lundi 24 novembre 2008

Sermon du dimanche 23 novembre 2008 -Dernier dimanche après la Trinité

Texte : 2 Pierre 3.3-14

3 « Sachez avant tout que dans les derniers jours viendront des moqueurs pleins de raillerie. Ces hommes vivront en suivant leurs propres désirs
4 et diront : "Où est la promesse de son retour ? En effet, depuis que nos ancêtres sont morts, tout reste dans le même état qu'au début de la création."
5 De fait, ils veulent ignorer que des cieux ont existé autrefois par la parole de Dieu, ainsi qu'une terre tirée des eaux et au milieu d'elles.
6 Ils oublient volontairement que le monde d'alors a disparu de la même manière, submergé par l'eau.
7 Or, par la parole de Dieu, le ciel et la terre actuels sont gardés pour le feu, réservés pour le jour du jugement et de la perdition des hommes impies.
8 Mais s'il y a une chose, bien-aimés, que vous ne devez pas oublier, c'est qu'aux yeux du Seigneur un jour est comme 1000 ans et 1000 ans sont comme un jour.
9 Le Seigneur ne tarde pas dans l'accomplissement de la promesse, comme certains le pensent ; au contraire, il fait preuve de patience envers nous, voulant qu'aucun ne périsse mais que tous parviennent à la repentance.
10 Le jour du Seigneur viendra comme un voleur [dans la nuit]. Ce jour-là, le ciel disparaîtra avec fracas, les éléments embrasés se désagrégeront et la terre avec les oeuvres qu'elle contient sera brûlée.
11 Puisque tout notre monde doit être dissous, combien votre conduite et votre piété doivent-elles être saintes !
12 Attendez et hâtez la venue du jour de Dieu, jour où le ciel enflammé se désagrégera et où les éléments embrasés se fondront.
13 Mais nous attendons, conformément à sa promesse, un nouveau ciel et une nouvelle terre où la justice habitera.
14 C’est pourquoi, bien-aimés, dans cette attente, faites tous vos efforts pour qu’il vous trouve sans tache et irréprochables dans la paix. »

Chers frères et sœurs en Christ,
« qui attendez, conformément à sa promesse,
un nouveau ciel et une nouvelle terre » !

Une des promesses les plus grandioses de tous les temps, notre Seigneur l’a faite la veille de sa crucifixion, dans la salle où il a institué la Sainte Cène.
Il venait de célébrer pour la dernière fois le repas de la Pâque juive avec les douze. Judas, l’un d’entre eux, les avait déjà quittés. Jésus avait déjà indiqué que « son heure était venue de passer de ce monde au Père » (Jn 13.1).

L’ambiance était lourde dans la salle. Des questions travaillaient les disciples ; et ils n’en connaissaient pas les réponses. Qu’allaient-ils devenir, eux ? Qu’en était-il de leurs attentes, de leurs espérances ? Que devaient-ils faire une fois que leur Maître ne sera plus avec eux de façon visible pour les enseigner, pour les conduire et les diriger ?

Pour les rassurer, Jésus leur avait dit : « Il y a beaucoup de demeures dans la maison de mon Père. Si ce n'était pas le cas, je vous l'aurais dit. Je vais vous préparer une place. Et puisque je vais vous préparer une place, je reviendrai et je vous prendrai avec moi afin que, là où je suis, vous y soyez aussi. » (Jn 14.2-3)
Cette promesse de revenir, notre Seigneur la répète et la réitère toujours à nouveau à travers tout le Nouveau Testament. Même les anges l’ont annoncée lors de son ascension. Et, bien entendu, cette promesse revient souvent dans la prédication et dans les écrits des apôtres. Et Pierre n’est pas en reste.

Justement, dans notre texte il nous annonce :

LE SEIGNEUR REVIENDRA

1. Certes, « les moqueurs » rient.
2. Mais Dieu est clair à ce sujet.
3. Et nous, les croyants, nous vivons dans cette heureuse assurance.

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« Les moqueurs » rient quand nous parlons du retour de notre Seigneur et Sauveur, de son retour et de la fin de ce monde auquel ils s’accrochent tant, de ce monde qu’ils se sont soumis et rendu confortable, agréable.
Il faut être juste : tous les incroyants ne se moquent pas à l’idée d’une fin du monde. L’annonce d’une fin du monde n’est plus l’apanage du message chrétien. L’homme moderne a développé des sciences et des techniques qui, si elles ne sont rigoureusement canalisées, mettent la vie et le monde en péril. Et cela fait peur. Cela avait commencé avec la guerre froide qui a provoqué ces mouvement de masse pacifistes : on avait peur que l’une ou l’autre des superpuissances ne déclenche le cataclysme final.

Maintenant, ce danger s’est déplacé vers d’autres pays, et l’ONU fait tout pour pouvoir contrôler ce danger.

Entre-temps, ce sont des techniques en elles-mêmes pacifiques qui donnent froid dans le dos : la pollution de l’air, de la terre et des mers. Là aussi, on entend des savants parler de destructions irréversibles – des forêts, des nappes phréatiques, de la couche d’ozone, d’extinction d’espèces, d’alimentation gangrenée par les produits chimiques, de réchauffement climatique. Et les gens ont peur.

Et l’on dit que le soleil lui-même ne peut pas brûler éternellement sans se consumer lentement.
Non tout le monde n’est pas « plein de raillerie » (v. 3) quand on parle de fin du monde. Mais dès qu’on dit que c’est Dieu – et non pas les hommes – qui déclenchera cette fin, du coup, même ces anxieux se rangent de nouveau du côté des « moqueurs ». Ils se moquent de nous quand nous affirmons que cela se passera comme le Créateur nous le révèle lui-même dans sa Parole. Par exemple ici : « Le ciel disparaîtra avec fracas, les éléments embrasés se désagrégeront et la terre avec les oeuvres qu'elle contient sera brûlée. » (v. 10)

Les incroyants, par définition, ne croient pas en Dieu. Ils ne raisonnent que par rapport à ce qu’ils voient – y compris grâce à la science –, ce qu’ils peuvent accomplir, empêcher ou par rapport au mal qu’ils peuvent commettre. Et selon le cas, cela remplit le cœur des incroyants d’espoir, d’attentes ou de peur.

Qu’il y a un Dieu qui a aussi son mot à dire, cette vérité, la plupart des gens autour de nous la rejettent. Que c’est Dieu qui a « fixé les règles au ciel et à la terre » (Jé 33.25), mais qui a aussi « fixé un jour où il jugera le monde » (Ac 17.31), cela les fait sinon tous rire, du moins sourire avec condescendance : « Que ces chrétiens sont naïfs ! »

« Il n’y a rien de nouveau sous le soleil » (Ec 1.9) : Au fond, les moqueurs d’aujourd’hui sont pareils à ceux d’hier. Pierre les met tous dans le même sac quand il les décrit ainsi : « Sachez avant tout que dans les derniers jours viendront des moqueurs pleins de raillerie. Ces hommes vivront en suivant leurs propres désirs et diront : "Où est la promesse de son retour ?" » (v. 3-4)

« Dieu aurait eu assez de temps durant les deux derniers millénaires pour venir et mettre fin aux malheurs de ce monde ! Non, le monde poursuit sa course, et aucun dieu n’y changera quoi que ce soit. Certes, nous, les humains, nous nous sommes toujours davantage « soumis » la terre (Gn 1.28) ; au fur et à mesure des siècles nous l’avons pas mal aménagée, rendu la vie plus confortable ; le niveau de vie a augmenté ; mais en ce qui concerne l’univers, la nature et les lois de la nature, "tout reste dans le même état qu'au début de la création." (v. 4) »

Pierre nous rappelle : Une scène analogue s’est déjà produite dans le temps. Les gens se sont moqués à l’annonce du jugement de Dieu, et ils se sont moqués de ceux qui croyaient à cette annonce. C’était au temps de Noé. Nous connaissons la suite : « Le monde d'alors a disparu […], submergé par l'eau. » (v. 6)

Les moqueurs se moquent parce que, curieusement, ils voudraient d’abord vivre une espèce de répétition générale. Et comme il n’y en a jamais eu (comme s’il pouvait y avoir une répétition générale de la destruction du monde !), ils pensent que cela n’aura pas non plus lieu plus tard.
Mais que « le Seigneur tarde » (v.9) avec sa venue, qu’il n’ait pas encore détruit ce monde ne signifie aucunement qu’il ne le fera jamais. Les moqueurs vont se retrouver bien penauds – en fait, atterrés – lorsque le Seigneur viendra mettre fin à ce monde.

