samedi 26 décembre 2009

Sermon du 25 décembre 2009 - Noel

FETE DE NOËL


Texte : Tt 2.11-14



11 « En effet, la grâce de Dieu, source de salut pour tous les hommes, a été révélée.
12 Elle nous enseigne à renoncer à un mode de vie impie et aux convoitises de ce monde et à vivre dans le temps présent conformément à la sagesse, la justice et la piété.
13 En attendant notre bienheureuse espérance, la manifestation de la gloire de notre grand Dieu et Sauveur Jésus-Christ.
14 Il s’est donné lui-même pour nous afin de nous racheter de toute faute et de se faire un peuple qui lui appartienne, purifié et zélé pour de belles oeuvres. »


Chère assemblée en fête !


Depuis que les anges ont entonné le premier noël dans la nuit de Bethléhem, la chrétienté ne cesse de chanter cet événement miraculeux. Dans notre texte, c’est l’apôtre Paul qui le fait. Il jubile : « La grâce de Dieu, source de salut pour tous les hommes, a été révélée ! » (v. 11) Dans l’enfant Jésus, « La grâce de Dieu » s’est faite visible, tangible, palpable ! Inouï !
Nous avons tous en tête la scène qui s’est déroulée dans l’étable de Bethléhem telle que Luc la décrit. « Le nouveau-né couché dans une mangeoire », et tout près, Marie, sa mère, et Joseph. (Lc 2.12)


On peut se le représenter comme cela a été fait avec la crèche, là, devant vous. Nous avons peut-être aussi un tableau précis en tête, tel la Nativité de Fra Diamante, au Louvre, que Mélissa commente dans le numéro d’« Amitiés Luthériennes » qui paraît ces jours-ci.
Aujourd’hui, nous allons demander au Saint-Esprit de nous dépeindre cette scène avec un texte d’épître. Mais voilà, l’épître traditionnelle de Noël nous déconcerte quelque peu. Elle ne nous présente pas un mais


TROIS TABLEAUX DE L’ENFANT JESUS !


1. Jésus dans la crèche,
2. Jésus dans la gloire,
3. Jésus en croix.


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Jésus dans la crèche.
Luc raconte : « Pendant qu’ils étaient là, le moment où Marie devait accoucher arriva, et elle mit au monde son fils premier-né. Elle l’enveloppa de langes et le coucha dans une mangeoire parce qu’il n’y avait pas de place pour eux dans la salle des hôtes. » (Lc 2.6-7)
Quelle image charmante et émouvante ! Mais laissons le Saint-Esprit nous la décrire. Vous verrez : cela en vaudra la peine. Généralement toute naissance a quelque chose d’émouvant, mais en écoutant le Saint-Esprit dans notre texte, nous découvrons des détails bien plus miraculeux encore.
Dans cet enfant, ce n’est rien moins que « la grâce de Dieu » elle-même, « source de salut pour tous les hommes, » qui « a été révélée, », qui s’est « manifestée » (Segond 1978). Nous ne nous tenons pas devant n’importe quel enfant. C’est un nourrisson sans nul pareil.
Son caractère unique et particulier avait déjà été souligné par les prophètes des temps anciens. Esaïe lui avait donné des noms divins : « Dieu puissant », « Père éternel » ! (Es 9.5)
Et puis, quelle autre naissance a été annoncée et chantée par « une foule d’anges de l’armée céleste » ? (Lc 2.13-14) Quelle autre naissance a été annoncée par la parution d’une nouvelle étoile ? Et que voulaient-ils tous annoncer au monde entier ? – Que « la grâce de Dieu, source de salut pour tous les hommes, a été révélée ! »
C’est que dans ce nourrisson, c’est Dieu lui-même qui est apparu de façon visible dans ce monde de pécheurs.
Et c’est ce qu’il est resté : un monde de pécheurs. Et chacun de nous en fait partie. Nous ne correspondons pas aux critères de perfection et de sainteté absolues de la Loi de Dieu. Ne songeons qu’à la façon dont nous nous conduisons avec nos proches. Nous laissons-nous toujours guider par l’altruisme, par la recherche du bonheur de l’autre, ou notre comportement porte-t-il souvent la marque de notre égoïsme, de notre impatience, de notre « foutez-moi-la-paix ! » ?
Ou à l’occasion de ce Noël, nous sommes-nous laissé absorber par l’organisation des fêtes familiales et des cadeaux à faire – ce qui est bien, certes – mais l’avons-nous fait en oubliant les nécessiteux, peut-être en oubliant de donner quelque chose pour l’intervention chirurgicale du Pasteur Poungui à Brazzaville ?
Ce ne sont là que quelques exemples pour nous faire comprendre combien nous sommes loin de faire, de dire et même de penser ce que celui-là espère de nous qui nous a faits et qui a droit à ce que nous observions sa sainte Loi à la perfection.
Et voilà qu’il se présente, qu’il apparaît de façon visible, dans notre monde pourri et rebelle. En fait, nous devrions maintenant tous nous terrer dans la cache la plus secrète pour fuir la colère et le verdict de damnation de notre Dieu. Son apparition sur terre devrait nous terrifier, n’est-ce pas ?
Oui, tout à fait ! Mais l’enfant dans la crèche nous envoie un message tout à fait différent. Ce que nous n’avions aucun droit d’espérer arrive : non pas la colère de Dieu, mais « la grâce de Dieu, source de salut pour tous les hommes, a été révélée » !
« La grâce salutaire » ! « La grâce de Dieu, source de salut pour tous les hommes » ! Avec le miracle de Noël, Dieu vient nous témoigner sa bonté, une faveur que nous n’avons pas du tout méritée, un bienfait auquel nous n’avons aucun droit ! Il veut guérir, sauver, changer en bien ce que nous avons détérioré par notre péché.
La scène de Noël ne devrait pas nous attendrir parce que nous sommes en présence de la naissance d’un nourrisson ; elle devrait nous émouvoir au plus haut point parce qu’elle nous indique que Dieu joue son va-tout pour nous arracher à notre perte et pour changer notre état sans issue en celui de bénis de l’Eternel.
« La grâce de Dieu, source de salut pour tous les hommes a été révélée » en l’enfant Jésus ! Là nous est apparu un Dieu qui vient à notre secours, un Dieu qui est prêt à pardonner – contre toute attente, contrairement à tout ce que nous avons mérité.


