lundi 19 mars 2007

Sermon du 18 mars 2007 - Laetare

Laetare Es 12.1-6

Châtenay-Malabry 18.03.2007

Chants :

Oui, je veux te bénir AeC 259 : 1-5
Tu vins, Jésus, pour partager AeC 456 : 1-3
J’ai tout remis entre tes mains AeC 621 : 1-4

*********************

12:1 Tu diras en ce jour-là :

"Je te célèbre, Seigneur :

tu as été en colère contre moi,
mais ta colère s'en est retournée,
tu m'as consolé."
12:2 C'est le Dieu de mon salut ;
j'ai confiance, rien ne m'effraie.
Car le Seigneur (Yah),
le Seigneur (YHWH),
est ma force et ma puissance,
il est mon salut."

12:3 Vous puiserez de l'eau gaiement
aux sources du salut.

12:4 En ce jour-là, vous direz :
"Célébrez le Seigneur,
invoquez son nom,
faites connaître parmi les peuples ses hauts faits,
rappelez combien son nom est sublime !"

12:5 Chantez le Seigneur,
car il a fait des choses magnifiques.
Qu'elles soient connues par toute la terre !

12:6 Triomphe et pousse des cris de joie, habitante de Sion !
Car il est grand en ton sein, le Saint d'Israël !" »
*********************

Cher frère, chère sœur en Jésus-Christ !

« Tu diras en ce jour-là [aux jours du Nouveau Testament] : "Je te célèbre, Seigneur !" » Je te loue, je te rends grâces, Seigneur !

Cher frère, chère sœur en Jésus-Christ, est-ce vraiment, là, ce qui caractérise ta vie ? Ta vie est-elle placée sous le signe de la reconnaissance et de la louange de Dieu ?

Notre gratitude envers Dieu ne sombre-t-elle pas parfois sous les gémissements, les lamentations et les plaintes ?

Il est vrai que la vie est remplie de tant de choses difficiles à gérer, de tant de méchanceté, de tant de choses qui énervent, d’autres qui nous pèsent, d’autres encore qui nous déçoivent tant !

Voyez l’époque du prophète Esaïe. Les croyants de l’époque étaient en butte aux assauts de la superpuissance de l’époque, l’Assyrie. Jérusalem et le Royaume de Juda allaient-ils tenir, les croyants pourront-ils continuer à jouir de la liberté de culte si l’Assyrie les asservissait ?

Pourtant, du milieu de cette atmosphère oppressante jaillit ce chant de foi et de joie. Il y a tellement d’allant, d’entrain, d’énergie et de dynamisme dans ce chant de 6 versets qu’il constitue à lui tout seul un chapitre.

C’est que les croyants de l’époque avaient tant de raisons de louer et de célébrer Dieu ! Il suffisait qu’ils écoutent ses promesses, il suffisait qu’ils laissent diriger leurs regards par ses prophètes vers la venue du Messie Sauveur.

Au chapitre précédent – au chapitre 11 – Esaïe avait justement été chargé de lever un peu plus le voile sur la venue du Messie. Il y a annoncé « le rameau qui sortira du tronc de Jessé », « le rejeton qui sortira de ses racines » (Es 11.1)

C’était, il y a 2750 ans – en 750 av. J.-C. environ –. Entre-temps, « l’habitante de Sion », la communauté des croyants – aujourd’hui, l’Eglise chrétienne – vit cette époque annoncée par Esaïe.

Les croyants de l’Ancienne Alliance étaient appelés à se réjouir de la venue du futur Messie. Nous, nous pouvons nous réjouir de sa venue. Au milieu des épreuves et des tentations que nous pouvons connaître, des souffrances et des angoisses, nous voyons bien plus nettement que les contemporains d’Esaïe combien « le Saint d’Israël, » le Sauveur du monde, « est grand en notre sein » !

Oui,

NOUS AVONS TOUTES LES RAISONS DE CELEBRER NOTRE DIEU


1. parce qu’il nous console
2. et nous rend forts.

Nous avons toutes les raisons
de célébrer Dieu
– 1 –
pour ses consolations.

Sans doute nous arrive-t-il à tous de connaître des moments où nous avons plutôt l’impression que Dieu est en colère contre nous, qu’il ne veut vraiment pas venir nous consoler, des moments où nous plongeons, tant nous avons l’impression que Dieu nous abandonne dans sa colère.

Tenez, voyez le Royaume de Juda du temps du prophète Esaïe. La suprématie de l’Assyrie était écrasante. Les rois de Ninive avaient détruit et occupé, d’abord la Syrie avec Damas, puis le Royaume d’Israël avec Samarie. Le Royaume de Juda avec Jérusalem a été épargné, mais devait payer un lourd tribu à la puissance assyrienne. La révolte grondait. On voulait inciter le roi à se rebeller contre l’Assyrie.

C’est dans ce contexte que le prophète Esaïe appelle la population au calme. Il l’invite avec insistance à faire confiance à Dieu et à ne pas faire de bêtise en se fiant à sa force militaire.

Dieu les avait-il abandonnés ? Que non ! Dieu les punissait-il ? Se vengeait-il ? Etait-il en colère contre son peuple ? Non plus. Au contraire, il oeuvrait pour leur bien. Il voulait leur apprendre à lui faire confiance dans l’adversité. Il voulait les faire grandir dans la foi, les unir plus fortement encore dans sa communion de pardon et de vie.

Il voulait amener ce peuple souvent si orgueilleux à ne pas fonder sa fierté sur lui-même, mais sur la grâce et la fidélité de Dieu, sur sa grâce et ses promesses. Dans le domaine de la vie courante, nous devons aussi faire usage de l’intelligence que Dieu nous a donnée, et de l’expérience qu’il nous a permis d’amasser, mais le peuple d’Israël avait une position à part dans le monde politique de l’époque : jusqu’à l’arrivée du Messie et Sauveur du monde, Dieu lui-même en était le chef politique suprême, c’était la seule véritable théocratie qui ait jamais existé au monde. Et quand Dieu s’adressait au peuple d’Israël par ses prophètes, les Israélites devaient davantage avoir confiance dans la Parole de leur Dieu que dans leurs expériences et calculs, ils devaient faire passer la Parole infaillible de Dieu avant leur raison faillible.

