dimanche 11 décembre 2011

Sermon du Dimanche 11 Décembre 2011

3ème DIM. DE L’AVENT Lc 3.1-6

Chants proposés :

Peuple de Dieu, rassemble-toi, AeC 306:1-3

Ô Dieu, des grâces éternelles, AeC 313:1-4

Oh ! viens, Seigneur, ne tarde pas, AeC 310:1-4

Quand vint le jour d’étendre les bras, AeC 586:1-4

1 « La 15ème année du règne de l’empereur Tibère, Ponce Pilate était gouverneur de la Judée, Hérode tétrarque de la Galilée, son frère Philippe tétrarque du territoire de l’Iturée et de la Trachonite, Lysanias tétrarque de l’Abilène,

2 et Anne et Caïphe étaient grands-prêtres. C’est alors que la parole de Dieu fut adressée à Jean, fils de Zacharie, dans le désert,

3 et Jean parcourut toute la région du Jourdain ; il prêchait le baptême de repentance pour le pardon des péchés,

4 conformément à ce qui est écrit dans le livre des paroles du prophète Esaïe : "C’est la voix de celui qui crie dans le désert : ‘Préparez le chemin du Seigneur, rendez ses sentiers droits !’"

5 "Toute vallée sera comblée, toute montagne et toute colline seront abaissées ; ce qui est tortueux sera redressé et les chemins rocailleux seront aplanis"

6 "Et tout homme verra le salut de Dieu." »

Chers frère et sœurs

dans l’attente du Dernier « Avent »

de notre Seigneur !

La 5ème année de la présidence de Nicolas Sarkozy, François Fillon était premier-ministre, Jean-Pierre Bel président du Sénat, Bernard Accoyer président de l’Assemblée Nationale, Jean-Paul Huchon président du Conseil Régional d’Île-de-France et Claude Baty président de la Fédération Protestante de France. « C’est alors, » en ce 3ème dimanche de l’Avent, « que la parole de Dieu fut adressée à » la Paroisse St-Pierre de Châtenay-Le Plessis, à travers ce texte (v. 2).

Avouez : l’entrée en matière de ce sermon vous a surpris. Ce n’est pas courant de mêler les noms des de ces personnalités à un sermon. Que viennent y faire les noms de ces personnalités du monde politique et religieux ? Ne doit-on pas laisser la politique à la porte de l’église ?

Pourtant, c’est bien ainsi que Luc commence notre texte : « La 15ème année du règne de l’empereur Tibère, Ponce Pilate était gouverneur de la Judée, Hérode tétrarque de la Galilée, son frère Philippe tétrarque du territoire de l’Iturée et de la Trachonite, Lysanias tétrarque de l’Abilène, et Anne et Caïphe étaient grands-prêtres. C’est alors que la parole de Dieu fut adressée à Jean » (v. 1-3).

En s’exprimant ainsi, Luc ne veut pas se mêler de politique. Sa préoccupation est spirituelle. Il veut nous montrer que l’œuvre de notre rachat entreprise par Dieu n’est pas une pieuse invention, une belle légende, mais que cela s’est passé réellement, à un moment précis de l’histoire, ici sur terre.

Il est vrai, à l’époque on avait une façon un peu compliquée de dater les événements. Aujourd’hui on dirait, en ce qui nous concerne : « En ce 11 décembre 2011 … » : Et pour Jean-Baptiste : « En l’année 26 (à peu près), "la parole de Dieu fut adressée à Jean". » « C’est alors » que Dieu s’adressa à lui.

Dans son cas, ce fut une révélation directe. Jean-Batiste était un prophète, d’ailleurs un prophète particulier, unique même : un prophète qui avait lui-même été annoncé par une prophétie !

Plus de sept siècles auparavant, le prophète Esaïe avait annoncé au 40ème chapitre de son livre, qu’un prophète particulier allait apparaître peu avant le Messie pour préparer le peuple d’Israël à bien recevoir le Messie.

