23 « Jésus lui répondit : "Si quelqu'un m'aime, il gardera ma parole et mon Père l'aimera ; nous viendrons vers lui et nous établirons domicile chez lui.
24 Celui qui ne m'aime pas ne garde pas mes paroles, et la parole que vous entendez ne vient pas de moi, mais du Père qui m'a envoyé.
25 Je vous ai dit cela pendant que je suis encore avec vous,
26 mais le Défenseur, l'Esprit saint que le Père enverra en mon nom, vous enseignera toutes choses et vous rappellera tout ce que je vous ai dit.
27 Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix. Je ne vous la donne pas comme le monde donne. Que votre coeur ne se trouble pas et ne se laisse pas effrayer." »
Chers frères et sœurs et particulièrement vous, chers Quentin et Xavier !
Tout à l’heure, au cours de la liturgie de la confirmation proprement dite, je vous imposerai successivement les mains en invoquant sur vous le Saint-Esprit tel qu’il est décrit dans Esaïe 11, verset 2 : « Esprit de sagesse et de discernement, Esprit de conseil et de force, Esprit de connaissance et de crainte de l'Eternel. »
C’est dire – mais qui aurait pu en douter ? – combien il est judicieux de célébrer une confirmation lors de la Fête du Saint-Esprit, lors de la Fête de la Pentecôte.
Bien entendu, le rôle du Saint-Esprit ne se limite pas au jour de la confirmation et, d’ailleurs, lors de la première Pentecôte à Jérusalem, il n’y avait pas de confirmation comme nous en célébrons une aujourd’hui – encore que …
le récit de la première Pentecôte se termine ainsi : « Ceux qui acceptèrent sa parole [celle proclamée par l’apôtre Pierre] furent baptisés et, ce jour-là, le nombre des disciples augmenta d’environ 3000 personnes » (Ac 2.41).
Nous avons tous les ingrédients d’une confirmation dans cet événement fondateur de l’Eglise du Nouveau Testament : confession de foi, implication du baptême, réception dans le nombre des disciples, c.à.d. des membres de l’Eglise qui mettent en pratique leur promesse de « persévérer dans l’enseignement des apôtres, dans la communion fraternelle, dans la fraction du pain et dans les prières » (Ac 2. 42)
Il y a dix jours, quand vous avez professé votre foi à l’aide de vos connaissances catéchétiques, vous avez parlé de l’action du Saint-Esprit dans votre Baptême, dans votre conversion et dans votre vie de tous les jours. Vous avez confessé que « c’est le Saint-Esprit qui, par l’Evangile, » – pour résumer – « vous a appelés, éclairés de ses dons, sanctifiés et maintenus dans la vraie foi » (Martin Luther, Petit Catéchisme).
C’est de cela que Jésus nous parle dans le texte proposé pour ce jour. Cela tombe bien. C’est à croire que ceux qui ont choisi ce texte comme texte pour la prédication de Pentecôte savaient que nous célébrerions ce jour une confirmation à Châtenay-Malabry. – Je plaisante, évidemment.
Voici comment nous pourrions résumer ce que Jésus nous dit ici à tous – et à vous deux en particulier, Quentin et Xavier :
LAISSEZ
« LE DEFENSEUR, L’ESPRIT SAINT, »
CONTINUER
1. à vous remplir de l’amour de Dieu !
2. à vous enseigner avec la Parole de Jésus !
3. à vous envelopper de la paix divine !
X X X 1 X X X
Laissez « le Défenseur, l’Esprit Saint, »
continuer à
vous remplir de l’amour de Dieu !
Premier plissement de sourcil : « le Défenseur » ? En quoi ai-je besoi d’un « Défenseur » (v. 2) ? Et pourquoi Jésus appelle-t-il « le Saint-Esprit » « le Défenseur » ? D’ailleurs, l’ancienne traduction Segond ne traduisait-elle pas « Consolateur » ?
Il est normal que vous vous posiez cette question. Il y a d’ailleurs des traductions – « la Bible de Jérusalem », par exemple – qui ont laissé le mot grec original : « le Paraclet », ce qui, il est vrai, ne vous avance pas plus. Mais pourquoi pas ? Nous avons d’autres titres ou mots grecs comme « Christ » ou hébreux comme « Emmanuel » ou « Jésus », qu’il faut aussi expliquer pour en comprendre la signification.
