mercredi 25 novembre 2009

Sermon du Dernier Dimanche après la Trinité - 22/11/2009

Texte : Mt 25.1-13

"

1 « Alors le royaume des cieux ressemblera à dix jeunes filles qui ont pris leurs lampes pour aller à la rencontre du marié.

2 Cinq d'entre elles étaient folles et cinq étaient sages.

3 Celles qui étaient folles ne prirent pas d'huile avec elles en emportant leurs lampes,

4 tandis que les sages prirent, avec leurs lampes, de l'huile dans des vases.

5 Comme le marié tardait, toutes s'assoupirent et s'endormirent.

6 Au milieu de la nuit, on cria : '"Voici le marié, allez à sa rencontre !"

7 Alors toutes ces jeunes filles se réveillèrent et préparèrent leurs lampes.

8 Les folles dirent aux sages : "Donnez-nous de votre huile, car nos lampes s'éteignent."

9 Les sages répondirent : "Non, il n'y en aurait pas assez pour nous et pour vous. Allez plutôt chez ceux qui en vendent et achetez-en pour vous."

10 Pendant qu'elles allaient en acheter, le marié arriva. Celles qui étaient prêtes entrèrent avec lui dans la salle des noces et la porte fut fermée.

11 Plus tard, les autres jeunes filles vinrent et dirent : "Seigneur, Seigneur, ouvre-nous !"

12 mais il répondit : "Je vous le dis en vérité, je ne vous connais pas."

13 Restez donc vigilants, puisque vous ne savez ni le jour ni l'heure où le Fils de l'homme viendra. »

Chants proposés :

C’est toi, Jésus, qu’ils ont chanté, AeC 443 : 1-4

Quand le soir descend AeC 609 : 1-4

Jeunes et vieux AeC 170 : 1-5


Chers frères et sœurs, « Maranatha ! »

« Maranatha ! » « Le Seigneur vient ! » (1 Co 16.22)

« Maranatha ! » Ce matin, je vous adresse ainsi une salutation en araméen tirée de la Bible. Les premiers chrétiens se saluaient ainsi quand ils se rencontraient. Ils vivaient leur vie ici-bas dans la perspective de l’éternité.

Ils ne méprisaient pas la vie sur terre, don de Dieu, ils ne négligeaient pas leurs devoirs et leurs responsabilités dans ce monde – ils savaient que c’est Dieu qui les leur avait confiées – mais ils savaient aussi qu’ils n’étaient qu’« étrangers et voyageurs sur la terre » (Hé 11.13), que leur véritable « citoyenneté était dans les cieux » (Ph 3.20) !

Sur notre forum, un débat s’est engagé sur le thème « vie terrestre et vie céleste ». Ce débat est né de l’impression d’un membre d’une de nos paroisses que l’on mépriserait la vie terrestre pour ne parler que de l’éternité.

Je ne voudrais pas que vous pensiez devoir me faire le même reproche. Si, ces trois derniers dimanches de l’année de l’Eglise, il est beaucoup question de notre destinée éternelle, c’est que, traditionnellement, la liturgie prévoie qu’on parle des choses dernières au cours de ces trois dimanches. Il y a encore 50 autres semaines dans l’année au cours desquelles on peut se consacrer davantage à notre vie ici-bas.

Le danger n’est-il pas plutôt que les joies et les peines d’ici-bas nous fassent oublier la félicité éternelle que notre Seigneur nous a préparée ?

« Restez donc vigilants, puisque vous ne savez ni le jour ni l’heure où le Fils de l’homme viendra ! » (v. 13) En terminant sa parabole avec cette exhortation, Jésus montre que sa parabole des dix vierges ou jeunes filles parle du moment important de notre entrée dans l’éternité au Jour du Jugement dernier.

Mieux : il nous dit comment nous devrions nous préparer à être bien préparés pour être reçus dans la félicité éternelle.