C’est difficile quand on a l’impression que ce qu’on vit contredit ce que Dieu dit. Il nous arrive aussi de nous sentir tout petits, tout démunis, tout désarmés devant les problèmes qui nous assaillent. C’est un peu ce qui se passe quand nous considérons l’esprit du monde qui s’infiltre insidieusement – sans que nous nous en rendions réellement compte – dans nos jugements et dans ceux de nos enfants ; ou quand nous considérons l’avancée de l’incrédulité, des sectes et des fausses religions dans notre monde. Aussi quand nous voyons les énormes défis posés à notre Eglise et que nous plaçons en face les moyens que nous avons. Et je pourrais continuer la liste des problèmes devant lesquels nous ne nous sentons parfois pas de taille à les résoudre.

Et nous sommes alors tentés de nous demander : Tout n’indiquerait-il pas – l’apparence, l’expérience que nous sommes alors en train de traverser, n’indiquerait-elle pas – que Dieu se désintéresse de nous, qu’il ne se préoccupe vraiment pas de notre bien-être, ou peut-être pire : qu’il est en colère contre moi et veut me faire payer quelque chose ?

Oh ! des raisons de nous punir, il en aurait ! Sans compter parmi les personnes immorales de ce monde, nous savons que nous sommes loin de correspondre aux exigences de perfection de la sainte Loi de Dieu. Or, le verdict incontournable de Dieu établit : « Le salaire du péché, c’est la mort » ! (Rm 6.23)

Heureusement que Jésus est venu dévier sur lui l’exécution de ce verdict. Heureusement qu’il s’est porté volontaire pour payer à notre place. Esaïe écrit plus loin : « La correction qui nous vaut la paix est tombée sur lui ! » (Es 53.5)

Cela, Esaïe le savait déjà, lorsqu’il a entonné le chant de notre texte : « Je te célèbre, Seigneur : tu as été en colère contre moi, mais ta colère s'en est retournée ! »

Et c’est là – cette intervention miraculeuse du Fils de Dieu comme « victime expiatoire pour nos péchés » (1 Jn 2.2) – c’est là la source de notre soulagement, c’est aussi la cause de notre certitude :

Dieu n’est plus irrité contre les croyants, contre ceux qui croient en l’expiation de Jésus-Christ. Son comportement envers nous n’est plus jamais dicté par la colère ou l’envie de punir, mais par l’amour qu’il nous porte et qu’il nous a dévoilé de la façon la plus parlante sur la croix de Golgotha.

Avec Esaïe nous le « célébrons », nous l’acclamons, nous le proclamons et le confessons en ces mots : « C'est le Dieu de mon salut ; j'ai confiance, rien ne m'effraie. »

Car, pour le dire, cette fois-ci, avec Paul : « Si Dieu est pour nous, » si Jésus l’a réconcilié avec nous par son sacrifice expiatoire, si Jésus nous a gagné l’amour et la sollicitude du Père céleste, « qui sera contre nous, » qui pourra agir contre l’accompagnement et la sollicitude fidèles de Dieu ?

Dieu est devenu « le Dieu de mon salut », d’un « salut » qui s’étend à tous les croyants et les met à l’abri de tout mal réel. Certes, nous connaîtrons encore des passes difficiles, mais ce qui nous fait tant de bien dans ces mauvaises passes, c’est de savoir que « le Dieu de mon
salut » se tient à mes côtés et ne retirera pas de moi ses mains aimantes et toutes-puissantes.

Par exemple, Paul, s’adressant aux chrétiens de Thessalonique quelque peu ébranlés par la mort de leurs frères et sœurs, ne leur écrit pas : « afin que vous ne vous attristiez pas » – bien sûr que la mort de nos proches nous « attriste », c’est une épreuve pour nous aussi ! – Non il leur écrit : « afin que vous ne vous attristiez pas comme les autres qui n’ont pas d’espérance ! » (1 Th 4.13)

Cette « espérance », cette certitude que « rien ne peut nous séparer de l’amour de Dieu » (Rm 8), nous la devons à Jésus en qui nous croyons.
Ce réconfort est comme une source qui ne tarit jamais. Ce que Dieu a fait pour nous en Jésus, ce qu’il nous a procuré et offert en Jésus, c’est comme une fontaine qui ne cesse de couler et de nous désaltérer au milieu des chaleurs de la vie.

« Vous puiserez de l'eau gaiement aux sources du salut ! » chante Esaïe, promet Esaïe ici à tous les croyants, à nous aussi.

« Vous puiserez de l'eau gaiement aux sources du salut ! » C’est ce que nous venons faire dans nos cultes, dans les études bibliques, à l’instruction catéchétique ou en sondant les Ecritures chez nous à la maison : « nous puisons gaiement aux sources du salut ! » Et celui qui a ainsi « goûté combien le Seigneur est bon » (1 P 2.3), n’en aura jamais assez et continuera à « puiser gaiement » le salut de cette source aussi intarissable que le Christ est éternel !

Si nous avons toutes les raisons de célébrer Dieu parce qu’il nous console,

Nous avons aussi toutes les raisons
de le célébrer
– 2 –
parce qu’il nous rend forts.

Car de cela, nous en avons souvent besoin : être affermis ! Quand nous sommes sans solution devant un problème, désemparés devant une tâche qui fait peur, découragés quand nous avons l’impression de ne pas être à la hauteur.

Il nous arrive d’avoir apporté tant de soin à quelque chose, consacré tellement de temps à quelqu’un, fait preuve de tant de patience – et puis, nous avons l’impression que cela n’a pas servi à grand-chose, tout cela semble avoir été fait en pure perte.

Et c’est la déception, le coup de blooze. Et la déprime menace. On a l’impression d’un grand vide, on n’a plus envie de rien parce qu’on croit que tout est inutile, c’est raté, ça n’a pas de sens.

A cela peut s’ajouter un complexe d’infériorité : « Je ne vaux rien ! », le sentiment de culpabilité : « C’est ma faute ! Je n’ai que ce que je mérite ! Dieu s’est détourné de moi, il m’en veut. » Et on a peur de ce qui va encore suivre.

C’est ce qui s’est passé avec les contemporains du prophète Esaïe. Quels efforts – diplomatiques, militaires, économiques – n’avaient-ils pas déployés pour écarter le danger assyrien ! Et pour quel résultat ?

Il y a des situations où la sagesse humaine a atteint ses limites, mais pas Dieu. Et quand, humainement parlant, il n’y a plus de solution, en tout cas on n’en voit pas, n’oublions pas que nous avons toujours les promesses de Dieu.

