mercredi 25 novembre 2009

Sermon du Dernier Dimanche après la Trinité - 22/11/2009

Texte : Mt 25.1-13

"

1 « Alors le royaume des cieux ressemblera à dix jeunes filles qui ont pris leurs lampes pour aller à la rencontre du marié.

2 Cinq d'entre elles étaient folles et cinq étaient sages.

3 Celles qui étaient folles ne prirent pas d'huile avec elles en emportant leurs lampes,

4 tandis que les sages prirent, avec leurs lampes, de l'huile dans des vases.

5 Comme le marié tardait, toutes s'assoupirent et s'endormirent.

6 Au milieu de la nuit, on cria : '"Voici le marié, allez à sa rencontre !"

7 Alors toutes ces jeunes filles se réveillèrent et préparèrent leurs lampes.

8 Les folles dirent aux sages : "Donnez-nous de votre huile, car nos lampes s'éteignent."

9 Les sages répondirent : "Non, il n'y en aurait pas assez pour nous et pour vous. Allez plutôt chez ceux qui en vendent et achetez-en pour vous."

10 Pendant qu'elles allaient en acheter, le marié arriva. Celles qui étaient prêtes entrèrent avec lui dans la salle des noces et la porte fut fermée.

11 Plus tard, les autres jeunes filles vinrent et dirent : "Seigneur, Seigneur, ouvre-nous !"

12 mais il répondit : "Je vous le dis en vérité, je ne vous connais pas."

13 Restez donc vigilants, puisque vous ne savez ni le jour ni l'heure où le Fils de l'homme viendra. »

Chants proposés :

C’est toi, Jésus, qu’ils ont chanté, AeC 443 : 1-4

Quand le soir descend AeC 609 : 1-4

Jeunes et vieux AeC 170 : 1-5


Chers frères et sœurs, « Maranatha ! »

« Maranatha ! » « Le Seigneur vient ! » (1 Co 16.22)

« Maranatha ! » Ce matin, je vous adresse ainsi une salutation en araméen tirée de la Bible. Les premiers chrétiens se saluaient ainsi quand ils se rencontraient. Ils vivaient leur vie ici-bas dans la perspective de l’éternité.

Ils ne méprisaient pas la vie sur terre, don de Dieu, ils ne négligeaient pas leurs devoirs et leurs responsabilités dans ce monde – ils savaient que c’est Dieu qui les leur avait confiées – mais ils savaient aussi qu’ils n’étaient qu’« étrangers et voyageurs sur la terre » (Hé 11.13), que leur véritable « citoyenneté était dans les cieux » (Ph 3.20) !

Sur notre forum, un débat s’est engagé sur le thème « vie terrestre et vie céleste ». Ce débat est né de l’impression d’un membre d’une de nos paroisses que l’on mépriserait la vie terrestre pour ne parler que de l’éternité.

Je ne voudrais pas que vous pensiez devoir me faire le même reproche. Si, ces trois derniers dimanches de l’année de l’Eglise, il est beaucoup question de notre destinée éternelle, c’est que, traditionnellement, la liturgie prévoie qu’on parle des choses dernières au cours de ces trois dimanches. Il y a encore 50 autres semaines dans l’année au cours desquelles on peut se consacrer davantage à notre vie ici-bas.

Le danger n’est-il pas plutôt que les joies et les peines d’ici-bas nous fassent oublier la félicité éternelle que notre Seigneur nous a préparée ?

« Restez donc vigilants, puisque vous ne savez ni le jour ni l’heure où le Fils de l’homme viendra ! » (v. 13) En terminant sa parabole avec cette exhortation, Jésus montre que sa parabole des dix vierges ou jeunes filles parle du moment important de notre entrée dans l’éternité au Jour du Jugement dernier.

Mieux : il nous dit comment nous devrions nous préparer à être bien préparés pour être reçus dans la félicité éternelle.