Il est important d’être bien préparé aux différentes situations de notre vie : ici à une interrogation écrite à l’école, là au métier que nous exerçons, et de façon générale, d’être bien préparés aux transformations et changements de notre vie au fur et à mesure que nous y avançons.

Il n’est pas surprenant que Jésus nous dise qu’il est plus important encore d’être bien préparés pour l’événement final de l’histoire du monde.

La parabole des « cinq vierges sages » et des « cinq vierges folles » souligne le contraste entre une bonne et une mauvaise préparation à la venue en gloire de notre Seigneur.

Avec cette parabole, Jésus nous interpelle :

SOYEZ PRÊTS POUR MON RETOUR !

1. Ne soyez pas insensés

en attendant mon retour !

2. Soyez sages et intelligents

pour vous y préparer !

X X X 1 X X X

Ne vous préparez pas

de façon insensée

à mon retour !

Il nous arrive de reporter à plus tard des choses que nous devons faire. C’est que nous ne pouvons pas tout faire le jour même, ni toujours terminer le jour même ce que nous avons commencé. Mais quand il s’agit de notre salut, nous ne devrions pas tergiverser. « Voici maintenant le moment favorable, voici maintenant le jour du salut ! » nous lance l’apôtre Paul (2 Co 6.2).

L’auteur de l’Epître aux Hébreux ne dit rien d’autre quand il nous met ainsi en garde : « Craignons donc, tant que la promesse d’entrer dans son repos subsiste, qu’aucun de vous ne paraisse être venu trop tard. » (Hé 4.1 ; Segond 1978)

Lorsque Jésus reviendra, cette fois-ci dans sa gloire, il sera trop tard pour réfléchir à ce qu’est une bonne préparation. C’est maintenant que nous devons veiller à ne pas nous bercer d’illusions.

Une de ces illusions consisterait à penser que, parce que nous appartenons à l’église évangélique luthérienne, « le compte est bon », le salut assuré ! Sans doute Dieu nous exhorte-t-il à faire partie de l’église qui enseigne fidèlement sa Parole et qui administre les sacrements conformément à son institution. Mais notre nom sur le registre d’une paroisse ne nous sa uve pas. Seul est sauvé celui qui croit que Jésus-Christ a fait le nécessaire en expiant ses péchés.

Voyez les « cinq vierges folles » ! Extérieurement, on ne remarquait pas de différence avec les « cinq vierges sages » : elles avaient des « lampes » comme les cinq autres. Mais voilà, leurs lampes étaient vides. Extérieurement, elles avaient le même comportement, elles faisaient partie du même genre de « vierges » que les « cinq sages » : mais elles avaient oublié d’alimenter leurs lampes, elles avaient oublié d’alimenter leur foi ; leur foi au Sauveur s’était éteinte.

Une autre illusion consisterait à croire que, parce qu’on fait partie d’une famille croyante, il n’y a pas à s’en faire, la foi des parents, de l’époux ou de l’épouse nous permettrait d’être sauvés.

« Les cinq vierges folles » pensaient aussi que « les cinq vierges sages » pourraient leur passer de leur huile pour leurs lampes. « Donnez-nous de votre huile, car nos lampes s’éteignent ! » Comme s’il suffisait que mes parents ou mon époux ou mon épouse méditent la Parole de Dieu pour que ma foi soit entretenue.

« Les sages répondirent : "Non, il n’y en aurait pas assez pour vous et pour nous !" » (v. 9)

Cela me rappelle une coutume dans certaines familles de ma région d’origine : on envoyait chaque dimanche un représentant de la famille au culte. Seulement, on ne va pas au culte pour faire acte de présence en tant que délégué des autres ; chacun y va pour lui-même, chacun y va pour être édifié dans la foi au contact de l’Evangile dans la Parole et les sacrements. L’action que le Saint-Esprit a sur moi au culte ne s’étend pas à ceux qui n’y sont pas. Il faut que chacun de nous veille à remplir lui-même la « lampe » de sa foi avec « l’huile » de l’Evangile, en allant lui-même au contact de cet Evangile.

