lundi 11 juillet 2011

Sermon du dimanche 3 juillet 2011

2ème Dimanche après la Trinité

Texte : Lc 14.16-24

16 « Un homme organisa un grand festin et invita beaucoup de gens.

17 A l’heure du festin, il envoya ses serviteurs dire aux invités : "Venez, car tout est déjà prêt !"

18 Mais tous sans exception se mirent à s’excuser. Le premier lui dit : "J’ai acheté un champ et je suis obligé d’aller le voir, excuse-moi, je t’en prie."

19 Un autre dit : "J’ai acheté cinq paires de bœufs et je vais les essayer, excuse-moi, je t’en prie."

20 Un autre dit : "Je viens de me marier, c’est pourquoi je ne peux pas venir."

21 A son retour, le serviteur rapporta ces paroles à son maître. Alors le maître de la maison, en colère, dit à son serviteur : "Va vite sur les places et dans les rues de la ville et amène ici les pauvres, les estropiés, les aveugles et les boiteux."

22 Le serviteur dit : "Maître, ce que tu as ordonné a été fait et il reste encore de la place."

23 Le maître dit alors au serviteur : "Va sur les chemins et le long des haies, et ceux que tu trouveras, oblige-les à entrer, afin que ma maison soit remplie"

24 En effet, je vous le dis, aucun de ces hommes qui avaient été invités ne goûtera de mon festin. " »

Seigneur,

ouvre nos cœurs et nos oreilles

pour nous rendre attentifs à ta sagesse mystérieuse

et éclairer notre chemin par ta lumière.

Que ta Parole vivante nous entraîne

à répondre à ton appel

et à suivre ton Fils Jésus-Christ, notre Seigneur.

Amen.

Heureux invités au plus grand des festins,

invités par le plus extraordinaire des hôtes !

C’est ce que vous êtes vraiment, car, au verset juste avant notre parabole, Jésus déclare : « Heureux celui qui prendra son repas dans le royaume de Dieu ! » (Lc 14.15)

C’est donc de notre bonheur que Jésus nous parle aujourd’hui, du bonheur de ceux qui répondent à son invitation et qui se laissent nourrir et réjouir dans son « Royaume » à son « grand festin » (v. 16).

Festin d’ailleurs étonnant, tout comme l’est celui qui y invite ! Oui,

Quel Hôte étonnant !

1 Incroyable, comme il a vu grand, sans compter au préalable ceux qui allaient venir !

2 Incroyable, le festin auquel il invite !

3 Incroyable que certains repoussent cette invitation !

4 Tout aussi incroyable ceux qu’il reçoit finalement !

Quel hôte étonnant :

X X X 1 X X X

INCROYABLE, COMME IL A VU GRAND,

SANS COMPTER AU PREALABLE

CEUX QUI ALLAIENT VENIR !

Nous savons tous ce que c’est qu’organiser un « grand repas » de famille, à l’occasion d’un Baptême, d’une confirmation, d’un mariage, d’un anniversaire, d’une cousinade, par exemple.

Comment nous y prenons-nous ? – Eh bien ! bien à l’avance, nous envoyons les invitations. En fonction du nombre de réponses nous préparons le repas. Nous n’allons pas nous faire du travail ou commander le repas pour 60 personnes s’il n’y en a finalement que 30, ou pour 20 s’il n’en vient que 10 !

« Quel manque de prévoyance ! » sommes-nous alors tentés de dire en lisant : « Un homme organisa un grand festin et invita beaucoup de gens. A l’heure du festin, il envoya ses serviteurs dire aux invités : "Venez, car tout est déjà prêt !" (v. 16-17)

« Quelle tête de linotte : préparer un repas sans savoir qui vient ! Quelle désorganisation ! Qu’est-ce qu’il est distrait et imprudent, n’est-ce pas ? »

Nous savons tous qu’il n’en est rien. J’ai fait le parallèle avec notre façon d’agir dans la vie, pour bien montrer que, dans « le Royaume de Dieu », les choses fonctionnent différemment. Car notre parabole parle bien du « Royaume de Dieu ». Jésus la raconte pour illustrer ce qu’il vient de dire au verset précédent : « Heureux celui qui prendra son repas dans le royaume de Dieu ! » (Lc 14.15)

C’est ça, « le grand festin » dont parle sa parabole : il s’agit de rien moins que du « repas dans le royaume de Dieu » ! L’hôte divin a vu « grand », parce qu’il désire voir tout le monde à sa table ! Il n’a pas compté avant de préparer le « grand festin », parce qu’il veut que chacun de nous sache qu’il y a une place pour lui aussi.

