mardi 13 octobre 2009

Sermon du dimanche 11 octobre 2009 - 18ème dimanche après Trinité


Texte : Mc 12.28-34

28 « Un des scribes, qui les avait entendus discuter, sachant que Jésus avait bien répondu aux sadducéens, s'approcha, et lui demanda : "Quel est le premier de tous les commandements ?"

29 Jésus répondit : "Voici le premier : Ecoute, Israël, le Seigneur, notre Dieu, est l'unique Seigneur,

30 et : ‘Tu aimeras le Seigneur, ton Dieu, de tout ton coeur, de toute ton âme, de toute ta pensée, et de toute ta force.’

31 Voici le second : ‘Tu aimeras ton prochain comme toi-même.’ Il n'y a pas d'autre commandement plus grand que ceux-là."

32 Le scribe lui dit : "Bien, maître ; tu as dit avec vérité que Dieu est unique, et qu'il n'y en a point d'autre que lui,

33 et que l'aimer de tout son coeur, de toute sa pensée, de toute son âme et de toute sa force, et aimer son prochain comme soi-même, c'est plus que tous les holocaustes et tous les sacrifices."

34 Jésus, voyant qu'il avait répondu avec intelligence, lui dit : "Tu n'es pas loin du royaume de Dieu." Et personne n'osa plus lui proposer des questions. »

Chers frères et sœurs,

membres du « Royaume de Dieu » !

« Tu n’es pas loin du Royaume de Dieu ! » (v. 34) Cette phrase a dû faire l’effet d’un coup de tonnerre sur ce « scribe », ce spécialiste des écrits des prophètes. « Tu n’es pas loin … » mais dedans ? Non, tu n’es, malgré tout, pas dans « le Royaume de Dieu » !

C’est un peu comme celui qui voulait réussir un examen et qui est resté un point en dessous de la note minimale requise. Ou le chômeur qui a passé toute une série de tests et d’entretiens mais est recalé au dernier entretien.

Ou le sportif qui a battu ses adversaires en 32ème, puis en 16ème, en 8ème, en quart et en demi-finale, pour échouer en finale.

Ou plus prosaïquement : vous avez acheté un meuble en kit ; vous avez commencé à le monter, et à la dernière étape vous remarquez qu’à un moment donné vous vous êtes trompé et qu’arrivé presque au bout, vous devez tout redémonter.

Le candidat à l’examen, le chômeur, le sportif, le bricoleur y étaient presque parvenus, mais ils n’y sont quand même pas parvenus.

Dans leurs cas, on sait ce qui leur a manqué, mais dans celui du scribe, qu’est-ce qui lui manquait pour qu’il ne soit dans « le Royaume de Dieu », lui, le théologien de l’Ancien Testament ?

Car cela pourrait faire peur. Et moi alors ? Si ce pasteur de l’Eglise de l’Ancienne Alliance n’était pas dans « le Royaume de Dieu », se pourrait-il que je n’y sois pas non plus ?

Chers amis, c’est pour clarifier cette question et, comme je l’espère, vous rassurer que nous allons nous pencher sur cette question.

1. Qu’est-ce qui rapproche du

« ROYAUME DE DIEU »

sans y faire entrer ?

2. Qu’est-ce qui fait entrer dans

« LE ROYAUME DE DIEU » ?

X X X 1 X X X

QU’EST-CE QUI RAPPROCHE

DU « ROYAUME DE DIEU »

sans y faire entrer ?

Qu’est-ce qui amène Jésus à dire à ce scribe qu’il est proche du « Royaume de Dieu », mais pas dedans, alors qu’il est tombé d’accord avec Jésus, alors qu’il a approuvé ce que Jésus a dit ?

Au fait, de quoi Jésus parle-t-il précisément ? Il a répondu à une question précise du scribe. Ils n’ont abordé qu’une vérité parmi d’autres de la Parole de Dieu.

Notre entretien entre Jésus et le scribe vient après plusieurs tentatives de « quelques pharisiens et hérodiens […] de prendre Jésus au piège de ses propres paroles » (Mc 12.13). Ils lui avaient demandé : « Est-il permis ou non de payer l’impôt à l’empereur ? » A quoi Jésus avait répondu : « Rendez à l’empereur ce qui est à l’empereur, et à Dieu ce qui est à Dieu. » (Mc 12.14-17)

Et là, comme souvent, l’émulation entre rivaux – pharisiens et sadducéens – trouve un bon terrain d’exercice. Comme le piège des pharisiens n’a pas fonctionné, « les sadducéens » prennent la relève avec une question – malhonnête de leur part, parce qu’ils ne croyaient pas à la résurrection ! – : De qui une femme qui a eu successivement sept maris sera-t-elle l’épouse au ciel ? Jésus répond qu’ils étaient « complètement dans l’erreur » et « ne connaissaient ni les Ecritures ni la puissance de Dieu. En effet, à la résurrection les hommes et les femmes ne se marieront pas, mais ils seront comme les anges dans le ciel. » (Mc 12.18-27) Ce piège non plus n’a pas fonctionné.