« Faisons éclater notre joie
Et louons notre Bienfaiteur ;
Le Père éternel nous envoie
Son Bien-aimé pour Rédempteur.
D’une vierge chaste et féconde
Un enfant divin nous est né ;
Aujourd’hui, le Sauveur du monde,
Le Fils de Dieu nous est donné ! » (LlS 46:1)


Comment allons-nous contempler cette scène ? Car un tableau est fait pour être regardé, médité, pour en retirer une leçon !
En nous dépeignant l’enfant Jésus sous les traits de « la grâce salutaire », le Saint-Esprit nous indique l’intention de ce tableau : « La grâce salutaire » de l’enfant Jésus « nous enseigne » (v. 12). Mais n’est-ce pas les enfants qu’on instruit ? Tout à fait ! mais c’est avec les yeux de la foi d’un enfant que nous devons contempler le tableau de Jésus dans la crèche. Cet enfant n’est-il pas venu pour faire de nous des enfants de Dieu ?
Et pas seulement de nous : il est venu « pour tous les hommes ». Tous sont appelés à tirer profit de cette « grâce salutaire de Dieu » ! Toute l’humanité est invitée à être comblée par l’enfant Jésus.
Quand des enfants pauvres reçoivent des habits neufs, ils rayonnent de joie. Voilà ce qui s’est passé avec nous sur le plan spirituel. Par nature nous sommes vêtus de toutes sortes de péchés. Avec la venue de « la grâce de Dieu » en Jésus-Christ, celle-ci « nous enseigne à renoncer à un mode de vie impie et aux convoitises de ce monde et à vivre dans le temps présent conformément à la sagesse, la justice et la piété » (v. 12).
Le cadeau que Dieu nous fait avec Jésus nous amène à enlever nos vêtements de péché et à les remplacer par la justice de l’enfant Jésus, sa justice qu’il troque contre notre péché pour nous en débarrasser.
Méditons donc l’émouvante scène de l’enfant Jésus dans la crèche. Que « la grâce salutaire de Dieu » qui s’en dégage « nous instruise » et nous pousse à mener une vie de repentance et de foi, pour le remercier pour l’impressionnant cadeau qu’il nous fait.
Après avoir vu le premier tableau de notre texte d’épître – Jésus dans la crèche – voyons maintenant le deuxième tableau :


