ange, non, dans nos cultes, le servant, c’est le Créateur et Sauveur lui-même ! Et les mets ne sont pas des mets de ce monde, mais des mets célestes et divins, « le véritable corps » et « le véritable sang » de notre Sauveur, avec lesquels il nous a délivrés du péché, de la mort et de la puissance du diable, aussi de la puissance de nos déceptions.

Oui, dans la Cène, il veut aussi nous relever de nos déceptions et nous instiller le seul véritable enthousiasme, celui d’être pardonné et enfant de Dieu, le véritable enthousiasme aussi, parce que le seul qui surmonte les déceptions et nous aide à avancer avec confiance, bien plus loin que le mont Sinaï au-delà du désert, jusqu’à la « Montagne Sainte » dans la félicité éternelle après bien des passages désertiques et rocailleux ici-bas.

Seigneur, pardonne nos chutes de foi et remplis-nous d’enthousiasme pour toi et pour nos prochains !

Amen.

Jean Thiébaut Haessig

dimanche 4 mars 2012

Sermon du Dimanche 4 Mars 2012

Dimanche Reminiscere

Rm 8.31-34

Je crie à toi, Seigneur Jésus, LlS 208:1-3

Faisons éclater dans nos chants LlS 214:1-2+6-8

Le Dieu fort est mon Père LlS 247:1-6

31 « Que dirons-nous donc de plus ? Si Dieu est pour nous, qui sera contre nous ?

32 Lui qui n’a pas épargné son propre Fils, mais l’a donné pour nous tous, comment ne nous accorderait-il pas aussi tout avec lui ?

33 Qui accusera ceux que Dieu a choisis ? C’est Dieu qui les déclare justes !

34 Qui les condamnera ? Jésus-Christ est mort, bien plus, il est ressuscité, il est à la droite de Dieu et il intercède pour nous ! »

Chers frères et sœurs en Jésus-Christ,

mort, ressuscité et régnant à la droite de Dieu !

Des questions, nous nous en posons, dans la vie. La vie sur terre est si compliquée et désarticulée par le péché de l’homme et ses conséquences que nous cherchons des réponses dans tous les domaines : familial, écologique, médical, sociétal, politiques, etc., même dans le domaine des activités de l’Eglise.

Même nous, chrétiens, nous sommes parfois pris de doute sur des points que Dieu a pourtant à la fois résolus pour nous et clairement annoncés comme tels dans la Bible.

Je sais, nous sommes ainsi faits – je veux dire marqués par le péché – que le doute veut parfois s’insinuer en nous. Cela, il le peut d’autant plus facilement que nous avons oublié quelque peu les réponses données par Dieu. Cela peut aussi être le cas dans une jeune paroisse missionnaire comme celle de Rome à laquelle l’apôtre Paul s’adresse ici.

Avec notre texte, il leur donne – ainsi qu’à nous en même temps –

LES REPONSES APAISANTES A

3 QUESTIONS ESSENTIELLES :

1. « Qui sera contre nous ? »

2. « Qui nous accusera ? »

3. « Qui nous condamnera ? »

X X X 1 X X X

« Qui sera contre nous ? »

Paul connaît-il le monde ? … est-on tenté de se demander. Pourtant, il en a bavé, de ce monde hostile. Il a du fuir les persécutions, a été jeté en prison, a été lapidé, a connu l’hostilité non seulement des Juifs mais aussi des païens.

Pourquoi les Juifs étaient-ils contre lui ? Parce qu’il dérangeait leur système de pensée et leurs opinions erronées.

Pourquoi les orfèvres païens d’Ephèse ont-ils fomenté une révolte contre Paul ? Parce que l’Evangile mettait en péril leur industrie de statuettes de la Diane d’Ephèse.

Pourquoi notre monde d’aujourd’hui est-il « contre nous » ? contre le message et la morale bibliques ? Mais parce que nous gênons le monde incroyant. Le fait d’être honnête au travail est une condamnation de fait de ceux qui ne le sont pas. Le fait de ne pas tricher comme élève ou étudiant est une condamnation de fait de la tricherie.

Le fait d’être fidèle à son conjoint est une mise en cause de l’infidélité courante. Le fait de venir aussi régulièrement que possible rencontrer son Dieu Sauveur au culte, aux études bibliques, à l’instruction catéchétique, etc., peut gêner nos amis qui voudraient organiser quelque chose avec nous le dimanche matin, peut sourdement irriter un conjoint qui, lui, n’est pas croyant.

