lundi 7 mai 2007

Sermon du 29 avril 2007 - JUBILATE

JUBILATE Gn 1.26 – 2.2

Châtenay-Malabry 29.04.2007

1:26 « Dieu dit :

"Faisons les humains à notre image, selon notre ressemblance, pour qu'ils dominent sur les poissons de la mer, sur les oiseaux du ciel, sur le bétail, sur toute la terre et sur toutes les bestioles qui fourmillent sur la terre."

1:27 Dieu créa les humains à son image : il les créa à l'image de Dieu ; homme et femme il les créa.

1:28 Dieu les bénit ; Dieu leur dit :

"Soyez féconds, multipliez-vous, remplissez la terre et soumettez-la. Dominez sur les poissons de la mer, sur les oiseaux du ciel et sur tous les animaux qui fourmillent sur la terre."


1:29 Dieu dit :

"Je vous donne toute herbe porteuse de semence sur toute la terre, et tout arbre fruitier porteur de semence ; ce sera votre nourriture.

1:30 A tout animal de la terre, à tout oiseau du ciel, à tout ce qui fourmille sur la terre et qui a souffle de vie, je donne toute herbe verte pour nourriture."
Il en fut ainsi.


1:31 Dieu vit alors tout ce qu'il avait fait : c'était très bon. Il y eut un soir et il y eut un matin : le sixième jour.

2:1 Ainsi furent achevés le ciel et la terre, et toute leur armée.

2:2 Le septième jour, Dieu avait achevé tout le travail qu'il avait fait ; le septième jour, il se reposa de tout le travail qu'il avait fait. »

Chers frères et soeurs,

« Jubilate ! » – jubilez, réjouissez-vous ! – est le nom que porte notre dimanche, parce que c’est là le premier mot de l’Introït pour ce jour (Ps 66.1).

Nous nous réjouissons de plein de choses dans notre vie. Il y a tant de choses pour lesquelles nous ne pourrons jamais assez remercier Dieu ! Cela peut être la paix, l’ordre et la démocratie dans notre pays, cela peut être le travail et le niveau de vie, cela peut être la santé ou la guérison, cela peut être la famille et la chaleur qui y règne entre ceux qui la composent, cela peut être l’invitation que le Seigneur nous fait chaque dimanche à le rencontrer au culte, sa Parole de grâce qui éclaire notre existence, son amour qui nous réchauffe le cœur.

Mais je vais m’arrêter là, sinon je ne pourrais, pour le temps que dure un sermon, que dresser une liste de bienfaits que nous devons à la bonté de Dieu.

Nous allons donc nous laisser guider par notre texte. Nous allons nous réjouir de ce que nous propose le texte à la base de notre sermon.

Il se trouve dans le livre des commencements, le livre de la Genèse, nom donné à ce Premier Livre de Moïse. Et nous allons plus particulièrement nous pencher sur l’histoire du premier des patriarches, et voir, à l’aide de ce premier homme,

ADAM
1
A quoi ressemble l’homme ?
2
A quoi ressemble Dieu ?



Nous allons découvrir que la réponse à ces deux questions ne sera réellement possible que si nous intégrons le second Adam, Jésus-Christ, dans notre réflexion et méditation.

***** 1 ******

A quoi l’homme ressemble-t-il ?

Penchons-nous d’abord sur Adam, le premier homme que Dieu ait créé. Quand on lit le récit de la création, il apparaît clairement que Dieu a créé notre univers en six jours :
le 1er jour : la lumière et les ténèbres (Gn 1.1-5) ;
le 2ème jour : le ciel (Gn 1.6-8) ;
le 3ème jour : la terre et la mer, ainsi que la végétation (Gn 1.9-13) ;
le 4ème jour : les astres, soleil et lune y compris (Gn 1.14-19) ;
le 5ème jour : les poissons, les animaux marins et les oiseaux (Gn 1.20-23) ;
le 6ème jour : les animaux terrestres (Gn 1.24-25), puis le premier couple, Adam et Eve (Gn 1.26-31).

Le deuxième chapitre du livre de la Genèse montre ensuite avec quel soin Dieu a créé les hommes, et, s’il ne les a créés qu’après avoir créé le reste, ils ne sont pas le fruit d’une évolution quelconque à partir des créatures précédentes, mais Dieu les a immédiatement créés « très bons » (Gn 1.31), parfaits : « il les créas à l’image de Dieu » (Gn 1.27).