Ailleurs, comme dans le verset de confirmation que vous avez choisi tous les deux dans la 1ère Epître de Jean, ce mot est traduit par « avocat », et là, en parlant de Jésus. (1 Jn 2.1-2)
Vous avez peut-être l’impression de vous perdre dans ce fouillis fait d’avocat, de défenseur et de consolateur. Mais c’est simple, et c’est surtout réconfortant pour nous. « Paraclet » signifie : celui qui a été appelé à nos côtés pour nous soutenir. Quand nos péchés nous accusent, il est notre « Défenseur » ou « Avocat » de la défense. Quand nos péchés nous culpabilisent, il est notre « Consolateur ». Dans les deux situations, il nous « rappelle » (v. 26) la Parole d’amour de Dieu qu’est l’Evangile du Christ.
Dans ces situations, il dirige notre regard sur Celui qui a expié nos fautes et auprès duquel le pardon est disponible pour quiconque se repend et place sa foi en Lui.
Ce service – vous défendre et vous consoler face à vos péchés et à votre culpabilité – ce service, il veut vous le rendre tout au long de votre vie. Il ne veut cesser de vous « rappeler » ce que Jésus a fait pour vous, comment il a expié vos péchés et vous a obtenu le pardon et l’amour de Dieu.
Laissez « le Défenseur, l’Esprit saint, » continuer à vous rappeler l’amour de Dieu toute votre vie durant ! Laissez-le vous soulager par le rappel que Dieu vous aime. Laissez-le vous le rappeler particulièrement quand cela va mal dans votre vie, quand vous avez l’impression de ne pas être à la hauteur de ce qui se dresse sur votre route, quand vous avez l’impression que Dieu s’est détourné de vous, ne s’intéresse pas à vous !
Vous « gardez sa Parole » ? Vous prenez à cœur ce qu’il vous dit dans sa Parole d’Evangile ? Conformément aux promesses faites pour l’amour de Jésus-Christ, vous le prenez au mot et lui accordez foi ?
Alors, nous dit Jésus, « le Défenseur, l’Esprit saint, que le Père envoie en mon nom, vous rappelle » entre autre cette promesse : « Mon Père t’aime ; nous sommes venus vers toi et nous avons établi domicile chez toi » ! (v. 23).
N’empêchez jamais le Saint-Esprit de vous le rappeler ! Ne mettez jamais d’obstacles entre vous et son activité de soutien et de « Consolateur » ! Et débarrassez votre vie et votre corps de tout ce qui pourrait le faire fuir, car « votre corps est le temple du Saint-Esprit » et il ne veut pas établir domicile dans un temple où on se complaît dans le péché ! (1 Co 6.18-20)
En d’autres mots,
X X X 2 X X X
Laissez « le Défenseur, l’Esprit Saint, »
continuer à
vous enseigner avec la parole de Jésus !
Avec la confirmation, vous avez – et nous tous, un jour, nous avons – franchi une étape : nous avons traversé de bout en bout l’instruction catéchétique de l’enfance. Mais ce n’est qu’une étape, ce n’est pas une fin. Vous avez posé des bases ; il s’agit maintenant de continuer à construire et à consolider.
Ou pour prendre une autre image : il s’agit de continuer à entretenir le feu de la foi, sinon il s’éteint si on oublie de rajouter continuellement du combustible.
C’est ce que vous avez déclaré il y a dix jours en citant Luther : « Je crois que je ne puis, par ma raison et mes propres forces, croire en Jésus-Christ, mon Seigneur, ni aller à lui. Mais c’est le Saint-Esprit qui, par l’Evangile, m’a [non seulement] appelé, [mais aussi] éclairé de ses dons, sanctifié et maintenu dans la vraie foi. »
Si nous nous coupons de l’Evangile, notre foi en Jésus-Christ ne peut que s’étioler, s’éteindre plus ou moins vite, car nous nous coupons alors de celui que Jésus a promis d’envoyer – et qu’il a effectivement envoyé ! – pour nous ancrer et nous faire grandir dans une relation de foi vivante avec lui.