Autrement dit, si je pensais qu’être inscrit sur un registre paroissial ou me faire représenter au culte par quelqu’un d’autre me permettait de grandir dans la foi, je ressemblerais au « vierges folles ». Si je ne prends pas mes dispositions à temps durant cette vie, je serai dans de beaux draps au Jour du Jugement dernier : il sera alors trop tard pour m’occuper de ma lampe éteinte, il sera alors trop tard pour me soucier de ma foi morte.

Notre sort sera alors irrémédiablement fixé. Quand Jésus, le divin « marié » de l’Eglise, aura emmené les croyants au ciel, il dira aux incroyants : « Je vous le dis en vérité : Je ne vous connais pas » (v. 12), nous n’avons rien en commun, il n’y a pas de place pour vous dans mon Paradis, car vous vous êtes comporté comme des « insensés » au cours de votre vie : vous avez négligé d’alimenter régulièrement votre foi avec une méditation régulière de l’Evangile.

Ainsi, « la porte » du Paradis reste « fermée » (v. 10) à ceux qui ont négligé de leur vivant la seule source de vie, l’Evangile, seule « puissance » (Rm 1.16) qui aurait pu les amener ou les maintenir dans la foi en Jésus-Christ et faire d’eux des « cohéritiers du Christ » (Rm 8.17). Et ils resteront dehors, sous la colère de Dieu, dans la damnation éternelle.

Oui, avec cette parabole, Jésus nous exhorte à ne pas nous comporter en « vierges folles », en insensés, pour le rencontrer au Dernier jour. Non, dit-il :

X X X 2 X X X

Soyez sages et intelligents

pour vous y préparer !

Nous serons « sages », notre préparation à cet événement capital du retour du Christ sera une préparation sensée, si nous « avons de l’huile » pour alimenter continuellement nos lampes.

Nous serons « sages », notre préparation à cet événement capital du retour du Christ sera une préparation sensée, si nous ne cessons d’alimenter notre foi avec l’Evangile de Jésus-Christ, si cette Bonne Nouvelle de l’expiation de nos péchés avive notre foi en Jésus-Christ.

Jésus veut nous dire : Ce n’est que lui qui peut réellement nous préparer à le rencontrer. Ce n’est que si nous permettons à son Evangile de nous accrocher avec foi à sa médiation et à son sacrifice expiatoire que nous sommes pardonnés et que nous échappons à la colère de Dieu.

Lui seul, Jésus-Christ, est notre Sauveur. Si nous nous réfugions auprès de lui dans la foi au cours de cette vie nous n’avons pas à nous en faire : il nous a réconciliés avec Dieu, nous avons alors notre billet pour entrer participer à ses noces éternelles au Paradis.

Même si nous devions être « endormis », si nous ne devions pas penser à son retour au moment précis où il nous appellera hors de cette vie – ou s’il devait revenir en gloire durant notre vie – comme nos « lampes » brûlent, que nous avons foi en lui, il tiendra ses promesses, il ne décevra pas ceux qui ont fait confiance à son sacrifice.

Mais pour cela, pour que notre « lampe » ne s’éteigne pas, pour que notre foi ne s’amenuise, ne décline et ne meure pas, il faut que nous la nourrissions régulièrement et abondamment avec « l’huile » de la Parole et des sacrements.

Rappelons-nous comment Martin Luther a expliqué le 3ème article du Credo dans son « Petit Catéchisme » : « Je crois que je ne puis, par ma raison et mes propres forces, croire en Jésus-Christ, mon Seigneur, ni aller à lui ; mais c’est le Saint-Esprit qui, par l’Evangile, m’a appelé […] et maintenu dans la vraie foi […]. »

Alimentons-nous régulièrement la « lampe » de notre foi avec « l’huile » de l’Evangile de Jésus-Christ ? Permettons-nous à notre foi de faire plus que simplement grésiller, de pouvoir brûler à grandes flammes ?