Il n’y a rien de plus insensé que se mettre avec « les moqueurs », car

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Dieu annonce le retour du Christ de façon on ne peut plus catégorique.

Cela, il le fait aussi par la plume de Pierre dans notre texte. Et ce que Dieu promet, il le tient : l’histoire du Déluge (Gn 6-7) est là pour nous le rappeler. « La parole de l'Eternel est droite et toute son oeuvre s'accomplit avec fidélité » (Ps 33.4), quoi que cela lui coûte, et heureusement pour nous : ainsi, il a tenu parole pour nous sauver, même si cela lui a coûté ce qu’il avait de plus cher, son Fils.

Mais son annonce de la fin du monde, il la tiendra aussi, … envers et contre toutes les « railleries ».
D’ailleurs, l’argumentation des incroyants ne tient pas. Ce n’est pas vrai que « tout reste dans le même état qu'au début de la création » (v. 4) « Des cieux ont existé autrefois par la parole de Dieu, ainsi qu'une terre tirée des eaux et au milieu d'elles. » (v. 5). Dieu a créé le monde « par sa Parole » puissante (Hé 11.3) – et sans répétition générale préalable (il n’en a pas besoin, lui, le Dieu tout-puissant et parfait).

Et par cette même Parole puissante – et là aussi sans répétition générale – il a envoyé les flots dévastateurs du Déluge sur la terre. Quand on compare les récits bibliques d’avant et d’après le déluge, on ne peut qu’admettre que bien des choses ont changé : la longévité des gens, et le régime alimentaire : de végétariens l’humanité est devenue omnivore.
Avec le retour du Christ pour le Jugement Dernier, les transformations seront infiniment plus radicales : de mortels nous passerons éternels, et notre « corps humilié » par tant de souffrances dans cette vie deviendra « corps glorieux » semblable à celui du Christ ressuscité (Ph 3.21). « Par la parole de Dieu, le ciel et la terre actuels sont gardés pour le feu, réservés pour le jour du jugement et de la perdition des hommes impies. » (v. 7).

Non, « Dieu ne tarde pas », Dieu n’a pas oublié son annonce. Que sont quelques siècles, même quelques millénaires, pour l’Eternel ? Il n’est pas, comme nous, victime du temps qui s’écoule. Il est le Créateur du temps, il se situe en-dehors du temps, bien qu’intervenant dans notre temps. « Il y a une chose, bien-aimés, que vous ne devez pas oublier, c'est qu'aux yeux du Seigneur un jour est comme 1000 ans et 1000 ans sont comme un jour. » (v. 8)

Et de toute manière, « aux yeux du Seigneur » nous nous trouvons déjà dans les derniers temps depuis la mort, la résurrection et l’ascension de son Fils, depuis qu’il nous a envoyé du ciel le Saint-Esprit comme « Défenseur » ou « Consolateur » (Jn 15.26)

Aussi soyons prêts ! Jésus « viendra » de façon finalement aussi inattendue qu’un « voleur dans la nuit. Ce jour-là, le ciel disparaîtra avec fracas, les éléments embrasés se désagrégeront et la terre avec les oeuvres qu'elle contient sera brûlée. » (v. 10)

Comment réagissons-nous, nous, les croyants, à cette brûlante prophétie de Dieu ? – Nous ne doutons pas un instant que Dieu mettra un jour fin à ce monde. Sans doute y a-t-il un petit pincement à l’idée de ce qui pourrait nous tomber dessus à ce moment, mais cela ne nous paralyse pas de terreur :

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Nous vivons dans l’heureuse attente de notre Seigneur.

Cette attente, parée de certitude, imprègne notre foi, notre espérance et notre vie.
Ce ne sont pas les événements terribles – « le jugement et la perdition des impies », le cataclysme apocalyptique de la « dissolution » de ce monde (v. 11) – qui nous rendent heureux : ce serait là de la morbidité perverse. Non, c’est ce qui vient après qui nous remplit de nostalgie et de bonheur.
A la place du monde « désagrégé » et « disparu » (v. 10), le Seigneur établira « un nouveau ciel et une nouvelle terre où la justice habitera. » (v. 13) C’est là ce que le Seigneur nous promet. Voilà ce qui nous attend !

C’est vers cette existence sans péché, sans injustice ni méchanceté, même sans souffrances ni mort, que nous tendons. Voilà ce que « nous attendons, conformément à sa promesse ». Et là, « nous serons toujours avec le Seigneur » (1 Th 4.17). Nous jouirons éternellement de sa merveilleuse présence.

Mais que faire en attendant ? Comment nous comporter « dans cette attente » (v. 14) ? Pierre ne nous en demande-t-il pas un peu trop ? « Dans cette attente, » écrit-il, « faites tous vos efforts pour qu’il vous trouve sans tache et irréprochables dans la paix. »

« Que ceux qui sont "sans tache et irréprochables" se lèvent ! » … Si vous pensez à votre propre comportement, à vos mérites propres, vous avez raison de rester tous assis – et moi je devrais aussi m’asseoir avec vous.

Mais Pierre sait cela. S’il nous invite à veiller à « nous trouver sans tache et irréprochables dans la paix », c’est que c’est réellement possible ! Tout simplement – si je puis dire – en recevant par la foi la justice et la sainteté parfaites de Jésus-Christ, notre Sauveur. Pierre nous encourage, nous exhorte ici à veiller à demeurer dans la foi en Christ, car alors Dieu nous considère « sans tache et irréprochable » comme son Fils bien-aimé, notre divin Substitut. Et tout croyant se trouve dans cette situation de rêve. Non, ce n’est pas un rêve, c’est la réalité devant Dieu.

Pensez maintenant à votre situation de croyants, de pécheurs recouverts par la justice du Christ, pensez à votre état de pécheurs graciés, pardonnés et justifiés par la foi en Jésus-Christ. Si je vous interpelle donc une seconde fois : « Que ceux qui sont "sans tache et irréprochables" se lèvent ! » Oui, vous pouvez tranquillement – non, même avec joie ! – vous lever et confesser votre état de « revêtus de Christ » (Ga 3.27) et de sa sainteté. Grâce à quoi Dieu est réconcilié avec vous, « en paix » avec vous.
C’est vraiment, là, un état miraculeux pour nous, d’abord parce que nous ne l’avons pas mérité, ensuite parce que son caractère merveilleux dépasse tout entendement. Et cela n’aurait pas d’effet sur notre temps « d’attente » des « nouveaux cieux » et de la « nouvelle terre où la justice habitera » ?
Evidemment que cela en a ! Comme l’indique l’apôtre Pierre, « nous faisons tous nos efforts » pour qu’au « Jour du Seigneur » celui-ci « nous trouve sans tache et irréprochables dans la paix ». Il faut donc, pour cela, que nous persévérions à croire en lui comme à notre seul Sauveur.
Mais cela dépend-il de « nos efforts » ? Je croyais que « je ne puis, par ma raison et mes propres forces, croire en Jésus-Christ mon Seigneur ni aller à lui », comme nous l’avons appris de Luther dans son catéchisme ?

C’est vrai. « C’est le Saint-Esprit qui m’a appelé par l’Evangile, éclairé de ses dons, sanctifié et maintenu dans la vraie foi. » Mais sachant cela, sachant que seul le Saint-Esprit peut me maintenir par l’Evangile dans cet état de miraculé où je n’ai pas à craindre le Jour du Jugement Dernier, où je n’ai pas à craindre de me retrouver face à Dieu, je vais « porter mes efforts » pour rester au contact de l’Evangile, au contact de l’action sanctifiante du Saint-Esprit.
Vous rendez-vous compte ? En fait, non, nous ne le pouvons pas vraiment, car nous n’avons pas d’éléments de comparaison. Mais quand même ! Il suffit de tout grossir à l’infini de ce qu’on peut connaître comme catastrophes naturelles.