C’est ce qu’il nous dit ici dans notre texte : « Le Défenseur, l'Esprit saint que le Père enverra en mon nom, vous enseignera toutes choses et vous rappellera tout ce que je vous ai dit. »
Et Jésus s’étend sur le sujet, au point de remplir aussi le chapitre suivant où il revient sur le rôle du Saint-Esprit : « Il rendra témoignage de moi » (Jn 15.26), l’action du Saint-Esprit consistera – et consiste maintenant – à « nous enseigner toutes choses et [à] nous rappeler tout ce que [Jésus] a dit » et fait pour nous.
Autrement dit : le Saint-Esprit veut nous fortifier dans la foi en Jésus-Christ, notre Sauveur, en agissant sur nous à travers l’Evangile, cette Bonne Nouvelle de ce que Jésus a fait pour nous et de la grâce et du pardon de Dieu qu’il nous a ainsi obtenus de haute lutte.
Comment ne pas rester à l’écoute d’une Nouvelle aussi merveilleuse, merveilleuse par son contenu, mais merveilleuse aussi par son effet, l’action sanctifiante que le Saint-Esprit a sur nous à traveers cet Evangile !
Comment ne pas vouloir en entendre toujours plus sur le compte de ce Sauveur merveilleux ! Quand vous recevez une lettre de quelqu’un que vous aimez, vous l’ouvrez avec fébrilité, vous n’avez jamais assez de ses nouvelles.
C’est pareil avec les mots d’amour que Dieu nous envoie, l’Evangile de Jésus-Christ, l’Evangile où Dieu se présente plein de grâce envers nous. Ce qui fait dire à Jésus ici. « Si quelqu'un m'aime, il gardera ma parole. » (v. 23)
Et comment ne pas vouloir nous mettre le plus possible, le plus fréquemment et le plus régulièrement possible au contact de cet Evangile, comment ne pas tout faire pour se trouver placé sous son action sanctifiante et salutaire !
Nous nous attachons d’autant plus à rencontrer notre Sauveur bien-aimé dans l’Evangile, que le Saint-Esprit nous y affermit dans la foi en Jésus, y resserre nos liens avec notre bon Père céleste et nous conforte ainsi dans notre état d’enfants de Dieu et d’héritiers des cieux.
Voilà pourquoi nous venons au culte, aux études bibliques, aux réunions des jeunes. Non pas pour être meilleurs que d’autres – Dieu nous préserve d’un tel orgueil ! – mais par amour pour notre Sauveur et dans la joie de savoir que le Saint-Esprit y exerce cette merveilleuse action sanctifiante sur nous.
Aussi, laissez « le Défenseur, l’Esprit Saint, » continuer à vous enseigner avec la parole de Jésus après comme avant votre confirmation !
Enfin,
X X X 3 X X X
Laissez « le Défenseur, l’Esprit Saint, »
continuer à
vous envelopper de la paix divine !
Une « des paroles que Jésus a dites » et que « le Saint-Esprit » veut « nous rappeler » ici tout particulièrement, c’est celle qui clôt notre texte : « Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix. Je ne vous la donne pas comme le monde donne. Que votre coeur ne se trouble pas et ne se laisse pas effrayer. » (v. 27)
Quand nous recevons quelque chose dans « le monde », il nous arrive d’avoir des doutes, voire des soupçons, sur les mobiles, ou sur ce qu’on attend de nous en retour, ou sur la qualité de ce qu’on nous donne.
Cela est tout particulièrement vrai quand quelqu’un nous propose de faire la paix, ou quand les partenaires sociaux font la paix après des tensions sociales, ou quand un Etat conclue une paix avec un autre Etat.
Ces paix sont toutes éphémères, provisoires, car fondées sur la volonté des hommes qui eux ne sont ni parfaits ni éternels. Et si leurs arrière-pensées ou espoirs plus ou moins avouées ne se réalisent pas, la paix conclue vole de nouveau en éclats.
Dans « le monde », une paix doit continuellement être consolidée, adaptée à des circonstances changeantes, pour que chacun des partenaires impliqués y trouve à peu près son compte, car les paix de ce « monde » sont toutes imparfaites. Il faut nous en faire une raison.
