dimanche 26 juillet 2009

Sermon de funérailles - mercredi 22 juillet 2009

Enterrement

Caroline MONTELLA née Braun

(21.01.1912 - 15.07.2009)

1 PIERRE 5 : 10-11

« Le Dieu de toute grâce,

vous a appelés en Jésus-Christ à sa gloire éternelle.

Après que vous aurez souffert un peu de temps,

Il vous rétablira lui-même, vous affermira,

vous fortifiera, vous rendra inébranlables.

À lui soient la gloire et la puissance aux siècles des siècles ! Amen ! »

Chers amis, frères et soeurs,et plus particulièrement vous, qui prenez congé de votre mère, belle-mère ou grand-mère !

J’aime bien écouter de la musique en travaillant. C’est ainsi que j’ai écouté, en rédigeant cette prédication, la fin de l'oratorio « Le Messie » de Haendel. Et cela a commencé par les choeurs qui chantaient le fameux « Alléluia ! », ce qui signifie : « Louez le Seigneur ! »

Cela cadrait-il avec le message que je devais vous délivrer aujourd'hui ? N'est-ce pas déplacé de louer le Seigneur en présence de ce cercueil ? Eh bien, au risque d'en surprendre quelques-uns – mais les croyants seront d'accord avec moi – le départ de cette vie d'un croyant est effectivement un sujet de joie et de gratitude envers Dieu.

D'ailleurs, le texte proposé à votre méditation est traversé d'espérance et de joie, et non pas empreint de tristesse et de consternation. Ce sont les deux derniers versets de la Première Epître de Pierre, juste avant les salutations. C'est une confession de foi joyeuse et sereine en la puissance et la grâce avec lesquelles Dieu nous traite pour notre bonheur sans fin.

Il vaut la peine de réentendre ce texte si réconfortant en cet instant de peine profonde :

« Le Dieu de toute grâce,

vous a appelés en Jésus-Christ à sa gloire éternelle.

Après que vous aurez souffert un peu de temps,

Il vous rétablira lui-même, vous affermira,

vous fortifiera, vous rendra inébranlables.

À lui soient la gloire et la puissance aux siècles des siècles ! Amen ! »

Il ressort de ce texte :

En Christ,

Dieu

1. nous applique sa grâce,

2. nous appelle à sa gloire éternelle,

3. nous enveloppe de sa toute-puissance.

X X X 1 X X X

1ère révélation de notre texte :

En Christ, Dieu nous applique sa grâce.

Pas simple à croire ! Ne serons-nous pas tous pareillement étendus un jour dans un cercueil comme notre sœur ? « La mort » ne « s'est »-elle pas « étendue à tous les hommes parce que tous ont péché » ? (Rm 5.12)

Il ne sert à rien de se boucher les yeux et les oreilles et de nier l'évidence. Toi comme moi, nous tous, nous sommes loin d'être parfaits, loin de placer en toutes choses notre confiance pleinement en Dieu seul, loin de le craindre et de l'aimer par-dessus tout, loin aussi d'aimer tous nos prochains comme nous-mêmes.

Il ne sert à rien non plus de se dire : « D’accord, mais je suis meilleur que celui-ci, pas aussi mauvais que celle-là ; moi j'ai toujours honoré mes parents, je n’ai jamais porté atteinte à la vie de quelqu'un, j’ai toujours respecté le saint état du mariage, je ne me suis jamais approprié par des voies injustes les biens de qui que ce soit, ni répandu de commérages à son sujet, ou convoité ce qui appartient aux autres ! »

Ce genre d'excuses ne trompe pas Dieu. « Dieu sonde les reins et les coeurs. » (Jr 11.20) Il ne s'arrête pas à notre apparence, mais connaît les pensées que nous n'oserions pas répéter à voix haute devant n'importe qui.

Non, reconnaissons la vérité de cette affirmation biblique – et reconnaissons avec humilité et honnêteté qu'elle parle bien de chacun de nous, et pas seulement des autres : « Il n'y a sur la terre aucun homme juste qui fasse le bien et qui ne pêche jamais. » (Ec 7.20)

Nous sommes donc tous coupables devant Dieu et méritons sa colère et son châtiment dans cette vie et pour l'éternité.

Que faire alors ? Nous lamenter ? Perdre les nerfs ? Noyer notre angoisse de la mort en nous jetant dans les plaisirs de la vie ?

Vous savez, la politique de l'autruche n'est pas plus sage face à Dieu que face à une armée ennemie. D'ailleurs, nous avons tout intérêt à regarder les choses en face, à regarder Dieu en face tel qu'il se présente à nous dans l'Évangile. Contre toute attente, cela nous calmera !

C'est que nous découvrirons alors avec étonnement un « Dieu de toute grâce », un Dieu qui a fait le nécessaire pour que nous n'ayons plus à trembler devant sa colère toute-puissante et dévastatrice.

Oui, nous avons mérité la colère de Dieu et son châtiment pour le temps et pour l'éternité. Mais dans sa clémence, notre Créateur a fait en sorte qu'une solution soit trouvée à notre situation désespérée.