Jean-Baptiste occupe donc une place unique sur le seuil entre l’Ancien et le Nouveau Testament. Il est tout à la fois prophète et accomplissement, à la fois annonciateur de prophétie et objet prophétie. Il clôt la lignée des prophètes de l’Ancien Testament, tout en donnant le signal du début de l’ère du Nouveau Testament.

Pourtant, plus importante que sa personne est « la parole de Dieu » qui lui « fut adressée ». Il s’agit de « la parole » éternelle présente déjà tout au long de l’Ancien Testament, « parole » qui sera présente et annoncée dans le monde jusqu’à la fin des temps. C’est « la parole » que Dieu nous adresse pour nous préparer à « l’Avent », à la venue du Seigneur.

X X X 1 X X X

Les temps se suivent et ne se ressemblent pas. Bien des hommes politiques ont passé sur la terre depuis « l’empereur Tibère » (v. 2). L’empire romain a fait place à toute une série d’autres puissances, et de puissances bien différentes, identiques seulement en cela qu’elles ont toutes dû s’effacer devant d’autres.

Elles se ressemblent encore sur un autre point. Sous la présidence de Nicolas Sarkozy, une chose est toujours pareille, après deux millénaires, pareille à l’époque de « l’empereur Tibère » : le monde va au-devant de « l’Avent », de la venue du Seigneur. L’histoire du monde et des peuples se déroule à l’intérieur d’un seul et même cadre ou schéma : celui de l’approche de la venue de notre Seigneur.

A l’époque de Tibère, Pilate, Hérode, Philippe et Lysanias, l’histoire se déroulait pour aller au-devant de la rencontre du Seigneur dans l’abaissement de Bethléhem à Golgotha.

Aujourd’hui, en ce temps de Sarkozy, Merkel, Obama, Poutine et autres, l’histoire du monde se déroule pour aller au-devant du retour du Seigneur Jésus en gloire. Cela relativise pas mal l’importance de ces dirigeants. L’important, celui qui est de loin le plus important, c’est notre Roi de « l’Avent » qui a annoncé son retour.

Nos dirigeants politiques en sont-ils plus conscients que ceux du temps de Jean-Baptiste ? Difficile d’y répondre. On ne peut que prier pour eux, comme d’ailleurs pour tous nos contemporains.

Quel que soit le haut niveau de culture de nos contemporains, ce n’est pas cela qui leur donnera la sagesse nécessaire pour accueillir Jésus. Même si les progrès techniques et l’industrie moderne parviennent à construire des autoroutes et des lignes de TGV à travers montagnes et vallées, cela ne suffit pas pour aplanir le chemin du Seigneur vers leurs cœurs.

Pour rencontrer Jésus-Christ, l’humanité ne se porte pas mieux et n’a pas progressé depuis 2000 ans.

C’est que « préparer le chemin du Seigneur » dans les cœurs (v. 4), cela ne se fait pas à l’aide de l’informatique, du nucléaire, de bulldozers ou de toute autre technique avancée. Après comme avant, cela n’est possible qu’avec la « repentance » (v. 3)

C’est ce que Jean-Baptiste a fait. Et il n’a fait rien de plus : amener le peuple à se repentir de ses péchés et à attendre « le pardon » (v. 3) et le salut du Messie Sauveur. Et c’est là, encore et toujours, la tâche des prédicateurs : « prêcher la repentance pour le pardon des péchés ». (v. 3).

Si Jésus doit venir auprès de quelqu’un, il faut écarter les obstacles qui se mettent en travers. Si quelqu’un s’entête à lui barrer le passage, le Seigneur ne le contraint pas de céder, du moins en attendant. Ce n’est qu’au Jour du Jugement Dernier qu’il s’imposera à tous, mais alors ce sera trop tard pour ceux qui n’auront pas voulu de lui de leur vivant.

Alors « tout homme verra le salut de Dieu » (v. 6). Mais si nous voulons vivre le dernier « Avent » au Jour du Jugement Dernier comme une bénédiction et une fête, il faut que nous accueillions dès maintenant, dès cette vie-ci, l’auteur de notre « salut ».

