lundi 26 mars 2012

Sermon du Dimanche 25 Mars 2012

Dimanche Judica Es 50.4-9

Chants proposés :

Entonnons un saint cantique, LlS 73 : 1-3

L’Agneau de Dieu va de bon coeur, LlS 77 : 1-4

Dans ce profond abîme, LlS 71 : 1-5

Jésus, dans sa grâce, racheté les pécheurs LlS 164 : 1-13

4 « Le Seigneur, l’Eternel, m’a donné le langage des disciples pour que je sache soutenir celui qui est abattu. Il réveille, oui, matin après matin il réveille mon oreille pour que j’écoute comme le font des disciples.

5 Le Seigneur, l’Eternel, m’a ouvert l’oreille, et moi je ne me suis pas rebellé, je n’ai pas reculé.

6 J’ai présenté mon dos à ceux qui me frappaient et mes joues à ceux qui m’arrachaient la barbe ; je n’ai pas caché mon visage aux insultes et aux crachats.

7 Cependant, le Seigneur, l’Eternel est venu à mon aide. Voilà pourquoi je ne me suis pas laissé atteindre par les insultes, voilà pourquoi j’ai rendu mon visage dur comme une pierre, et je sais que je ne serai pas couvert de honte.

8 Celui qui me déclare juste est proche : qui veut m’accuser ? Comparaissons ensemble ! Qui s’oppose à mon droit ? Qu’il s’avance vers moi !

9 C’est le Seigneur, l’Eternel, qui viendra à mon aide : qui me condamnera ? Ils tomberont tous en lambeaux comme un habit, dévorés par la teigne. »

Chers amis,

qui bénéficiez des prestations du

GRAND SERVITEUR DE L’ETERNEL ?

« Comprends-tu ce que tu lis ? » Un eunuque éthiopien est en train de lire le chapitre 53 du livre du prophète Esaïe. Cela se trouve trois chapitres plus loin que le texte à la base de notre sermon. Envoyé par Dieu à sa rencontre, le diacre Philippe lui demande : « Comprends-tu ce que tu lis ? » (Ac 8.26-30)

« Et vous, avez-vous compris le texte que je vous ai lu ? » Ma question est justifiée, à la suite de celle de Philippe, car notre texte parle du même contenu ; il traite du même thème.

Dans le livre du prophète Esaïe, nous trouvons ce qu’on appelle les chants du יְהוָה עֶבֶד (èbed yahweh), les « chants du Serviteur de l’Eternel », pas de serviteurs comme nous le sommes tous, mais du « Serviteur » avec un grand S, de celui qui allait rendre à Dieu un service exceptionnel, celui de nous racheter et de nous conduire. Il s’agit de chants du Messie Sauveur.

Ces « chants du Serviteur de l’Eternel » sont au nombre de quatre et se trouvent dans les chapitres 42 (1 à 9), 49 (1 à 13), 50 (4 à 11) – d’où est tiré notre texte, et du chapitre 52 (13) à 53 (12).

C’est ainsi que le diacre Philippe, « en partant du texte » du « chant du Serviteur de l’Eternel » au chapitre 53, « annonça [à l’eunuque] la Bonne Nouvelle de Jésus. » (Ac 8.35)

« En partant du texte » d’Esaïe 50, versets 4 à 9, nous entendrons aussi, à notre tour, « la Bonne Nouvelle de Jésus ».

Qu’allons-nous y apprendre de particulier sur le compte du

SERVITEUR DE L’ETERNEL ?

1) En quoi son service a consisté.

2) Ce qu’en a pensé l’Eternel.

3) En quoi c’est là une bonne nouvelle pour nous.


X X X 1 X X X

En quoi a consisté le service

du « serviteur de l’eternel » ?