Qu’est-ce que cela signifie ? Qu’avait-il en vue quand il a décidé : « Faisons les humains à notre image, selon notre ressemblance ! » ?

« Dieu est esprit » (Jn 4.24) et n’a pas de corps : ce n’est donc pas notre corps qui est fait « à la ressemblance » de Dieu. « L’image de Dieu » dans l’homme, il faut la chercher ailleurs que dans la ressemblance physique.

Le Nouveau Testament nous apprend que la sainteté, la connaissance et l’amour de l’homme étaient « à l’image » de la sainteté, de la connaissance et de l’amour de Dieu. Ils n’étaient pas identiques et du même niveau – seul Dieu est Dieu ; lui seul est, par ex., omniscient et sait tout – mais la sainteté, la connaissance et l’amour des premiers hommes correspondaient, étaient en phase avec la sainteté, la connaissance et l’amour de Dieu.

« Les humains » sont donc bien différents et distincts de toutes les autres créatures de Dieu, différents et distincts de ce que l’astronomie peut découvrir (les astres), différents et distincts de ce que la botanique peut étudier et énumérer (les espèces végétales), différents et distincts aussi de ce que la zoologie peut trouver et classer (les espèces animales).

Seuls nous, « les humains », avons reçu de Dieu ce « souffle de vie » (Gn 2.7), ce souffle divin appelé l’âme. Seuls nous, « les humains », avons été placés dans une aussi étroite relation et communion avec le divin Créateur.

Il faut le reconnaître : le Créateur nous a particulièrement bénis, nous, « les humains ». Il y a d’abord la bénédiction de la multiplication, selon ses dispositions : « Soyez féconds, multipliez-vous, remplissez la terre ! » (v. 28)

De deux personnes – Adam et Eve – l’humanité comptait mardi dernier (le 24 avril 2007) quelque 6 665 532 000 âmes, sans parler de ceux qui ont vécu durant le temps écoulé entre Adam et nous.

La seconde disposition que Dieu a prise pour nous, « les humains », il l’énonce ainsi :
« Soumettez-la [la terre]. Dominez sur les poissons de la mer, sur les oiseaux du ciel et sur tous les animaux qui fourmillent sur la terre. » (v. 28)

Dieu nous a confié la gestion de sa création et des autres créatures. Avons-nous vraiment conscience de l’honneur qu’il nous fait ainsi ? Gérants de sa création ! Il nous fait participer à son gouvernement du monde !

Cela ne nous donne-t-il pas le vertige ? Autant d’honneur, une telle responsabilité ne nous font-ils pas peur ?

Sans doute pas tout à fait sans raison. Nous connaissons suffisamment la nature humaine – et nous nous connaissons nous-mêmes !. Nous savons aussi comment l’humanité a géré la création, la nature et la morale.

Si les humains étaient restés fidèles à leur Créateur, tout aurait été parfait. Mais les humains ont voulu s’approprier exclusivement la direction des affaires et écarter Dieu de la gestion de la création. L’humanité a oublié deux choses : a) que c’est de Dieu qu’elle détient l’autorité sur le monde ; et b) que ce n’est qu’avec sa bénédiction et en plaçant sa foi en lui qu’elle peut réellement réussir à gérer le monde correctement.

Conséquence de cet oubli, de cette incrédulité : tout va plus ou moins sens dessus dessous dans le monde, et ceci dans tous les domaines de la vie. Certaines choses sont plutôt ratées (voyez les fermetures d’usine, la pollution de l’air, de l’eau et des terres, les injustices, les délits, les grèves, les guerres civiles et autres soubresauts qui font mal et angoissent. Et même là où les choses sont plutôt des réussites, rien n’est parfait.

Une fois l’humanité gangrenée par le péché, la gestion du monde qui, auparavant était parfaite, est devenue problématique.

La désobéissance des humains – faisant suite à la première désobéissance dans le jardin d’Eden – ne peut pas être bénie. D’où vient cette gestion imparfaite, parfois égoïste et injuste, voire dangereuse du monde ? C’est qu’on ne s’attelle pas à la gestion du monde avec humilité, respect et foi en Dieu et en ses dispositions, mais on se laisse dominer et pousser par l’envie de dominer les autres, le bon plaisir, ce qu’on croit être son intérêt.

Aussi « les humains » récoltent-ils la sueur, les larmes, les épines et … la mort.