Peut-être objecterons-nous que ce sont les problèmes qui étouffent notre foi, que c’est le stress de la vie trépidante de la grande ville qui « pompe l’air » dont notre foi aurait besoin…

Et si c’était tout simplement parce que nous avons oublié de l’alimenter avec l’Evangile ? Et si c’était parce que nous nous sommes laissés aller à négliger le seul carburant divin possible et nécessaire à notre foi : la méditation de l’Evangile ?

Peut-être que vous êtes désemparé par ce qui vous arrive, craintif à cause de ce qui pourrait vous arriver. Peut-être que votre esprit est envahi par les soucis et vous enlève le goût de l’Evangile… – Je vais vous dire un truc : « L’appétit vient en mangeant ! » Plus vous « goûterez combien le Seigneur est bon » (Ps 34.9 ; 1 P 2.3), et plus vous en voudrez, de cet Evangile.

Et puis n’oubliez pas, il y a les études bibliques où d’autres vous diront comment eux ont assaisonné l’Evangile à leur quotidien, comment l’Evangile a entretenu, parfois même rallumé ou ravivé la « lampe » de leur foi en Christ. Cela peut aider grandement quand on est découragé, quand on est en perte de vitesse.

Je ne vais pas insister sur les bénédictions qui reposent sur un remplissage régulier de la « lampe » de votre foi lors de votre lecture quotidienne ou familiale de la Bible, ou dans nos cultes. Ce sont, avec les études bibliques, les magasins où les « vierges sages » s’approvisionnaient régulièrement. Ce sont aussi des magasins qui seront fermés le jour du Jugement dernier : les « vierges folles » ont dû s’en mordre les doigts. Mais … trop tard !

Par contre, si nous nourrissons suffisamment et régulièrement notre foi avec l’Evangile de Jésus-Christ, nous pouvons tranquillement vaquer à nos occupations quotidiennes, accomplir nos activités habituelles.

Voyez les « dix jeunes filles » ! « Toutes s’assoupirent et s’endormirent. » (v. 5) « Toutes » ne pensaient pas à ce moment-là au retour de l’époux. Et pourtant « toutes » ne sont pas dans la même situation. « Les lampes » des unes sont alimentées et brûlent, celles des autres sont à sec et éteintes.

Les unes ont pu « s’assoupir » dans la certitude d’être prêtes, dans la certitude du salut, les autres se sont « assoupies » à tort : elles n’étaient pas prêtes, elles avaient perdu la foi par manque d’Evangile.

C’est une sérieuse mise en garde pour ceux qui négligent de se placer sous l’action sanctifiante du Saint-Esprit à travers l’Evangile.

Mais cette parabole est aussi pour nous, les croyants, d’un grand réconfort : Si nos « lampes » brûlent, si notre foi est alimentée par l’Evangile, peu importe que nous « ne sachions ni le jour ni l’heure où le Fils de l’homme viendra » (v. 13) : nous sommes unis à lui par la foi que nous lui portons.

Même s’il nous prend au dépourvu, même si nous sommes à ce moment-là en train de réfléchir à tout à fait autre chose, au travail, à l’école, durant nos loisirs ou ailleurs, même s’il nous surprend durant notre sommeil, comme nous sommes « prêts », comme nous croyons en lui, « nous entrerons avec lui dans la salle des noces » (v. 10), il nous recevra dans la félicité éternelle parce que nous avons fait confiance à ses promesses.

Restons donc « vigilants » pour ne jamais laisser s’éteindre la « lampe » de notre foi en Jésus-Christ !

Et rendons gloire à Dieu pour la merveilleuse « huile » de l’Evangile qui nous procure l’entrée dans le Royaume des cieux !

« Maranatha ! » « Le Seigneur vient ! »

Amen.

