mercredi 10 décembre 2008

Sermon du dimanche 7 décembre 2008 - 2ème dimanche de l'Avent

Chants proposés :
Entonnons un nouveau cantique LlS 30 : 1-4
Viens ? Sauveur de la terre, LlS 39 : 1-5
Ô Berger d’Israël, écoute ! LlS 174 : 1-5
Jérusalem, laisse passer le Roi LlS 162 : 1-3

Texte : Ps 80.2-7+15-20


2 « Prête l’oreille, Berger d’Israël, toi qui conduis Joseph comme un troupeau ! Interviens dans ta splendeur, toi qui sièges entre les chérubins !
3 Devant Ephraïm, Benjamin et Manassé, déploie ta force et viens à notre secours !"
4 Ô Dieu, relève-nous ! Fais briller ton visage, et nous serons sauvés !
5 Eternel, Dieu de l’univers, jusqu’à quand t’irriteras-tu contre la prière de ton peuple ?
6 Tu les as nourris d’un pain trempé de larmes, tu leur a fait boire des larmes à pleine mesure.
7 Tu fais de nous une source de conflits pour nos voisins, et nos ennemis se moquent de nous
15 Dieu de l’univers, reviens donc ; regarde du haut du ciel et constate la situation, interviens pour cette vigne !
16 Protège ce que ta main droite a planté, le fils que tu as toi-même rendu fort !
17 Ta vigne est brûlée par le feu, elle est saccagée ; ton visage menaçant provoque ta perte.
18 Que ta main soit sur l’homme qui est à ta droite, sur le fils de l’homme que tu as toi-même fortifié !
19 Alors nous ne nous éloignerons plus de toi. Fais-nous revivre, et nous ferons appel à ton nom !
20 Eternel, Dieu de l’univers, relèves-nous ! Fais briller ton visage et nous serons sauvés ! »


Chers frères et sœurs en Christ, éclairés par la splendeur du Dieu de « l’Avent »,

S’il est un peuple qui correspond au Temps de l’Avent, s’il est une situation qui illustre bien ce temps d’attente et de préparation continuelle – d’où la couleur liturgique : le violet – c’est bien le peuple des croyants de l’Ancien Testament.
Cela est si vrai que nous oublions parfois que nous aussi nous sommes un peuple en attente, un peuple dans l’attente constante de la rencontre avec notre Dieu et Sauveur – comme le peuple de l’Ancienne Alliance au milieu duquel sont nés les psaumes, du milieu duquel les psaumes sont montés vers Dieu.

Et comme, nous aussi, nous sommes peuple de l’attente, les Psaumes, ces cantiques des croyants de l’Ancien Testament, formulent souvent exactement ce que nous ressentons.

Le premier livre de la Bible que le réformateur Martin Luther a commenté quand il est devenu professeur de théologie à l’Université de Wittenberg, ce furent les Psaumes. C’était en 1512. Il le refit en 1517, juste avant l’affichage de ses 95 Thèses qui marquèrent le début de la Réformation.
La plupart de ses chorals – genre qu’il a créé – ont été écrits à partir de psaumes – entre autre « Ein feste Burg ist unser Gott » (« C’est un rempart que notre Dieu ») à partir du Ps 46, et la Réforme en France ne se comprendrait pas sans les Psaumes huguenots.
De tout temps, les Psaumes ont occupé une place primordiale dans la piété de l’Eglise chrétienne, aussi bien dans le déroulement du culte que dans la piété des individus. Combien de réconfort les chrétiens n’en ont-ils pas retiré – après les croyants de l’Ancien Testament !

C’est que les situations spirituelles ne sont pas si différentes, même si les temps avant et après l’abaissement du Messie le sont.

Voyons donc d’un peu plus près

CE PSAUME 80, CE PSAUME DE L’AVENT

1. Qui prie dans ce psaume ? – Toi !
2. Qui y interpelles-tu ? – Dieu !
3. Qu’en attends-tu ? – Tout !

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C’est donc toi qui pries dans ce Psaume.