Je peux être rassuré : je ne suis pas la personne en trop. Dieu a vu tellement « grand », parce qu’il « veut que tous les hommes soient sauvés » (1 Tm 2.4) en se rassasiant à sa table – « tous », moi aussi ! Quel que soit le nombre d’invités qui affluent, il reste toujours de la place. Cela doit aussi nous encourager à en inviter d’autres à venir avec nous à ce « grand festin » : « il reste encore de la place ! » (v. 29)

Et ne craignez pas de surprendre l’hôte divin, de l’embarrasser parce que vous viendriez à contretemps : ce ne serait pas encore « prêt », ou ce ne serait plus « prêt ». Non, il invite : « Venez, car tout est déjà prêt ! »

Nous savons aussi à qui Dieu a confié la préparation de ce « grand repas » ; nous savons à qui nous le devons de trouver tout fin « prêt », tout cuit, pour nous. C’est celui qui, du haut de la croix, éreinté par son travail, a crié : « Tout est accompli ! » « Tout est achevé ! » « Tout est prêt ! » Il n’y a plus qu’à « venir » jouir de son travail, s’attabler au « grand festin » !


Quel hôte étonnant :

X X X 2 X X X

CAR QUEL FESTIN INCROYABLE !

Une autre fois, Jésus nous encourage – et là il ne parle pas dans le langage imagé d’une parabole mais directement : « Recherchez d’abord le Royaume de Dieu et sa justice ! » (Mt 6.33) Venez vous attabler au « grand festin » gratuit pour vous servir de « la justice du Royaume de Dieu » ! C’est ce qu’il appelle à plusieurs reprises « la Bonne Nouvelle du Royaume de Dieu » (Mc 1.14 ; Lc 4.43).

… Qu’est-ce que ce charabia : « un festin de justice » ! ? Il y a de quoi être étonné. Mais il y a surtout, une fois qu’on a compris, de quoi être émerveillé : dans son « Royaume », Dieu nous sert « sa justice ». Tous ceux qui viennent à lui avec foi en sa « Bonne Nouvelle », tous ceux qui suivent son invitation avec confiance, ne seront pas déçus :

Dieu nous fait part de ce qu’il a de plus précieux : de « sa justice » ! N’y a-t-il pas de quoi être abasourdi ? « Sa justice » ne va-t-elle pas nous écraser ? Ne confessons-nous pas avec le psalmiste : « Ta justice, ô Dieu, atteint jusqu’aux nues ! » (Ps 71.19 ; Bible de Jérusalem)

Par contre, confessons-nous également, « toute notre justice est comme un habit taché de sang ! » (Es 64.5)

« La Bonne Nouvelle du Royaume de Dieu », c’est qu’il nous invite à venir à son « grand festin », à lui faire confiance et à recevoir avec foi ce qu’il a de « prêt » pour nous : « sa justice » pour couvrir notre péché. Il nous invite pour recevoir le pardon.

Il nous invite pour que nos péchés soient effacés, que nous soyons réconciliés avec lui et que nous puissions compter sur lui à chaque instant, pour affronter la vie et, un jour, la mort.

Et cela, nous le devons à celui que Dieu a chargé de nous préparer ce repas fabuleux : Jésus-Christ. C’est lui qui nous a obtenu la faveur de Dieu, en payant pour nos péchés,

C’est Jésus qui a amené Dieu à nous inviter dans son Royaume, à ne plus tenir compte de nos péchés, à être en bons termes avec nous, même à nous faire cadeau à sa table de la justice du Christ.

Ah ! oui, quel festin incroyable !

X X X 3 X X X

ON COMPREND D’AUTANT MOINS

QUE CERTAINS PUISSENT

REPOUSSER L’INVITATION !

Nous savons maintenant qu’il s’agit de l’invitation au « repas dans le royaume de Dieu ». La parabole parle donc de gens qui repoussent cette invitation.

Dans la vie courante on peut, effectivement, être empêché de donner suite à une invitation. Il arrive que tous ceux qu’on espérait réunir autour d’une table, à l’occasion d’une grande fête de famille, ne soient pas présents. Les uns n’ont pas eu de congé, d’autres sont malades, d’autres habitent ou travaillent dans un pays lointain, d’autres encore se sont déjà engagés ailleurs. Et puis, un couple fait partie de deux familles, et parfois on devrait pouvoir « se couper en deux »…

Mais dans notre parabole, nous rencontrons des gens qui avancent de fausses excuses pour repousser l’invitation de Dieu dans son Royaume. Quelles sont ces excuses ou prétextes pour ne pas venir ?

« Tous sans exception se mirent à s’excuser. Le premier lui dit : "J’ai acheté un champ et je suis obligé d’aller le voir, excuse-moi, je t’en prie." Un autre dit : "J’ai acheté cinq paires de bœufs et je vais les essayer, excuse-moi, je t’en prie." Un autre dit : "Je viens de me marier, c’est pourquoi je ne peux pas venir." (v. 18-20)

L’un est plus attiré par les biens terrestres – « un champ » en l’occurrence – que par les biens célestes. Mais ça pourrait être un nouveau logement, une nouvelle maison, des actions dans une société.