Et c’est là qu’intervient « un des scribes qui les avait entendus discuter » et qui avait « vu que Jésus avait bien répondu. » « Il s’approcha et demanda [à Jésus] : "Quel est le premier de tous les commandements ?" » (v. 28) Il se rabat sur la Loi que Dieu a donnée par écrit aux hommes par l’intermédiaire de Moïse, les Dix Commandements.

Jésus et le scribe sont d’accord sur le résumé des deux Tables de la Loi. Voici comment Jésus résume la 1ère Table, les 3 premiers Commandements (ceux qui parlent de nos devoirs envers Dieu) : « Tu aimeras le Seigneur, ton Dieu, de tout ton coeur, de toute ton âme, de toute ta pensée, et de toute ta force ! » (v. 30)

Et voici comment il résume les sept autres Commandements, ceux qui parlent de nos devoirs entre nous : « Tu aimeras ton prochain comme toi-même ! » (v. 31)

Le scribe reconnaît qu’il est entièrement d’accord avec Jésus. Alors pourquoi n’est-il que proche « du Royaume de Dieu », mais pas dedans ?

Parce que ce pauvre homme n’est d’accord que sur un point ; il ne connaît que la Loi. Lui aussi fait sans doute partie de ceux qui « ne connaissent pas la puissance de Dieu » (Mc 12.24), cette puissance du Messie qui va terrasser le péché, la mort et l’enfer, nous réconcilier avec Dieu et nous obtenir son pardon et son salut.

Ce scribe ne parle que de la Loi. Apparemment, il n’a pas découvert l’Evangile dans l’Ancien Testament, il n’a pas vu ce fil doré, ce fil conducteur, cette guirlande de prophéties messianiques qui traverse tout l’Ancien Testament.

Or ce n’est que par la foi en ce Sauveur qu’on est arraché aux flots de la damnation et hissé en sécurité dans la barque du « Royaume de Dieu ».

Tant que ce scribe se préoccupera exclusivement de la Loi de Dieu et de ses commandements, il n’arrivera pas à être en règle avec Dieu, car les Commandements exigent la perfection, une observation de la Loi « de tout cœur », pas d’un cœur mitigé, « de toute [notre] âme », complètement, entièrement, totalement, « et de toute [notre] force », sans qu’il n’y ait jamais de relâchement. Autrement dit, en raison de notre péché, c’est une cause perdue d’avance. Ce n’est pas ainsi qu’on sera reçu dans « le Royaume de Dieu ».

Quand j’entends à la télévision dire que l’essence du christianisme – il y a même un acteur qui dit qu’il est devenu protestant à cause de cela – c’est l’amour du prochain, ça m’attriste, car eux non plus « ne connaissent pas les Ecritures ni la puissance de Dieu » (Mc 12.24). Ils n’ont pas découvert « la substantifique moelle » (Rabelais) de la révélation divine. Ils en connaissent un pan, mais pas l’essentiel.

Ils ne sont « pas loin du Royaume de Dieu », mais si c’est là vraiment toute leur position, ils en sont encore exclus.

Il faut vraiment « éprouver les esprits pour savoir s’ils sont de Dieu » (1 Jn 4.1). Il ne suffit pas que quelqu’un approuve la morale chrétienne développée dans la Loi de Dieu pour qu’il soit nécessairement un chrétien. Il y a des athées, des musulmans, des juifs qui développent aussi un haut niveau de moralité.

C’est que Dieu a fait en sorte que « la Loi soit écrite dans les cœurs » de tous les hommes (Rm 2.15). Certains en ont une connaissance plus aigue que d’autres ; ils sont plus sensibles à l’éthique chrétienne.

Ceux qui ne veulent pas de sa Loi et qui la transgressent allègrement, Jésus dit d’eux qu’ils sont très éloignés de son Royaume. Ceux, par contre qui connaissent sa Loi et essayent de s’y conformer, ne sont « pas loin du Royaume de Dieu », car la Loi nous prépare pour être réceptifs à l’Evangile.

Quelqu’un qui prend la Loi de Dieu au sérieux, quelqu’un qui s’efforce honnêtement d’« aimer son prochain comme lui-même », se rend bien compte qu’il ne parvient pas à y être parfait.

Et s’il s’efforce honnêtement d’« aimer […] Dieu de tout son coeur, de toute son âme, de toute sa pensée, et de toute sa force, » il reconnaîtra aussi qu’il est loin d’y parvenir, loin de remplir les exigences de Dieu dans sa sainte Loi.

