dimanche 27 mai 2007

Sermon du 27 mai 2007 - PENTECÔTE

PENTECÔTE Jean 15.26 – 27

Châtenay-Malabry – 27.05.2007

15:26 [Jésus dit à ses disciples :]

Quand viendra le Défenseur,
celui que, moi, je vous enverrai du Père,
l'Esprit de la vérité, qui provient du Père,
c'est lui qui me rendra témoignage ;


15:27 et vous aussi, vous rendrez témoignage,
parce que vous êtes avec moi depuis le commencement.

Chère assemblée de Pentecôte,
chers témoins du Christ !

« Viens, ô Créateur de nos âmes,
Esprit saint, Dieu de vérité ;
Remplis nos cœurs des pures flammes
De ton ardente charité.
Visite-nous, Dieu de lumière,
Esprit de consolation,
Don du Très-Haut, feu salutaire,
Amour et divine onction »
(LlS n° 128, strophe 1)

Qu’est-ce qui nous fait chanter et jubiler en ce Jour de Pentecôte ? Qu’est-ce qui s’est passé à la première Pentecôte, événement dont les effets s’étendent jusqu’à nous, aujourd’hui, et qui alimente notre spiritualité, qui nourrit notre foi ? Serait-ce « le bruit comme celui d’un violent coup de vent » ? Seraient-ce « les langues qui semblaient de feu » ? Serait-ce le parler en différentes langues par les apôtres ? (Ac 2.2-4)

Chers amis, il nous faut regarder plus loin que l’apparence ; il nous faut regarder derrière l’apparence pour découvrir ce qui se trouve derrière ces manifestations phénoménales, autrement nous n’y comprendront rien, et nous ne comprendrons pas non plus en quoi cela nous concerne aujourd’hui.

En fait,

LA PENTECÔTE
EST LE MOMENT
Où L’EGLISE DE JESUS-CHRIST
S’EST MISE EN MOUVEMENT
1
Cela a commencé avec le témoignage du « Paraclet ».
2
Cela continue avec votre témoignage !


XXX 1 XXX

L’Eglise de Jésus-Christ
a été mise en mouvement
lorsque « le Paraclet » s’est mis
à rendre témoignage avec puissance.

Le Para – quoi ? – « Le Paraclet » ! C’est le nom que Jésus donne ici au Saint-Esprit – ici et en d’autres endroits, dans le texte original grec. « Quand viendra le Paraclet, celui que, moi, je vous enverrai du Père, l'Esprit de la vérité, qui provient du Père, […] »

Pour s’approcher au plus près du sens original, certaines traductions françaises ont rendu ce mot par « Consolateur », d’autres par « Défenseur », ailleurs encore par « Avocat » … de la défense, bien entendu, chacun de ces termes ne couvrant qu’une partie du sens de l’original « Paraclet » (paraklhtos), mot à mot : « l’appelé aux côtés », « l’appelé à la rescousse », « l’appelé pour assister ».

Au chapitre précédent, Jésus avait déjà employé ce terme : « Moi, je demanderai au Père de vous donner un autre Paraclet pour qu’il soit avec vous pour toujours, l’Esprit de vérité » (Jn 14.16-17) « Un autre Paraclet » : Bien entendu ! Jésus est le premier « Paraclet », le premier à avoir été appelé à notre secours !

L’ancienne version Segond traduit ici chaque fois par « Consolateur ». Jésus nous a consolés en nous arrachant à la damnation éternel, en expiant nos péchés, en nous réconciliant ainsi avec Dieu.

Le Saint-Esprit quant à lui nous console en attirant notre attention sur ce que Jésus a fait pour nous, en « rendant témoignage à Jésus » (v. 26).
Le Saint-Esprit est « Paraclet » parce qu’il conduit au premier « Paraclet » : Jésus ! Mais Segond savait qu’il ne couvrait pas toute la richesse du mot « Paraclet » en traduisant par « Consolateur ». Aussi a-t-il traduit ce même mot dans cet autre passage bien connu par le mot « Avocat » et la « Nouvelle Bible Segond » par « Défenseur » : « Si quelqu'un vient à pécher, nous avons un Défenseur auprès du Père, Jésus-Christ, qui est juste » (1 Jn 2.1) On pourrait aussi dire : « un Intercesseur ».