Il est venu en aide au Royaume de Juda parce qu’il avait un lien particulier avec ce peuple. Il vient aussi en aide à ses enfants, car avec nous il a aussi établi un lien qui ne peut se rompre, l’alliance du baptême scellée par le sang expiatoire de son Fils.

Et cette certitude, savoir que le Dieu réconcilié ne peut pas nous laisser tomber, que sa grâce et sa fidélité nous sont acquises à cause du Christ, cette certitude nous donne des forces dans l’épreuve. Que dit Paul ? « C’est quand je suis faible que je suis fort. » Comment peut-il dire cela ? Parce qu’il sait que « la puissance de Dieu s’accomplit dans la faiblesse » (2 Co 12.9-10)

Le Seigneur ne veut pas nous abandonner dans le marasme, il ne prend pas plaisir à nos moments de découragement. Il veut nous rendre forts pour nous armer pour affronter la vie.

Et quelle meilleure arme pourrait-il nous donner que ses promesses de grâce, de fidélité, de pardon et de vie ? Qu’est-ce qui nous rend plus fort que la certitude que Dieu, pour l’amour de son Fils, nous aime et ne nous abandonne pas ?

Paul écrit : « Nous prêchons Christ crucifié, puissance de Dieu et sagesse de
Dieu ! » (1 Co 1.24-25) Notre Dieu nous dirige toujours vers le même endroit : Golgotha, vers le même événement central de l’histoire du monde : l’expiation de nos péchés par son Fils. C’est cette foi, cette certitude qui nous rend forts, car nous nous savons « gonflés » par l’amour et la fidélité du Dieu tout-puissant.

Paul, l’apôtre du Nouveau Testament, et Esaïe, le prophète de l’Ancien Testament, disent la même chose – et pour cause : le même Saint-Esprit parle par eux. Voici ce que dit Esaïe dans notre texte :

« C'est le Dieu de mon salut ; j'ai confiance, rien ne m'effraie. Car le Seigneur (Yah), le Seigneur (YHWH), est ma force et ma puissance, il est mon salut. »

Notre faiblesse permet à sa puissance de devenir agissante en nous. Tant que nous nous confions à notre propre force, nous ne recourrons pas à la sienne. Mais quand nous reconnaissons notre déficience, notre péché, quand nous le regrettons et nous en repentons, alors nous nous tournons vers les promesses de l’Evangile, alors nous nous redressons grâce aux promesses de pardon, de grâce et de fidélité de notre Dieu Sauveur.

Quiconque a ainsi raclé le fond et désespéré à cause de ses ratés, mais a aussi agrippé la main que Dieu lui tendait, quiconque s’est ainsi vu attiré par Dieu et serré sur son cœur, grâce à la médiation de Jésus, celui-là peut s’écrier avec joie avec Esaïe : « Le Seigneur (Yah), le Seigneur (YHWH), est ma force et ma puissance, il est mon salut. »

Oui, quand notre culpabilité veut nous écraser, quand nous nous sentons bien peu au vu des exigences de la sainte Loi de Dieu, et que Dieu nous apprend que, parce que Jésus a expié nos péchés, « sa colère s’en est retournée », sa colère s’est changée en amitié, en intérêt, en fidélité et bonté, sa malédiction en bénédiction, alors nous nous sentons mieux, alors nous reprenons des forces et nous épanouissons, alors nous pouvons le célébrer, avec Esaïe, parce que « sa colère s’en est retournée » !

C’est ainsi que le Puissant nous transmet sa force, la force de son pardon, la force de son amour, la force de sa paix, la force de sa bénédiction et de sa sollicitude, la force de son salut !

Alors je peux dire avec Esaïe, malgré les aléas de la vie, même malgré les problèmes du présent et les incertitudes de l’avenir : « J’ai confiance, rien ne m’effraie ! »

Voilà pourquoi nous le « célébrons », car ce qu’il nous procure – et que lui seul peut nous procurer – nous ne pouvons le taire, nous devons le chanter, le confesser, le publier.

« Célébrez le Seigneur, invoquez son nom, faites connaître parmi les peuples ses hauts faits, rappelez combien son nom est sublime !

Chantez le Seigneur, car il a fait des choses magnifiques. Qu'elles soient connues par toute la terre !

Triomphe et pousse des cris de joie, habitante de Sion ! Car il est grand en ton sein, le Saint d'Israël !" »


Amen.

Jean Thiébaut Haessig
(14 465)

lundi 12 mars 2007

Sermon du 11 mars 2007 - Oculi

Oculi Lc 9.51-56
Châtenay-Malabry 11.03.2007


9:51 Comme arrivaient les jours où il allait être enlevé, il prit la ferme résolution de se rendre à Jérusalem


9:52 et il envoya devant lui des messagers. Ceux-ci se mirent en route et entrèrent dans un village de Samaritains, afin de faire des préparatifs pour lui.


9:53 Mais on ne l'accueillit pas, parce qu'il se dirigeait vers Jérusalem.


9:54 Quand ils virent cela, les disciples Jacques et Jean dirent :
"Seigneur, veux-tu que nous disions au feu de descendre du ciel pour les détruire ?"


9:55 Il se tourna vers eux et les rabroua.
Et il leur dit :
"Vous ne savez pas de quel esprit vous êtes ; car le Fils de l’homme n’est pas venu pour perdre des âmes humaines mais pour les sauver."


9:56 Et ils allèrent dans un autre village. »


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Chers frères et sœurs en Jésus-Christ !

Les enseignants se demandent : Les élèvent vont-ils jamais arriver à respecter les lois de la grammaire ?

Les parents se demandent : Les enfants arriveront-ils jamais à suivre de bon cœur ce que nous leur demandons, poussés par notre amour pour eux et notre responsabilité d’éducateurs ?

Mais ce qui est plus lourd de conséquences encore, c’est quand le comportement des gens amène Dieu à se poser la question :

LES HUMAINS
APPRENDRONT-ILS UN JOUR
à NE PLUS S’OPPOSER A
MON CONSEIL ?


1. Jésus, lui, était entièrement tourné vers
l’accomplissement de ce conseil.

2. Les Samaritains, eux,
étaient opposés à ce conseil.


3. Même les apôtres
avaient parfois des difficultés
avec ce conseil.

4. Et nous, où en sommes-nous à ce sujet ?


– 1 –


Jésus ne s’est pas opposé au conseil de Dieu.

