lundi 12 mars 2007

Sermon du 11 mars 2007 - Oculi

Oculi Lc 9.51-56
Châtenay-Malabry 11.03.2007


9:51 Comme arrivaient les jours où il allait être enlevé, il prit la ferme résolution de se rendre à Jérusalem


9:52 et il envoya devant lui des messagers. Ceux-ci se mirent en route et entrèrent dans un village de Samaritains, afin de faire des préparatifs pour lui.


9:53 Mais on ne l'accueillit pas, parce qu'il se dirigeait vers Jérusalem.


9:54 Quand ils virent cela, les disciples Jacques et Jean dirent :
"Seigneur, veux-tu que nous disions au feu de descendre du ciel pour les détruire ?"


9:55 Il se tourna vers eux et les rabroua.
Et il leur dit :
"Vous ne savez pas de quel esprit vous êtes ; car le Fils de l’homme n’est pas venu pour perdre des âmes humaines mais pour les sauver."


9:56 Et ils allèrent dans un autre village. »


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Chers frères et sœurs en Jésus-Christ !

Les enseignants se demandent : Les élèvent vont-ils jamais arriver à respecter les lois de la grammaire ?

Les parents se demandent : Les enfants arriveront-ils jamais à suivre de bon cœur ce que nous leur demandons, poussés par notre amour pour eux et notre responsabilité d’éducateurs ?

Mais ce qui est plus lourd de conséquences encore, c’est quand le comportement des gens amène Dieu à se poser la question :

LES HUMAINS
APPRENDRONT-ILS UN JOUR
à NE PLUS S’OPPOSER A
MON CONSEIL ?


1. Jésus, lui, était entièrement tourné vers
l’accomplissement de ce conseil.

2. Les Samaritains, eux,
étaient opposés à ce conseil.


3. Même les apôtres
avaient parfois des difficultés
avec ce conseil.

4. Et nous, où en sommes-nous à ce sujet ?


– 1 –


Jésus ne s’est pas opposé au conseil de Dieu.

Jésus
était entièrement tourné vers
l’accomplissement de ce conseil

« Comme arrivaient les jours où il allait être enlevé, il prit la ferme résolution de se rendre à Jérusalem. »

« Comme arrivaient les jours où » cela devait se passer. Voilà comment commence notre texte. Cela nous rappelle qu’il y a « un temps fixé » par Dieu pour toute chose (Gn 18.14 ; Ps 75.3 ; Ac 1.7 ; 17.31 ; etc.). Et lorsqu’il trouve que le moment est venu que cela se passe, il le fait arriver.

Nous connaissons tous ce merveilleux passage de l’Epître aux Galates : « Lorsque les temps furent accomplis, Dieu a envoyé son Fils, né d'une femme et sous la loi, afin de racheter ceux qui étaient sous la loi, pour que nous recevions l'adoption filiale. » (Ga 4.4-5) Autrement dit, quand « le temps fixé » par Dieu pour la conception et la naissance virginale de son Fils « fut arrivé », Dieu est passé à l’acte, et nous célébrons ce miracle chaque année avec un faste particulier avec la Fête de Noël.

Ici, dans notre texte, « les jours étaient arrivés » d’un événement plus dramatique, un temps moins agréable. Mais Dieu ne recule pas non plus quand l’accomplissement de sa bonne et miséricordieuse volonté lui coûte énormément.

Sachant qu’« arrivaient les jours où il allait être enlevé, » arrêté et mis à mort, « [Jésus] prit la ferme résolution de se rendre à Jérusalem. »

Il n’y a aucune hésitation dans le comportement de notre Seigneur. Six mois avant sa crucifixion, il se met en route pour Jérusalem. Là-bas, il va apparaître et prêcher comme celui que Dieu a envoyé. Et au fur et à mesure que son message va devenir de plus en plus précis et ses mises en garde de plus en plus claires, l’opposition va, elle, s’intensifier.

Il va laisser mûrir les circonstances pour son entrée à Jérusalem et l’aboutissement fatal de sa crucifixion.

Il savait ce que le conseil de Dieu lui préparait. Il y avait participé, à cette prise de décision, au sein de la Très Sainte Trinité, lui, le Fils éternel de Dieu. Il avait souvent annoncé à ses disciples ce qui l’attendait à Jérusalem. Et il s’est engagé résolument sur le chemin douloureux sur lequel lui seul pouvait accomplir notre salut.

Il voulait nous arracher à notre perte éternelle, à la damnation que nous avons méritée par le décalage qui existe entre nous et les exigences de la sainte Loi de Dieu.

Un jour, Jésus reviendra dans sa gloire divine pour juger l’humanité. Mais avant que le moment ne vienne « où il allait être enlevé » au ciel, il voulait faire le nécessaire pour que nous puissions échapper à la damnation que nous avons méritée.