Autrement dit : un avocat de la défense est appelé à nos côtés pour qu’il nous fasse gagner le procès devant le tribunal de Dieu. Or, devant le tribunal de Dieu, nous ne pourrions avoir de meilleur « Paraclet » ou « avocat de la défense » que Jésus. N’a-t-il pas pleinement rempli les exigences de Dieu à notre place ? N’a-t-il pas ainsi rendu caduque toute accusation contre nous ?

Jésus sait de quoi il parle quand il nous défend. Il peut présenter à Dieu le récépissé de notre rachat, de notre acquittement : son vrai corps qu’il a livré pour nous, son vrai sang qu’il a répandu pour nous, pour le pardon de nos péchés, pour notre acquittement éternel.

Et lorsque l’apôtre Paul écrit : « L’Esprit lui-même intercède par des soupirs inexprimables » quand « nous ne savons pas ce qu’il convient de demander dans nos prières » (Rm 8.25-26), que fait-il d’autre qu’assumer sa fonction, que remplir sa mission de « Paraclet » ?

Dans les grandes lignes, nous avons donc découvert quelle est la relation du Saint-Esprit avec nous : il est « le Paraclet » envoyé par Jésus de la part du Père ; il est celui qui est placé à nos côtés pour nous assister dans notre combat de la foi en Jésus-Christ, et pour nous réconforter et nous affermir sur le chemin de la vie avec les promesses de l’Evangile.

Avec les promesses de l’Evangile… Evidemment ! Le Saint-Esprit n’agit pas sur nous à travers les nuages, mais à travers « la Parole du Christ » (Rm 10.17). Jésus dit ici du Saint-Esprit : « C’est lui qui me rendra témoignage » (v. 26)

Que fait le Saint-Esprit dans le monde ? – C’est simple : il nous dirige vers Jésus-Christ, notre Sauveur, nous parle de lui, étale devant nos yeux les merveilleux trésors que le Christ nous a apportés, et développe le merveilleux message, la consolante vérité du salut qu’il nous a obtenu.

Apprendre cela, cela soulage ; cela soulage du poids de la culpabilité devant Dieu, cela nous libère de la peur de la mort et de la damnation, cela remplit notre cœur de joie et de vie, cela nous anime, nous fait bouger, nous met en mouvement, nous et toute l’Eglise du Christ, toute la communion de ceux qui placent leur foi en Christ !.

Le Saint-Esprit ne suscite pas en nous n’importe quelle bougeotte, il ne nous entraîne pas dans une agitation désordonnée, non, le mouvement qu’il provoque, c’est de nous mettre en marche.

Avec le témoignage qu’il rend à Jésus-Christ il nous met tous sur pied ; il nous met en marche avec le message divin du salut en Christ ; il nous entraîne dans un grand mouvement en avant par le merveilleux « Evangile, puissance de salut, » (Rm 1.16).

Un jour, Paul a écrit : « L’amour de Christ nous presse, nous qui avons discerné ceci : un seul est mort pour tous, […] » (2 Co 5.14)

Voilà ce que le Saint-Esprit nous a appris par son témoignage de la vérité ; voici la Bonne Nouvelle avec laquelle il a touché nos cœurs, voici « l’Evangile par lequel il nous a appelés » (2 Th 2.14), voici « la puissance de Dieu » par laquelle « nous sommes gardés, au moyen de la foi pour le salut » (1 P 1.5).

Cela transforme nos vies et nous fait marcher avec repentance et foi sur les traces de notre Sauveur.

Jésus avait dit : « Les paroles que, moi, je vous ai dites sont Esprit et sont vie. » (Jn 6.63) La parole d’Evangile est pleine de « vie » et rend vivant, met en mouvement, parce que le Saint-Esprit agit à travers elle sur nos cœurs pour nous faire avancer sur le chemin du « salut prêt à être révélé dans les derniers temps » (1 P 1.5)


XXX 2 XXX

Le témoignage que le Saint-Esprit rend à Jésus par l’Evangile amène la vie et du mouvement dans l’Eglise. Il fallait s’attendre que ce mouvement de l’Eglise entraîne l’Eglise à rendre, à son tour, témoignage de ce Christ dont elle a tant reçu !

