dimanche 8 janvier 2012

Sermon du Dimanche 8 Janvier 2012

.EPIPHANIE. Ep 3.1-6

Chants proposés :

Ô Jésus, Fils du Père, Jésus, humble Sauveur LlS 67:1+4-6

Voici venir les mages LlS 68:1-4

L’étoile brille en Occident, LlS 66: 6-11

Jérusalem, laisse passer le Roi, LlS 162:1-3

1 « Moi, Paul, je suis le prisonnier de Jésus-Christ pour vous, les non-Juif,

2 si du moins vous avez appris comment je fais part de la grâce de Dieu qui m’a été confiée pour vous.

3 C’est par révélation qu’il m’a fait connaître ce mystère tel que je l’ai déjà décrit en quelques mots.

4 En les lisant, vous pouvez vous rendre compte de la compréhension que j’ai du mystère de Christ.

5 Il n’a pas été porté à la connaissance des hommes des générations passées comme il a maintenant été révélé par l’Esprit à ses saints apôtres et prophètes.

6 Ce mystère, c’est que les non-Juifs sont cohéritiers des Juifs, qu’ils forment un corps avec eux et participent à la même promesse de Dieu en Jésus-Christ par l’Evangile. »

Chers amis issus de peuples « païens »,

qui « participez à la promesse de Dieu

en Jésus-Christ » !

« Réflexions d’un "Juif" à des "non-Juifs" » suis-je tenté d’intituler ce sermon, par analogie à cette brochure de L’Heure Luthérienne intitulée : « Réflexions d’un détenu à ses codétenus ».

« Réflexions d’un "Juif" à des "non-Juifs" », cela est complètement dans l’esprit de Paul dans ce texte. Cela correspond aussi tout à fait au thème de l’Epiphanie.

« Epiphanie » est un mot grec qui signifie : « apparition ». La fête de l’Epiphanie parle de l’apparition du Sauveur du monde aux « non-Juifs ».

C’est la raison pour laquelle l’histoire « des mages venus d’Orient » est généralement lue comme texte d’Evangile en ce jour. « Les mages » – combien étaient-ils ? – Ce n’est pas dit. En tout cas ce n’était pas des rois, mais des érudits, des savants de l’époque, des savants issus du monde païen – « les mages », disais-je, ont été les premiers « non-Juifs » à avoir « adoré » Jésus comme leur Sauveur et Roi (Mt 2.1-12).

Depuis lors, bien des générations de « non-Juifs » ont suivi leur exemple. Ainsi, assez au début, les « non-Juifs » de la ville grecque d’Ephèse, à qui Paul écrit ce texte. (Ep 1.1)

Mais il s’adresse aussi aux « non-Juifs » que nous sommes sans doute tous. Encore que … allez savoir quels croisements ont pu avoir lieu dans notre arbre généalogique au cours des millénaires passés ! On a même trouvé, sans pouvoir expliquer leur origine, des peuples Juifs noirs non seulement en Ethiopie (les Falashas), mais aussi en Ouganda, au Nigeria, en Afrique du Sud, au Zimbabwe et au Congo.

En fait, être « Juif » ou « non-Juif » n’a aucune espèce d’importance. C’est ce que Paul nous dit ici. Lui s’est toujours présenté comme un « Juif ». Il n’a jamais caché ni renié ses origines. Les autres apôtres et les premiers chrétiens de Jérusalem l’étaient aussi, comme d’ailleurs, ne l’oublions jamais, notre Seigneur lui-même l’a été.

Mais rapidement, le Seigneur a envoyé les apôtres, les évangélistes et tous les chrétiens de la première génération vers les « non-Juifs ». Vous pouvez relire cela dans les premiers chapitres du livre des Actes des Apôtres.

« Le mystère du Christ » (v. 4), « le mystère » du salut de l’humanité, « le mystère » des « promesses de Dieu en Jésus-Christ » (v. 6), ne devait pas rester connu des seuls « Juifs », mais devait et doit toujours être aussi porté à la connaissance du vaste monde des « non-Juifs ».