Il est important d’être bien préparé aux différentes situations de notre vie : ici à une interrogation écrite à l’école, là au métier que nous exerçons, et de façon générale, d’être bien préparés aux transformations et changements de notre vie au fur et à mesure que nous y avançons.

Il n’est pas surprenant que Jésus nous dise qu’il est plus important encore d’être bien préparés pour l’événement final de l’histoire du monde.

La parabole des « cinq vierges sages » et des « cinq vierges folles » souligne le contraste entre une bonne et une mauvaise préparation à la venue en gloire de notre Seigneur.

Avec cette parabole, Jésus nous interpelle :

SOYEZ PRÊTS POUR MON RETOUR !

1. Ne soyez pas insensés

en attendant mon retour !

2. Soyez sages et intelligents

pour vous y préparer !

X X X 1 X X X

Ne vous préparez pas

de façon insensée

à mon retour !

Il nous arrive de reporter à plus tard des choses que nous devons faire. C’est que nous ne pouvons pas tout faire le jour même, ni toujours terminer le jour même ce que nous avons commencé. Mais quand il s’agit de notre salut, nous ne devrions pas tergiverser. « Voici maintenant le moment favorable, voici maintenant le jour du salut ! » nous lance l’apôtre Paul (2 Co 6.2).

L’auteur de l’Epître aux Hébreux ne dit rien d’autre quand il nous met ainsi en garde : « Craignons donc, tant que la promesse d’entrer dans son repos subsiste, qu’aucun de vous ne paraisse être venu trop tard. » (Hé 4.1 ; Segond 1978)

Lorsque Jésus reviendra, cette fois-ci dans sa gloire, il sera trop tard pour réfléchir à ce qu’est une bonne préparation. C’est maintenant que nous devons veiller à ne pas nous bercer d’illusions.

Une de ces illusions consisterait à penser que, parce que nous appartenons à l’église évangélique luthérienne, « le compte est bon », le salut assuré ! Sans doute Dieu nous exhorte-t-il à faire partie de l’église qui enseigne fidèlement sa Parole et qui administre les sacrements conformément à son institution. Mais notre nom sur le registre d’une paroisse ne nous sa uve pas. Seul est sauvé celui qui croit que Jésus-Christ a fait le nécessaire en expiant ses péchés.

Voyez les « cinq vierges folles » ! Extérieurement, on ne remarquait pas de différence avec les « cinq vierges sages » : elles avaient des « lampes » comme les cinq autres. Mais voilà, leurs lampes étaient vides. Extérieurement, elles avaient le même comportement, elles faisaient partie du même genre de « vierges » que les « cinq sages » : mais elles avaient oublié d’alimenter leurs lampes, elles avaient oublié d’alimenter leur foi ; leur foi au Sauveur s’était éteinte.

Une autre illusion consisterait à croire que, parce qu’on fait partie d’une famille croyante, il n’y a pas à s’en faire, la foi des parents, de l’époux ou de l’épouse nous permettrait d’être sauvés.

« Les cinq vierges folles » pensaient aussi que « les cinq vierges sages » pourraient leur passer de leur huile pour leurs lampes. « Donnez-nous de votre huile, car nos lampes s’éteignent ! » Comme s’il suffisait que mes parents ou mon époux ou mon épouse méditent la Parole de Dieu pour que ma foi soit entretenue.

« Les sages répondirent : "Non, il n’y en aurait pas assez pour vous et pour nous !" » (v. 9)

Cela me rappelle une coutume dans certaines familles de ma région d’origine : on envoyait chaque dimanche un représentant de la famille au culte. Seulement, on ne va pas au culte pour faire acte de présence en tant que délégué des autres ; chacun y va pour lui-même, chacun y va pour être édifié dans la foi au contact de l’Evangile dans la Parole et les sacrements. L’action que le Saint-Esprit a sur moi au culte ne s’étend pas à ceux qui n’y sont pas. Il faut que chacun de nous veille à remplir lui-même la « lampe » de sa foi avec « l’huile » de l’Evangile, en allant lui-même au contact de cet Evangile.