Combien cela aurait pu être différent, si nous étions encore comme Adam du temps de notre texte, donc avant qu’il ne chute dans le péché et y entraîne tous ses descendants ! Ou si nous étions encore comme Jésus a été, lui que l’apôtre Paul donne comme figure symétriquement opposée à Adam, « le second Adam » en quelque sorte (voir Rm 5.15-21)

C’est qu’en Jésus, « le second Adam », nous voyons comment nous, « les humains », nous devrions être.

Jésus n’a pas échoué, comme Adam l’a fait, dans son obéissance parfaite envers Dieu : « il s'est abaissé lui-même en devenant obéissant jusqu'à la mort – la mort sur la
croix. » (Ph 2.8)

L’obéissance, voilà une des caractéristiques du peuple de Dieu. Qu’avait dit Jésus ? –
« Quiconque fait la volonté de Dieu, celui-là est mon frère, ma soeur et ma
mère. » (Mc 3.35)

Jésus n’a pas été fier et orgueilleux comme Adam ; il n’a pas insisté pour qu’on lui laisse la première place en tout, comme cela aurait été normal. Au contraire, il s’est humilié et s’est sacrifié pour nous.

Jésus nous a de nouveau obtenu la bénédiction qu’Adam avait fait perdre à l’humanité. La désobéissance d’Adam lui a attiré – à lui et à ses descendants – la mort physique et la damnation éternelle. Jésus, en expiant nos péchés, nous a réconciliés avec Dieu et nous a obtenu la bénédiction de Dieu à la place de sa malédiction.

Autrement dit : sans l’intervention et la médiation de Jésus-Christ, nous serions rejetés par Dieu et condamnés pour l’éternité. Grâce à l’expiation de nos péchés par Jésus-Christ, tous ceux qui se réfugient auprès de lui avec foi vivent ce miracle d’être aimés et acceptés par Dieu pour l’éternité.

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A quoi Dieu ressemble-t-il ?


Dire qu’avant la chute du premier couple – Adam et Eve – dans le péché, on pouvait voir
« l’image de Dieu » en eux ! « Dieu dit : "Faisons les humains à notre image, selon notre ressemblance, […]." – Dieu créa les humains à son image : il les créa à l'image de Dieu. » (v. 26a+27a)

C’est en cela que réside justement le caractère particulier, exceptionnel, des « humains » : il sont le summum de la création divine. Avant la chute de nos premiers parents dans le péché, leur sainteté était le reflet de la sainteté de Dieu. Leur amour du prochain était le reflet de l’amour de Dieu, lui qui « est l’amour » par excellence (1 Jn 4.8).

Et cette sainteté et cet amour que Dieu avait déposés dans l’être humain renvoient à la sainteté et à l’amour de Celui qui est leur Créateur hors pair.

Quant à « la domination » (v. 26b) ou autorité que Dieu a déléguée à l’homme sur sa création, elles montrent que Dieu est le Créateur souverain et tout-puissant de l’univers.

Là où Dieu fait aussi une forte impression sur nous, c’est « quand on le considère dans ses œuvres ». L’apôtre Paul écrit aux chrétiens de Rome : « Ce qui chez Dieu est invisible – sa puissance éternelle et sa divinité – se voit fort bien depuis la création du monde, quand l’intelligence le discerne dans ses ouvrages » (Rm 1.20)

Déjà aujourd’hui, l’immensément grand (les galaxies, par ex.) comme l’immensément petit (l’enchevêtrement de neurones dans notre cerveau, par ex.) nous impressionnent au plus haut point. Pourtant, depuis la chute de l’humanité dans le péché, tout cela ne fonctionne plus parfaitement. Le cerveau, par ex., connaît ses maladies, et partout ailleurs dans la création nous assistons à des ratés, voire à des catastrophes.

Mais tout cela était bien plus impressionnant dans sa perfection avant l’irruption du péché. Car, lisons-nous dans notre texte, lorsque Dieu eût achevé son œuvre magistrale de création et qu’il « vit tout ce qu'il avait fait, » son jugement infaillible fut : « c'était très bon » (v. 31), c’était excellent, c’était parfait !

Le caractère admirable de la création nous amène à admirer et à adorer la perfection et la grandeur insaisissable de celui qui l’a créée. Même aujourd’hui, encore, après que la création ait été détraquée par l’irruption du péché dans l’humanité, nous confessons, fort impressionnés, avec le psalmiste : « Le ciel raconte la gloire de Dieu, la voûte céleste dit l'oeuvre de ses mains ! » (Ps 19.)