Il est vrai que « le mystère du Christ » nous a été apporté, à nous, les « non-Juifs », par des « Juifs » comme Paul et les autres apôtres. Posons-nous, aujourd’hui, les deux questions suivantes :

1. EN QUOI CONSISTE

« LE MYSTERE DU CHRIST » ?

2. QUELLES EN SONT

LES ETAPES DE LA REVELATION

A L’EPIPHANIE ?

X X X 1 X X X

En quoi consiste

« LE MYSTERE DE CHRIST » ?

Paul nous donne quelques clés pour trouver la réponse. Il parle de « promesse ». ça, c’est un langage que nous comprenons, un langage que nous apprécions fortement. Que serait une vie sans promesses ? Nous ne saurions avancer sereinement si nous ne pouvions nous appuyer sur des promesses.

Comme gamins, nous nous faisons des promesses d’amis, des promesses d’ailleurs pas toujours avouables, par exemple de ne pas dénoncer l’autre quand il a fait quelque chose de répréhensible.

Dans le monde du travail, cela s’appelle contrat. Là, c’est surtout, en France, le CDI – contrat à durée indéterminée, donc non limité dans le temps – qui est une promesse rassurante.

Dans la vie de couple, ce sont les promesses d’amour, d’estime, de fidélité et d’entraide faites lors des engagements mutuels au cours de la cérémonie du mariage.

Dans l’Eglise, ce sont les vœux du Baptême, les engagements lors de la confirmation, de l’admission comme membre, ou lors de l’ordination et l’installation d’un pasteur ou la consécration d’un diacre.

Retirez ces promesses de votre vie, et vous avancez à l’aveuglette, comme à travers un brouillard. Vous ne savez où cela va vous mener.

Eh bien ! Dieu n’est pas un Dieu brumeux et évasif ; il n’est pas un Dieu du doute. Il est le Dieu des « promesses » et des certitudes. Ailleurs il est question d’« alliance », ce qui n’est rien d’autre qu’une promesse solennelle de fidélité. On parle de l’alliance du Baptême, de « la nouvelle alliance en son sang » dans la Cène (Lc 22.20).

Partout nous entendons Dieu nous rappeler sa « promesse » de « l’Evangile », de cette Bonne Nouvelle qui est centrée sur « Jésus-Christ ». C’est lui qui a poussé Dieu à nous faire toutes ces « promesses ». Sans « Jésus-Christ » – s’il ne nous avait pas réconciliés avec Dieu – ce serait la guerre entre Dieu et nous et non pas l’alliance et ses « promesses ». « Il y a un seul Médiateur entre Dieu et les hommes : Jésus-Christ ! » (1 Tm 2.5)

Cet « Evangile » ou Bonne Nouvelle est destiné à tous les hommes, aux « Juifs » comme aux « non-Juifs ». Cette Bonne Nouvelle « c’est que les non-Juifs sont cohéritiers des Juifs, qu’ils forment un corps avec eux et participent à la même promesse de Dieu en Jésus-Christ par l’Evangile. » (v. 6)

C’est dans son conseil éternel que Dieu a décidé de cette solution, solution « qui n’est pas montée au cœur de l’homme. » Mais « Dieu, avant tous les temps, l’avait préparée d’avance pour notre gloire » (1 Co 2.9).

Par nature, cet « Evangile », cette Bonne Nouvelle, est un « mystère » pour nous. Nous ne l’aurions pas trouvé tout seuls. Aussi Dieu, qui n’est pas un Dieu du doute et du désespoir, mais un Dieu de bonté, de promesses et de certitudes, a pris ses dispositions pour que ce « mystère » ne reste pas « mystère », pour que cette « Bonne Nouvelle » soit « proclamée à toute la création dans le monde entier » (Mc 16.15).

Voyons donc comment cette proclamation est venue jusqu’à nous, comment cet « Evangile » a fait son apparition, son « Epiphanie » parmi nous !

X X X 2 X X X

Quelles sont

LES ETAPES

DE LA REVELATION

JUSQU’à L’EPIPHANIE ?

les étapes par lesquelles « le mystère du Christ » a fait son « Epiphanie » parmi nous, par lesquelles il nous est apparu ?