Donc, vous rendez-vous compte ? Au milieu des déflagrations, au milieu des « éléments embrasés » et de leur « désagrégation », au milieu du « fracas » dans lequel « la terre disparaîtra », nous serons « en paix », en paix avec celui qui dirige les opérations finales, en paix parce qu’il a fait le nécessaire pour que les croyants n’aient pas à craindre cette fin du monde, en paix, parce qu’il nous a « promis » « un nouveau ciel et une nouvelle terre où la justice habitera ».
Aussi « faisons nos efforts » maintenant, pour vivre notre temps d’« attente » « dans une repentance et une foi de tous les jours » ! Et invitons les autres à en faire de même. « Voici maintenant le moment favorable, voici maintenant le jour du salut ! » (2 Co 6.2) insiste Paul avec force.

Quant à Pierre, il rappelle ici : « Le Seigneur […] fait preuve de patience envers nous, voulant qu'aucun ne périsse mais que tous parviennent à la repentance. » (v. 9). Le Seigneur prolonge encore son temps de grâce, parce qu’il veut donner à d’autres aussi l’occasion de se repentir et de se tourner avec foi vers lui pour pouvoir attendre son retour dans la paix.
La ville de Pompéi, près de Naples en Italie, a été détruite et complètement recouverte par la lave et les cendres du Vésuve en 79 après Jésus-Christ. Sa population se retrouva en grande partie prise sous les décombres. Lorsqu’au 17ème, et surtout au 18ème siècle, on redécouvrit la ville et procéda aux fouilles, on découvrit les gens dans toutes les positions possibles : certains dans les rues, surpris durant leur fuite ; d’autres tapis dans un coin où ils se croyaient à l’abri. Par contre, la sentinelle romaine se tenait toujours bien droite, debout, à la porte de la ville, là où son officier l’avait placée. Elle tenait toujours sa lance à la main.

Voilà comment le Seigneur veut nous trouver à son retour : en train de veiller, « dans l’attente » de sa venue, prêts à tout moment, repentants et croyants, recouverts de sa justice par la foi.
Nous aurions de quoi craindre sa venue, car lequel d’entre nous voudrait affirmer qu’il ne mérite pas d’être damné et rejeté pour l’éternité ? Lequel d’entre nous aurait l’outrecuidance d’affirmer qu’il mérite « le ciel nouveau » ?

Mais celui qui va venir, il a déjà été là, et à l’époque, il a fait le nécessaire pour que, maintenant, nous puissions attendre « le nouveau ciel et la nouvelle terre » « dans la paix » et la joie.

Amen.

Jean Thiébaut Haessig


Chants proposés :

Toi qui disposes De toutes choses AeC 631 : 1-3
A Dieu seul j’abandonne AeC 634 : 1-4
Il est, pour le fidèle, au-delà du tombeau AeC 640 : 1-4
Quand vint le jour AeC 586 : 1-4

lundi 17 novembre 2008

Sermon du dimanche 16 novembre 2008 - Avant dernier dimanche après la Trinité

Chants proposés :

Pour nous, bientôt, luira l’aurore LlS 304 : 1-4
Consolez vos cœurs qui pleurent LlS 323 : 1-3
Messagers de bonnes nouvelles LlS 185 : 1-5
ou :
Quand le soir descend AeC 609 : 1-4
Reste avec nous, Seigneur, le jour décline AeC 638 : 1-4
A Dieu seul j’abandonne AeC 634 : 1-4
(Toi qui disposes de toutes choses AeC 631 : 1-3)


1 Th 3.7-13

7 « C'est pourquoi, frères et soeurs, dans nos angoisses et nos épreuves, nous avons été encouragés à votre sujet par votre foi ;
8 En effet, maintenant nous vivons, puisque vous tenez ferme dans le Seigneur.
9 Comment exprimer en retour toute notre reconnaissance à Dieu à votre sujet pour toute la joie que nous éprouvons à cause de vous devant notre Dieu ?
10 Nuit et jour, nous le prions avec beaucoup d'insistance de nous permettre de vous revoir et de compléter ce qui manque à votre foi.
11 Que Dieu lui-même, notre Père, et notre Seigneur Jésus[-Christ] dirigent notre parcours jusque chez vous !
12 Que le Seigneur fasse grandir et déborder l'amour que vous avez les uns pour les autres et pour tous les hommes, à l'exemple de celui que nous avons pour vous !
13 Qu'il affermisse ainsi votre coeur pour qu'il soit irréprochable dans la sainteté devant Dieu notre Père, lors du retour de notre Seigneur Jésus avec tous ses saints ! »


Chers frères et sœurs
confiés à mon ministère pastoral
sur le chemin de l’éternité,

Cette semaine, j’ai été empêché de consacrer suffisamment de temps à la rédaction d’un nouveau sermon. La formation des diacres et la préparation de leur examen final, les suites des réunions des jours passés, qu’elles aient été synodales ou régionales, et finalement le montage financier de trois dossiers missionnaires à finaliser avant vendredi (Niort en Poitou, Troyes en Champagne et Chinatown à … Paris), les trois groupes d’études bibliques et l’instruction des confirmands, tout cela ne m’a pas laissé le choix.
J’ai donc regardé dans ma réserve d’anciens sermons pour l’avant-dernier dimanche après la Trinité. Et là, encore une fois je n’avais pas le choix : le seul sermon écrit en français pour ce jour avant que je ne vienne parmi vous, c’est ce sermon sur ce texte de Paul.

Je me rappelle : déjà à l’époque, j’avais eu comme un mouvement d’étonnement et d’hésitation quand j’ai découvert le texte biblique que la série que je suivais cette année-là proposait à la prédication.
L’étonnement et le mouvement d’hésitation, ils sont provoqués par le sujet que l’apôtre développe sur l’arrière-plan du Jugement Dernier. C’est un sujet que, personnellement, je n’aime pas tant aborder, je préfère que d’autres le fassent. Tenez ! j’aimerais autant qu’exceptionnellement le président du conseiller presbytéral prêche là-dessus. – Valdo, tu veux venir ? …

Comme quoi il est bon qu’un pasteur ne soit pas entièrement libre de choisir ses textes de sermon, sinon il éviterait certains sujets. La coutume voulant qu’un pasteur suive une série fixe de textes appelés péricopes doit éviter qu’il ne prêche que sur des thèmes qu’il aime et se taise sur d’autres sujets un peu délicats.
Et bien voilà, je me jette à l’eau. Notre texte répond à la question :

QU’EST-CE QUI REND VOTRE PASTEUR HEUREUX ?

Il y a, certes, un tas de choses qui le rendent ou le rendraient heureux, comme vous aussi : plus de temps à consacrer à son épouse, à ses enfants et petits-enfants, davantage de moyens financiers, une vie sans problèmes, de bons amis, une santé à toute épreuve.
Vos vœux ne vont-ils pas aussi dans ce sens ? Nous pouvons, d’ailleurs, porter ces vœux dans la prière devant notre bon Père céleste. Notre bonheur sur terre ne lui est pas indifférent.
Ce qu’il faut savoir, cependant, c’est qu’il a souvent d’autres priorités que nous et qu’il nous faut aussi prier de nous donner l’humilité et la confiance pour nous ranger à ses priorités à lui.
Ces priorités se sentent aussi dans la réponse de notre texte à la question :

QU’EST-CE QUI REND VOTRE PASTEUR HEUREUX ?

Notre texte donne une triple réponse à cette question :

1. Votre foi de membres de l’Eglise rend le pasteur heureux.
2. Quand il peut vous apporter ce qui manque à votre joie, cela le rend heureux.
3. Lorsqu’il peut se rendre compte que vous êtes prêts pour le Retour du Christ.

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Votre foi en Jésus-Christ rend votre pasteur heureux.

Paul écrit : « Frères et soeurs, dans nos angoisses et nos épreuves, nous avons été encouragés à votre sujet par votre foi ; […] Comment exprimer en retour toute notre reconnaissance à Dieu à votre sujet pour toute la joie que nous éprouvons à cause de vous devant notre Dieu ? » (v. 7+9)
Tout apôtre qu’il était, Paul n’a pas connu un ministère sans problème. Il parle même d’« angoisses » et d’« épreuves ». Il ne vivait pas sur une autre planète. Il avait, comme vos pasteurs, à lutter contre son vieil homme dans une repentance et une foi de tous les jours.
Enfin, Satan voyait son ministère apostolique autant d’un mauvais œil que le ministère de vos pasteurs. Aussi, comme le dit Paul juste avant notre texte (1 Th 2.18), « Satan empêche » souvent vos pasteurs d’accomplir leur ministère comme ceux-ci le voudraient … ou le devraient.