Autrement dit, si je pensais qu’être inscrit sur un registre paroissial ou me faire représenter au culte par quelqu’un d’autre me permettait de grandir dans la foi, je ressemblerais au « vierges folles ». Si je ne prends pas mes dispositions à temps durant cette vie, je serai dans de beaux draps au Jour du Jugement dernier : il sera alors trop tard pour m’occuper de ma lampe éteinte, il sera alors trop tard pour me soucier de ma foi morte.

Notre sort sera alors irrémédiablement fixé. Quand Jésus, le divin « marié » de l’Eglise, aura emmené les croyants au ciel, il dira aux incroyants : « Je vous le dis en vérité : Je ne vous connais pas » (v. 12), nous n’avons rien en commun, il n’y a pas de place pour vous dans mon Paradis, car vous vous êtes comporté comme des « insensés » au cours de votre vie : vous avez négligé d’alimenter régulièrement votre foi avec une méditation régulière de l’Evangile.

Ainsi, « la porte » du Paradis reste « fermée » (v. 10) à ceux qui ont négligé de leur vivant la seule source de vie, l’Evangile, seule « puissance » (Rm 1.16) qui aurait pu les amener ou les maintenir dans la foi en Jésus-Christ et faire d’eux des « cohéritiers du Christ » (Rm 8.17). Et ils resteront dehors, sous la colère de Dieu, dans la damnation éternelle.

Oui, avec cette parabole, Jésus nous exhorte à ne pas nous comporter en « vierges folles », en insensés, pour le rencontrer au Dernier jour. Non, dit-il :

X X X 2 X X X

Soyez sages et intelligents

pour vous y préparer !

Nous serons « sages », notre préparation à cet événement capital du retour du Christ sera une préparation sensée, si nous « avons de l’huile » pour alimenter continuellement nos lampes.

Nous serons « sages », notre préparation à cet événement capital du retour du Christ sera une préparation sensée, si nous ne cessons d’alimenter notre foi avec l’Evangile de Jésus-Christ, si cette Bonne Nouvelle de l’expiation de nos péchés avive notre foi en Jésus-Christ.

Jésus veut nous dire : Ce n’est que lui qui peut réellement nous préparer à le rencontrer. Ce n’est que si nous permettons à son Evangile de nous accrocher avec foi à sa médiation et à son sacrifice expiatoire que nous sommes pardonnés et que nous échappons à la colère de Dieu.

Lui seul, Jésus-Christ, est notre Sauveur. Si nous nous réfugions auprès de lui dans la foi au cours de cette vie nous n’avons pas à nous en faire : il nous a réconciliés avec Dieu, nous avons alors notre billet pour entrer participer à ses noces éternelles au Paradis.

Même si nous devions être « endormis », si nous ne devions pas penser à son retour au moment précis où il nous appellera hors de cette vie – ou s’il devait revenir en gloire durant notre vie – comme nos « lampes » brûlent, que nous avons foi en lui, il tiendra ses promesses, il ne décevra pas ceux qui ont fait confiance à son sacrifice.

Mais pour cela, pour que notre « lampe » ne s’éteigne pas, pour que notre foi ne s’amenuise, ne décline et ne meure pas, il faut que nous la nourrissions régulièrement et abondamment avec « l’huile » de la Parole et des sacrements.

Rappelons-nous comment Martin Luther a expliqué le 3ème article du Credo dans son « Petit Catéchisme » : « Je crois que je ne puis, par ma raison et mes propres forces, croire en Jésus-Christ, mon Seigneur, ni aller à lui ; mais c’est le Saint-Esprit qui, par l’Evangile, m’a appelé […] et maintenu dans la vraie foi […]. »

Alimentons-nous régulièrement la « lampe » de notre foi avec « l’huile » de l’Evangile de Jésus-Christ ? Permettons-nous à notre foi de faire plus que simplement grésiller, de pouvoir brûler à grandes flammes ?