Bien sûr, ce n’est pas toi qui as rédigé les paroles de ce psaume. C’est un « Psaume d’Asaph ». Douze psaumes lui sont attribués. S’agit-il du chantre qui a contribué à embellir le culte du Temple du temps du roi David ? En fait, peu importe.
Ce qui est clair, c’est qu’il écrit à une période … sombre de l’histoire du peuple de Dieu. Il attend l’intervention de Dieu en faveur d’un peuple qui ne le mérite pas.
Il a l’impression que Dieu se cache, se détourne, se désintéresse de lui, qu’il lui retire sa faveur et sa protection pour lui faire sentir sa colère.

Les malheurs d’Asaph et du peuple d’Israël font jaser les incroyants : on se moque d’eux et de leur Dieu qui, apparemment, se désintéresse d’eux, semble même prendre plaisir à les enfoncer dans la détresse et à les y abandonner.
Et là, Asaph fait cette belle prière où revient à trois reprises cette demande incessante : « Ô Dieu, relève-nous ! Fais briller ton visage, et nous serons sauvés ! » (v. 4, 8 et 20) C’est là plus qu’un cri, plus qu’un appel au secours : c’est une formidable confession de foi, un témoignage fort de l’espérance que le psalmiste place en Dieu, malgré les apparences contraires.

Les apparences ! … Parlons-en. Regardez-vous, regardez-moi, regardons-nous ! Les apparences ne sont pas toujours belles : la maladie, le deuil, les conditions de travail, l’argent qui manque, nos problèmes relationnels avec certains, nos travers contre lesquels nous luttons mais que nous n’arrivons pas à éradiquer …
Ces apparences font souvent jaser les gens – aujourd’hui comme du temps d’Asaph. « Vous êtes de santé fragile ? Mais … si Dieu vous aimait, il vous permettrait de vivre une vie sans problèmes de santé ! » « Votre paroisse a des problèmes d’argent ? Mais … si vous étiez réellement fidèles à Dieu, il vous donnerait tous les moyens dont vous avez besoin pour accomplir fidèlement le travail dans sa "vigne"! » (v. 17)

« Nos ennemis se moquent de nous » faisait déjà remarquer Asaph à Dieu (v. 7). Nous faisons encore la même constatation. Et il n’est pas toujours facile de vivre cette situation.
Et ce n'est même pas le pire. Devant les autres, on peut donner le change. On peut souvent cacher ses problèmes aux autres. Pas à Dieu. Lui « sonde les reins et les cœurs » (Ap 2.23). Lui sonde tout ce que nous nous efforçons – avec plus ou moins de réussite – à cacher à nos proches. Lui connaît nos péchés, nos pensées mauvaises, nos actes honteux, nos travers qui nous font tant de misère.

Alors nous connaissons parfois des moments de découragement, de déprime. Mais où est Dieu ? Que fait-il ? Pourquoi ne nous aide-t-il pas à faire plus de progrès ? Pourquoi nous sentons-nous ainsi abandonnés de lui ? Pourquoi fait-il la sourde oreille ? Pourquoi regarde-t-il ailleurs ? Pourquoi ne vient-il pas, ne fait-il pas irruption dans notre vie avec plus de brio, de « splendeur » (v. 2) et de « force » (v. 3) ?

Dans ces moments – plus qu’à d’autres – nous avons l’impression que les pensées et les paroles de ce psaume sont nées dans notre propre cœur : « Prête l’oreille » (v. 2) « Déploie ta force et viens à notre secours ! » (v. 3) « Fais briller ton visage, et nous serons sauvés ! » (v. 4, 8, 20) « Regarde du haut des cieux et vois ! » (v. 15) « Interviens ! » (v. 15) « Protège ! » (v. 16) « Fais revivre ! » (v. 19)
Nous sommes en attente de l’intervention de Dieu, tendus vers lui. Nous ne l’attendons pas par bravade, mais conscients de notre indignité et de notre culpabilité devant lui. Mais nous sommes surtout tournés vers lui dans la certitude que grâce à son Fils, notre Médiateur, nous pouvons nous adresser à lui avec confiance.