Quelle joie alors pour Paul, retenu et immobilisé à Athènes, de recevoir par Timothée « de bonnes nouvelles de leur foi et de leur amour » (1 Th 3.6), d’apprendre que les Thessaloniciens, même privés de leur apôtre, « tiennent fermes dans [leur foi au] Seigneur » (v. 8) !

Voyez-vous : comme Paul, vos pasteurs vivent aussi parfois « dans la crainte que le tentateur ne vous ai tentés et que nous n’ayons travaillé pour rien » (1 Th 3.5). C’est qu’il est rusé, Satan : il manque ni de patience ni d’imagination pour tendre ses filets et nous détourner d’une vie faite de repentance et de foi.

Chaque fois que vos pasteurs se rendent compte que vous avez su esquiver les tentations de Satan pour « tenir fermes dans [votre foi au] Seigneur, » vos bergers sont remplis de joie et louent Dieu de ce que le loup n’ait pas réussi à leur ravir une des brebis du troupeau que le Seigneur leur a confiées.

Quelle joie pour un berger, que de voir que ses brebis le suivent et restent avides des pâturages évangéliques sur lesquels il les mène : la Parole et les sacrements. Tant qu’ils ont faim et soif de cette nourriture céleste, ils reçoivent, par la foi en Jésus, le pardon, la vie et le salut.

Ainsi, les bergers peuvent se réjouir de ce que leur ministère porte du fruit pour la vie éternelle.
Mais il y a autre chose qui réjouit un pasteur. C’est – pour parler avec Paul dans notre texte – lorsqu’il peut « compléter ce qui manque à votre foi » (v. 10),

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Pouvoir vous apporter ce qui manque à votre joie,
lorsque vous lui donnez l’occasion,
lorsque vous le laissez augmenter
votre foi en Jésus-Christ.
cela aussi rend votre pasteur heureux.

Nous savons – et c’est heureux pour nous ! – que « celui qui croit au Fils a la vie éternelle » (Jn 3.36), et ceci quelle que soit la solidité de sa foi. Quel serait notre sort si Dieu disait : « Vous serez sauvés si votre foi est aussi grande et aussi forte que celle de la femme syro-phénicienne (cananéenne) ! » (Mt 15.21-28) ? Non, rendons grâces à Dieu : il nous pardonne et nous accepte quelle que soit la solidité de notre foi en son Fils.
Tout croyant, tout pécheur qui sait que son salut dépend du Christ seul, aura cependant à cœur de « grandir » (v. 12) dans la connaissance et dans la foi de ce Sauveur merveilleux.

Ce n’est pas sans raison que les apôtres, inspirés par le Saint-Esprit, insistent tant pour que nous veillions à « grandir » dans la foi en Jésus-Christ.
Certes, nous sommes graciés, pardonnés et acceptés par Dieu si nous plaçons notre foi dans l’œuvre salutaire de son Fils, même si notre foi en son Fils est faible.

Il n’en demeure pas moins qu’il est plus facile de « tenir ferme », de résister aux tentations du diable, du monde et de nos propres tendances pécheresses, si notre foi est plus « ferme », plus ancrée dans les vérités évangéliques.
C’est aussi pour cela – pour augmenter votre foi en Jésus – que Dieu vous donne des pasteurs. Par leur prédication, par leur instruction, par leur cure d’âme, ils remplissent cette mission divine : rendre votre foi plus ferme, plus forte en Christ.

Aussi, toutes les occasions que vous donnez à votre pasteur de vous apporter l’Evangile le réjouissent. Ce n’est pas pour une raison égoïste qu’il se réjouit quand son Eglise est pleine, que les études bibliques ou autres activités sont bien fréquentées, mais parce qu’ainsi il a l’occasion de mieux vous conduire sur le chemin de la vie, de mieux vous amener à la maturité dans la foi.

Et c’est pour la même raison qu’il est attristé lorsque des brebis de son troupeau manquent au culte sans raison, à l’étude biblique, etc. Il ne peut alors guère leur être d’un grand secours pour affermir leur foi.
Un pasteur se réjouit aussi de voir ses paroissiens rassemblés autour de la Parole et des sacrements, parce que cela témoigne d’une certaine maturité de ses paroissiens. Ceux-ci montrent ainsi qu’ils savent où sont les vraies priorités, qu’ils savent que « l’homme ne vit pas de pain seulement, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu » (Mt 4.4), de la bouche du Christ et de ses messagers.

Les paroissiens montrent ainsi qu’ils prennent au sérieux les rendez-vous que Dieu leur donne pour les instruire, les corriger, les exhorter, les affermir, les apaiser, les réjouir et les réconforter dans leur vie avec Dieu.
Voilà les situations dans lesquelles vos pasteurs peuvent « compléter ce qui manque à votre foi », travailler et affermir votre communion de foi avec Christ. C’est ce que Paul se propose de faire lorsqu’il pourra revenir à Thessalonique, et il s’en réjouit déjà à l’avance. Il sait qu’ainsi il les préparera à rencontrer leur Seigneur et Sauveur au Jour du Jugement Dernier.

C’est d’ailleurs là le troisième sujet de joie pour un pasteur :

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Pouvoir se rendre compte que vous êtes prêts pour le Retour de Christ,
rend votre pasteur heureux.

Paul écrit : « Que le Seigneur […] affermisse ainsi votre coeur pour qu'il soit irréprochable dans la sainteté devant Dieu notre Père, lors du retour de notre Seigneur Jésus avec tous ses saints ! » (v. 12-13)

Ce qui réjouira un pasteur au Jour du Jugement Dernier, c’est de voir ses anciens paroissiens avec lui à la droite du divin Juge, de les voir, là, « irréprochables dans la sainteté […] avec tous les saints ! » de Dieu.
Les joies du ministère pastoral dont parle ici l’apôtre Paul sont des joies en étroite liaison avec la joie du Jugement Dernier. je m’explique :

Si votre pasteur se réjouit de votre foi en Jésus-Christ, c’est qu’il sait qu’en plaçant votre foi en lui et en son œuvre d’expiation, vos péchés vous sont pardonnés et recouverts par sa sainteté. Aux yeux de Dieu – pour l’amour du Christ qui s’est substitué à vous – vous qui croyez en Jésus, vous êtes reconnus « saints » comme Jésus.
Cette grâce divine réjouit votre berger. Grâce à elle vous êtes maintenant – et serez « irréprochable dans la sainteté devant Dieu notre Père, lors du retour de notre Seigneur Jésus ».

Pour que vos péchés demeurent ainsi pardonnés et recouverts par « la sainteté » de Jésus jusqu’à son « retour » en gloire, il faut « que le Seigneur [lui-même] affermisse ainsi votre coeur » dans la foi. Et cela, il le fait essentiellement par le ministère de votre pasteur, non pas par la personne du pasteur, mais par la Parole divine que celui-ci vous annonce, par les sacrements divins qu’il administre sur son ordre parmi vous.

Cultes, études bibliques, réunions des jeunes, instruction catéchétique et cure d’âme se tiennent dans cette perspective d’éternité : permettre au Saint-Esprit de vous maintenir et de vous affermir dans une foi toujours plus mûre et plus forte pour que vous soyez « irréprochable dans la sainteté devant Dieu notre Père, lors du retour de notre Seigneur Jésus ».

Pour résumer, voici donc ce qui rend votre pasteur heureux :

1. lorsque vous croyez en Jésus-Christ, le Sauveur,
2. lorsque vous me permettez de vous servir la nourriture spirituelle de l’Evangile,
3. lorsque vous êtes préparés à rencontrer le divin Juge.

Mais cela ne vous remplit-il pas, vous aussi, de joie ? Ne partageons-nous pas la même joie ?

Amen.