& 1ère Etape &

« Le mystère du christ »

« a été révélé par l’Esprit

AUX APÔTRES »

« C’est par révélation qu’il m’a fait connaître ce mystère » (v. 3)

Dans une autre épître, sa 1ère aux Corinthiens, Paul écrit : « Nous, » les apôtres, « nous annonçons la sagesse de Dieu mystérieuse et cachée, celle que Dieu, avant tous les temps, avait préparée d’avance pour notre gloire. […] C’est à nous que Dieu l’a révélé par son Esprit, car l’Esprit sonde tout, même les profondeurs de Dieu. » (1 Co 2.7+10)

Dans les deux épîtres, Paul utilise le mot grec ἀποκάλυψις « apocalypse » qui est aussi le premier mot et le titre du dernier livre de la Bible et qui signifie : « lever le voile », « montrer ce qui se cachait derrière », « révéler » ce qui était « caché ».

Effectivement, Dieu ne se rencontre pas au coin de la rue. Dieu ne se comprend pas dans sa Trinité. Quant à l’incarnation du Fils de Dieu et son expiation de nos péchés, à notre salut dû au seul Jésus-Christ par pure grâce, à l’alliance de Dieu avec nous scellée par des promesses fermes, tout cela est tellement contraire à tout raisonnement humain que cela nous serait resté « caché » pour toujours, si « l’Esprit » qui « sonde tout, même les profondeurs de Dieu, » ne l’avait pas « révélé » aux apôtres.

Ce « mystère » a été « révélé » progressivement avec de plus en plus de détails. Cela a commencé dès la chute d’Adam et d’Eve dans le péché. Au cours « des générations » de l’Ancien Testament, les prophéties du Messie se sont progressivement précisées. Ces « générations passées » connaissaient le salut par la foi, mais pas avec les mêmes détails qu’une fois Jésus venu au monde. « Ce mystère » « n’a pas été porté à la connaissance des hommes des générations passées comme il a maintenant été révélé par l’Esprit à ses saints apôtres et prophètes. » (v. 5) écrit Paul, les « apôtres » étant ici aussi appelés « prophètes », car ils proclament « le mystère » de Dieu.

Mais, précise l’apôtre Paul, « ce mystère » « m’a été confié pour vous » (v. 2), pour nous aussi. Et pour qu’il nous atteigne, pour que « ce mystère » libérateur atteigne le monde entier, le Saint-Esprit a fait plus que seulement le « révéler aux apôtres », il les a aussi inspirés dans leur travail de mise par écrit de cette révélation.

& & 2ème Etape & &

« Le mystère du christ »

a été inspire par l’Esprit

aux apötres pour leurs ecrits

« C’est par révélation qu’il m’a fait connaître ce mystère tel que je l’ai décrit en quelques mots » (v. 3)

Ce que l’apôtre Paul – comme les autres auteurs sacrés de la Bible – a « décrit en quelques mots », ce qu’il a mis par écrit, cela correspond exactement à ce que le Saint-Esprit lui a « révélé ». C’est « tel quel » dit-il. Dieu a veillé à cela. Dans sa 1ère Epître aux Corinthiens, il indique : « Nous en parlons […] avec la sagesse qu’enseigne l’Esprit saint » (1 Co 2. 13).

L’apôtre Pierre le dira ainsi : « C’est poussé par le Saint-Esprit que des hommes ont parlé de la part de Dieu » (2 P 1.21). Nous pouvons être tranquilles : « Toute l’Ecriture est inspiré de Dieu » (2 Tm 3.16).

Elle « m’a été confiée pour vous » (v. 2) dit Paul. Cela s’adresse à nous, car le « mystère » du salut en Jésus-Christ concerne tout le monde. Cela s’est adressé auparavant, en particulier aux Ephésiens. Mais les écrits des apôtres devaient être recopiés et lus dans toutes les communautés.

Mais d’abord

& & & 3ème Etape & & &

« Le mystère du christ »

a été PORTE A LA CONNAISSANCE DES

« JUIFS »

Il est vrai, comme l’écrit Paul, « le mystère du Christ n’a pas été porté à la connaissance des hommes des générations passées comme … maintenant » (v. 5), n’empêche qu’il a été porté à la connaissance d’Abraham et de ses descendants à travers toute une série de prophéties messianiques. Certes, ils n’en connaissaient pas les détails « comme … maintenant », depuis la naissance, la vie, la mort et la résurrection de Jésus.