Le fait d’afficher qu’on est pour la défense de la vie, à quelque stade qu’elle soit (avant la naissance, après, voire à la fin de la vie), qu’on est aussi pour la vie dans quelque situation qu’elle se trouve (les pauvres, les incultes, les persécutés, etc.), tout cela gêne ceux qui veulent passer par-dessus les faibles.

Oui, nous le savons bien : nous gênons bien du monde avec notre foi en Dieu et en ses dispositions. Aussi y en a-t-il pas mal qui sont « contre nous ».

D’ailleurs, Paul le sait très bien, il lui arrive même de le dire dans ses épîtres, et notre Seigneur Jésus-Christ nous a prévenus qu’il en sera ainsi.

Mais « si Dieu est pour nous, qui sera contre nous » ? Si le Maître de l’Univers s’est rangé de notre côté, en quoi les agissements de ceux qui sont « contre nous » peuvent-ils bien réussir ?

Certes, les gens peuvent nous faire souffrir. Dieu n’a jamais indiqué qu’en devenant chrétien tout s’arrangeait comme par un coup de baguette magique.

Mais quelques versets après notre texte, il nous certifie que « rien ne peut nous séparer de l’amour de Dieu manifesté en Jésus-Christ notre Seigneur » (Rm 8.39). « L’amour de Dieu » que Jésus nous a obtenu est un amour indéfectible, un amour sans faille.

Et dans son amour, Dieu veille sur les siens. « Dieu est fidèle et il ne permet pas que vous soyez tentés » – malmenés – « au-delà de vos forces, mais avec la tentation il préparera aussi le moyen d’en sortir, afin que vous puissiez la supporter. » (1 Co 10.13)

Et trois versets avant notre texte, il nous rassure : « Tout contribue au bien de ceux qui aiment Dieu. » (Rm 8.28)

Cela ne transforme pas nos souffrances en moments de joie, nos déceptions en satisfactions, ou nos épreuves en parties de plaisir, mais cela nous donne la force de tenir dans la foi en celui qui nous a donné les preuves de son amour et de sa fidélité, comme nous le verrons un peu plus loin.

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« Qui nous accusera ? »

« Qui accusera ceux que Dieu a choisis ? C’est Dieu qui les déclare justes ! » (v. 33)

Curieuse affirmation, au premier abord. Que Dieu nous ait « choisis » n’a jamais empêché personne de nous « accuser ». Les accusations envers les chrétiens n’ont jamais manqué au cours de l’histoire. Certaines accusations relèvent du procès d’intention et de la calomnie pure.

Ainsi, quand, sous l’empire romain, on accusait les chrétiens de suivre des rites criminels quand ils se retiraient pour célébrer la Cène en communion close, entre eux seuls.

Plus récemment – cela fait quand même maintenant un siècle et demi – le grand-père du maire de Châtenay-Malabry Jean Longuet, un certain Karl Marx – voyez comment le monde est petit ! – a accusé : « La religion est l’opium du peuple ». Le marxisme économique a fait faillite, mais le levain de l’hostilité à la foi chrétienne continue son œuvre de façon plus ou moins avouée.

D’autres accusations reposent sur des faits réels, mais mal interprétés, avec bonne ou mauvaise foi : On nous accuse de manquer d’amour du prochain (ce qui est faux) parce que nous condamnons l’homosexualité (ce qui est vrai).

On nous accuse d’être contre l’épanouissement de la femme (ce qui est faux) parce que nous sommes contre le droit à l’avortement non thérapeutique (ce qui est vrai).

On pourrait continuer ainsi sans fin. Bien entendu que ces accusations, Dieu ne les admet pas : il sait qu’elles sont fausses et qu’on s’en prend ainsi en fait aux dispositions qu’io a prises, lui, pour l’épanouissement de la personne et de la société.

Mais il y a pire. Satan, « l’accusateur » par excellence, n’a de cesse de faire valoir devant le tribunal de Dieu que nous sommes pécheurs et que nous méritons d’être rejetés dans la damnation éternelle.

Cette accusation n’est pas fausse. Oui, c’est ce que nous méritons, nous ne pouvons pas le nier.