Malheureusement, « l’image de Dieu » n’est plus visible sans plus en l’être humain. Parfois on voit même tout le contraire. Nous ne pouvons plus dire sans prendre énormément de précautions : « Voyez l’être humain, et vous pourrez en tirer des conclusions quant à son Créateur ! » Nous ne le pouvons plus aussi facilement, parce que le péché a détérioré, dépravé et défiguré « l’image de Dieu » en l’homme.

Et ce qui est terrible en tout cela, c’est que le péché de l’être humain amène les humains à avoir des doutes quant à la bonté et à la volonté de leur Créateur. On impute au Créateur le comportement pécheur des créatures. On impute au Créateur les dérèglements de la nature, qui est pourtant une conséquence du dérèglement pécheur de l’être humain.

N’avez-vous jamais entendu dire : « Mais que fait Dieu ? Comment peut-il permettre cela ? Pourquoi n’intervient-il pas ? Est-il seulement capable de venir en aide ? Cela ne lui fait-il rien de voir comment vont les choses sur terre ? »

C’est facile de se défausser sur un autre. Cela permet de ne pas avoir à se voir tel qu’on est. Il est plus confortable de rejeter la faute sur un autre, y compris sur Dieu. C’est d’ailleurs ce que le diable a réussi à faire avec ses tentations auprès d’Eve dans le jardin d’Eden. Il a réussi à faire douter Eve de la bonté de Dieu. Il a réussi à lui faire croire que Dieu la trompait. Il a semé le doute avec des questions du genre : « Dieu est-il vraiment ce qu’il affirme être ? » (voir Gn 3.1-6) Et Eve, puis Adam, sont tombés dans le panneau et nous ont tous entraînés derrière eux dans le péché et la perte.

Heureusement qu’il y en a un – un autre ! – qui donne une meilleure image de Dieu que ce que nous, créatures pécheresses et imparfaites, nous lui donnons. Heureusement que Dieu a suscité « un deuxième Adam » ou « anti-Adam » : Jésus-Christ.

Lui, Jésus, nous montre vraiment qui est Dieu et comment il est. Un jour, « Philippe dit à Jésus : "Seigneur, montre-nous le Père, et cela nous suffit." – Jésus lui dit : "Il y a si longtemps que je suis avec vous et tu ne me connais pas, Philippe ? Celui qui m'a vu a vu le Père." » (Jn 14.8-9)

Bien évidemment ! N’est-il pas Dieu devenu homme ? N’est-il pas « Immanu-El, ce qui se traduit : Dieu avec nous » ? (Mt 1.23)

Rien ne peut mieux nous donner à connaître Dieu et ses sentiments à notre égard que la venue de Jésus parmi nous. L’abaissement du Fils de Dieu éternel et tout-puissant au rang de simple mortel montre l’intérêt que Dieu a pour nous et jusqu’où il est prêt à aller pour nous sauver.

Jésus a expié nos péchés en se sacrifiant à notre place ; il a enduré les souffrances de l’enfer à notre place pour nous les éviter : tout cela montre l’infinie profondeur et grandeur de l’amour de Dieu envers nous, un « amour qui surpasse toute connaissance » (Ep 3.18-19), il est si grand qu’on n’arrive pas à le saisir dans toute sa profondeur.

Voilà notre Dieu ! « Dieu est amour » (1 Jn 4.8) Quant à nous, nous sommes « aimés de Dieu » (Rm 1.7 ; 1 Th 1.4 ; Jd 1.1), ne l’oublions pas non plus.

Cela nous le devons au « deuxième Adam », Jésus-Christ, qui a réparé les dégâts causés par le premier Adam.

Jésus nous a fait connaître Dieu tel qu’il est. Grâce à lui nous sommes de nouveau entourés, protégés et conduits par l’amour et la sagesse prévenante de Dieu.

Dans une certaine mesure, il a rétabli « l’image de Dieu » en nous, les croyants : nous connaissons de nouveau Dieu et plaçons notre foi en lui, nous aimons de nouveau Dieu, et la sainteté du Christ recouvre notre péché.

Certes, ici-bas nous resterons imparfaits, mais dans l’éternité « l’image de Dieu » sera de nouveau entièrement rétablie en nous, et rien ne pourra plus nous la corrompre ou la détruire.


Amen.


Jean Thiébaut Haesssig, pasteur

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