Jean Thiébaut Haessig

dimanche 8 novembre 2009

Sermon du dimanche 8 novembre 2009- Antépénultième Dimanche après la Trinité

Texte : Lc 17.20-30

20 « Les pharisiens demandèrent à Jésus quand viendrait le royaume de Dieu. Il leur répondit : "Le royaume de Dieu ne vient pas en se faisant remarquer.

21 On ne dira pas : 'Il est ici', ou : 'Il est là.' En effet, le royaume de Dieu est au milieu de vous."

22 Puis il dit aux disciples : "Un temps viendra où vous désirerez voir même un seul des jours du Fils de l'homme, et vous ne le verrez pas.

23 On vous dira : 'Il est ici', 'Il est là’. N'y allez pas, n'y courez pas.

24 En effet, tout comme l'éclair resplendit et brille d'une extrémité du ciel à l'autre, ainsi sera le Fils de l'homme dans son jour.

25 Mais il faut auparavant qu'il souffre beaucoup et qu'il soit rejeté par cette génération.

26 Ce qui est arrivé à l'époque de Noé arrivera de même aux jours du Fils de l'homme.

27 Les hommes mangeaient, buvaient, se mariaient et mariaient leurs enfants, jusqu'au jour où Noé est entré dans l'arche, puis le déluge est venu et les a tous fait mourir.

28 Ce sera comme à l'époque de Lot : les hommes mangeaient, buvaient, achetaient, vendaient, plantaient, construisaient,

29 mais le jour où Lot est sorti de Sodome, une pluie de feu et de soufre est tombée du ciel et les a tous fait mourir.

30 Il en ira de même le jour où le Fils de l'homme apparaîtra." »

Chers frères et sœurs,

désireux de voir votre Seigneur,

Pourquoi si peu de gens croient-ils en la Bonne Nouvelle de Jésus-Christ ? Pourquoi la foi de bien des chrétiens se relâche-t-elle ? Oui, et pourquoi nous arrive-t-il à nous-mêmes de connaître des périodes où notre foi se met à vaciller ? – Les raisons sont multiples, et ce ne sont pas toujours les mêmes.

Une des raisons, c’est que les gens ne méditent pas assez la Parole de Dieu ; ils ne permettent pas suffisamment à l’Evangile d’agir sur eux, à cette « puissance de Dieu » pour nous faire parvenir au salut et nous y maintenir (Rm 1.16).

Une autre raison, c’est que nous avons du mal à ne pas réagir comme Thomas : « Si je ne vois pas » le Seigneur et ne puis pas le toucher de mes mains, « je ne croirai pas ! » (Jn 20.25) Je ne reconnais que ce que je peux vérifier.

C’est là un principe excellent, même nécessaire, pour la science ; mais il est inutilisable en matière de foi. En matière de foi nous n’avons pas affaire au terrestre, mais au céleste, au divin, ce qui se situe en dehors du domaine de la science et du vérifiable. Cela fait partie du domaine de la foi.

Or la foi n’est pas éveillée par des démonstrations, mais par le témoignage du Saint-Esprit dans l’Evangile.

Nous n’avons jamais vu notre Seigneur. Le temps où on pouvait le voir remonte à deux millénaires. Alors, qu’allons-nous répondre à ceux qui nous demandent :

POUVEZ-VOUS VOIR

VOTRE SEIGNEUR JESUS-CHRIST ?

1. – Pour le moment, non.

2. – Mais un jour, oui, tout à fait !

X X X 1 X X X

Pour l’instant,

nous ne pouvons pas encore voir

notre Seigneur Jésus-Christ.

Il y a deux mille ans, la situation était différente. A l’époque, Jésus a vécu dans son état d’abaissement. A l’époque, « il s'est dépouillé lui-même en prenant une condition de serviteur, en devenant semblable aux êtres humains ». Il voulait alors vivre « comme un simple homme » (Ph 2.7), connaître les mêmes conditions de vie que nous et cependant demeurer pur et saint, contrairement à nous qui échouons en cela.