Il va intervenir en notre faveur, enchevêtrés que nous pouvons l’être dans des problèmes personnels dus au péché présent dans le monde, y compris en nous-mêmes.
Il ne va pas nous abandonner quand nous sommes blessés par nos déceptions, perdus au milieu de nos fautes.
S’il est clair que c’est toi qui prie – que c’est nous, les croyants, qui prions – dans ce psaume, le deuxième point est tout aussi évident :

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C’est Dieu que nous interpellons dans ce psaume.

Un seul a la solution au problème que pose notre péché, un seul peut nous indiquer l’issue et nous faire sortir par elle : Dieu. Il le peut – et il le veut – ce qui est un vrai soulagement pour nous. Le psalmiste le sait, et nous – Dieu merci ! – aussi. Aussi nous tournons-nous vers lui avec repentance et foi pour qu’il intervienne, pour qu’il procède à son « Avent », à sa venue dans notre vie.
Cet « avent » – « avent » signifie : « venue », ne l’oublions pas – , cette venue, est à la fois quelque chose que nous attendons et quelque chose que nous vivons déjà à chaque instant. C’est en fait un « avent » continuel, perpétuel. Heureux qui, comme Asaph, se tourne avec son péché et ses problèmes vers Dieu avec repentance et foi en Jésus-Christ ! Celui-là vivra effectivement « l’Avent » de Dieu, celui-là rencontrera Dieu dans sa vie, un Dieu tellement autre et pourtant continuellement proche.

Il n’y a qu’à se rappeler les noms que le Dieu de « l’Avent » porte dans notre prière.
« Eternel, Dieu de l’univers » ! (v. 5) L’ancienne version mettait « Dieu des armées », manière de désigner les divers éléments de l’univers, perçus comme un ensemble d’armées en raison de l’ordre qui les caractérise, ordre créé et maintenu par le Créateur.
Notre Dieu est le Maître de l’univers. Il tient tout sous son contrôle : l’univers des planètes, mais aussi celui de ce monde, l’univers des anges, mais aussi celui des humains, l’univers des croyants, de notre âme, de notre corps, de notre mental, de notre foi, dans ce temps et pour l’éternité.
Le Dieu dont nous espérons « l’avent », la venue, l’irruption dans nos vies, « siège entre les chérubins » (v. 2). Cela nous rappelle l’arche de l’alliance qui se trouvait dans le saint des saints au Temple. Sur son couvercle, deux chérubins en or se faisaient face, et au-dessus d’eux se tenait symboliquement Dieu, un Dieu saint et tout-puissant, mais qui accepte le sang rédempteur versé chaque année sur le couvercle de l’arche pour le pardon des péchés.

Ce sang était l’image prophétique, le symbole annonciateur, du « sang de Jésus-Christ, du Fils » de Dieu qui « nous purifie de tout péché » (1 Jn 1.7).
Celui auquel Asaph s’adresse, celui auquel nous adressons nos prières avec Asaph, s’appelle aussi « le Berger d’Israël » (v. 2), celui qui est continuellement préoccupé de notre bonheur car, conscients de notre état pécheur, nous nous en repentons et allons chercher auprès de lui le pardon et l’absolution. Il est un « Berger » plein de sollicitude pour nous qui sommes allés chercher refuge auprès de lui dans la foi et lui faisons confiance.

Il n’y a pas trente-six solutions pour régler le différend entre le « Dieu de l’univers » et les pécheurs que nous sommes. Nous-mêmes ne pouvons réparer les pots cassés par notre péché : cela dépasse nos possibilités. Nous ne pouvons même pas aller à sa rencontre par nos propres moyens, faire une partie du parcours à sa rencontre « comme des grands ». Mais là, ô miracle ! c’est lui qui vient à nous dans sa grâce. C’est tout le sens merveilleux du mot « avent », venue.

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Qu’attends-tu de son « avent »,

de sa venue et de sa présence parmi nous ? Au début, en annonçant le thème de ce sermon, j’avais répondu, un peu par bravade : Tout ! Par là, je voulais souligner que notre attente de « l’avent » de notre Dieu est aussi grande que variée.