Jésus
était entièrement tourné vers
l’accomplissement de ce conseil

« Comme arrivaient les jours où il allait être enlevé, il prit la ferme résolution de se rendre à Jérusalem. »

« Comme arrivaient les jours où » cela devait se passer. Voilà comment commence notre texte. Cela nous rappelle qu’il y a « un temps fixé » par Dieu pour toute chose (Gn 18.14 ; Ps 75.3 ; Ac 1.7 ; 17.31 ; etc.). Et lorsqu’il trouve que le moment est venu que cela se passe, il le fait arriver.

Nous connaissons tous ce merveilleux passage de l’Epître aux Galates : « Lorsque les temps furent accomplis, Dieu a envoyé son Fils, né d'une femme et sous la loi, afin de racheter ceux qui étaient sous la loi, pour que nous recevions l'adoption filiale. » (Ga 4.4-5) Autrement dit, quand « le temps fixé » par Dieu pour la conception et la naissance virginale de son Fils « fut arrivé », Dieu est passé à l’acte, et nous célébrons ce miracle chaque année avec un faste particulier avec la Fête de Noël.

Ici, dans notre texte, « les jours étaient arrivés » d’un événement plus dramatique, un temps moins agréable. Mais Dieu ne recule pas non plus quand l’accomplissement de sa bonne et miséricordieuse volonté lui coûte énormément.

Sachant qu’« arrivaient les jours où il allait être enlevé, » arrêté et mis à mort, « [Jésus] prit la ferme résolution de se rendre à Jérusalem. »

Il n’y a aucune hésitation dans le comportement de notre Seigneur. Six mois avant sa crucifixion, il se met en route pour Jérusalem. Là-bas, il va apparaître et prêcher comme celui que Dieu a envoyé. Et au fur et à mesure que son message va devenir de plus en plus précis et ses mises en garde de plus en plus claires, l’opposition va, elle, s’intensifier.

Il va laisser mûrir les circonstances pour son entrée à Jérusalem et l’aboutissement fatal de sa crucifixion.

Il savait ce que le conseil de Dieu lui préparait. Il y avait participé, à cette prise de décision, au sein de la Très Sainte Trinité, lui, le Fils éternel de Dieu. Il avait souvent annoncé à ses disciples ce qui l’attendait à Jérusalem. Et il s’est engagé résolument sur le chemin douloureux sur lequel lui seul pouvait accomplir notre salut.

Il voulait nous arracher à notre perte éternelle, à la damnation que nous avons méritée par le décalage qui existe entre nous et les exigences de la sainte Loi de Dieu.

Un jour, Jésus reviendra dans sa gloire divine pour juger l’humanité. Mais avant que le moment ne vienne « où il allait être enlevé » au ciel, il voulait faire le nécessaire pour que nous puissions échapper à la damnation que nous avons méritée.

« Le Fils de l’homme est venu […] pour sauver les âmes. » Le moment était venu où il devait se rendre à l’endroit où il allait se sacrifier pour nous et nous frayer ainsi une sortie, une échappatoire à notre damnation. C’était là le plan que Dieu avait conçu dans sa sagesse pour nous sauver du châtiment mérité par notre péché.

Et, dans son amour pour nous, Jésus n’hésita pas, le moment venu : « il prit la ferme résolution de se rendre à Jérusalem. »

Il s’était complètement dévoué à sa mission, il était entièrement orienté vers la volonté de Dieu de nous sauver.

– 2 –

Les Samaritains ont été bien plus long à accepter le bienveillant conseil de Dieu à leur égard.

Les Samaritains
était, au début,
opposés à ce conseil de Dieu.

« Jésus envoya devant lui des messagers. Ceux-ci se mirent en route et entrèrent dans un village de Samaritains, afin de faire des préparatifs pour lui. Mais on ne l'accueillit pas, » – pourquoi ? – « parce qu'il se dirigeait vers
Jérusalem. »

Pour des raisons politiques, culturelles et religieuses, les Juifs méprisaient les Samaritains et n’entretenaient pas de relations avec eux.

La réponse du berger à la bergère était à prévoir. Ah ! ces réactions viscérales ! Les Samaritains n’acceptaient rien des Juifs, pas non plus « le salut qui vient des Juifs », comme Jésus l’a, un jour, dit à une Samaritaine (Jn 4.22). Les Samaritains avaient leur propre montagne sainte, le Mont Garizim, leurs propres lois et préceptes religieux, leurs propres idées sur Dieu et ses actes.

Ils avaient entendu parler de Jésus et avaient été impressionnés par ce qu’on disait de lui. Certains, comme ceux du Puits de Jacob, croyaient même en lui comme étant « le Christ, le Sauveur du monde » (Jn 4.41-42).

Il n’en demeure pas moins que Jésus n’était pas seulement juif, il était même en train de « se rendre à Jérusalem » pour se joindre au culte des Juifs. Pour les Samaritains, Jésus se rangeait ainsi du côté des Juifs et ça, ça les irritait. Ils n’allaient pas, en plus, lui faciliter la tâche en l’hébergeant dans leur village !

Leur rancœur tenace les amena ainsi à s’opposer au plan de Dieu. On se demande : Ont-ils jamais reconnu leur tort et se sont-ils un jour rangés sous le conseil de Dieu ?

Mais Dieu est plein de compassion. Il leur offrira une autre occasion de rectifier leur tir. Cela se passera après Pentecôte. L’évangéliste Philippe se rendra en Samarie et y proclamera l’Evangile, la Bonne Nouvelle du Sauveur crucifié, ressuscité et monté au ciel. Et nous apprenons que « les foules s’attachaient à ce que disait Philippe. […] La Samarie a accepté la parole de Dieu » (Ac 8.5-14).

Les conversions furent si nombreuses que cela parvint aux oreilles des apôtres qui vinrent de Jérusalem assister Philippe dans son travail ! (Ac 8.14-25)

Son plan de salut, Dieu l’avait aussi élaboré pour les Samaritains. Et ce plan prévoyait que Jésus devait passer par leur « village » pour « se rendre à Jérusalem », que cela leur plaise ou non, qu’ils soient d’accord avec ce plan de Dieu ou non.

– 3 –

Notez bien :

Même les apôtres
avaient parfois des problèmes avec
le conseil de Dieu.