Jean Thiébaut Haessig

mercredi 12 novembre 2008

Sermon du 9 novembre 2008 ANTEPENULTIEME DIMANCHE APRES LA TRINITE


Chants proposés :

Bientôt, pour juger l’univers, J.-C. va paraître LlS 319 : 1-4
Bientôt, pour juger l’univers, J.-C. va paraître LlS 319 : 5-7
La mort est inévitable LlS 326 : 3-6
Texte: 1 Th 5.1-11

1 « Pour ce qui est des temps et des moments, vous n'avez pas besoin, frères, qu'on vous en écrive
2 Car vous savez bien vous-mêmes que le jour du Seigneur viendra comme un voleur dans la nuit.
3 Quand les hommes diront : Paix et sûreté ! alors une ruine soudaine les surprendra, comme les douleurs de l'enfantement surprennent la femme enceinte, et ils n'échapperont point.
4 Mais vous, frères, vous n'êtes pas dans les ténèbres, pour que ce jour vous surprenne comme un voleur ;
5 vous êtes tous des enfants de la lumière et des enfants du jour. Nous ne sommes point de la nuit ni des ténèbres.
6 Ne dormons donc point comme les autres, mais veillons et soyons sobres.
7 Car ceux qui dorment, dorment la nuit, et ceux qui s'enivrent, s'enivrent la nuit.
8 Mais nous qui sommes du jour, soyons sobres, ayant revêtu la cuirasse de la foi et de l'amour, et ayant pour casque l'espérance du salut.
9 Car Dieu ne nous a pas destinés à la colère, mais à la possession du salut par notre Seigneur Jésus-Christ,
10 qui est mort pour nous, afin que, soit que nous veillions, soit que nous dormions, nous vivions ensemble avec lui.
11 C'est pourquoi exhortez-vous réciproquement, et édifiez-vous les uns les autres, comme en réalité vous le faites. »

Chers frères et sœurs en Jésus-Christ qui cheminons tous au-devant du Jour du Seigneur !

Les trois derniers dimanches de l’année liturgique parlent des choses dernières : de la mort et de la résurrection, du jugement dernier et de l’éternité, et bien entendu de la manière de s’y préparer ou de vivre de façon à être sûr de sa félicité éternelle.

Ces trois dimanches, on les compte à rebours et on les appelle : l’antépénultième (le troisième à partir de la fin), l’avant-dernier et le dernier dimanche après la Trinité.

Ces trois dimanches, on les célèbre toujours, que la date de Pâques soit tôt dans l’année ou tard, donc quel que soit le nombre des dimanches après la Trinité. Le maximum, ce sont 24 dimanches plus ces trois derniers. S’il y en a moins, on décompte autant que nécessaire en commençant par le 24ème, puis le 23ème, le 22ème, et ainsi de suite, mais les trois derniers sont toujours célébrés avec leurs thèmes des choses dernières vers lesquelles nous nous dirigeons tous.

Autre chose. Vous avez l’habitude d’entendre des prédications articulées autour d’un thème, lui-même subdivisé en rubriques, développé ou déroulé devant vous selon des points logiques. Ce serait, là, plutôt la façon de l’apôtre Paul de proclamer l’Evangile de Jésus-Christ, sauf, justement, sauf peut-être dans notre texte.

Ici on a l’impression que son côté sémitique, sa culture juive prend le dessus. Comme nous le connaissons des psaumes et des prophètes, comme nous pouvons aussi le rencontrer dans l’Evangile de Jean et les discours de Jésus, ici, dans notre texte, Paul fait se succéder différentes images pour nous faire saisir une vérité. Notre texte ressemble à un mille-feuille où, feuille après feuille, couche après couche, image par image
, Paul s’efforce de nous faire comprendre une même vérité.
Son thème peut se résumer ainsi : Le Jour du Seigneur, le jour de son retour pour le Jugement des vivants et des morts, ce jour vous trouvera tels que vous aurez été au moment de votre décès. Et pour mourir dans les bonnes dispositions – c’est à dire dans la foi au seul Sauveur – il s’agit de ne pas gâcher ce temps qu’il nous fait la grâce de vivre.

Ce message, des plus importants

– SE PREPARER AU RETOUR DU CHRIST –

Paul nous y sensibilise par quatre images et une promesse :

1. le voleur dans la nuit,
2. la femme qui accouche,
3. ceux qui s’enivrent la nuit,
4. le casque et la cuirasse,
5. notre merveilleuse destinée !

------ 1 ------

Le voleur dans la nuit.

Un voleur sévissant la nuit ! Cela peut paraître étrange que Paul prenne cet exemple pour nous faire comprendre la venue de notre Seigneur à la fin des temps. Mais Paul ne nous dit pas que Jésus est un voleur, pas plus que Jésus, dans la parabole du juge inique ou injuste, veut dire que Dieu est injuste.

Il y a une chose, dans l’attitude de ces personnages mis en scène, dans leur comportement et façon d’agir qui est prise en exemple et soulignée, un aspect de leur façon de se conduire qui rappelle le comportement de Dieu ou, dans notre texte, de Jésus le Jour du Jugement Dernier.
Qu’est-ce qui caractérise un voleur qui s’introduit la nuit chez les gens ? Indique-t-il au préalable par lettre, e-mail ou téléphone l’heure à laquelle il va venir ? Va-t-il prévenir les gens à cambrioler du moment de son arrivée ? Bien sûr que non ! Autrement les policiers l’attendraient.

Le propre d’un voleur, c’est de « surprendre » (v. 4), c’est de faire ses coups à l’improviste, de façon inopinée, sans qu’on sache qu’il vient et quand il vient. Ce n’est que lorsque la police arrive à infiltrer des bandes ou des gangs qu’elle arrive à être sur place à l’heure dite.

Mais voilà, on n’infiltre pas le conseil de Dieu. On ne s’introduit pas dans les réflexions de l’Eternel quand il n’a pas décidé de nous les révéler. Il se trouve en dehors du temps et de l’espace dans lesquels il nous a placés pour cette vie. Aussi, personne ne peut connaître, calculer ou deviner la date du Dernier Jour. Ceux qui s’y aventurent sont tout simplement des charlatans.

Jésus, alors qu’il était avec ses disciples, leur avait dit : « Quant au jour et à l’heure, personne ne les connaît, pas même les anges du ciel, ni même le Fils. » Le Fils les a ignoré à ce moment-là car, durant son abaissement, il avait renoncé à tout savoir. Pour que ce soit clair, il précise : « Mon Père seul les connaît, » ce jour et cette heure du retour du Christ dans sa gloire (Mt 24.36)
« Le jour du Seigneur viendra comme un voleur dans la nuit. » (v. 2)

« La nuit », la vraie nuit, celle où il n’y a vraiment pas de lumière – car à l’époque il n’y avait pas d’électricité, donc pas d’éclairage public –, cette nuit a quelque chose d’angoissant. On ne voit pas contre quoi on pourrait se cogner, le trou dans lequel on pourrait tomber, le mal intentionné qui s’approche de nous.

Pareillement, on ne peut pas prévoir la venue du Christ pour le Jugement. Cela doit-il nous angoisser ? Non ! Et Paul de nous dire pourquoi : « Vous n'êtes pas dans les ténèbres, pour que ce jour vous surprenne comme un voleur ; vous êtes tous des enfants de la lumière et des enfants du jour. Nous ne sommes point de la nuit ni des ténèbres. » (v. 4-5)

Bien évidemment, Jésus, « la Lumière du monde » (Jn 8.12), éclaire la nuit de ce monde pécheur. Nous ne savons pas quand Jésus viendra, mais nous savons qu’il « nous a appelés des ténèbres » de la damnation « à sa merveilleuse lumière » de grâce et de vie (1 P 2.9).

Et nous savons que si nous persévérons dans la foi en lui, il nous emmènera dans la lumière céleste, dans la félicité éternelle. « Ne dormons donc point comme les autres, mais veillons et soyons sobres. » (v. 6). Avec cette invitation Pauol tire les mêmes conclusions que Jésus : « Restez donc vigilants, puisque vous ne savez ni le jour ni l’heure où le Fils de l’homme viendra. » (Mt 25.13)

Veillez à demeurer au contact de l’Evangile, pour que le Saint-Esprit puisse vous maintenir dans la foi en Jésus et qu’ainsi vous soyez prêts à tout moment à le rencontrer.

------ 2 ------

La femme dans les douleurs de l’enfantement.

En quoi les douleurs de l’enfantement peuvent-elles nous faire comprendre un aspect du retour du Christ pour le Jugement ? Cet exemple va un peu plus loin que celui du voleur. Un voleur, on ne l’attend pas nécessairement, on espère même ne jamais avoir affaire à un cambrioleur de toute sa vie.
Une femme enceinte, par contre, sait qu’elle « n’échappera pas » à l’accouchement, elle attend même ce moment avec impatience, même si ça peut être avec quelque appréhension ; c’est en quelque sorte le point d’orgue de la grossesse, même si on accouche dans la douleur.
Le point de comparaison que Paul souligne ici, c’est, comme dans le cas du cambrioleur, l’effet de surprise – le moment précis de l’accouchement ne se dicte pas si on laisse faire la nature – mais aussi le caractère inéluctable de l’accouchement : il fait partie de la grossesse.