« Le Fils de l’homme est venu […] pour sauver les âmes. » Le moment était venu où il devait se rendre à l’endroit où il allait se sacrifier pour nous et nous frayer ainsi une sortie, une échappatoire à notre damnation. C’était là le plan que Dieu avait conçu dans sa sagesse pour nous sauver du châtiment mérité par notre péché.

Et, dans son amour pour nous, Jésus n’hésita pas, le moment venu : « il prit la ferme résolution de se rendre à Jérusalem. »

Il s’était complètement dévoué à sa mission, il était entièrement orienté vers la volonté de Dieu de nous sauver.

– 2 –

Les Samaritains ont été bien plus long à accepter le bienveillant conseil de Dieu à leur égard.

Les Samaritains
était, au début,
opposés à ce conseil de Dieu.

« Jésus envoya devant lui des messagers. Ceux-ci se mirent en route et entrèrent dans un village de Samaritains, afin de faire des préparatifs pour lui. Mais on ne l'accueillit pas, » – pourquoi ? – « parce qu'il se dirigeait vers
Jérusalem. »

Pour des raisons politiques, culturelles et religieuses, les Juifs méprisaient les Samaritains et n’entretenaient pas de relations avec eux.

La réponse du berger à la bergère était à prévoir. Ah ! ces réactions viscérales ! Les Samaritains n’acceptaient rien des Juifs, pas non plus « le salut qui vient des Juifs », comme Jésus l’a, un jour, dit à une Samaritaine (Jn 4.22). Les Samaritains avaient leur propre montagne sainte, le Mont Garizim, leurs propres lois et préceptes religieux, leurs propres idées sur Dieu et ses actes.

Ils avaient entendu parler de Jésus et avaient été impressionnés par ce qu’on disait de lui. Certains, comme ceux du Puits de Jacob, croyaient même en lui comme étant « le Christ, le Sauveur du monde » (Jn 4.41-42).

Il n’en demeure pas moins que Jésus n’était pas seulement juif, il était même en train de « se rendre à Jérusalem » pour se joindre au culte des Juifs. Pour les Samaritains, Jésus se rangeait ainsi du côté des Juifs et ça, ça les irritait. Ils n’allaient pas, en plus, lui faciliter la tâche en l’hébergeant dans leur village !

Leur rancœur tenace les amena ainsi à s’opposer au plan de Dieu. On se demande : Ont-ils jamais reconnu leur tort et se sont-ils un jour rangés sous le conseil de Dieu ?

Mais Dieu est plein de compassion. Il leur offrira une autre occasion de rectifier leur tir. Cela se passera après Pentecôte. L’évangéliste Philippe se rendra en Samarie et y proclamera l’Evangile, la Bonne Nouvelle du Sauveur crucifié, ressuscité et monté au ciel. Et nous apprenons que « les foules s’attachaient à ce que disait Philippe. […] La Samarie a accepté la parole de Dieu » (Ac 8.5-14).

Les conversions furent si nombreuses que cela parvint aux oreilles des apôtres qui vinrent de Jérusalem assister Philippe dans son travail ! (Ac 8.14-25)

Son plan de salut, Dieu l’avait aussi élaboré pour les Samaritains. Et ce plan prévoyait que Jésus devait passer par leur « village » pour « se rendre à Jérusalem », que cela leur plaise ou non, qu’ils soient d’accord avec ce plan de Dieu ou non.

– 3 –

Notez bien :

Même les apôtres
avaient parfois des problèmes avec
le conseil de Dieu.

« Quand ils virent cela [quand ils virent le refus des Samaritains], les disciples Jacques et Jean dirent : "Seigneur, veux-tu que nous disions au feu de descendre du ciel pour les détruire ?" Il se tourna vers eux et les rabroua. Et il leur dit : "Vous ne savez pas de quel esprit vous êtes ; car le Fils de l’homme n’est pas venu pour perdre des âmes humaines mais pour les sauver." Et ils allèrent dans un autre village. »

« Les disciples Jacques et Jean » ont bien du mal à comprendre le conseil de Dieu. Ils pensent défendre l’honneur du Christ en proposant que le feu du ciel anéantisse les Samaritains inhospitaliers. Ils pensaient que cela était conforme au conseil de Dieu. Elie n’avait-il pas agit d’une façon similaire il y a bien de siècles ? Il y avait néanmoins au moins une grande différence : Elie a invoqué la colère de Dieu sur des Juifs endurcis. Mais les Samaritains de ce village n’avaient pas encore entendu l’Evangile de la grâce de Dieu.

« Jacques et Jean » avaient vraiment du mal à admettre le conseil de Dieu ! Juste avant notre histoire, Jésus venait de remettre Pierre vertement en place pour s’être fait le porte-parole de Satan. Et voici que « Jacques et Jean » se font rappeler à l’ordre à leur tour. C’est à se demander si les apôtres apprendront bien, un jour, à ne plus s’opposer au conseil de Dieu !

Dire que c’était là justement les trois disciples – « Pierre, Jacques et Jean » (Lc 9.28-36) – que Jésus venait d’emmener avec lui pour leur faire assister à sa transfiguration sur la montagne ! Ils y avaient entendu prédire les souffrances, la mort et la résurrection de leur Maître. Résultat : Rien compris !