« Vous aussi vous rendrez témoignage » dit Jésus dans notre texte.

1
Cela a commencé avec le témoignage du « Paraclet ».
2
Cela continue avec notre témoignage
de membres de l’Eglise !

Cela ne devrait d’ailleurs pas nous surprendre. Le Saint-Esprit est appelé à nos côtés, aux côtés de l’Eglise, pour nous assister. Il fallait s’attendre à ce qu’il nous entraîne avec lui dans une vie de témoignage, qu’il nous entraîne pour nous faire participer à sa mission de témoigner de l’amour de Dieu en Jésus-Christ.

Pensez au miracle de la première Pentecôte à Jérusalem ! (Ac 2.1-42) Cet événement montre comment le Saint-Esprit transforme des disciples craintifs et apeurés en témoins courageux. Subitement, les apôtres se tournent résolument vers les milliers de pèlerins présents à Jérusalem pour leur annoncer le Christ, ce qu’il est pour eux et de quelle manière ils peuvent avoir part à ses trésors célestes.

Bien entendu, nous rendons aussi témoignage à Christ quand nous sommes entre nous, dans les cultes, les études bibliques, les réunions de jeunes, les séances de catéchisme ou d’école du dimanche, dans la cure d’âme ou par notre littérature.

Mais le Saint-Esprit ne veut pas que nous nous cantonnions à faire état de son témoignage merveilleux et bouleversant en vase clos, exclusivement pour notre bien et dans notre intérêt. Il attend à ce que nous portions son témoignage devant le monde.

A Jérusalem, les apôtres sont allés au-devant des gens, là où ils se trouvaient, en l’occurrence, dans la langue dans laquelle leur vie se déroulait. « Parthes, Mèdes, Elamites, habitants de Mésopotamie, de Judée, de Cappadoce, du Pont, d’Asie, de Phrygie, de Pamphylie, d’Egypte, de Libye cyrénaïque, » etc. (Ac 2.9-11)

Aujourd’hui encore, les missionnaires apprennent les langues des peuples parmi lesquels ils veulent rendre témoignage à Jésus-Christ.

Il faut aller à la rencontre et chercher les incroyants là où ils se trouvent : dans leur langue, dans leur culture, dans leur façon de penser. Il faut comprendre les gens si on veut se faire comprendre d’eux.

C’était la raison pour laquelle Jésus-Christ a appelé Saul de Tarse à devenir le grand apôtre Paul : comme érudit juif ayant étudié auprès du plus grand rabbin de Jérusalem, il pouvait prêcher dans les synagogues, et comme érudit grec de la ville universitaire de Tarse, il comprenait la façon de penser, la culture – y compris la culture sportive – des Grecs, et pouvait les aborder dans leur monde pour les conduire à Jésus-Christ.

Le témoignage que le Saint-Esprit rend à Jésus-Christ, l’Evangile du salut en Christ, ce n’est pas une formule magique ; il faut qu’il intrigue, saisisse, étonne, attire, donc qu’il soit annoncé dans une langue que mon vis-à-vis comprend.

Ainsi, à Jérusalem, le Saint-Esprit amena les apôtres à être Parthes pour les uns, Elamites pour d’autres, etc. Plus tard, Paul nous apprend : « Avec les Juifs, j'ai été comme un Juif, afin de gagner les Juifs ; avec ceux qui sont sous la loi, comme quelqu'un qui est sous la loi, afin de gagner ceux qui sont sous la loi – et pourtant moi-même je ne suis pas sous la loi » (1 Co 9.20)

Voilà comment l’Eglise doit se donner la peine – et nous tous avec elle – de rester en mouvement, dans ce mouvement perpétuel vers les incroyants, et chercher à leur rendre témoignage de leur Sauveur Jésus-Christ dans un langage qu’ils comprennent.