Pareillement, le Retour du Christ pour le Jugement fait partie de notre vie. Aussi vrai que nous vivons, nous vivrons le Dernier Jour : ou bien nous serons encore en vie à ce moment-là, ou bien Jésus nous ressuscitera pour nous le faire vivre.

Personne, dit Paul, « n’y échappera ». Certains ont beau faire la politique de l’autruche, d’autres ont beau se jeter dans une vie hyperactive pour ne pas avoir le temps d’y penser, « ils n’échapperont pas » à cet événement. « Quand les hommes diront : Paix et sûreté ! alors une ruine soudaine les surprendra, comme les douleurs de l'enfantement surprennent la femme enceinte, et ils n'échapperont point. » (v. 6)

------ 3 ------

Les ivrognes dans la nuit.

Avouez qu’il y a de la vie dans notre texte : après le cambriolage et un accouchement, voilà qu’on a affaire à des ivrognes, et en plus, à « ceux qui s'enivrent la nuit. » (v. 7)

Dans mon enfance, nous avions un tel ivrogne comme voisin : « de Wahnerhans », comme on l’appelait en alsacien, « Jean le charpentier ». Il était charpentier, un véritable artiste les rares moments où il n’était pas ivre. La nuit, il s’asseyait sur le banc entre nos deux fermes et il braillait pendant des heures des chansons dans la nuit. Au début, c’était cocasse, mais à la longue, cela devenait pénible pour le voisinage. Il arrivait que mon père prenne son courage à deux mains pour se rhabiller et aller lui dire d’aller se coucher.

Quel mal-être, quelles angoisses, quels problèmes, quel mal de vivre essayait-il de noyer ainsi dans l’alcool ? Je ne le sais pas, j’étais trop jeune. Mon père devait le savoir qui a su lui faire rencontrer son Sauveur dans les derniers jours de sa vie, sur son lit de mort, ce qui rappelle la parabole des ouvriers engagés à la dernière heure.

Mais il y en a pour qui il n’y a plus de rencontre avec le Christ à la dernière heure. Il y en a qui passent dans un état second – d’ivrognes, de drogués, de poursuiveurs de plaisirs coupables – à la rencontre du Dernier Jour, et qui ratent ainsi l’entrée dans le Royaume des Cieux.

Et même s’ils le font « la nuit » pour se cacher du regard des autres, ils ne peuvent se soustraire au regard de Dieu. Il n’y a que le sang de Jésus-Christ qui peut faire écran ; il n’y a que la foi en l’expiation de nos péchés par Jésus qui nous permet d’échapper à la colère de Dieu.

Veillons à ne pas nous laisser entraîner par le monde dans quelque ivresse trompeuse, trompeuse parce qu’on y oublie que notre vie débouchera sur le Jugement Dernier et qu’il n’y a qu’un seul qui peut nous y obtenir l’acquittement, un acquittement qu’il nous faut obtenir dans cette vie-ci !
Mieux vaut ne pas jouer avec le feu et ne pas compter sur l’occasion de la dernière minute. Nous pourrions la manquer !

------ 4 ------

Le casque et la cuirasse.

Paul écrit : « Nous qui sommes du jour, soyons sobres, ayant revêtu la cuirasse de la foi et de l'amour, et ayant pour casque l'espérance du salut. » (v. 8)
Ça change des cambriolages, des accouchements et des ivresses nocturnes, n’est-ce pas ? Le casque et la cuirasse ! Aujourd’hui, Paul dirait : le casque et le gilet pare-balles.
En tout cas, c’est une tenue de combat, celle du combat de la foi. Dans le contexte de l’approche du Dernier Jour, Paul ne mentionne que des armes défensives, plus précisément : il parle d’une armure défensive faite d’un casque et d’une cuirasse. On les met pour ne pas être blessé, pour pouvoir tenir bon sous les coups quand ils pleuvent.

Paul nous dit : « Nous sommes du jour », pas de la nuit. Nous avons été arrachés des ténèbres de la damnation éternelle, et appelés à la lumineuse, à la « glorieuse liberté des enfants de Dieu » (Rm 8.21), au merveilleux état de pécheurs pardonnés et de citoyens des cieux.
Ce merveilleux état civil, non, mieux ! ce merveilleux état divin et céleste, il s’agit maintenant de le préserver, de le défendre, contre tout ce qui voudrait nous le faire perdre ou abandonner, contre tout ce qui voudrait faire en sorte que nous nous présentions dans les mauvaises dispositions lors de la rencontre avec notre Sauveur et Juge.

Que devons-nous opposer aux tentations, séductions trompeuses et autres incitations au doute ? – Paul répond : « la cuirasse de la foi et de l'amour, et (le] casque [de] l'espérance du salut. »
Appuyons-nous solidement sur les promesses faites par Dieu en Jésus-Christ et scellées pour chacun de nous, individuellement, dans notre Baptême ! Consolidons notre « foi » en Jésus-Christ par une rencontre régulière avec lui dans son Evangile !

N’oublions pas de nous laisser régulièrement – quotidiennement ! – éclairer et réchauffer – littéralement imprégner ! – par « l’amour » que Dieu nous témoigne au travers de la crèche de Bethléem, de la croix de Golgotha et de la tombe vide du matin de Pâques !

Considérons « l’espérance du salut », ce cadeau merveilleux, littéralement tombé du ciel sans que nous y ayons contribué, sans que nous l’ayons, par ailleurs, mérité. Ce don de la grâce de Dieu, ce cadeau sans pareil, pèse plus lourd que tout ce que ce monde veut nous donner à sa place.
Méditons cela quand les tentations nous pressent, quand le découragement nous guette. Opposons-leur la certitude de notre salut en Jésus-Christ, et nous aurons une armure qui, grâce à Jésus-Christ, nous permettra de tenir bon sur notre chemin à la rencontre de notre Seigneur au Dernier Jour.

Car c’est dans cette direction que Paul dirige finalement nos regards. Ce sera le dernier point :

------ 5 ------

Notre merveilleuse destinée.

Pourquoi Paul a-t-il utilisé les images du voleur dans la nuit, de la femme qui accouche, de ceux qui s’enivrent la nuit, du casque et de la cuirasse ? – Pour mieux nous préparer à notre merveilleuse destinée. « Car Dieu ne nous a pas destinés à la colère, mais à la possession du salut par notre Seigneur Jésus-Christ. » (v. 8)
« Dieu nous a destinés » … Ce n’est pas là simple velléité. Le désir de Dieu de nous faire entrer en « possession du salut » a été tellement fort qu’il a fait intervenir son propre Fils, qu’il a jeté son Fils, Jésus-Christ, dans la bataille. Et le Fils a tellement voulu que « nous vivions ensemble avec lui », non seulement dans cette vie, mais aussi dans l’au-delà, qu’il « est mort pour nous » (v. 9), qu’il a payé de sa vie sainte et parfaite notre place dans le salut éternel. « Il est mort pour nous, afin que, soit que nous veillions, soit que nous dormions, nous vivions ensemble avec lui. » (v. 10)

Si lui-même a fait le nécessaire pour que nous nous trouvions toujours « ensemble avec lui », nous n’avons pas besoin de nous en faire. Ce que lui, le Fils éternel de Dieu, le Saint, a fait pour nous, est de nature à pleinement contenter Dieu et à nous réconcilier avec lui pour ce temps et pour l’éternité.

Fondée sur la mort et la résurrection de Jésus, notre communion avec Dieu est assurée, « que nous veillions ou que nous dormions ». Si je m’endors, le soir dans la foi, je peux m’endormir en paix. Même si le Seigneur devait me rappeler durant la nuit, « rien ne peut me séparer de l’amour de Dieu manifesté en Jésus-Christ, [mon] Seigneur » (Rm 8.39).

Et si le Seigneur revient à l’improviste, comme un voleur dans la nuit, si j’ai « veillé » à rester au contact de l’Evangile pour que le Saint-Esprit puisse me maintenir dans la foi en Jésus et m’y « édifier » (v. 11), même si je suis en train de m’occuper d’autre chose à ce moment-là, il me placera « à sa droite », du côté des pécheurs graciés, acquittés, du côté des « bénis par son Père », et il me dira de « prendre possession du royaume » (Mt 25.31-34).