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Jésus dans la gloire.
Le Saint-Esprit le décrit ainsi : « Nous attendons notre bienheureuse espérance, la manifestation de la gloire de notre grand Dieu et Sauveur Jésus-Christ. » (v. 13)
Seul un croyant peut voir au-delà de la mangeoire, de la paille et de l’étable, au-delà de ce nourrisson vagissant et impuissant, « la gloire [invisible] de notre grand Dieu et Sauveur Jésus-Christ. »
Oui, nous le savons – et c’est ce qui provoque notre joie de Noël ! – derrière l’apparence de « simple » être humain, derrière l’apparence insignifiante du nourrisson de la crèche, se cache en fait une « gloire » insoupçonnée et indescriptible (Ph 2.5-8). C’est ce que le Saint-Esprit veut nous révéler dans notre texte.
Le jour viendra où nous contemplerons Jésus non plus dans sons état d’abaissement, mais dans celui de son élévation dans la gloire. Oui, il nous apparaîtra alors dans « la gloire de notre grand Dieu ».
Au Dernier Jour, il achèvera avec « la gloire » ce qu’il a commencé dans l’humilité de la crèche. Avec « la manifestation de la gloire de notre grand Dieu et Sauveur Jésus-Christ » au Dernier Jour, le but sera atteint pour lequel « la grâce salutaire s’est manifestée » à Bethléhem.
Alors il viendra nous chercher – nous, c.à.d. ceux qui auront cru en sa mission de Sauveur – et il nous fera entra dans sa gloire. Il viendra alors, non plus recouvert de paille, mais couvert de la couronne de roi sur toute chose.
C’est ce tableau – Jésus couronné de gloire – que nous devrions déjà avoir à l’esprit quand nous contemplons l’enfant dans la crèche.
Comment allons-nous observer, méditer, le tableau de Jésus couronné de gloire ?
Dans cette vie, nous sommes invités à le contempler avec les yeux de la foi et de l’espérance. « Nous attendons notre bienheureuse espérance, la manifestation de la gloire de notre grand Dieu et Sauveur Jésus-Christ. »
Déjà ici-bas nous avons été richement comblés par « la grâce salutaire de Dieu ». Dieu nous a fait don d’un Sauveur qui nous a arrachés à la damnation et mis en sécurité à l’abri de son amour protecteur.
Mais ce cadeau n’est qu’une première. Nous attendons la grande distribution de cadeaux au ciel. Et nous l’attendons volontiers, et avec joie, même si notre attende est encore parsemée d’épreuves et de souffrances.
Nous attendons cette grande distribution des cadeaux comme les enfants attendent les cadeaux sous le sapin. Nous l’attendons dans la certitude qu’elle aura lieu parce que le Saint-Esprit nous en fait la promesse dans l’Ecriture Sainte.
Alors nous verrons ce que, pour l’instant, nous ne pouvons que croire. Alors nous verrons l’enfant de Marie couronné de gloire. Nous le verrons comme il a hérité toute la gloire céleste – et nous, il nous a fait ses « cohéritiers » (Rm 8.17) !
« A son premier avènement
Il parut dans l’abaissement ;
Un jour en gloire il reviendra
Et l’incrédule tremblera.
Mais les justes posséderont
Le Royaume, et célébreront
Sans fin, tous, d’un commun accord,
Dans leurs chants, l’Agneau mis à mort. »

(LlS 44.9-10)


Mais entre le tableau lumineux de l’enfant dans la crèche et celui, infiniment plus éclatant encore, du fils de Marie couronné de gloire s’intercale un tableau bien sombre, horrible même, celui de