Cela veut dire que nous devons nous préparer à l’accueillir, nous devons « préparer » et entretenir son « chemin » vers nos cœurs. Par nature, ce « chemin » n’existe pas. Par nature il n’y a qu’éboulis, d’énormes obstacles, qui bloquent le passage du Seigneur vers nos cœurs, des obstacles que le prophète Esaïe, cité dans notre texte, compare à un paysage sauvage fait de « collines », de hautes « montagnes » et de « vallée » encaissées (v. 5).

A qui viendrait l’idée d’inviter un important souverain ou un président de la République sans lui « préparer le chemin » et lui faciliter l’accès ? Voyez les importants préparatifs qui précèdent la visite d’un président de la République dans une ville, ou, récemment, la tenue d’un G20 à Nice par exemple ! Qui aurait l’idée d’organiser une telle réunion en plein milieu d’un territoire ravagé par un tremblement de terre, ou coupé du monde par un énorme glissement de terrain, et de faire marcher un Obama ou un Sarkozy sur des kilomètres de « chemins rocailleux » (v. 5) vers leur lieu de la réunion ?

Mais voyez-vous, Jean-Baptiste n’est pas envoyé par Dieu pour diriger de grands travaux de terrassement. Il ne doit pas construire des routes à travers les monts de Judée.

Les « collines » et les « montagnes » de notre texte, ce sont les « collines » et les « montagnes » de notre orgueil, de notre amour-propre, de notre égoïsme et égocentrisme, de notre manque d’intérêt et d’amour du prochain, ce sont les « collines » et les « montagnes » de notre refus d’aller au-devant de l’autre et de l’accepter, de notre refus de nous remettre en question, de notre refus de céder, voire de nous réconcilier, de notre refus de faire le premier pas.

Vois-tu : ces « collines » et ces « montagnes » menacent de se mettent en travers de la venue du Seigneur, menacent d’empêcher son « Avent » dans nos cœurs. Il s’agit donc d’« aplanir » (v. 5) et d’entretenir « le chemin du Seigneur », et de le faire chaque jour, car chaque jour des éboulis de ce genre reviennent encombrer ce chemin.

Les « vallées » de notre texte parlent de nos fautes, de nos manquements, de nos raté, de notre attirance par ce qui est bas et mauvais. Veillons donc, car ces « vallées » menacent de nous séparer de notre Seigneur si nous ne les « comblons » pas ? (v. 5)

Avec cette image, Dieu veut nous faire comprendre que notre vie doit être une vie de « repentance de tous les jours » (Petit Catéchisme de Luther). Tous les jours nous devons tourner le dos au « désert » (v. 4) de nos mauvais penchants et tendre les mains vers notre Seigneur et Sauveur et obtenir de lui « le pardon des péchés », « le salut de Dieu ».

Quelqu’un qui se plait dans les « collines », les « montagnes » et les « vallées » de sa nature pécheresse, quelqu’un qui aime à emprunter les « sentiers rocailleux » et « tortueux » de ses penchants naturels, c’est quelqu’un qui ne veut pas se tourner vers son Sauveur et « se repentir ».

Mais si tu es consterné par tes penchants naturels mauvais – et nous en avons tous, nous dit la Parole de Dieu –, s’ils t’attristent et si tu t’en repens, si tu tends les bras avec humilité et foi vers ton Seigneur, alors « le chemin du Seigneur » est « préparé » vers ton cœur, alors il t’apporte ou te confirme « le pardon des péchés », « le salut de Dieu », son affection, sa grâce, son intérêt pour toi.

X X X 2 X X X

« Préparer le chemin du Seigneur » n’est pas une mince affaire. C’est d’ailleurs au-dessus de nos forces, cela nous est aussi impossible que d’« abaisser les montagnes » et de « combler les vallées ».

Aussi, un jour, ses auditeurs ont demandé à Jésus : « Qui donc peut être sauvé ? » à quoi Jésus répondit : « Ce qui est impossible aux hommes est possible à Dieu » (Lc 18.27) Dieu possède et opère avec une « dynamite », cette « puissance de Dieu » qu’est « l’Evangile » (Rm 1.16), cette Bonne Nouvelle du « salut de Dieu » : c’est grâce à elle qu’il arrive à frayer un passage vers nos cœurs.