Les apôtres, par contre, ont prêché et répandu la réalité des faits dans leurs écrits. Les faits ayant eu lieu, leur prédication est plus claire, plus précise, plus détaillée. N’empêche qu’il y a un fil conducteur qui traverse tout l’Ancien Testament, depuis les livres de Moïse jusqu’au prophète Malachie, un collier de perles messianiques qui ont alimenté la foi des croyants de l’Ancienne Alliance. Songez au cantique de Marie (Lc 1.46-55), à celui de Zacharie (Lc 1.68-79), à celui de Siméon (Lc 2.29-32).

Ensuite, Jésus a sillonné la Palestine, parce qu’il était essentiellement et prioritairement « envoyé aux brebis perdues de la communauté d’Israël » (Mt 15.24). Nous ne connaissons qu’une brève incursion de Jésus en Phénicie (Mt 15.21-28), sinon il n’a annoncé « le mystère du royaume des cieux » (Mt 13.11) qu’au peuple d’Israël.

Les apôtres étaient tous des « Juifs », nom qu’on donnait à tous les Israélites depuis le retour de la captivité babylonienne. Et, juste avant son Ascension, Jésus les a chargés d’être ses « témoins » d’abord « à Jérusalem » et « en Judée », avant de se tourner vers « les extrémités de la terre » (Ac 1.8).

Paul, lors de ses voyages missionnaires, commençait toujours par entrer dans les synagogues des villes où il arrivait, pour annoncer « le mystère du Christ » d’abord à ses frères de sang.

Ce sont eux qui ont ensuite pris le relais, eux « les Juifs », emmenés par les apôtres juifs et leurs collaborateurs pratiquement tous juifs, pour passer à la dernière étape :

& & & & 4ème Etape & & & &

« Le mystère du christ »

a été PORTE A LA CONNAISSANCE DES

« NON-JUIFS »

Paul nous écrit : « Le mystère du Christ », « la grâce de Dieu », tout cela « m’a été confié pour vous » (v. 2), pas pour que je le garde pour moi, pas non plus pour que je le garde pour les seuls « Juifs », mais pour que je vous l’annonce aussi à « vous », les « non-Juifs ».

Paul et les apôtres ont prêché à leurs contemporains « Juifs » et « non-Juifs » que le Messie est venu pour sauver tous les pécheurs, de quelque origine ou appartenance qu’ils soient, que « les promesses de Dieu en Jésus-Christ » de faire « grâce » à quiconque place sa foi en Jésus, eh bien, ces promesses s’adressent à tous sans distinction. « L’Evangile », cette Bonne Nouvelle que Jésus est venu régler le problème de notre péché et de notre damnation, eh bien, cet « Evangile » doit être annoncé au monde entier.

Les apôtres et leurs collaborateurs, les évangélistes, ont mis par écrit ces « promesses » pour que les générations futures, comme la nôtre, puissent aussi en prendre connaissance. « En les lisant, » nous écrit Paul, « en lisant » la Parole inspirée de Dieu, « vous pouvez vous rendre compte … du mystère de Christ » (v. 4).

Et c’est ainsi que nous fêtons « l’Epiphanie » aujourd’hui, le fait que Jésus soit apparu dans nos vies avec sa « grâce », son pardon, son salut et sa vie.

Nous fêtons « l’Epiphanie » aujourd’hui, l’apparition de notre Sauveur dans nos vies, parce que nous, « les non-Juifs, [nous] sommes cohéritiers des Juifs, que [nous] formons un corps avec eux et participons à la même promesse de Dieu en Jésus-Christ par l’Evangile. »

Que le Seigneur, par son « Evangile » du « mystère du Christ », amène encore beaucoup de « Juifs » et de « non-Juifs » à venir nous rejoindre dans la famille des croyants, « cohéritiers du Christ » (Rm 8.17) !

Amen.

Jean Thiébaut Haessig