Ses contemporains pouvaient l’observer comme nos contemporains peuvent nous observer. Il n’avait pas agi en secret ; il pouvait être « reconnu comme un homme » (Ph 2.7) par tous. Cela aussi faisait partie de son abaissement : sa vie, ses souffrances et sa mort devaient être une prédication visible de tous.

Dans notre texte, il avait d’ailleurs prédit ce qui allait lui arriver : « Il faut que le Fils de l’homme souffre beaucoup et qu'il soit rejeté par cette génération. » (v. 25) N’est-ce pas pour cela aussi qu’il est devenu vrai homme, et qu’il s’est fait connaître comme tel ?

Ce qui est étrange, c’est que ce n’est pas lui, mais nous, les pécheurs, qui devrions être punis pour nos péchés. Avec nos défaillances, manquements, fautes et autres transgressions de la Loi de Dieu nous avons empilé une montagne de dettes auprès de Dieu. Nous n’avons pas seulement péché par notre comportement, aussi par nos paroles, et même par nos pensées.

Les péchés que nous avons commis, et le bien que nous n’avons pas fait devraient nous attirer la colère de Dieu ; c’est nous qui devrions être rejetés et endurer les souffrances de l’enfer !

Mais non, c’est un innocent qui s’y colle ! Pourquoi ? Parce qu’il savait qu’il était le seul à pouvoir prendre notre place, le seul à ne pas faillir comme nous. Ce qu’il a ainsi accompli et obtenu, des dizaines de chants le célèbrent.

Pourtant, ça n’a pas été aussi facile à obtenir qu’il nous est facile de le chanter. Il a « fallu qu’il souffre beaucoup » ; il a dû tant souffrir qu’il nous est impossible de l’imaginer. Les âmes sensibles s’émeuvent de ses souffrances physiques en croix. Elles étaient terrible, certes, mais des milliers d’autres ont été exécutés ainsi dans l’Empire romain.

Non, de loin le plus terrible, c’est ce qu’il nous a épargné en le subissant à notre place : d’être rejeté par Dieu, du Créateur de toute choses, de la Source de toute vie, d’être coupé de la Source de tout bien et de devoir subir les souffrances de l’enfer.

Il y a des personnes qui sombrent dans la dépression quand ils ne se sentent pas – ou plus – estimés ou aimés. Peut-être qu’on peut le mieux avoir une idée des souffrances de la damnation éternelle en les assimilant à une horrible et profonde dépression de se savoir repoussé, rejeté et damné pour toujours, pour l’éternité.

Eh bien, c’est ce que Jésus a enduré pour nous. C’est ce qu’il nous fait entrevoir par son cri en croix : « Eli, Eli, lama sabachthani ? » c’est-à-dire : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ?" » (Mt 27.46) – La réponse, c’est : Pour que nous, qui plaçons notre foi en son expiation de nos péchés, ne le soyons plus, abandonnés !

Jésus aurait au moins dû pouvoir se consoler de voir l’humanité – en premier ses compatriotes, les Juifs – lui être reconnaissants pour son sacrifice. Mais non, eux aussi l’ont « rejeté » (v. 25).

Quelle double tragédie ! Dieu a « rejeté » le Christ parce que ce dernier a aimé l’humanité jusqu’à faire sienne notre culpabilité – et il a été « rejeté » par les hommes parce qu’il est resté fidèle à Dieu et à la mission qu’il avait acceptée !

Voilà dans quel abaissement extrême les gens de l’époque ont vu notre Seigneur ! Mais depuis sa résurrection – et surtout à partir de son ascension – il nous prive de sa présence visible.