Un autre se laisse détourner de Dieu pour tester de nouvelles acquisitions. Là ce sont « cinq paires de bœufs ». Aujourd’hui ce serait une voiture de luxe, un nouvel ensemble « ordinateur - home télévision », de nouvelles machines, quelque chose qui a beaucoup coûté et qui nous accapare totalement.

Un troisième pense qu’en suivant l’invitation de Dieu, il lèse son épouse, le pauvre ! Il oublie qu’en se présentant ensemble au festin divin qu’ils s’épanouiront réellement en couple.

Là encore, Jésus ne parle pas précisément du culte, du catéchisme, de l’étude biblique ou que sais-je encore comme activités de la paroisse. Il parle de l’attitude envers l’appel de Dieu en général. La vie paroissiale en est un fruit, une conséquence.

Qu’une paroissienne doive travailler certains dimanches ne veut pas dire qu’elle repousse l’invitation au « grand festin ».

Et que de jeunes mariés soient partis en voyage de noces, et donc pas au culte, ne les empêche pas d’être au « repas dans le royaume de Dieu » durant leur absence.

C’est quand les excuses ne sont plus honnêtes, quand ce sont de faux prétextes, que l’hôte divin « se met en colère » (v. 21). C’est quand l’amour de l’argent, l’amour des loisirs, la paresse et le confort nous détournent de Dieu que ça devient grave. C’est quand on fuit la Parole et les sacrements dans la communion des frères.

Dieu invite à un repas en commun, et dans la vie, cela se passe en paroisse, avant tout au culte où il nourrit notre âme de sa Parole et de ses sacrements et nous encourage par la communion fraternelle.

Quand on est conscient de ce qui nous est offert – gratuitement offert – à ce festin grandiose, quand on sait aussi qui est celui qui invite, comment peut-on s’en détourner ? Car

Quel hôte étonnant :

X X X 4 X X X

TOUT AUSSI INCROYABLE

CEUX QU’IL REçOIT FINALEMENT !

Il suffit de nous voir honnêtement tels que Dieu nous arrivons à sa table.

Oh ! je ne parle pas de la façon dont nous sommes vêtus. Sûr, pour répondre à l’invitation du Dieu de l’univers, pour le rencontrer au culte, nous nous habillons de façon à lui montrer que nous savons apprécier l’honneur qu’il nous fait.

Néanmoins, comme on dit, « l’habit ne fait pas le moine », surtout aux yeux de Dieu. Lui « sonde les cœurs et les reins » (Ps 7.10). Et si nous sommes venus à son invitation pour recevoir « sa justice », c’est que nous nous sentons intérieurement comme ces « pauvres, ces estropiés, ces aveugles et ces boiteux » (v. 21) de la parabole : des conscients de leur « pauvreté spirituelle » (Mt 5.3), des « estropiés » de la vie, des « aveugles » de la connaissance, des « boiteux » de la piété.

Nous savons que nous sommes loin d’être parfaits et que le péché colle à notre peau. Et nos échecs menacent de nous accabler. C’est pour cela que nous sommes heureux – grandement surpris même, mais infiniment heureux ! – d’avoir reçu l’invitation de Dieu, car là, il nous débarrasse de notre culpabilité– son Fils l’a prise à son compte ! – là, il nous offre la justice de son Fils. Là, il nous enlève notre sentiment d’infériorité ou d’échec en ouvrant devant nous des perspectives inimaginables.

Savoir que ce repas est prêt dans le Royaume de Dieu pour des personnes comme nous ; savoir que Dieu nous y accueille les bras ouverts à cause de son Fils ; savoir que nous y sommes rassasiés par des paroles de pardon, de miséricorde, d’amour et d’encouragement ; savoir que Dieu nous prend même à son service pour en inviter à notre tour d’autres à venir s’attabler dans son Royaume, voilà ce qui nous rassure, nous épanouit et nous honore, voilà ce qui nous pousse à écouter son invitation chaque jour et à y répondre avec soulagement et joie !

Oui, « Heureux » êtes-vous, vous « qui prenez votre repas dans le royaume de Dieu ! »

Amen.

Jean Thiébaut Haessig

Chants proposés :

Dans ton temple, ô mon Sauveur, LlS 2 : 1-3

Si vous saviez la paix douce et profonde LlS 198 : 1-4

Allez révéler au monde L’amour du Dieu tt-p. LlS 190 : 2-4

Ô Jésus, notre divin Roi A l’amour efficace, LlS 166 : 1-3