Nous connaissons les attentes de nos enfants et petits-enfants en ce temps précédant Noël. Mais, aussi irrationnelle et démesurée que puisse être l’attente des tout petits, elle n’est que peu de chose en comparaison des cadeaux et bienfaits que nous espérons recevoir de Dieu.
Certes, Dieu nous fait parfois sentir sa colère ; mais alors c’est à des moments où nous ne nous repentons pas, à des moments où nous voulons nous passer de sa grâce et de son pardon. Mais dès que nous l’implorons : « "Prête l’oreille" à nos demandes de pardon », il pardonne. Dès que nous demandons : « "Fais briller ton visage" sur nous », « nous serons sauvés ». Et si nous supplions : « "Affermis-moi" dans ma foi en ta grâce et en ton salut », il vient nous « rendre lui-même forts » (v. 16).
C’est ainsi qu’il vient régulièrement à nous dans sa Parole et ses sacrements, dans cet Evangile qui nous dévoile en Jésus-Christ l’étendue, la profondeur et la beauté sans pareilles de son amour pour nous.
Là, il « fait briller » sur nous « son visage » de Père aimant et fidèle. Là, dans l’Evangile, par cette Bonne Nouvelle, il réchauffe notre cœur par la confirmation de son pardon et de sa bénédiction protectrice et prévenante.
En fait, il vient à nous dans la personne de son Fils, notre Sauveur. C’est lui qui a jeté les ponts entre le Dieu trois fois saint et nous, les pécheurs. Et ce Sauveur, Jésus-Christ, vient les bras chargés de salut et de bénédictions de toutes sortes.
« L’avent » de sa venue, il nous le fait vivre chaque fois que nous le rencontrons dans son Evangile – dans sa Parole et ses sacrements. Nous ne cessons de prier pour cet « avent » : qu’il vienne dans nos vies, qu’il nous confirme nous conduire comme il a conduit le peuple d’Israël en marchant devant lui 40 années durant à travers le désert. Les épreuves n’ont pas disparu pour autant pour eux, mais en lui faisant confiance, en s’en remettant avec foi à sa conduite, ils ont pu surmonter leurs épreuves.

Nous espérons tous la même chose pour nous-mêmes, pour nos familles, nos paroisses, notre Eglise et nos missions : que Dieu vienne nous conduire, nous bénir et nous protéger ; qu’il se conduise avec nous en « Berger d’Israël », en « Berger » qui prend soin de nous, qui nous guide, en « Berger » aussi qui détourne de nous les dangers ou qui nous aide à rester près de lui dans le danger.
Ce à quoi nous aspirons, c’est qu’il vienne continuellement nous faire entendre sa voix de « Bon Berger ». Cette voix nous apaise, car elle nous répète qu’il nous a pardonné, qu’il est réconcilié avec nous, qu’il est notre allié et protecteur, mieux même, notre Père aimant et tout-puissant, et qu’il a lui-même payé le prix exorbitant pour qu’il puisse en être ainsi.
Et plus il fait son « avent » auprès de nous pour nous parler, nous réconforter, nous guider, et plus nous nous mettons à le contempler et à l’adorer dans son amour et sa fidélité, dans la « splendeur » de sa force et de sa grâce.

C’est comme s’il tournait son « visage » bienveillant vers nous et nous disait : « Tu vois, je suis venu à toi. Mon "avent", ma venue, est devenu réalité dans ta vie de pécheur repentant et croyant. Et si j’ai "regardé du haut du ciel", si je suis "venu à ton secours" il y a près de 2000 ans, si, dans l’Evangile, je te suis "apparu dans ma splendeur" de Sauveur fidèle, alors sache que j’ai l’intention de toujours "faire briller mon visage" bienveillant sur ceux qui m’invoquent avec foi. Sois donc assuré – et rassuré ! –: je t’ai sauvé ! »

Puissions-nous vivre cet « avent » et entendre ce message de « l’avent » tout au long de notre vie, jusqu’au moment où, lors de son dernier « avent », de sa dernière venue, il nous prendra avec lui dans la félicité éternelle – selon sa promesse !

Amen.

Jean Thiébaut Haessig

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