Cette solution s'appelle Jésus-Christ. Et c'est la seule échappatoire possible, le seul moyen de voir Dieu réconcilié avec nous.

L'inouï, l'incroyable, s'est produit ! Dans son grand amour pour nous, Jésus s'est fait punir à notre place pour détourner de nous ce châtiment mille fois mérité. Et devant notre imperfection et incapacité à satisfaire Dieu par une vie de sainteté et de perfection totales, il est intervenu pour vivre une telle vie à notre place.

« En Jésus » – comme Pierre nous le dit dans notre texte – il y a une solution pour s'en sortir, pour échapper à la terrible colère de Dieu. Cette solution consiste à ne plus compter sur sa propre dignité, mais à se réfugier en toute confiance auprès du Christ, à placer sa foi dans ce qu'il a fait pour nous.

Le Dieu qui a préféré nous traiter selon sa compassion plutôt que selon nos mérites, ce « Dieu de toute grâce nous a appelés en Christ ! »

Et il continue de « nous appeler » et d'« appeler » les personnes du monde entier à se détourner de leurs péchés et à se tourner dans la foi vers son Fils pour recevoir, grâce à lui, le pardon, et pour avoir part à sa victoire sur la mort.

Ce Dieu, t'appelle, m'appelle, nous appelle. Vas-tu l'écouter et te laisser arracher par lui à ta perte ? … ou préfères-tu continuer à le repousser pour vivre dans l'impénitence et l'incrédulité ? C'est toute la question.

Votre mère, belle-mère et grand-mère – notre soeur en Christ – avait entendu cet appel du « Dieu de toute grâce ». Et elle s'en réjouissait. Elle savait et croyait qu'« en Christ », Dieu s'est tourné vers elle pour lui appliquer sa « grâce » au lieu de la traiter avec colère !

Elle savait aussi, et c'est là la

X X X 2 X X X

2ème révélation de notre texte :

En Christ, Dieu nous appelle à

sa gloire éternelle.

La belle « gloire » ! objecteront certains ! La gloire d'un corps inerte et en décomposition dans un cercueil !

Il ne viendrait à personne ici l'idée de nier le sort qui attend nos corps après le décès. Effectivement, le corps est encore, pour un temps, exclu de « la gloire » qui nous attend et qui est réelle. « e Dieu de toute grâce nous a appelés en Jésus-Christ à sa gloire éternelle. »

La mort du corps n'est qu'une étape passagère. Un jour, « il ressuscitera glorieux », lui aussi (1 Co 15.43). À son retour en gloire, « Jésus-Christ transformera notre corps de misère pour le rendre conforme à son corps glorieux » (Ph 3:21).

Et ce qui se passe avec ce corps, là, devant nous – ou plus tard avec les nôtres – ne doit pas nous effrayer. Ce n'est que notre enveloppe. Nous avons été créés corps et âme. Si nous avons vécu et sommes morts dans la foi en Christ, le plus important, notre âme, passe directement dans la gloire céleste au moment de notre décès.

Rappelez-vous ce que le Christ a promis au criminel repentant crucifié à côté de lui : « Aujourd'hui tu seras avec moi dans le paradis ! » (Lc 23.43) Pourtant, plus tard, le cadavre de ce larron pendait toujours à la croix ! Mais son âme avait rejoint le Seigneur au paradis.

Avant de mourir, il s'était tourné dans la foi vers le Christ. Bien lui en prit ! « En Christ » – pour l'amour de Jésus dans lequel il avait placé sa foi – « le Dieu de toute grâce » l'a reçu dans « la gloire éternelle ».

C'est ce qui nous console et nous réconforte ; c'est même ce qui nous réjouit aujourd'hui : de savoir que notre soeur décédée se trouve, selon l'âme, auprès de son Seigneur dans la félicité éternelle.

Certes, lorsqu'un être cher nous quitte pour longtemps, et plus encore lorsqu'il nous quitte pour toujours ici-bas, nous en sommes attristés. Nous ne pouvons plus lui faire plaisir, plus nous réchauffer des rayons de son affection, plus profiter de son aide et de ses conseils. Dans certains cas, cette séparation est même douloureuse et catastrophique.

Mais lorsqu'il s'agit d'une personne qui avait placé sa foi « en Christ », nous savons, qu'en mourant, elle a gagné au change. Pour un croyant « la mort représente un gain ! » s'exclame Paul (Ph 1.21). « Heureux les morts qui meurent dans le Seigneur, et ce dès maintenant ! Oui, dit l'Esprit, ainsi ils se reposent de leurs travaux, mais leurs oeuvres les suivent. » (Ap 14.13)

Rappelons ce que Pierre écrit ici aux croyants, à ceux qui placent leur foi en Christ : « Le Dieu de toute grâce vous a appelés en Jésus-Christ à sa gloire éternelle. » – C'est là à la fois une promesse et une mise en garde.

Une mise en garde : celui qui ne s'accroche pas au Christ avec repentance et foi, ratera ce passage unique de cette vie dans la gloire céleste. Il n'y a que le Christ qui peut nous faire passer.