« Quand ils virent cela [quand ils virent le refus des Samaritains], les disciples Jacques et Jean dirent : "Seigneur, veux-tu que nous disions au feu de descendre du ciel pour les détruire ?" Il se tourna vers eux et les rabroua. Et il leur dit : "Vous ne savez pas de quel esprit vous êtes ; car le Fils de l’homme n’est pas venu pour perdre des âmes humaines mais pour les sauver." Et ils allèrent dans un autre village. »

« Les disciples Jacques et Jean » ont bien du mal à comprendre le conseil de Dieu. Ils pensent défendre l’honneur du Christ en proposant que le feu du ciel anéantisse les Samaritains inhospitaliers. Ils pensaient que cela était conforme au conseil de Dieu. Elie n’avait-il pas agit d’une façon similaire il y a bien de siècles ? Il y avait néanmoins au moins une grande différence : Elie a invoqué la colère de Dieu sur des Juifs endurcis. Mais les Samaritains de ce village n’avaient pas encore entendu l’Evangile de la grâce de Dieu.

« Jacques et Jean » avaient vraiment du mal à admettre le conseil de Dieu ! Juste avant notre histoire, Jésus venait de remettre Pierre vertement en place pour s’être fait le porte-parole de Satan. Et voici que « Jacques et Jean » se font rappeler à l’ordre à leur tour. C’est à se demander si les apôtres apprendront bien, un jour, à ne plus s’opposer au conseil de Dieu !

Dire que c’était là justement les trois disciples – « Pierre, Jacques et Jean » (Lc 9.28-36) – que Jésus venait d’emmener avec lui pour leur faire assister à sa transfiguration sur la montagne ! Ils y avaient entendu prédire les souffrances, la mort et la résurrection de leur Maître. Résultat : Rien compris !

Rendons grâces au Seigneur d’avoir été patient avec eux, de les avoir rappelés après sa résurrection et de les avoir confirmés et bénis dans leur apostolat, avant de monter au ciel.

Rendons grâces au Seigneur de les avoir finalement amenés à comprendre, à croire et à se ranger sous le conseil de Dieu et d’avoir proclamé ce plan de Dieu de sauver le monde pécheur, même si ce plan a souvent contrecarré leurs opinions humaines, leurs sentiments immédiats.

– 4 –

Et nous,
où en sommes-nous à ce sujet ?

Quand le Seigneur nous considère, secoue-t-il la tête, désabusé, en se disant : « Malgré l’histoire de ces Samaritains et des apôtres, ces Châtenaisiens n’ont rien appris de plus ! » ?

Après 2000 ans et les enseignements des Evangiles et des Epîtres, au contact de « la puissance de l’Evangile » (Rm 1.16), avons-nous progressé dans la connaissance et l’acceptation du conseil de Dieu ? Ou n’avons-nous toujours pas appris à ne plus nous opposer à lui ?

Le Seigneur est-il toujours obligé de répéter ce qu’il dit ici à « Jacques et Jean » : « Vous ne savez pas de quel esprit vous êtes ! »

Pourquoi nous comportons-nous parfois comme si ce n’était pas l’Esprit de vérité de l’Ecriture Sainte qui nous dirige, mais l’esprit de notre égoïsme qui fait passer le plaisir immédiat avant le respect des dispositions pourtant bienveillantes de Dieu ?

Pourquoi nous comportons-nous parfois comme si ce n’était pas l’esprit de l’amour fraternel qui nous anime, mais celui de la rancune, non pas l’esprit de pardon mais celui de la vengeance, non pas l’Esprit de Dieu mais celui de notre nature jalouse, envieuse, malveillante et soupçonneuse ; non pas l’esprit qui essaye d’interpréter de la façon la plus avantageuse le comportement du prochain, mais l’esprit qui veut détruire toute paix, harmonie et fraternité ?

Jésus est-il aussi obligé de nous rappeler quel est l’Esprit qu’il nous a procuré dans notre baptême, l’Esprit Saint qui nous assiste et nous aide à progresser à travers les difficultés de la vie. Doit-il constater avec tristesse : « Vous ne savez pas de quel esprit vous êtes ! » ?

« Le Fils de l’homme n’est pas venu pour perdre des âmes humaines mais pour les sauver. »

L’esprit qui nous anime, nous pousse-t-il à « perdre des âmes » où à les préserver et affermir dans la communion de l’Eglise fidèle ? L’esprit qui nous remplit, nous pousse-t-il à agir selon le conseil de Dieu tel qu’il nous le révèle dans sa Parole, ou nous pousse-t-il à relativiser sa Parole divine ? Nous pousse-t-il à placer notre refus de nous réconcilier (comme « les Samaritains ») ou notre brutalité (comme « Jacques et Jean ») plus haut que la volonté de Dieu dévoilée dans l’Ecriture Sainte ?

Oui, c’est vrai, le plan, le dessein, le conseil de Dieu est si différent de ce à quoi aspire notre nature pécheresse innée. Aussi devons-nous toujours à nouveau nous poser la question – avant de prendre une décision, ou en examinant ce que nous avons fait – : « De quel esprit suis-je ? » « Qu’est-ce qui me pousse à agir ainsi ? Quel esprit m’inspire mes sentiments, mes réactions ? »

Dieu fasse que ce soit toujours davantage son plan que nous appliquons dans notre vie ! Que nous nous abandonnions toujours davantage à l’action sanctifiante de son Esprit, au contact de son Evangile de grâce et de vie !

Qu’il nous éclaire à ce sujet, nous donne des yeux qui voient et un cœur qui s’ouvre à son conseil. Et qu’il nous ramène, dans une repentance profondément reconnaissante, sur le chemin de son conseil quand nous nous en sommes écartés – comme il l’a fait avec les Samaritains et les apôtres.

Ce qui soulage et encourage, c’est qu’il « s’est rendu à Jérusalem » pour y expier nos pensées, nos sentiments, nos paroles et nos actes qui étaient le fruit d’un mauvais esprit. Ce qui fait notre joie, c’est que « le Fils de l’homme n’est pas venu pour perdre des âmes humaines mais pour les sauver. »

N’oublions jamais de profiter de cette aubaine, de cette grâce, de cette faveur imméritée ! N’oublions jamais de recourir avec repentance et foi au pardon qu’il est allé nous obtenir à Jérusalem sur la croix !

Amen.