Pourtant, nous apprenons dans la Bible : « Il a été jeté dehors, l’accusateur de nos frères et sœurs, celui qui les accusait jour et nuit devant Dieu ! » (Ap 12.10)

Comment se fait-il que notre « accusateur » – dont les accusations étaient fondées ! – ait été renvoyé, même catégoriquement rejeté par Dieu ? – Parce que cette accusation a été contrée « grâce au sang de l’Agneau. » (Ap 12.11)

Dans son amour, Dieu a trouvé la parade pour nous épargner les suites de cette accusation. Le péché est une réalité. Le juste juge ne pouvait pas le nier, il est saint. Aussi a-t-il procédé à un transfert. Il a déplacé le péché sur son Fils. « Il n’a pas épargné son propre Fils, mais l’a donné pour nous tous. » (v. 32)

Et quand Satan veut nous accuser devant Dieu pour nous faire rejeter et nous entraîner avec lui dans la damnation, son accusation tombe à plat : devant la justice divine, nous, les croyants, nous n’avons plus de péché : « L’Agneau de Dieu, » Jésus-Christ, « a ôté » nos péchés (Jn 1.29). Satan vient accuser des personnes que « Dieu a déclaré justes » (v. 33).

Si ce n’est pas une Bonne Nouvelle, de l’Evangile pur ?

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« Qui nous condamnera ? »

Là encore, il faut bien faire la différence entre la justice humaine et la justice divine. Lequel d’entre nous, croyants, voudrait nier que nous nous rendons encore coupables de comportements condamnables ?

Tenez : Qui d’entre nous n’a pas encore été condamné, ne serait-ce que par le code de la route ? Ou par son professeur ? Ou par je ne sais quelle autorité ?

Et même si nous devions avoir réussi à ne pas nous faire attraper, nous savons tous que nous aurions, ici dû être puni par le professeur, là écoper d’une amende, etc.

Et qui n’a jamais rencontré un regard réprobateur d’un collègue, d’un proche, d’un ami, d’un véritable ami qui a le courage de ne pas dire « blanc » quand c’est « noir » ?

« Qui nous condamnera ? » – Peut-être plus de gens autour de nous que nous ne le pensons.

Nous le savons : bien des choses sont moralement condamnables dans notre comportement. C’est pour cela que nous confessons dans la 5ème Demande du Notre Père : « Pardonne-nous nos offenses ! » C’est pour cela aussi que nous commençons, au culte, par nous approcher de notre Dieu Sauveur bien humblement dans la confession des péchés.

C’est d’ailleurs de cela que Paul parle ici, de la justice divine, de la condamnation prononcée par le Juge divin. Qui prononcera la condamnation sur ceux qui placent leur foi dans le sacrifice expiatoire du Christ ? – Personne !

Personne, car celui qui sera assis à la place du Juge, au Jugement Dernier, c’est le même que celui qui « est mort » pour nous, « bien plus, il est ressuscité, il est à la droite de Dieu et il intercède pour nous ! » (v. 34)

Déjà maintenant le futur grand Juge « intercède pour nous ». Actuellement, il agit comme « notre avocat » de la défense. Il fait valoir « devant le Père » (1 Jn 2.1) qu’il a expié nos péchés, qu’il s’est fait condamner à notre place.

« Il n’y a donc maintenant aucune condamnation pour ceux qui sont en Jésus-Christ » (Rm 8.1), pour ceux qui se réfugient dans la foi auprès de leur Sauveur. Auprès de lui, aucun danger : il ne prononcera pas de condamnation sur ceux qui ont cru en son sacrifice.

« Qui nous condamnera ? » – Personne. Car Jésus a fait le nécessaire pour ne pas avoir à nous condamner.

Trop simple, voire simpliste ? Oui et non. Oui, car nous n’avons pas à mériter notre salut. Non, car si c’était si simple, comment se fait-il qu’il y a infiniment plus de gens en dehors de l’Eglise que dedans ? C’est que, comme Paul l’a déjà indiqué, cela semble « folie » pour la plupart.

Et pourtant, cette « folie » de Dieu indique le seul chemin de salut pour nous : « Jésus-Christ est mort, bien plus, il est ressuscité, il est à la droite de Dieu et il intercède pour nous ! »

« Que dirons-nous donc de plus ? » (v. 31) demande Paul. – Ben … il n’y a rien à dire de plus. Il n’y a qu’à tomber à genoux devant un Juge qui s’est d’abord fait Sauveur. Il n’y a qu’à l’en remercier du fond du cœur et à le laisser être le Seigneur de notre vie pour que ce soit une vie de repentance et de foi de tous les jours.

Grâce à lui, les réponses sont toutes négatives à ces trois questions :

1. « Qui sera contre nous ? » – Personne !

2. « Qui nous accusera ? » – Personne !

3. « Qui nous condamnera ? » – Personne !

Seigneur, sois en remercié !

Amen.

Jean Thiébaut Haessig