Laissons-lui la parole. Il est le mieux placé pour en parler. Voilà ce qu’il dit dans notre texte : « J’ai présenté mon dos à ceux qui me frappaient et mes joues à ceux qui m’arrachaient la barbe ; je n’ai pas caché mon visage aux insultes et aux crachats. » (v. 6)

Quelle précision dans cette prophétie ! « Le Serviteur de l’Eternel », le Messie promis, décrit 750 ans avant les faits ce qui lui est exactement arrivé. Pensez aux récits de la Passion du Christ dans les quatre Evangiles.

Ce n’est pas pour rien qu’on appelle le prophète Esaïe le 5ème Evangéliste. La grâce lui a été faite par Dieu de pouvoir prédire exactement ce que le Sauveur du monde allait endurer plus tard, et ceci avec une précision étonnante.

Matthieu racontera plus tard les faits ainsi : Dans le palais du souverain sacrificateur, « ils lui crachèrent au visage et le frappèrent à coups de poing ; certains lui donnaient des gifles en disant : "Christ, prophétise-nous qui t’a frappé !" » (Mt 26.67-68)

Quelques heures plus tard, après avoir comparu devant Ponce Pilate, « ils lui enlevèrent ses vêtements et lui mirent un manteau écarlate. Ils tressèrent une couronne d’épines qu’ils posèrent sur sa tête, et ils lui mirent un roseau dans sa main droite ; puis, s’agenouillant devant lui, ils se moquaient de lui en disant : "Salut, roi des Juifs !" Ils crachaient sur lui, prenaient le roseau et frappaient sur sa tête. Après s’être ainsi moqués de lui […] » et ainsi de suite… (Mt 27.28-31)

Cela, le Saint-Esprit l’a inspiré à Esaïe pour qu’il le prophétise. C’est vraiment un texte sur la Passion du Christ, sur le traitement indigne infligé à Jésus.

Cela nous apparaît d’autant plus indigne que ce traitement est infligé à quelqu’un à qui on n’avait rien à reprocher.

Et cela est encore plus inoui quand on sait que Jésus de Nazareth est « vrai Dieu, né du Père de toute éternité » ! (Martin Luther, Petit Catéchisme) Ce traitement est infligé par de faibles créatures au Créateur et Maître de l’univers !

Bien entendu, cela n’a été possible que parce que Jésus le voulait bien. Cela n’a pu se faire que parce que le Fils tout-puissant de Dieu a laissé faire, s’est laissé faire. Il avait choisit de passer par là.

« Je ne me suis pas rebellé, je n’ai pas reculé. » (v. 5) « J’ai présenté mon dos à ceux qui me frappaient et mes joues à ceux qui m’arrachaient la barbe ; je n’ai pas caché mon visage aux insultes et aux crachats. »

Il dit d’ailleurs clairement ici : « Je me suis laissé atteindre » (v. 7), je me suis laissé faire, j’ai choisi de passer par là.

Il ne s’est pas défendu, malgré l’horreur de ce qui s’abattait sur lui. D’ailleurs, ces coups allaient trouver leur prolongement dans l’exécution ignoble de la crucifixion, où l’on laissait mourir le condamné à petit feu, dans d’atroces souffrances, jusqu’à ce que la soif et l’asphyxie aient eu raison de lui.

Pourtant, ce n’est là aussi que la moindre de ses souffrances. Derrière ses souffrances visibles il endurait les souffrances invisibles de l’enfer pour nous, le poids de nos péchés l’écrasait, notre culpabilité l’arrachait à l’amour de Dieu et lui faisait vivre l’abandon, la colère et la damnation de Dieu … à notre place.

Combien notre Seigneur doit nous aimer pour s’être engagé dans cette voie pour nous éviter ce même sort !

Le Saint-Esprit fera écrire plus tard à Paul : « Christ nous a rachetés de la malédiction de la Loi en devenant malédiction pour nous. » (Ga 3.13) Jésus s’est fait maudire pour nos péchés à notre place, pour que cette malédiction nous soit évitée, pour que Dieu renonce à nous maudire pour l’éternité.