Et nous ne « veillerions » pas, nous ne nous entraiderions pas pour « être gardés par la puissance de Dieu, au moyen de la foi [en Jésus] pour le salut » (1 P 1.5) ?

La réponse tombe sous le sens. « C'est pourquoi, » conclue Paul, « exhortez-vous réciproquement, et édifiez-vous les uns les autres, comme en réalité vous le faites. » (v. 11).
Que le Seigneur nous accorde son Esprit saint, pour que notre paroisse et nos familles soient des endroits où on « s’exhorte réciproquement et s’édifie les uns les autres » sur le chemin de notre merveilleuse destinée éternelle !

Amen.

Jean Thiébaut Haessig

lundi 3 novembre 2008

Sermon du dimanche 2 novembre 2008 - Toussaint

Texte : Hé 9.27


« Il est réservé aux humains de mourir une seule fois – après quoi vient le jugement –."


Chants proposés :
Tout ce qui vit sur la terre LlS 315:1-4
En Jésus je mourrai tranquille LlS 307:1-3
Mon Rédempteur est vivant LlS 318:1-6
O Seigneur Jésus, mon Sauveur, LlS 167:1-1


Chers frères et sœurs en Jésus-Christ qui avez tous déjà dû voir
des êtres chers quitter ce monde !

« Le 2 novembre, appelé "jour des morts", l’Église prie particulièrement pour tous ceux et celles qui nous ont précédés ici-bas. […] Prier pour ceux que nous avons aimés fait partie de notre foi. Mais n'oublions pas qu'on peut aussi leur demander de prier pour nous, de s'associer aux difficultés de notre vie et, le jour venu, de nous aider à faire, à notre tour, le grand passage. »
… Hum… Je vois, les uns froncent les sourcils, d’autres deviennent nerveux dans les bancs, d’autres encore sont atterrés. … Ce que je viens de dire vous met mal à l’aise, n’est-ce pas ? Et vous avez raison. Si ce que je viens de lire était effectivement ma position, il serait de votre devoir de m’obliger à quitter la chaire et vous devriez demander à notre église d’engager contre moi une procédure disciplinaire pour me faire revenir de ma position contraire à la Parole de Dieu.
Rassurez-vous ! j’ai cité un passage d’un article intitulé « Comment prier pour les morts » trouvé sur un site catholique romain (www.croire.com).

Il est vrai, la tendance naturelle de l’être humain est de vouloir continuer à se préoccuper du sort des défunts de leur entourage, y compris de continuer à prier pour eux. On se laisse entraîner par l’affectif, le sentimental, au point d’oublier ce que Dieu nous dit à ce sujet dans sa Parole. Même dans certaines églises protestantes on s’est laissé glisser sur cette pente.

Mais ce serait, là, annuler la Réformation de l’Eglise pour laquelle nous avons loué le Seigneur dimanche dernier. Ce serait surtout contredire l’Evangile de Jésus-Christ remis en lumière par la Réformation luthérienne.

Que penser alors de la Toussaint (c’était hier) et du Jour des Défunts (aujourd’hui) ? Ou, pour le dire autrement :

les eglises issues de la reforme peuvent-elles celebrer la toussaint ?
Dieu nous répond dans la Bible :
1. Non, si cela consiste à prier pour les morts !
2. Oui, si cela consiste à louer Dieu de les avoir sauvés !
----- 1 -----

Non, nous ne pouvons pas célébrer la Toussaint si cela consiste à prier pour les morts.
Voyez-vous, tout est une question de foi, de confiance en Dieu. Est-ce que j’ajoute foi à ce qu’il dit, même quand ça ne correspond pas à ce que j’aimerais faire, même quand ça va à l’encontre de ce à quoi me pousse ce que je ressens ?

N’oublions pas : ce ne sont pas nos sentiments – souvent bien instables, en tout cas pas infaillibles – qui fixent ce qui est vérité divine. Seul Dieu peut nous dire ce qui est vrai, ce qui est juste, ce qui n’est pas trompeur.

Or, en priant pour les morts, on met la Parole de notre Dieu en doute, on n’ajoute pas foi à ses promesses, on remet ses dires en question.
Tenez, les deux versets qui entourent notre texte – le verset qui le précède et celui qui le suit – insistent pour dire que la mort expiatoire de Jésus est suffisante pour notre salut. Jésus « s’est manifesté une seule fois, pour abolir le péché par son sacrifice » (v. 26) « Christ s’est offert une seule fois pour porter les péchés d’une multitude » (v. 28). Et entre ces deux affirmations, notre texte dirait le contraire ? L’expiation du Christ ne serait pas suffisante pour le salut de nos défunts ? Il faudrait que nous obtenions, en plus, par nos prières ce que l’expiation du Christ n’aurait pas totalement réglé une fois pour toute ?

Non, tout au contraire ! L’auteur de l’Epître aux Hébreux relie entre elles ces affirmations concernant Jésus et celle concernant notre mort. Il le fait avec les termes « tout comme » et « de même aussi ».

Dans les deux cas, il n’y a plus rien à ajouter, dans les deux cas plus rien ne change. Avec la mort du Christ notre salut a été achevé. Avec notre mort le salut des croyants est définitivement scellé. Plus besoin de prières. La mort du Christ n’a pas besoin d’un apport complémentaire pour nous sauver : elle est suffisante. Et notre mort est l’entrée immédiate et définitive dans ce salut. Nul besoin d’une poussée supplémentaire à l’aide de nos prières.
« C’est abuser du nom de Dieu, et cela, contre le Deuxième Commandement. » (Apol. XXIV,328)
Continuer à prier pour nos proches morts dans la foi en Christ, c’est nier que l’expiation du Christ ait été suffisante, c’est traiter Dieu de menteur.

« Il faut regarder le purgatoire, avec les cérémonies, les cultes et les trafics qui y sont liés, comme une pure fantasmagorie du diable ; car tout cela est contraire à l’article capital selon lequel seul le Christ – et aucune œuvre des hommes – ne secourra les âmes. »
« De plus, il ne nous a été donné aucun commandement ni aucun ordre au sujet des morts. » (Articles de Smalcalde, II.2 [383]).
Dans les « Articles de Smalcalde » de 1537, Martin Luther réfute la prière en faveur des morts dans le chapitre intitulé « Articles qui concernent l’office et l’œuvre de Jésus-Christ ou notre rédemption », notre rachat. En parlant de la prière pour les morts dans le chapitre où il nous dit comment Jésus nous a sauvés, Luther met en évidence que cette pratique – prier pour les morts – va à l’encontre des articles centraux de notre foi, à l’encontre des articles fondamentaux de notre salut en Jésus-Christ.

En dehors de Jésus, rien ni personne ne peut nous « hisser » au ciel. Et quiconque ne s’est pas tourné de son vivant vers lui avec repentance et foi, quiconque n’a pas reconnu son état pécheur et coupable devant Dieu et n’en a pas appelé de son vivant à l’œuvre expiatoire de Jésus, rien d’autre, malheureusement, ne peut le sauver.
Jésus lui-même a indiqué la règle qui s’applique à nous, qui s’applique à tous : « Celui qui met sa foi en Christ n'est pas jugé ; mais celui qui ne croit pas est déjà jugé, parce qu'il n'a pas mis sa foi dans le nom du Fils unique de Dieu. » (Jn 3.18) Cette parole du Christ est de l’Evangile pour nous, les croyants, mais elle est de la Loi pour les incroyants.

En fait, dans cette vie, nous vivons tous sous un des deux verdicts suivants (il n’y en a pas de troisième) : ou bien : rejetés et damnés, si nous ne sommes pas repentants et croyants en Christ ; ou alors : pardonnés et acquittés, adoptés et accueillis dans la famille éternelle de Dieu, si nous sommes repentants et en appelons à l’œuvre expiatoire de Jésus.

Dans cette vie, le verdict peut changer. Et heureusement qu’il a changé, un jour, pour nous ! De condamnés que nous étions par nature, nous avons été acquittés quand le Saint-Esprit nous a amenés à la foi en Jésus-Christ.