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Jésus en croix.
Voilà comment le Saint-Esprit l’a peint dans notre texte : « Jésus-Christ s’est donné lui-même pour nous afin de nous racheter de toute faute et de se faire un peuple qui lui appartienne, purifié et zélé pour de belles oeuvres. » (v. 14)
« Jésus-Christ s’est donné lui-même pour nous. » Nous savons tous ce que recouvre cette affirmation. C’est dans la mort qu’« il s’est donné ». Il a subi la mort ignominieuse de la croix. Et c’était déjà chose décidée dès avant sa naissance à Bethléhem.
Dans « Amitiés Luthériennes » de ce Noël-ci, il y a un tableau de la Nativité avec, au loin, déjà Jésus en croix. C’est aussi très frappant sur l’une des cartes de vœux que j’ai reçues et affichées dans l’entrée de l’église.
C’est tout à fait le message de notre épître pour Noël. Pour aller de la lumière de Noël à l’éclat de la gloire céleste, l’enfant de la crèche a dû passer par la croix.
Comment allons-nous, en ce jour de Noël, observer, méditer, le tableau de Jésus en croix ?
Voyez-vous : si le tableau de l’enfant dans la crèche doit prendre sens, il faut le lire à la lumière – il vaudrait mieux dire sur fond des ténèbres – du tableau de Christ en croix.
C’est là qu’« il s’est donné pour nous ». Il a été cloué en croix, une couronne d’épines sur la tête, pour faire de nous « un peuple qui lui appartienne », le peuple de Dieu, le peuple des enfants de Dieu.
Vois la croix qui se profile au-dessus de la crèche ! A Bethléhem, l’opération de notre sauvetage s’est enclenchée. En croix, elle a été « achevée » (Jn 19.30)
Avec Luther, nous confessons : « Je dois, pour tous ces bienfaits, le bénir et lui rendre grâces, le servir et lui obéir. » (Petit Catéchisme, Credo, 2ème Article). C’est exactement ce que Paul nous dit ici : Jésus est né à Bethléhem, puis a passé par la croix avant d’entrer dans sa gloire, pour faire de nous « un peuple qui lui appartienne, purifié et zélé pour de belles oeuvres. »
« Purifié et zélé pour de belles oeuvres. »
En payant pour nous, l’enfant de la crèche nous a obtenu le pardon de nos péchés. Et en nous obtenant le pardon, il a rendu possible que Dieu agrée notre vie chrétienne malgré nos imperfections.
Dieu regarde les croyants à travers le prisme net de tout péché qu’est son Fils. Pour ceux qui se réfugient dans la foi auprès de l’enfant Jésus mort sur la croix « pour nous », ceux-là, Dieu les considère « purs » comme son Fils ; il n’a plus rien à leur reprocher.
C’est ce qui fait du don de l’enfant Jésus un cadeau si précieux ! C’est qu’il n’est pas venu les bras vides : personne, jamais, ne nous a ainsi comblés, et personne ne pourra jamais le faire.
C’est pour lui montrer notre énorme soulagement, notre profonde gratitude et notre immense joie que nous voulons être « zélés pour de belles œuvres ». Pour lui faire plaisir en retour.


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Dans notre texte, le Saint-Esprit nous a peint trois tableaux. Lequel nous plaît le plus ?
Le premier, avec l’enfant dans la crèche ? qui nous fait chanter :
« Devant ta crèche prosterné,
D’un amour sans partage,
Enfant divin qui nous es né,
Je viens te rendre hommage.
Je n’ai rien qui ne soit à toi ;
A ton gré dispose de moi,
Car je suis ton ouvrage. » (LlS 43.1)
Le deuxième tableau, avec Jésus en croix ? qui nous fait chanter :
« Pour nous il a tout accompli.
Son amour est infini
Qu’un hymne saint et triomphant
Sans fin s’élève au Tout-Puissant.
Alléluia ! » (LlS 48.3)
Ou le troisième tableau, Jésus dans la gloire ? ce qui nous fait chanter :
« Maintenant que, dans les cieux,
Tu règnes victorieux,
Prépare tous tes élus
A ton retour, ô Jésus. » (LlS 55.5)
Lequel des trois tableaux préfères-tu ? Le choix est difficile, même impossible. En fait, nous n’en devons préférer aucun.
Dans les trois tableaux il s’agit du même Christ dont l’œuvre de salut
Ø a commencé dans la crèche,
Ø a connu le moment décisif à la croix
Ø et trouve son épanouissement dans la gloire céleste.
C’est une seule et même œuvre salutaire que « la foule d’anges de l’armée céleste » a chantée dans la nuit de Bethléhem :
« Gloire à Dieu dans les lieux très hauts,
paix sur la terre
et bienveillance parmi les hommes ! » (Lc 2.13-14)


Amen.

Jean Thiébaut Haessig


Chants proposés :
en ouverture :
Dieu le tout-puissant Créateur LlS 44 : 1+3
+6-7
après l’Ancien Testament :
Roi des êtres et des choses LlS 54 : 1
après l’Epître :
Roi des êtres et des choses LlS 54 : 2
après l’Evangile :
Roi des êtres et des choses LlS 54 : 3
après le Symbole de Nicée :
Devant ta crèche prosterné, LlS 43 : 1-5
après la Prière Générale :
Voici l’enfant nous est né LlS 55 : 1-5
durant la distr. de la Cène :
Dieu le tout-puissant Créateur LlS 44 : 1-11

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