Ah ! comme nous aimerions pouvoir jeter un coup d’œil dans son « Paradis » ! (Lc 23.43) Comme nous aimerions le voir resplendissant de majesté dans sa gloire céleste ! Et bien sachez que Jésus sait que nous avons parfois ce genre de souhaits. C’est pour cela qu’« il dit [ici] à ses disciples », à une époque où ils pouvaient encore le voir : « Un temps viendra où vous désirerez voir même un seul des jours du Fils de l'homme, et vous ne le verrez pas. » (v. 22)

Non, nous ne pouvons plus le voir actuellement. Nous ne pouvons que le saisir par la foi. « Le Royaume de Dieu est au milieu de vous ! » (Lc 17.21) Et nous pouvons le saisir par la foi dans sa Parole et dans ses sacrements.

X X X 2 X X X

Mais un jour,

bien entendu que nous le verrons !

Un jour… un jour … Oui, mais quand ? C’est ce que nous aimerions bien savoir. Il n’y a sans doute pas de meilleure application du proverbe « La curiosité est un vilain défaut » que dans ce cas. D’ailleurs, Jésus a dû y répondre à plusieurs reprises.

Un jour, il a indiqué que « personne ne connaît le jour et l’heure » (Mt 24.36) de son retour à la fin du monde. Il est vain de vouloir le calculer comme le font certaines sectes. Nous avons mieux à faire : témoigner de notre foi au Sauveur pour inviter d’autres à le rejoindre par la foi et à être prêts quand il paraîtra.

Sa venue sera subite et inattendue. « En effet, tout comme l'éclair resplendit et brille d'une extrémité du ciel à l'autre, ainsi sera le Fils de l'homme dans son jour. » (v. 24) Quand on regarde un ciel orageux, on sait qu’il y aura des éclairs, mais on n’en connaît pas le moment exact de leurs déclenchements.

Pareillement, la venue de Jésus, nous, les croyants, nous l’attendons, mais elle sera malgré tout subite et inattendue dans le détail. Chacun sera pris au dépourvu au milieu de ses occupations quotidiennes.

Jésus fait une comparaison avec le temps de Noé et de Lot.

« Ce qui est arrivé à l'époque de Noé arrivera de même aux jours du Fils de l'homme. Les hommes mangeaient, buvaient, se mariaient et mariaient leurs enfants, jusqu'au jour où Noé est entré dans l'arche, puis le déluge est venu et les a tous fait mourir. » (v. 26-27)

Noé, ce « prédicateur de la justice » de Dieu (2 P 2.5), avait prévenu ses compatriotes durant 120 ans (Gn 6.3). Rien que de le voir construire une arche sur ordre de Dieu aurait dû leur faire comprendre que l’annonce du déluge n’était pas des paroles en l’air. Rien n’y fit : ils continuèrent à vivre dans l’impénitence et furent surpris par la catastrophe.

« Ce sera comme à l'époque de Lot : les hommes mangeaient, buvaient, achetaient, vendaient, plantaient, construisaient, mais le jour où Lot est sorti de Sodome, une pluie de feu et de soufre est tombée du ciel et les a tous fait mourir. » (v. 28-29)

Les habitants cruels et immoraux à l’extrême des villes de Sodome et Gomorrhe furent aussi surpris par le jugement de Dieu au milieu de leurs activités quotidiennes.

« Il en ira de même le jour où le Fils de l'homme apparaîtra. » (v. 30)

Aussi Jésus conclut-il sa parabole des dix vierges par cette exhortation : « Restez donc vigilants, puisque vous ne savez ni le jour ni l’heure où le Fils de l’homme viendra ! » (Mt 25.13) Il ne s’agit pas de songer continuellement au retour du Christ et de ne plus faire rien d’autre, comme l’ont fait les Thessaloniciens à un moment donné, obligeant l’apôtre Paul à les rappeler à l’ordre pour qu’ils se remettent à vaquer à leurs occupations.