Jean Thiébaut Haessig (11 808)

Chants :
Entonnons un saint cantique LlS 73 : 1-3
Je crie à toi, Seigneur Jésus, LlS 208 : 1-3
Chaque matin, je répète, LlS 276 :1-5

dimanche 4 mars 2007

Sermon du 04 mars 2007 - Reminiscere

Reminiscere Es 5.1–5
Châtenay-Malabry 04.03.2007

Chants :

Demeure par ta grâce avec nous LlS 3 : 1-5
Si vous saviez la paix douce et profonde LlS 198 : 1-4
O Berger d’Israël, écoute ! LlS 174 : 1-5
Peuple chrétien, ton Sauveur charitable LlS 168 : 1-6

*********************

5:1 Laissez-moi, je vous prie,
chanter pour mon ami
le chant de mon bien-aimé pour sa vigne.
Mon ami avait une vigne
sur un coteau fertile.


5:2 Il en travailla la terre, ôta les pierres
et y planta un cépage de choix ;
il bâtit une tour au milieu d'elle,
il y creusa aussi une cuve.
Il espérait qu'elle produirait des raisins,
mais elle a produit des fruits puants !


5:3 Maintenant, habitants de Jérusalem,
hommes de Juda,
soyez juges, je vous prie,
entre moi et ma vigne !


5:4 Qu'y avait-il encore à faire à ma vigne
que je n'aie pas fait pour elle ?
Pourquoi, quand j'espérais
qu'elle produirait des raisins,
a-t-elle produit des fruits puants ?


5:5 Maintenant laissez-moi, je vous prie,
vous faire savoir
ce que je ferai à ma vigne.
J'en arracherai la haie,
pour qu'elle soit dévorée ;
j'ouvrirai des brèches dans sa clôture,
pour qu'elle soit foulée aux pieds.


5:6 Je la réduirai en ruine :
elle ne sera plus taillée, ni sarclée ;
les ronces et les épines y croîtront.
Je donnerai mes ordres aux nuages,
afin qu'ils ne laissent plus tomber
de pluie sur elle.


5:7 Or la vigne du Seigneur (YHWH)
des Armées,
c'est la maison d'Israël,
et les hommes de Juda,
c'est le plant qu'il chérissait.
Il espérait l'équité,
et voici le crime !
– la justice,
et voici les cris des victimes ! »

*********************


Chers sarments de la vigne du Seigneur !

Le chant a, de tout temps, fait partie de l’humanité. Je ne me targue pas de connaître l’histoire de tous les peuples, mais je ne me rappelle pas avoir jamais entendu parler d’une culture, d’un peuple, où on ne chantait pas.

Cela fait tellement partie de l’âme d’un peuple que les chants populaires – les vrais, ceux qui sont nés de l’expérience et du vécu des peuples (et non de l’hystérie des masses) – reflètent sa sensibilité profonde. 0n ne peut qu’être frappé des caractéristiques si différentes, pas seulement entre le chant des Africains et des Européens, mais aussi, plus près de nous, des profondes différences entre les chants populaires français et allemands, anglais ou grecs.

Et ce qui et vrai du chant en général, l’est aussi du chant du peuple de Dieu. Le peuple de Dieu a toujours chanté. Cela a commencé dès le début. Cela a atteint son apogée avec les psaumes. Puis, dans le Nouveau Testament, nous avons, par exemple, le Cantique de Marie, celui de Zacharie ; les chants, les hymnes et les cantique spirituels, sans parler des chants des élus au ciel réunis autour du trône de l’Agneau victorieux.

Le salut du peuple de Dieu le pousse à célébrer son Dieu sauveur par le chant et la musique.

Aujourd’hui, c’est le prophète Esaïe qui entonne « un chant pour son ami ». Cet « ami », le prophète nous le présente à la fin du texte comme étant « le Seigneur (YHWH) des Armées » en personne. « Laissez-moi, je vous prie, chanter pour mon ami le chant de mon bien-aimé pour sa vigne. »

Ce « chant » commence avec des accords et une harmonie sublimes, mais se termine sur des tons grinçants. C’est un « chant »« le Seigneur (YHWH) des Armées » fait état du zèle et de l’enthousiasme que son amour a mis en œuvre pour sauver son peuple ; mais un
« chant » aussi où il exprime finalement sa profonde déception devant l’ingratitude de son peuple et où il annonce sa colère envers les ingrats qu’il a sauvés.

Il y a de l’espoir pour l’humanité plongée dans le péché : l’amour de leur Créateur le pousse à venir à leur secours. Mais ceux qui, après avoir bénéficié de son amour secourable, l’ont piétiné, ceux-là seront rejetés, dans sa colère ; ceux-là seront abandonnés dans leur ingratitude.

C’est là, en résumé, le contenu du « chant » de notre texte. Voyons-le maintenant d’un peu plus près. On pourrait l’intituler :
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POUR LE BIEN DE SON PEUPLE
RIEN N’EST DE TROP
POUR L’AMOUR DE DIEU,
CEPENDANT,
« NE VOUS Y TROMPEZ PAS,
ON NE SE MOQUE PAS DE DIEU ! »
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– 1 –
POUR LE BIEN DE SON PEUPLE
RIEN N’EST DE TROP
POUR L’AMOUR DE DIEU,

« Mon ami avait une vigne sur un coteau fertile. Il en travailla la terre, ôta les pierres et y planta un cépage de choix ; il bâtit une tour au milieu d'elle, il y creusa aussi une cuve. Il espérait qu'elle produirait des raisins. » Et là, il nous prend à témoin : « Qu'y avait-il encore à faire à ma vigne que je n'aie pas fait pour elle ? » Puis Esaïe explique, à la fin de son chant : « Or la vigne du Seigneur (YHWH) des Armées, c'est la maison d'Israël, et les hommes de Juda, c'est le plant qu'il chérissait. »

« Le plant que le Seigneur chérissait, » voilà comment il appelle le peuple d’Israël. Il suffit de relire, dans l’Ancien Testament, l’histoire de ce peuple à travers les siècles. Dieu n’a pas lésiné sur les moyens pour le bénir et le protéger, même pour lui pardonner et le restaurer quand il s’était écarté de lui et s’était attiré des ennuis par sa propre faute.