Mais le verdict peut, malheureusement, aussi changer dans l’autre sens pour ceux qui se détournent de leur Sauveur et ne vivent plus dans la foi en son expiation de nos péchés.
C’est ce qui nous pousse à prier pour les vivants. C’est ce qui nous rend actifs pour rendre témoignage à Jésus-Christ auprès de nos contemporains tant qu’il en est temps, car « il est réservé aux humains de mourir une seule fois – après quoi vient le jugement –. »
Avec la mort, le verdict est définitivement arrêté, sans appel possible, le sort de chacun est alors définitivement fixé. « Après » la mort, il n’y a plus de changement d’état, plus d’évolution possible. « Après » la mort, « le jugement », le verdict, est définitivement prononcé, et Dieu ne se déjuge jamais.

Les croyants peuvent se consoler avec cette promesse : « Heureux dès à présent les morts qui meurent dans le Seigneur ! » (Ap 14.13) Ceux qui meurent dans la foi en Christ connaissent la félicité éternelle « dès » leur décès. Ils n’ont plus besoin de nos prières. « Rien ne peut [plus] les séparer de l’amour de Dieu manifesté en Jésus-Christ, notre Seigneur » (Rm 8.38-39)
Par contre – et c’est alors un grand malheur ! – celui qui est mort sans foi en Christ, connaît aussi, « dès » sa mort, la damnation. Il est alors définitivement rejeté par Christ dans les souffrances de l’enfer. Là aussi, rien ne peut plus changer son sort. Rappelez-vous ce que, dans une parabole, Abraham dit, depuis le paradis, au riche qui se trouve en enfer : « Un grand gouffre a été mis entre nous et vous, afin […] qu'on ne traverse pas […] de là-bas vers nous. » (Lc 16.26)

Nous avons donc trouvé dans la Bible une première réponse à la question : Pouvons-nous célébrer la Toussaint ? – Non, si cela consiste à prier pour les morts. Mais il y a aussi une autre réponse :

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Oui, nous pouvons célébrer la Toussaint si cela consiste à louer Dieu d’avoir sauvé ceux qui sont morts dans la foi en son Fils !

La Toussaint est aussi un moment particulier où nous nous souvenons de nos chers disparus. J’espère, d’ailleurs, que ce n’est pas le seul moment. C’est une occasion où nous fleurissons leurs tombes, là aussi, sans doute pas seulement à ce moment-là de l’année. Nous nous souvenons d’eux en regardant des photos, en pensant à ce que nous avons vécu ensemble, à ce que nous leur devons.

Mais nous le faisons aussi en enfants de Dieu. Notre bon Père céleste n’est pas absent de ces moments de souvenir. Nous savons qu’il a toujours été présent dans notre vie, nous a toujours accompagnés dans sa fidélité et bénis dans son amour, même si, peut-être, à certains moments, nous n’en avons pas été tellement conscients.

Il était donc aussi présent dans ce que nous avons vécu avec nos chers disparus. Dieu était là et a fait en sorte qu’à l’époque, ceux qui nous ont maintenant quittés nous ont aidés à mettre les pieds à l’étrier, particulièrement nos parents, nos grands-parents peut-être, les pasteurs de notre enfance, les moniteurs et monitrices qui nous ont fait fréquenter notre Seigneur à l’école du dimanche, et d’autres sans doute encore.

Pourquoi ne pas marquer le coup et avoir une fête d’action de grâces pour louer Dieu pour toutes les bénédictions dont il nous a comblés par l’intermédiaire de ces proches ? Et pourquoi ne pas avoir un moment d’émotion et de gratitude pour ces personnes qui se sont dévouées, parfois sacrifiées, pour nous, et à qui nous devons tant ?

Ne serions-nous pas ingrats en ne songeant jamais ainsi à eux, aussi ingrats envers Dieu en ne le remerciant jamais de nous les avoir donnés ?

Et s’ils sont partis dans la foi en Christ, comment ne pas en louer Dieu ? Quelle plus belle consolation au milieu du déchirement qu’est un deuil que de savoir que la peine n’est que pour nous ? Pour lui ou elle qui est parti dans la foi en Jésus-Christ, « la mort est un gain » (Ph 1.21), les croyants décédés ont gagné au change ! Et pas peu.

Aussi, même si nous avons un pincement au cœur chaque fois que nous pensons à eux, s’ils sont « morts dans le Seigneur », nous ne sommes pas « tristes comme les autres qui n’ont pas d’espérance » (1 Th 4.13). Nous aimerions encore les avoir autour de nous, mais ils sont maintenant « avec le Christ, ce qui est, de beaucoup, le meilleur » (Ph 1.23) et nous les retrouverons un jour, grâce à Christ, dans la félicité éternelle.

Et nous n’en louerions pas Dieu ? Nous ne ferions pas monter vers lui nos chants et nos prières d’action de grâces ? Et pourquoi pas lors d’une célébration spéciale le Jour de la Toussaint, ou en ce Jour des Défunts ?

Quand nous prions pour nos proches en vie, c’est pour demander à Dieu de les maintenir dans la foi en Christ ou de les y amener. Ces prières sont parfois empreintes d’un soupçon de fébrilité, d’anxiété, particulièrement s’il s’agit du conjoint ou des enfants : ne sont-ils pas en danger de se laisser entraîner loin du Christ par les séductions insidieuses de ce monde, en danger, aussi, de perdre leur foi ? de retomber sous le verdict de condamnation ?

Pour nos proches « morts dans le Seigneur », morts dans la foi en leur Sauveur, rien de tel : nous n’avons plus besoin de nous angoisser à leur sujet ; ils sont « heureux dès à présent ». Et à qui le doivent-ils ? A qui devons-nous cette certitude du salut, ce soulagement que, maintenant, ils ne peuvent plus perdre leur félicité ? – A notre Seigneur Jésus-Christ et rien qu’à lui, à son amour sans borne pour nous, à son amour qui l’a poussé jusqu’à se sacrifier pour expier nos péchés !
La Toussaint est pour nous une fête du Christ. Nous ne célébrons pas nos morts, nous fêtons le Vainqueur de la mort, le Seigneur de nos morts dans la foi. Ceux qui sont « tous » définitivement « saints », c.à.d. définitivement mis à part dans la félicité éternelle, ceux-là ne risquent plus rien, grâce à Christ. Ils n’ont plus non plus besoin de nos prières. Et pour cela, nous ne pouvons que faire monter des prières de reconnaissance à Dieu.

Remarquez au passage qu’il n’y a pas non plus de risque de se réincarner en pire, pas plus que d’espoir de se réincarner en mieux. « Il est réservé aux humains de mourir une seule fois » – notez-le bien : « une seule fois ! – après quoi vient le jugement –. »
Non, nous pouvons être soulagés et consolés quant à la félicité éternelle et définitive de nos proches partis dans la foi en Jésus.

Oui, mais n’est-il pas dit : « après quoi vient le jugement » ? N’y a-t-il pas un Jugement Dernier ? Effectivement. Jésus en parle, ses apôtres en parlent, et les prophètes l’avaient déjà fait auparavant. Ce sera un moment solennel et dramatique où Jésus publiera devant l’humanité entière le verdict qui est fixé pour chaque être humain lors de sa mort.

Cette proclamation publique du verdict au Jugement Dernier ne sera pas différente du verdict tombé au moment de la mort. Aucune prière n’est donc nécessaire pour éviter aux acquittés de se retrouver accusés, mais aucune prière ne pourra pas non plus changer quoi que ce soit au verdict de condamnation sous lequel un incroyant est décédé.

Alors, prier pour les autres en ces jours de la Toussaint et des Défunts ? Oui, plus que jamais ! Mais pour les vivants ! Que le Seigneur veuille nous garder dans la foi en Jésus-Christ et qu’il convertisse ceux qui lui tournent encore le dos !
C’est aussi, là, une incitation à l’évangélisation et à la mission : il s’agit de faire rencontrer le Christ à autant de personnes que possible pour leur éviter la damnation éternelle.

Il n’y a plus rien à faire pour les morts : les uns – les croyants décédés – n’ont plus besoin de nos prière, et pour les autres, pour ceux qui sont morts sans foi en Christ, la prière vient trop tard.
Occupons-nous donc des vivants ! Soutenons l’effort missionnaire de l’Eglise ! Investissons-nous dans la vie de la paroisse pour la rendre visible et attractive aux incroyants ! Témoignons de notre foi et des trésors de grâce que nous devons à notre Seigneur. Remercions-le particulièrement pour la certitude que « quiconque croit au Fils a la vie éternelle » et ne peut plus la perdre dans l’au-delà !

Amen.

Jean Thiébaut Haessig