Rendons grâces au Seigneur d’avoir été patient avec eux, de les avoir rappelés après sa résurrection et de les avoir confirmés et bénis dans leur apostolat, avant de monter au ciel.

Rendons grâces au Seigneur de les avoir finalement amenés à comprendre, à croire et à se ranger sous le conseil de Dieu et d’avoir proclamé ce plan de Dieu de sauver le monde pécheur, même si ce plan a souvent contrecarré leurs opinions humaines, leurs sentiments immédiats.

– 4 –

Et nous,
où en sommes-nous à ce sujet ?

Quand le Seigneur nous considère, secoue-t-il la tête, désabusé, en se disant : « Malgré l’histoire de ces Samaritains et des apôtres, ces Châtenaisiens n’ont rien appris de plus ! » ?

Après 2000 ans et les enseignements des Evangiles et des Epîtres, au contact de « la puissance de l’Evangile » (Rm 1.16), avons-nous progressé dans la connaissance et l’acceptation du conseil de Dieu ? Ou n’avons-nous toujours pas appris à ne plus nous opposer à lui ?

Le Seigneur est-il toujours obligé de répéter ce qu’il dit ici à « Jacques et Jean » : « Vous ne savez pas de quel esprit vous êtes ! »

Pourquoi nous comportons-nous parfois comme si ce n’était pas l’Esprit de vérité de l’Ecriture Sainte qui nous dirige, mais l’esprit de notre égoïsme qui fait passer le plaisir immédiat avant le respect des dispositions pourtant bienveillantes de Dieu ?

Pourquoi nous comportons-nous parfois comme si ce n’était pas l’esprit de l’amour fraternel qui nous anime, mais celui de la rancune, non pas l’esprit de pardon mais celui de la vengeance, non pas l’Esprit de Dieu mais celui de notre nature jalouse, envieuse, malveillante et soupçonneuse ; non pas l’esprit qui essaye d’interpréter de la façon la plus avantageuse le comportement du prochain, mais l’esprit qui veut détruire toute paix, harmonie et fraternité ?

Jésus est-il aussi obligé de nous rappeler quel est l’Esprit qu’il nous a procuré dans notre baptême, l’Esprit Saint qui nous assiste et nous aide à progresser à travers les difficultés de la vie. Doit-il constater avec tristesse : « Vous ne savez pas de quel esprit vous êtes ! » ?

« Le Fils de l’homme n’est pas venu pour perdre des âmes humaines mais pour les sauver. »

L’esprit qui nous anime, nous pousse-t-il à « perdre des âmes » où à les préserver et affermir dans la communion de l’Eglise fidèle ? L’esprit qui nous remplit, nous pousse-t-il à agir selon le conseil de Dieu tel qu’il nous le révèle dans sa Parole, ou nous pousse-t-il à relativiser sa Parole divine ? Nous pousse-t-il à placer notre refus de nous réconcilier (comme « les Samaritains ») ou notre brutalité (comme « Jacques et Jean ») plus haut que la volonté de Dieu dévoilée dans l’Ecriture Sainte ?

Oui, c’est vrai, le plan, le dessein, le conseil de Dieu est si différent de ce à quoi aspire notre nature pécheresse innée. Aussi devons-nous toujours à nouveau nous poser la question – avant de prendre une décision, ou en examinant ce que nous avons fait – : « De quel esprit suis-je ? » « Qu’est-ce qui me pousse à agir ainsi ? Quel esprit m’inspire mes sentiments, mes réactions ? »

Dieu fasse que ce soit toujours davantage son plan que nous appliquons dans notre vie ! Que nous nous abandonnions toujours davantage à l’action sanctifiante de son Esprit, au contact de son Evangile de grâce et de vie !

Qu’il nous éclaire à ce sujet, nous donne des yeux qui voient et un cœur qui s’ouvre à son conseil. Et qu’il nous ramène, dans une repentance profondément reconnaissante, sur le chemin de son conseil quand nous nous en sommes écartés – comme il l’a fait avec les Samaritains et les apôtres.

Ce qui soulage et encourage, c’est qu’il « s’est rendu à Jérusalem » pour y expier nos pensées, nos sentiments, nos paroles et nos actes qui étaient le fruit d’un mauvais esprit. Ce qui fait notre joie, c’est que « le Fils de l’homme n’est pas venu pour perdre des âmes humaines mais pour les sauver. »

N’oublions jamais de profiter de cette aubaine, de cette grâce, de cette faveur imméritée ! N’oublions jamais de recourir avec repentance et foi au pardon qu’il est allé nous obtenir à Jérusalem sur la croix !

Amen.

Jean Thiébaut Haessig (11 808)

Chants :
Entonnons un saint cantique LlS 73 : 1-3
Je crie à toi, Seigneur Jésus, LlS 208 : 1-3
Chaque matin, je répète, LlS 276 :1-5

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