C’est Dieu qui l’a « planté », qui a fait d’Abraham et de ses descendant le peuple élu pour préparer la venue du Messie, du Sauveur du monde. Israël est le fruit du choix et des soins de Dieu. Comme un pépiniériste, Dieu a d’abord « travaillé la terre », préparé le terrain, le Pays de Canaan, il en a « ôté les pierres », fait partir les peuples immoraux dont le style de vie le mettait en colère, et y a « planté » Israël, l’a arrosé, élagué, nettoyé grâce au culte du Temple et au ministère des prophètes. Ainsi Israël est devenu un bel arbre, harmonieux, épanoui, impressionnant. Songez au palais et au Temple construits par le roi Salomon !

L’emplacement choisi par Dieu était « un coteau fertile ». Les monts de Judée formaient une contrée protégée, sûre, mais aussi fertile, « un pays ruisselant de lait et de miel » (Ex 3.8 ; Jé 11.5).

En continuant la description en style poétique, nous trouvons « au milieu d’elle », au milieu de cette terre, « une tour » ! Sans doute le symbole du palais royal à Jérusalem, une image de la royauté et de la dynastie du roi David, elle-même représentant le gouvernement de Dieu.

Mais surtout, Dieu y « creusa une cuve ». Rappelez-vous : à l’époque il n’y avait pas de pressoir. On mettait les raisins dans une cuve, on y entrait pieds nus et on
« foulait le raisin » pour en faire sortir le jus (Es 16.10). Le prophète Amos, quelque vingt années avant Esaïe, faisait déjà le lien entre, d’une part, la scène des vendanges de « celui qui foule le raisin » et, d’autre part, « le jus de raisin qui ruissellera des montagnes » aux jours du Messie (Am 9.13).

Cette « cuve » de notre texte représente le culte du Temple où l’œuvre du Messie sauveur était mise en scène et où retentissait la Bonne Nouvelle de « l’Agneau de Dieu » qui nous obtient les bienfaits de l’amour de Dieu grâce à son sacrifice expiatoire pour nos péchés. Aussi le roi David célébrait-il Dieu pour ses riches bénédictions : « Tu les fais boire au torrent de tes délices, car auprès de toi est la source de la vie. » (Ps 36.9-10)

Ainsi, comme un pépiniériste consciencieux et amoureux de l’arbre qu’il a planté, Dieu a soigné son peuple élu. Avec le culte du Temple et l’envoi de prophètes il a œuvré au sein du peuple d’Israël pour son épanouissement spirituel. Et avec le système théocratique, lui, Dieu, était le réel roi et législateur au-dessus des rois de la maison de David. Ainsi, il a procuré à son peuple un développement politique et culturel littéralement sensationnel au milieu des super-puissances de l’époque : l’Egypte, Babylone et l’Assyrie.

Pas étonnant qu’Esaïe appelle Dieu « mon ami ». Avec quel dévouement ne s’est-il pas occupé de son peuple ! Il était vraiment « l’ami » – au plein sens du terme – du peuple d’Israël ».

Cependant, nous ne sommes pas ici pour ne faire que de l’histoire, et serait-ce de l’histoire biblique. Nous sommes là pour entendre ce que Dieu a à nous dire à travers ce texte. Et là, force est de constater que ce que Dieu dit de sa « vigne » vaut davantage encore de son Eglise du Nouveau Testament, de l’Eglise de notre temps.

L’Eglise chrétienne, elle aussi, est « une plantation de l’Eternel ». Jésus lui-même en est
« la fondation » – l’unique fondation (1 Co 3.11). Il nous a « rachetés par son saint et précieux sang » et nous a appelés dans la communion des croyants et sanctifiés par l’action du Saint-Esprit à travers l’Evangile.

L’Eglise chrétienne a été plantée « sur un coteau fertile », sur le fondement « Jésus-Christ » qui nous apporte, comme un sol fertile, tous les trésors spirituels et éternels. Dès notre baptême, Dieu nous a unis à Jésus (Rm 6) pour que nous puissions bénéficier de tous les trésors qu’il nous a acquis par sa mort expiatoire et sa résurrection glorieuse.

Tout autre terrain que Jésus-Christ est stérile, n’apporte rien qui puisse nous réconcilier avec Dieu et nous assurer sa communion de grâce et de vie pour ce temps et pour l’éternité.

« Au milieu » de l’Eglise chrétienne se dresse « une tour », Jésus-Christ lui-même, le fils éternel de David. Une tour protège les gens des agresseurs. Pareillement, Jésus a détourné de nous la colère de Dieu, vaincu Satan et il fait « tout concourir pour notre bien » (Rm 8.28). Avec Jésus comme « tour » défensive de notre vie, nous sommes à l’abri.

Dieu a aussi placé « une cuve » dans l’Eglise chrétienne, « une cuve » d’où coule le vin de la joie. C’est l’Evangile – annoncé comme maintenant, ou lié aux éléments dans les sacrements. Y a-t-il vin plus égayant, plus réjouissant, plus euphorique que cette Bonne Nouvelle que Dieu nous fait grâce et nous intègre dans son Royaume éternel malgré nos péchés ?

C’est ainsi que Dieu soigne inlassablement la vigne, son Eglise. Pour cela il a engagé des ouvriers qui exécutent ses ordres et servent l’Eglise. C’étaient d’abord les prophètes, les apôtres et les évangélistes de la Bible. Mais ce sont – et le seront jusqu’à la fin du monde – les pasteurs, les missionnaires, les aumôniers et les professeurs de théologie, voire les diacres-prédicateurs et autres diacres, et même tous ceux qui mettent la main à la pâte dans l’Eglise pour que son message puisse mieux encore atteindre les gens.

Dieu ne cesse de se révéler comme « l’ami » de l’Eglise, le grand « Ami » de la communion des croyants. Il n’y a qu’un « ami », un ami sincère et dévoué, qui a pu faire ce que Dieu a fait pour son Eglise ; il est allé jusqu’à se sacrifier pour elle – pour nous – « alors que nous péchons chaque jour et ne méritons que des châtiments » (Martin Luther, « Petit Catéchisme »).

Il est normal que « le Seigneur de la vigne » attende de sa « vigne » qu’elle « produise de bons fruits », « des raisins ». Nous travaillons tous dans « l’espoir » de ne pas travailler en vain. Et comme « le Seigneur » avait sué sang et eau (1 Jn 5.6+8) dans sa
« vigne », son Eglise, « il espérait qu'elle produirait des raisins, mais-elle a produit des fruits puants ».