Quel soulagement, alors, de nous entendre dire par Jésus que sa paix est différente, parce que lui qui nous la donne est différent : « Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix. Je ne vous la donne pas comme le monde donne. Que votre coeur ne se trouble pas et ne se laisse pas effrayer. »
Dieu merci ! nous n’avons pas besoin d’être « effrayés » de voir Jésus nous « donner sa paix ». Il « ne la donne pas comme » un vainqueur l’impose à un vaincu, elle n’est pas hypocrite, il n’y a pas de piège ou de vice caché dans sa paix, elle ne nous engage pas à des obligations où nous serions pris comme dans une souricière, faits comme des rats.
Non, Jésus la donne de bon cœur. Personne n’aurait pu l’y forcer. Pourtant il a dû payer de sa vie pour pouvoir nous la donner. Et il la donne sans contrepartie, il la donne de bonne grâce et par pure grâce.
Et quelle paix ! C’est du solide. C’est une paix durable, permanente, elle est même éternelle ! Elle n’est pas fondée sur des engagements humains, donc fragiles, mais sur le paiement parfait qu’il a fait lui-même et que Dieu a accepté comme satisfaisant, comme suffisant pour être réconcilié avec nous, les pécheurs.
C’est vraiment – comme le dit Paul – « une paix qui dépasse tout ce qu’on peut comprendre » (Ph 4.7). Tout y est miraculeux : que le Dieu trois fois saint accepte de faire la paix avec les pécheurs que nous sommes, le prix exorbitant payé pour que cette paix soit possible, et le payeur – le Fils de Dieu lui-même ! – qui se voit d’ailleurs décerné le titre de « Prince de la Paix » (Es 9.5)
La façon dont nous avons été reçus dans cette « paix » est d’ailleurs tout aussi miraculeuse : le Saint-Esprit nous a appelés et maintenus dans la foi en Jésus-Christ « par l’Evangile », il nous a élevés dans l’Alliance de grâce du Baptême et il continue de nous y enraciner par la Parole et la Cène
Laissez « le Défenseur, l’Esprit saint, » continuer à vous envelopper dans « la paix » que Jésus vous a procurée. N’oubliez pas ce que vous avez confessé : « Je crois que je ne puis, par ma raison et mes propres forces, croire en Jésus-Christ ni aller à lui. Mais c’est le Saint-Esprit » qui fait tout cela « par l’Evangile ».
Il n’y a que lui qui peut vous maintenir dans cette paix avec Dieu, ce n’est que lui qui peut vous maintenir dans cette situation bienheureuse où Dieu n’est plus votre juge implacable mais votre Allié, votre Père tout-puissant, miséricordieux et prévenant.
Il n’y a que le Saint-Esprit qui peut vous maintenir dans cet état d’enfant de Dieu et d’héritier des cieux. Mais il ne peut le faire que si vous ne vous soustrayez pas à son action à travers l’Evangile.
Si une paroisse multiplie les activités spirituelles, si elle propose, en plus des cultes et de l’instruction des enfants, par exemple des études bibliques et des réunions des jeunes, ce n’est pas par activisme, mais pour être au contact de l’action du Saint-Esprit, pour être maintenus dans « la paix » du Christ, la paix dès ici-bas malgré nos péchés, et la paix, plus tard dans la félicité éternelle, lorsqu’il n’y aura plus de péché et que du bonheur !
Alors, oui, arrangeons-nous – vous deux, Quentin et Xavier, mais aussi nous tous ici présents – arrangeons-nous pour laissez « le Défenseur, l’Esprit saint, » continuer
1. à nous remplir de l’amour de Dieu !
2. à nous enseigner avec la Parole de Jésus !
3. à nous envelopper de la paix divine !
Amen.
Jean Thiébaut Haessig
Chants proposés :
Viens, Créateur, emplis nos âmes AeC 501 :1-3
Ø Liturgie d’entrée
Je crois en Dieu, le Créateur, AeC 565 : 1-3
ou :
Comme un souffle fragile AeC 232 : 1-3
Ø Prédication
Torrents d’amour AeC 419 : 1-3
Ø Liturgie de Confirmation
Oh ! prends mon âme, AeC 602 : 1-3
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