D’ailleurs, « les vierges sages » (Mt 25.1-12) s’étaient aussi endormies, mais elles avaient de l’huile dans leurs lampes, elles étaient prêtes pour rencontrer le marié ; elles avaient foi dans le Sauveur des pécheurs. Parce qu’elles croyaient en Jésus-Christ, « le Royaume de Dieu était au milieu d’elles ». Par la foi elles en faisaient partie (v. 21)

Il ne s’agit donc pas de ne plus penser qu’à la rencontre avec notre Seigneur et Sauveur quand il reviendra – et de négliger nos différents devoirs et responsabilités. Non, il s’agit de rester au contact de l’Evangile pour que le Saint-Esprit puisse nous maintenir dans la foi et nous y fortifier, pour que notre rencontre avec le Seigneur soit une fête et non une catastrophe.

Si Jésus ne nous donne pas de réponse précise à la question : « Quand reviendra-t-il de façon visible ? » il nous répond avec précision à la question : « Où apparaîtra-t-il à la fin des temps ? »

Il y a des sectes qui disent : « Sur la Montagne des Oliviers ! », d’autres : « En Galilée ! » Il y en a même une qui prétend que ce sera à Avignon. Cela voudrait dire que nous aurions à nous rendre près de Jérusalem, en Galilée ou à Avignon pour le rencontrer – encore faudrait-il se mettre d’accord …

Et bien non ! Jésus nous indique ici qu’il ne sert à rien de « dire : 'Il est ici', ou : 'Il est là.' » (v. 21) « On vous dira : 'Il est ici', 'Il est là’. N'y allez pas, n'y courez pas. En effet, tout comme l'éclair resplendit et brille d'une extrémité du ciel à l'autre, ainsi sera le Fils de l'homme dans son jour. » (v. 23-24)

Autrement dit, si jamais il devait revenir de notre vivant, vous le verrez à Châtenay comme au Plessis, en Touraine comme dans le Languedoc, en Eure-et-Loire comme en Alsace ; et si vous êtes en visite dans vos familles, en Lettonie comme au Cameroun, au Brésil comme au Togo, en Côte d’Ivoire comme au Congo, aux Antilles comme à Madagascar.

« Quand il viendra dans sa gloire », entouré de ses « saints anges » (Lc 9.26), « tout œil le verra », tout le monde le verra, où : qu’il soit. (Ap 1.7)

Cela arrivera ainsi à coup sûr. Bien des prophéties se sont déjà accomplies, y compris l’annonce que beaucoup de gens « désireront voir » et savoir quand il reviendra. Ce désir est si fort que certains se mettent même à calculer quand cela sera. Contentons-nous de la certitude : Cela sera.

Et il viendra « pour juger les vivants et les morts » (Symbole apostolique). Rappelez-vous sa comparaison avec « ce qui est arrivé à l’époque de Noé » : du temps de Noé, ceux qui n’ont rien voulu savoir de Dieu et de sa Parole ont péri dans le déluge ; l’infime minorité qui lui a fait confiance a été sauvée par lui.

« Cela arrivera de même au jour du Fils de l’homme. » Nous les croyants – que nous soyons alors en vie ou déjà morts – nous serons pris avec lui dans son Paradis ; les incroyants – là aussi qu’ils soient alors en vie ou déjà morts – seront envoyés dans les souffrances de la damnation éternelle.

Pour un court instant – celui de son Retour et du Jugement Dernier – tous le verront. Mais seuls ceux-la pourront le contempler éternellement dans sa gloire qui auront placé leur foi en lui et en ce qu’il a fait pour nous.

Actuellement, « nous marchons [encore] par la foi et non par la vue » (2 Co 5.7).

Mais réjouissons-nous déjà maintenant du bonheur qui sera le nôtre quand nous le verrons face à face et le côtoierons avec les saints anges et tous les rachetés dans la félicité éternelle !

Amen.

Jean Thiébaut Haessig


Chants proposés :

Bientôt, pour juger l’univers LlS 319 : 1-4

Bientôt, pour juger l’univers, LlS 319 : 5-7

Lorsque la terre consumée LlS 321 : 1-5

Venez, enfants de Dieu, venez, peuple fidèle, LlS 170 : 1-6

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