Reconnaître qu’on n’y arrive pas, reconnaître qu’on est pécheur et qu’on mérite donc la colère de Dieu, reconnaître qu’on n’arrive pas à se mériter l’entrée dans « le Royaume de Dieu », c’est la bonne disposition d’esprit pour prêter une oreille attentive à

X X X 2 X X X

CE QUI FAIT ENTRER DANS LE

« ROYAUME DE DIEU ».

Les scribe, ainsi que toutes les personnes présentent, entendent avec stupéfaction cette constatation du Christ : « Tu n’es pas loin du Royaume de Dieu ! » …et puis … plus rien, pas d’explication.

Jésus était-il avare de paroles ? – Oh, que non ! Les quatre Evangiles sont remplis de ses enseignements, de ses prédications et de ses entretiens. Le scribe n’avait posé que cette question-là : « Quel est le premier de tous les commandements ? » Si Jésus s’est cantonné à y répondre, c’est qu’il veut les inciter à réfléchir à ses paroles qui les ont tant impressionnés : Comment se fait-il que ce scribe ne soit pas dans « le Royaume de Dieu » ?

Ceux qui pensent – et ils sont malheureusement nombreux ! – que, parce qu’ils mènent une vie honorable, Dieu doit les accepter dans son Royaume, devraient réfléchir à ce que Jésus a dit au scribe. Ça les concerne aussi : Si tu te bases sur l’honorabilité de ta vie pour conclure que tu fais partie du « Royaume de Dieu », tu te trompes. « Tu n’en es pas loin », alors, mais tu n’en fais alors toujours pas partie.

Sans doute Jésus voulait-il aussi éveiller la curiosité de ses auditeurs. Cela devait les inciter à continuer à venir l’écouter pour entendre le fin mot de l’histoire.

Et, effectivement, en venant l’écouter, ils pouvaient entendre la réponse à leur question. Jésus a beaucoup « proclamé la bonne nouvelle du Royaume de Dieu » (Mc 1.14). Il l’a fait, entre autre, à l’aide de paraboles ; toute une série d’entre elles parlent du « Royaume de Dieu » : la parabole du semeur, celle de la semence qui germe pendant que le semeur dort, celle du grain de moutarde, etc.

Et dès le premier chapitre de notre Evangile, celui de Marc, Jésus prêche « le Royaume de Dieu » en des termes qui rappellent notre texte, et là-bas, il s’explique : « Le moment est arrivé et le Royaume de Dieu est proche. Repentez-vous et croyez à la Bonne Nouvelle ! » (Mc 1.15)

« Le Royaume de Dieu est proche », il est proche de chaque personne qui entre en contact avec « la Bonne Nouvelle ». « Le Royaume de Dieu » est à portée de main de quelqu’un quand « la Bonne Nouvelle » – l’Evangile – du salut en Jésus-Christ lui est annoncée.

Si tu « te repens » de ne pas « être parfait comme notre Père céleste est parfait » (Mt 5.48), si tu es attristé d’attrister Dieu par tes péchés, et si tu t’appropries à bras-le-corps avec foi les merveilleuses promesses de l’Evangile, alors tu fais partie du « Royaume de Dieu ».

Toi qui « crois à l’Evangile », toi qui crois dans ce que Jésus a fait pour expier ton péché et te réconcilier avec Dieu, toi qui t’en remets avec foi au seul et unique Sauveur, sois assuré : tu es sauvé, sois sûr et certain : Jésus t’a racheté par son sacrifice, il t’a arraché au royaume des ténèbres et placé dans son Royaume des sauvés.

« Repentez-vous et croyez à la Bonne Nouvelle ! »

Le scribe connaissait la Loi. L’histoire ne nous dit pas s’il reconnaissait que la Loi le condamnait. Sans doute. Mais il ne « croyait » pas encore « à la Bonne Nouvelle », à l’Evangile, il ne plaçait pas encore sa foi dans le Sauveur que Dieu lui avait pourtant annoncé dans l’Ancien Testament déjà. Voilà pourquoi il était, certes, « pas loin du Royaume de Dieu », mais quand même pas dedans.

Mais toi, à qui la grâce a été faite d’avoir été « appelé par l’Evangile » (2 Th 2.14) ; « appelé des ténèbres à sa merveilleuse lumière » dans son Royaume (1 P 2.9), réjouis-toi de la grâce dans laquelle tu vis, demeure au contact de cet Evangile du Christ, et honore-le par une vie de repentance et de foi de tous les jours, ce qui caractérise les membres du « Royaume de Dieu » !

Amen.

Jean Thiébaut Haessig

Chants proposés :

Rendez à Dieu l’honneur suprême LlS 14 : 1-3+7

Sur la terre, Seigneur, est-il un homme juste LlS 225 : 1-6

Je t’aime, ô Dieu, de tout mon cœur, LlS 245 : 1-3

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