A l’époque de « l’empereur Tibère », « Jean, fils de Zacharie », a utilisé cette dynamite ou puissance divine de « la Parole de Dieu » et du « Baptême ». C’est ainsi qu’il a pu frayer un passage au « salut de Dieu » vers les pécheurs de l’époque.

Et ça se produit encore de la même façon au temps de Nicolas Sarkozy. Ce sont la Parole et les sacrements (le Baptême et la Cène) qui sont aujourd’hui, en ce début du 3ème millénaire, encore les seuls moyens de grâce pour produire « la repentance » dans nos cœurs, les seuls moyens de grâce pour « préparer » et maintenir en état nos cœurs à recevoir notre Sauveur par la foi.

Et il en sera ainsi « jusqu’à la fin du monde » : « enseigner » et « baptiser » (Mt 28.18-20).

Jésus-Christ, notre Roi de l’Avent, ne cesse de faire retentir sa parole de « pardon » dans le monde. Il ne cesse de faire administrer « le baptême de repentance pour le pardon des péchés ». C’est comme ceci qu’il vient à nous, pécheurs, avec son « salut », son aide.

Et si nous le recevons ainsi avec foi quotidiennement dans sa Parole, nous sommes préparés pour son dernier « Avent » au Jugement Dernier.

Mais qui le reçoit ainsi ? L’énumération de « Tibère, Pilate, Hérode, Philippe, Lysanias, Anne et Caïphe » ne nous indique pas seulement une date, elle énumère aussi des hommes qui n’ont pas « préparé le chemin du Seigneur », des pécheurs pour qui la rencontre avec Jésus à son dernier « Avent » sera quelque chose de terrible.

Les temps ont-ils changé ? Il est vrai, depuis Jean-Baptiste de nombreux prédicateurs ont « prêché » et administré parmi les peuples de la terre « le baptême de repentance pour le pardon des péchés ». D’innombrables pécheurs ont ainsi été amenés à « voir le salut de Dieu » et à s’en réjouir dans la foi.

Innombrables sont aussi ceux qui en jouissent déjà dans l’éternité.

Mais la plupart de nos contemporains vivent comme s’il ne devait jamais y avoir de confrontation avec le Juge divin. Innombrables sont ceux qui ne prennent pas au sérieux l’appel à se repentir. Ils se plaisent trop dans les « collines, montagnes et vallée » de leur nature pécheresse, de leur vie sans Dieu.

L’histoire du monde continue à se dérouler. La fin se rapproche. Les puissances font place à d’autres puissances. Mais quels que soient les régimes, Dieu ne se lasse pas de faire annoncer son Evangile, d’inviter à se tourner avec repentance et foi vers lui. Il ne se lasse pas de faire annoncer sa Parole et de faire administrer ses sacrements pour nous attirer ou nous maintenir dans sa communion de vie.

Il ne cesse pas non plus d’envoyer des prédicateurs et des baptiseurs, car les cœurs de la plupart des gens ressemblent, spirituellement parlant, au « désert » près du « Jourdain » (v. 2-3).

« La Parole de Dieu nous a été adressée. » Comment la recevons-nous ? Comme une parole qui s’applique exactement à nous et nous interpelle personnellement ? Comme une parole pour laquelle nous sommes infiniment reconnaissants à Dieu ? Comme une parole qui nous apporte « le pardon de [nos] péchés » et « le salut de Dieu » ? Comme une parole qui est seule apte à nous préparer, dans la foi, au dernier « Avent » de notre Seigneur ?

Alors remercions-le du fond de notre cœur de ne pas avoir privé le monde de sa Parole salutaire, depuis « l’époque de Tibère » jusqu’à celle de Sarkozy.

Et prions-le instamment de ne pas non plus la retirer à nos enfants, petits-enfants et aux générations futures ! Que cette Parole de repentance et de foi, cette Parole de grâce et de vie ouvre et prépare à notre Seigneur et Sauveur le chemin vers les cœurs ! Que nous soyons ainsi tous trouvés prêts à l’accueillir dans la joie à son dernier « Avent » !

Amen.

Jean Thiébaut Haessig