Peut-être objecterons-nous que ce sont les problèmes qui étouffent notre foi, que c’est le stress de la vie trépidante de la grande ville qui « pompe l’air » dont notre foi aurait besoin…

Et si c’était tout simplement parce que nous avons oublié de l’alimenter avec l’Evangile ? Et si c’était parce que nous nous sommes laissés aller à négliger le seul carburant divin possible et nécessaire à notre foi : la méditation de l’Evangile ?

Peut-être que vous êtes désemparé par ce qui vous arrive, craintif à cause de ce qui pourrait vous arriver. Peut-être que votre esprit est envahi par les soucis et vous enlève le goût de l’Evangile… – Je vais vous dire un truc : « L’appétit vient en mangeant ! » Plus vous « goûterez combien le Seigneur est bon » (Ps 34.9 ; 1 P 2.3), et plus vous en voudrez, de cet Evangile.

Et puis n’oubliez pas, il y a les études bibliques où d’autres vous diront comment eux ont assaisonné l’Evangile à leur quotidien, comment l’Evangile a entretenu, parfois même rallumé ou ravivé la « lampe » de leur foi en Christ. Cela peut aider grandement quand on est découragé, quand on est en perte de vitesse.

Je ne vais pas insister sur les bénédictions qui reposent sur un remplissage régulier de la « lampe » de votre foi lors de votre lecture quotidienne ou familiale de la Bible, ou dans nos cultes. Ce sont, avec les études bibliques, les magasins où les « vierges sages » s’approvisionnaient régulièrement. Ce sont aussi des magasins qui seront fermés le jour du Jugement dernier : les « vierges folles » ont dû s’en mordre les doigts. Mais … trop tard !

Par contre, si nous nourrissons suffisamment et régulièrement notre foi avec l’Evangile de Jésus-Christ, nous pouvons tranquillement vaquer à nos occupations quotidiennes, accomplir nos activités habituelles.

Voyez les « dix jeunes filles » ! « Toutes s’assoupirent et s’endormirent. » (v. 5) « Toutes » ne pensaient pas à ce moment-là au retour de l’époux. Et pourtant « toutes » ne sont pas dans la même situation. « Les lampes » des unes sont alimentées et brûlent, celles des autres sont à sec et éteintes.

Les unes ont pu « s’assoupir » dans la certitude d’être prêtes, dans la certitude du salut, les autres se sont « assoupies » à tort : elles n’étaient pas prêtes, elles avaient perdu la foi par manque d’Evangile.

C’est une sérieuse mise en garde pour ceux qui négligent de se placer sous l’action sanctifiante du Saint-Esprit à travers l’Evangile.

Mais cette parabole est aussi pour nous, les croyants, d’un grand réconfort : Si nos « lampes » brûlent, si notre foi est alimentée par l’Evangile, peu importe que nous « ne sachions ni le jour ni l’heure où le Fils de l’homme viendra » (v. 13) : nous sommes unis à lui par la foi que nous lui portons.

Même s’il nous prend au dépourvu, même si nous sommes à ce moment-là en train de réfléchir à tout à fait autre chose, au travail, à l’école, durant nos loisirs ou ailleurs, même s’il nous surprend durant notre sommeil, comme nous sommes « prêts », comme nous croyons en lui, « nous entrerons avec lui dans la salle des noces » (v. 10), il nous recevra dans la félicité éternelle parce que nous avons fait confiance à ses promesses.

Restons donc « vigilants » pour ne jamais laisser s’éteindre la « lampe » de notre foi en Jésus-Christ !

Et rendons gloire à Dieu pour la merveilleuse « huile » de l’Evangile qui nous procure l’entrée dans le Royaume des cieux !

« Maranatha ! » « Le Seigneur vient ! »

Amen.

Jean Thiébaut Haessig

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