Aux ouvriers il faut parler comme à des ouvriers, aux étudiants comme à des étudiants, aux enfants comme à des enfants, aux jeunes comme à des jeunes, aux personnes âgées comme à des personnes âgées, aux forts dans la foi comme à des forts dans la foi, aux faibles dans la foi comme à des faibles dans la foi, etc.

Ce n’est pas toujours facile, vous le savez par expérience. Notre Seigneur n’attend d’ailleurs pas que nous puissions être « tout à tous » (1 Co 9.22). Mais le Seigneur a doté son Eglise de gens très différents, ou, pour le dire autrement : il a réparti les dons entre nous différemment ; nous avons des connaissances différentes et des centres d’intérêt différents.

Nous devrions être reconnaissants à Dieu pour cette diversité de dons et d’intérêts, et ne pas faire la fine bouche lorsque, par ex. les uns ont le don – comme l’apôtre Paul – de parler aux sportifs, d’autres, comme Jésus, de parler aux « gens de mauvaise vie », aux « pécheurs » notoires (Mt 9.10 ; Lc 15.2 ; etc.)

Prenons un autre exemple, de notre monde actuel, cette fois-ci : Face aux musulmans arabes ou turcs, tout le monde n’a pas la facilité de se mettre dans la peau d’un chrétien arabe ou turc pour leur parler de Jésus de façon intéressante et compréhensible. Leur culture et leur façon de penser est souvent si différente que nous avons du mal à nous faire comprendre correctement et que notre façon de nous comporter les braque plutôt et fait écran au témoignage que nous voulons rendre à leur Sauveur.

Mais si nous sommes une Eglise qui se laisse émouvoir et conduire par le témoignage du Saint-Esprit, alors chacun d’entre nous essayera d’être témoin de Jésus-Christ parmi ses semblables, parmi ceux dont il connaît la langue, la culture, la façon de penser, les loisirs. D’autres feront l’effort d’apprendre une langue pour pouvoir rendre témoignage à Jésus aux gens aui parlent cette langue.

D’autres encore étudient plutôt le monde d’une catégorie précise de gens pour pouvoir leur parler de Jésus-Christ, leur Sauveur. C’est ce que nous avons fait à « L’Heure Luthérienne » à l’occasion de la Coupe du Monde de Football de 1998 : nous avons publié un magazine spécial et avons diffusé 15 programmes radio spéciales sur RTL.

A l’occasion de cet événement qui a marqué les esprits et mobilisé les médias, nous nous sommes documentés, nous avons demandé conseil au spécialiste du sport qu’est l’apôtre Paul et nous nous sommes efforcé d’annoncer l’Evangile d’une façon qui interpelle les sportifs.

Essayez, vous aussi, de comprendre vos contemporains, du moins ceux que vous côtoyez dans votre quartier, au travail, à l’école. Essayer de les comprendre ne signifie pas les approuver en tout ; non, essayez de les comprendre pour savoir par où commencer pour leur parler de Jésus-Christ.

Alors vous avez compris ce qu’est Pentecôte : se laisser entraîner par le témoignage que le Saint-Esprit rend au Sauveur du monde, se laisser entraîner soi-même dans une vie de repentance et de foi, d’humilité et de joie de tous les jours, mais aussi se laisser entraîner à en entraîner d’autres par notre témoignage. Ne serait-il pas merveilleux qu’ils partagent notre soulagement, notre consolation, notre joie et notre espérance dans la communion du Dieu de leur salut ?

Jésus dit : l'Esprit de la vérité […] me rendra témoignage ; et vous aussi, vous rendrez témoignage ! »

Joyeuse Pentecôte, chers frères et sœurs émus par le témoignage du Saint-Esprit et témoins vous-mêmes de son bouleversant salut !


Amen.


Jean Thiébaut Haesssig, pasteur
(13 718)



Chants :
Cantique d’Ouverture :
Viens habiter dans nos âmes LlS 127 : 1–5
Après l’Epître :
Viens, ô Créateur de nos âmes, LlS 128 : 1
Après le Credo :
Attendez en Sion la promesse du Père LlS 120 : 1–5
Après le Notre Père :
Esprit Saint, souffle de vie, LlS 123 : 1–4