Et c'est une promesse : celui qui a placé sa foi en Christ jusqu'à la fin, n'aura rien à craindre de la mort ; elle devra le laisser passer avec son Sauveur sans pouvoir le toucher. Il ne connaîtra pas le côté terrible de la mort, la damnation éternelle corps et âme.

La raison en est simple : si tu regrettes tes péchés, t'en repens et que tu en appels à l’expiation que Jésus en a faite pour toi, Dieu ne te tient plus rigueur de tes péchés et te pardonne. Pour l'amour de Christ auquel tu fais appel, Dieu n'est plus contre toi, mais réconcilié. Tes péchés ne t'empêchent plus d'entrer dans sa communion de vie, pas non plus d'entrer dans sa gloire céleste.

Inutile d'ajouter que si tu ne te repens pas de tes péchés, et si tu ne demandes pas pardon à Dieu pour l'amour de son Fils, « la colère de Dieu demeure » sur toi (Jn 3.36), et au lieu de la gloire éternelle tu connaîtras la damnation éternelle. Dans ce cas il n'y aurait pas de quoi se réjouir le jour de ton enterrement, comme nous pouvons – Dieu en soit loué ! – le faire aujourd'hui.

Notre soeur décédée se consolait de savoir qu' « en Jésus-Christ, le Dieu de toute grâce l'avait appelée à sa gloire céleste ». Et elle demandait chaque soir au Seigneur qu’il la maintienne dans cette foi et cette consolante assurance.

Mais dans les coups durs elle savait aussi, et c'est là la

X X X 3 X X X

3ème révélation de notre texte :

EN CHRIST,

DIEU NOUS ENVELOPPE DE

SA PUISSANCE ÉTERNELLE

Il nous arrive – et peut-être l'un ou l'autre se trouve-t-il actuellement exactement dans cette situation – où nous soupirons : « C'est bien beau de savoir qu'après cette vie nous irons au ciel ! Pour l'instant, je suis encore sur terre, et j'ai du mal à m'en sortir ! Je n'y suis pas encore, dans cette félicité éternelle. Au lieu de me consoler avec l'éternité, j'aurais besoin de réconfort pour le temps que j'ai encore à passer ici-bas ! »

Qui n'a pas déjà connu ce « désir de s'en aller et d'être avec Christ » (Ph 1.23), ou de voir le Christ intervenir puissamment dans sa vie pour faire changer les choses ? Notre soeur a certainement connu de ces moments aussi.

Sachez-le, « le Dieu de toute grâce » n'est pas seulement un Dieu de l'éternité, il est aussi le Dieu du présent. Certes, grâce à Christ, nous qui plaçons notre foi en lui, nous pouvons avoir la certitude qu'il nous recevra dans la félicité éternelle.

Mais il y a plus ! Pour parler avec l'apôtre Paul, « si Dieu est pour nous, qui sera contre nous ?» (Rm 8.31) Alors il veille sur nous ici-bas à chaque instant et « fait tout contribuer à notre bien » (Rm 8.28), même notre décès.

Il est vrai, il faut rester humble devant la grandeur de la sagesse de Dieu. Il ne faut pas vouloir lui dicter la façon d'agir pour notre bien, comme Marie a voulu le faire aux noces de Cana. Qu'il nous suffise de savoir que « rien ne peut nous séparer de l'amour de Dieu manifesté en Jésus-Christ, » (Rm 8.39), pas non plus les épreuves et les déceptions.

Méditons l'oeuvre de notre Sauveur ! Là, nous comprendrons combien nous avons besoin de lui. Mais là, nous puiserons aussi la certitude que, grâce à son intervention en notre faveur, Dieu est « réconcilié » avec nous, il est maintenant « pour nous ». Là, nous apprendrons à dire, au milieu des épreuves : « Non pas ce que je veux, mais ce que tu veux, » puisque tu m'enveloppes de ta puissance souveraine et de ton amour sans borne.

Non, nous ne comprenons pas pourquoi Dieu trouve bon de nous faire passer par telle épreuve qu'il épargne à d'autres. Mais la croix de Golgotha est la preuve qu'il nous aime « en Christ » et qu'il nous porte à travers l'épreuve vers le but si nous ne lui retirons pas notre confiance.

Cette parole de notre texte s'est aussi appliquée à notre sœur : « Après que vous aurez souffert un peu de temps, il vous rétablira lui-même, vous affermira, vous fortifiera, vous rendra inébranlables. Nous aussi, il veut nous modeler et nous préparer à le rencontrer pour partager son éternité.

Aussi, consolez-vous avec ces trois vérités de notre texte :

En Christ, Dieu

1. nous applique sa grâce,

2. nous appelle à sa gloire éternelle, et

3. nous enveloppe de sa puissance éternelle !

« À lui soient la gloire et la puissance aux siècles des siècles ! Amen ! »

Jean Thiébaut Haessig


Chants :

Il est pour le fidèle Au-delà du tombeau AeC 640:1-4

Jérusalem, cité sainte, Séjour de l’éternité AeC 635:1-4

A Dieu seul j’abandonne AeC 634:1-4

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