La question se pose alors : A-t-il réussi ? Dieu a-t-il été satisfait de cette substitution ? Ou pour le dire autrement :

X X X 2 X X X

Qu’a pensé l’Eternel

du service de « son serviteur » ?

Dans le premier des « chants du Serviteur de l’Eternel », Dieu déclare : « Voici mon Serviteur, celui que je soutiendrai, celui que j’ai choisi et qui a toute mon approbation. » (Es 42. 1)

Dieu se range totalement, entièrement, derrière « son Serviteur » et le service qu’il est en train de nous rendre.

Et le Seigneur Jésus, malgré l’horreur de ce qu’il est en train d’endurer, et bien qu’il soit poussé à l’extrême limite de ce qu’il peut supporter, le Seigneur Jésus sait que Dieu approuve sa démarche.

Il sait, qu’à cause du poids de notre culpabilité, Dieu doit « l’abandonner » (Mt 27.46), « l’abaisser pour un peu de temps » (Hé 2.7+9) dans les souffrances de l’enfer. Mais il ne doute pas de Dieu pour autant. Il sait que s’il tient bon jusqu’au bout, « l’Eternel viendra » finalement « à son aide » (v. 9), le ressuscitera des morts « et le couronnera de gloire et d’honneur » (Hé 2.9), une fois son service pleinement achevé.

Il vous est certainement déjà arrivé de rendre un service désagréable à quelqu’un que vous aimez, car vous saviez que vous lui faisiez ainsi plaisir. Cela aide à ne pas jeter le manche après la cognée ; cela donne la force de tenir bon et de ne pas perdre courage ; cela aide à persévérer dans la difficulté et de ne pas abandonner la partie.

C’est aussi ce qui a aidé Jésus à serrer les dents dans l’horreur qu’il a traversée pour nous. Il savait – et il le dit dans notre texte – que Dieu le « déclare juste » dans ce qu’il fait et endure. Il savait que Dieu suivait ses amères souffrances avec la plus grande attention, le plus grand intérêt. Jésus sentait et savait que « l’Eternel était proche » (v. 8) et suivait avec attention et satisfaction l’éminent et difficile service qu’il était en train de rendre en expiant nos péchés dans les souffrances de l’enfer.

Savoir que Dieu agréait pleinement son service, savoir qu’il « ne sera pas couvert de honte » (v. 7), que Dieu l’approuve dans ce service qu’il nous rend, « voilà pourquoi » dit-il – « je ne me suis pas laissé atteindre par les insultes, voilà pourquoi j’ai rendu mon visage dur comme une pierre, » nous dirions : voilà pourquoi j’ai serré les dents (v. 7).

X X X 3 X X X

En quoi le service rendu

Par « le Serviteur de l’Eternel »

est-ce

de la bonne nouvelle pour nous ?

Une bonne nouvelle, c’est quelque chose qui vous fait plaisir, quelque chose qui résout un de vos problèmes, quelque chose qui vous facilite ou embellit votre vie ou celle d’un proche.

Rappelez-vous le diacre Philippe ! « En partant du texte » du « chant du Serviteur de l’Eternel » au chapitre 53, « il annonça [à l’eunuque] la Bonne Nouvelle de Jésus, » mot-à-mot : « il lui annonça l’Evangile de Jésus » (Ac 8.35)

C’est que parler de Jésus, de ce qu’il a fait pour nous, de son expiation de nos péchés couronnée par sa résurrection, son ascension et sa session à la droite du Père, de ce qu’il continue de faire pour nous chaque jour, c’est vraiment de « l’Evangile », une « bonne nouvelle » pour nous !

Ce n’est pas une bonne nouvelle comme on peut en trouver dans les livres ou dans les journaux (il est vrai, on a parfois du mal à en trouver …), des nouvelles qui n’affectent pas notre vie.