Aussi s’adresse-t-il aux gens de son peuple pour qu’ils lui disent eux-mêmes ce qu’ils feraient à sa place : « Maintenant, habitants de Jérusalem, hommes de Juda, soyez juges, je vous prie, entre moi et ma vigne ! »

Mais comme réponse, Dieu ne reçoit rien d’autre que ce qu’Adam et Eve avaient déjà fait en leur temps : ils se sont murés dans un mutisme où ils avouaient leur culpabilité. Ils se rendent compte qu’ils ont pris Dieu pour un fantoche. Aussi leur dit-il :

– 2 –
« NE VOUS Y TROMPEZ PAS :
ON NE SE MOQUE PAS DE DIEU ! »

(Ga 6.7)

Là aussi, les menaces de Dieu s’adressent d’abord à l’ingrat peuple d’Israël. Dieu n’avait pas lésiné sur les moyens en sa faveur, en faveur de cette vigne choisie. « Qu'y avait-il encore à faire à ma vigne que je n'aie pas fait pour elle ? »

Les membres des royaumes de Juda et d’Israël doivent admettre que Dieu leur a témoigné sa grâce, sa bonté, sa fidélité et ses bénédictions sans compter. Mais voilà, il a épuisé sa bonté avec eux. Sa patience est à bout.

« Il espérait l'équité, et voici le crime ! – la justice, et voici les cris des victimes ! »

Il espérait que les fruits correspondraient aux soins qu’il a apportés à la vigne, que le peuple mènerait une vie qui lui ferait honneur, à lui, son Dieu. Au lieu de cela leur comportement lui a fait honte. L’injustice et « le crime » sévissaient au sein du peuple ;
« les cris des victimes » montaient jusqu’à Dieu.

Le verdict ne manque pas de tomber sur le peuple d’Israël : « Maintenant laissez-moi, je vous prie, vous faire savoir ce que je ferai à ma vigne. J'en arracherai la haie, pour qu'elle soit dévorée ; j'ouvrirai des brèches dans sa clôture, pour qu'elle soit foulée aux pieds. Je la réduirai en ruine : elle ne sera plus taillée, ni sarclée ; les ronces et les épines y croîtront. Je donnerai mes ordres aux nuages, afin qu'ils ne laissent plus tomber de pluie sur elle. »

La fin de cette parabole prédit ce que Dieu va envoyer à son peuple ingrat, incroyant et immoral : des armées de puissances étrangères vont conquérir le pays, le dévaster. Dieu laissera faire, car c’est lui qui les utilise comme instruments de sa colère. Il les utilise pour exécuter son verdict contre Israël.

Cela a commencé du temps d’Esaïe : le royaume du nord – Israël – fut battu par les armées assyriennes et les habitants emmenés en captivité en Assyrie. C’était en 721 av. J.-C.

Le royaume du sud, moins dévoyé au départ, suivi cependant la même voie. Quelque 140 années plus tard, Dieu lui fit connaître le même sort, cette fois-ci en se servant de la puissance babylonienne. C’était en 586 av. J.-C.. Plus tard ils devront ployer sous les Perses, puis les Grecs et les Romains.

« Or tout cela » – écrit l’apôtre Paul – « leur est arrivé à titre d'exemple et a été écrit pour nous avertir, nous sur qui la fin des temps est arrivée. » (1 Co 10.11) Nous ne pouvons donc pas dire : « Cela ne me concerne pas ! » Au contraire, « cela a été écrit pour nous »« pour nous avertir, » pour nous empêcher de tomber dans les mêmes travers, dans la même perdition.

Pour nous aussi, Dieu ne peut pas non plus « faire plus » que ce qu’il a déjà fait. Il est allé jusqu’à donner son Fils pour nous. Puis il nous a donné ce Vainqueur ressuscité comme Seigneur et Défenseur.

Il agit chaque semaine, chaque jour sur nous en nous sanctifiant par le Saint-Esprit à travers l’Evangile.

Il n’a lésiné sur aucun moyen nécessaire pour notre salut, il n’a pas regardé à ce que cela lui coûtait pour nous combler. « En Jésus-Christ vous êtes devenus riches de tout, de toute parole et de toute connaissance. […] Dès lors il ne vous manque aucun don de la grâce. » (1 Co 1.5+7)

Il y a malheureusement beaucoup de ceux qui se disent chrétiens qui ne produisent pas les bons raisins d’une vie de foi en l’honneur du divin jardinier. Au contraire, ils ont adopté des modes de vie, des comportements immoraux, car contraires à la bonne et miséricordieuse volonté de Dieu. Au lieu de raisins, « ils produisent des fruits puants ». Le malheur, c’est que les gens s’y sont habitués ; nombreux sont même ceux qui pensent que c’est normal de vivre contrairement à la Loi de Dieu. Mais Dieu ne trouve pas normal qu’on fasse passer le péché pour normal et une vie chrétienne comme anormale ou dépassée. Dieu n’est jamais dépassé ; sa Loi ne peut donc pas l’être non plus.

« Ne vous y trompez pas, on ne se moque pas de Dieu ! » Dieu nous préserve de
« mépriser la richesse de sa bonté, de sa tolérance et de sa patience ! » Au contraire, que « la bonté de Dieu nous conduise » chaque jour « à la repentance » (Rm 2.4), à nous détourner avec contrition de nos péchés et à nous tourner avec foi vers le Seigneur et sa grâce !

Qui peut vouloir connaître le sort de la vigne de notre texte ? Qui voudrait être « arraché » du Royaume des vivants, « piétiné » par la colère de Dieu et « réduit en ruine » pour l’éternité ?

Que la parabole de la vigne de notre texte – que le terrible sort du peuple d’Israël aussi – ne soit jamais le nôtre !

Pour cela, il n’y a qu’une chose à faire : se laisser soigner par le Saint-Esprit comme un vigneron soigne et prend soin de sa vigne ! Permettre au Saint-Esprit, ici de tailler avec la Loi, là d’arroser et d’enduire les cicatrices avec les pommades de l’Evangile !

Oui n’empêchons pas le Saint-Esprit de prendre soin de nous ! Restons à son contact, sondons les Ecritures, laissons-nous édifier, corriger, diriger, enseigner, mais aussi consoler, réconforter, apaiser et mener vers « notre cité à nous dans les cieux » ! (Ph 3.20)

Que nous puissions toujours profiter de sa patience jusqu’au moment où il nous recevra dans son ciel !

Amen.

Jean Thiébaut Haessig
15 013