Non, que Jésus ait expié nos péchés à notre place et pour notre compte, c’est vraiment une « bonne nouvelle » pour nous, cela nous concerne au plus haut point et place notre vie dans une toute autre lumière, dans une toute autre perspective.

Comme Dieu a accepté le sacrifice de Jésus, comme il a considéré l’expiation faite par Jésus comme suffisante pour se réconcilier avec nous, ce que Jésus nous dit dans l’Ecriture, c’est comme du baume sur une blessure, c’est comme de la chaleur qui se répand dans notre cœur.

Que dit-il ? « Le Seigneur, l’Eternel, m’a donné le langage des disciples pour que je sache soutenir celui qui est abattu. » (v. 4)

Dieu l’ayant déclaré « juste » et ayant approuvé le service que Jésus nous a rendu avec son expiation de nos péchés, Jésus a maintenant les arguments pour nous rassurer quand nous sommes anxieux, nous réconforter quand nous sommes découragés, nous consoler quand nous sommes abattus.

Il nous dit ici : « Le Seigneur, l’Eternel, m’a donné le langage des disciples pour que je sache soutenir celui qui est abattu. » (v. 4) Il a vraiment le don de nous toucher. Son « langage », ce qu’il nous dit et la façon dont il le dit va à l’essentiel, cela correspond à ce que nous, ses « disciples », avons besoin d’entendre.

C’est un langage tellement particulier – « qui n’est monté au cœur d’aucun être humain » (1 Co 2.9), car il vient directement de Dieu – qu’il est seul « puissance de salut » (Rm 3.16) et de réelle « consolation ».

Entendre Jésus nous dire que Dieu est désormais avec nous, qu’il nous entoure de son affection et de sa bénédiction, cela aide puissamment à affronter la vie et à la maîtriser, à s’y épanouir et y connaître le bonheur, même à affronter la mort. Car « le Serviteur de l’Eternel » nous parle de pardon, de réconciliation, d’amour et de fidélité de Dieu envers nous sur terre, de vie et de salut aussi pour l’au-delà.

C’est comme s’il nous disait :

« Ne t’en fais pas. Bien des choses te gênent encore dans la vie, certaines te posent vraiment problème, certaines te pèsent et te font souffrir, mais ce n’est pas le signe que Dieu est en colère contre toi ; sa colère, je l’ai détournée sur moi.

« Grâce à moi, il te pardonne, est en paix avec toi, même, grâce à moi il veille avec fidélité et amour sur toi. Tu es tenté de douter de son amour et de sa fidélité ? Regarde ma croix sur le calvaire : elle est la preuve que Dieu le Père, le Fils et le Saint-Esprit t’aime, sinon jamais le Père n’aurait admit que moi, son Fils, je me sacrifie ainsi pour toi. Et si Dieu ne t’aimait pas, je ne me serais jamais prêté à ce terrible échange où je me suis porté coupable à ta place pour que tu puisses connaître la paix, la joie et l’espérance. »

« Et maintenant, je t’accompagne, je te parle dans ma Parole, je te conseille et te console, je te guide et te réjouis avec tout ce que je t’accorde de bonheur déjà sur terre, maintenant, et un jour dans la félicité éternelle. »

Voilà « le langage » avec lequel Jésus, « le Serviteur de l’Eternel », « soutient celui qui est abattu ».

Pour nous tous, des moments d’abattement alterneront encore avec des moments de bonheur et de joie. Mais « la bonne nouvelle de Jésus », l’Evangile du gigantesque service qu’il nous a rendu par son sacrifice et qu’il continue à nous rendre par sa Parole, cet Evangile nous apprend que Dieu est maintenant notre Père, qu’il est en paix avec nous pour l’amour de son Fils, et que nous pouvons compter sur lui déjà pour nous épanouir dans cette vie, en attendant de le faire bien davantage encore dans l’éternité.

Merci, Jésus, d’avoir bien voulu être « le Serviteur de l’Eternel » pour notre bonheur, pour notre salut !

Amen.

Jean Thiébaut Haessig