jeudi 28 octobre 2010

Sermon du dimanche 24 octobre 2010 - 21ème dimanche après la Trinité

Texte : Ep 6.10-17

Chants proposés :

Gloire à ton nom, ô Dieu de paix, LlS 9 : 1-3

O Jésus, selon ta promesse, LlS 295 : 1-3

Quelle est la force et le soutien LlS 149 : 1-5

10 « Enfin, mes frères et sœurs, fortifiez-vous dans le Seigneur et dans sa force toute-puissante.

11 Revêtez-vous de toutes les armes de Dieu afin de pouvoir tenir ferme contre les manœuvres du diable.

12 En effet, ce n’est pas contre l’homme que nous avons à lutter, mais contre les puissances, contre les autorités, contre les souverains de ce monde de ténèbres, contre les esprits du mal dans les lieux célestes.

13 C’est pourquoi, prenez toutes les armes de Dieu afin de pouvoir résister dans le jour mauvais et tenir ferme après avoir tout supporté.

14 Tenez donc ferme : ayez autour de votre taille la vérité en guise de ceinture ; enfilez la cuirasse de la justice ;

15 mettez comme chaussures à vos pieds le zèle pour annoncer l’Evangile de paix ;

16 Prenez en toute circonstance le bouclier de la foi, avec lequel vous pourrez éteindre toutes les flèches enflammées du Mauvais.

17 Prenez aussi le casque du salut et l’épée de l’Esprit, c’est-à-dire la Parole de Dieu. »

(Segond 21, 2007)

Chers frères et sœurs

très bien armés par Dieu lui-même !

« […] Tenir ferme […] résister » […] tenir ferme […] tenez ferme ! […] » Cette répétition, cette insistance, ne vous a-t-elle pas frappés à la lecture de notre texte ? L’affaire est sérieuse, autrement l’apôtre Paul n’insisterait pas à ce point pour nous appeler à résister !

L’adversaire est tenace, le combat âpre, et de son issue dépend notre sort. Aussi, dit-il, « tenez ferme ! »

Mais Paul n’est pas pessimiste quant à l’issue de ce combat. Le tout est de bien connaître l’adversaire et de ne pas se tromper d’armes.

Aussi méditerons-nous aujourd’hui sur

L’ISSUE VICTORIEUSE

1.d’un terrible combat

2.grâce aux armes de Dieu

X X X 1 X X X

L’issue victorieuse de ce terrible combat.

Quel est-il, ce terrible combat ? – « Ce n’est pas contre l’homme que nous avons à lutter, mais contre les puissances, contre les autorités, contre les souverains de ce monde de ténèbres, contre les esprits du mal dans les lieux célestes. »

Ce n’est pas une lutte physique, que notre combat de croyants. Nous ne sommes pas engagés dans un corps à corps où nous verrions, sentirions ou pourrions saisir notre adversaire. Non, nos adversaires ne se laissent pas repérer par nos cinq sens. Ce ne sont pas des « hommes », des humains (v. 12). Ils sont invisibles, intouchables ; on ne les sent ni ne les entend. Ce sont des « esprits » (v. 12) qui n’ont ni « chair » ni « sang » (v. 12 ; NSB). Ils ont un autre mode d’existence que nous. Ils font partie d’un monde qui nous échappe.

Ce sont « les esprits du mal » (v. 12), les démons, l’armée satanique des anges déchus, à la tête desquels se trouve « le diable » (v. 11), « le Mauvais » (v. 16 ; NSB), celui par qui le mal a été introduit dans le monde, celui qui cherche par tous les moyens à retenir l’humanité captive sous l’emprise du mal, et nous en particulier.

L’apôtre Pierre, de son côté, met aussi en garde contre lui : « Soyez sobres, restez vigilants : votre adversaire, le diable, rôde comme un lion rugissant, cherchant qui dévorer. » (1 P 5.8)

Satan ne nous assaille pas continuellement. Il « manœuvre » avec ruse (v. 11) et sait attendre son moment. Sa ruse consiste à nous endormir, à nous faire croire qu’il ne s’en prendra jamais à nous. Pourtant, il est aux aguets, « il rôde » autour de nous et, au moment où nous nous y attendons le moins, il lance ses « flèches enflammées » (v. 16).

Pourquoi s’acharne-t-il ainsi contre nous ? Pourquoi nous hait-il tant ? Et quel est l’enjeu de l’affrontement ?

Revenons un peu en arrière. Satan et les démons sont des anges qui se sont rebellés contre Dieu, leur Créateur. Pour ce crime de lèse-divinité Dieu les a chassés et maudits.

En quoi a consisté leur rébellion, leur crime ? Dieu ne nous le révèle pas dans la Bible. Mais cela a dû être un forfait d’une extrême gravité, car, contrairement à l’humanité tombée dans le péché, Satan et ses « esprits du mal » n’ont pas de possibilité de salut. Pour eux il n’y a pas de Sauveur, pas de pardon.

Ils sont blessés à mort et se savent irrémédiablement condamnés. D’où leur haine contre Dieu. Mais contre lui ils sont impuissants. C’est donc indirectement qu’ils s’en prennent à lui, en s’attaquant à ses créatures, à nous, les humains.

Nous savons comment Satan a fait chuter toute l’humanité dans le péché, comment il a ainsi saboté et corrompu la merveilleuse œuvre de création de Dieu.

Malheureusement, les hommes se sont prêtés – et se prêtent encore – au jeu de Satan … pour leur malheur. C’est ainsi que, par notre faute, à travers nous, Satan arrive à faire du mal à Dieu (Gn 1 et 3).

Heureusement pour nous, Dieu a envoyé son Fils, Jésus-Christ, pour réparer le mal que Satan a commis, pour ramener l’humanité dans le giron de Dieu.

Nous connaissons l’histoire de la tentation de Jésus. Le diable a voulu détourner le Seigneur de sa mission de Sauveur. Il voulait que nous restions définitivement perdus pour Dieu. Mais notre Seigneur n’est pas tombé dans le piège (Mt 4.1-11).

Il a même fait plus – et il y a mis le prix : sa propre vie ! – Jésus a même « écrasé » Satan (Gn 3.15) et a « réconcilié » le monde avec Dieu (Rm 5.10). « Celui qui croit en lui », celui qui se réfugie avec foi auprès du vainqueur de Satan, « ne périt point », n’est plus entraîné par Satan sous la malédiction de Dieu, « mais a la vie éternelle » auprès du Christ (Jn 3.16).

Dieu a donc réussi à sauver au sein de l’humanité « un peuple qui lui appartienne » (Tt 2.14). Satan porte donc sa haine contre Dieu aussi contre nous, les croyants. Satan nous voit lui échapper. Jésus nous a obtenu le pardon et le salut, pas à lui. Comprenez qu’il nous a en grippe.

Voilà pourquoi il s’acharne contre nous, pas contre les incroyants ; ceux-là, malheureusement, se trouvent pris dans ses filets, sans le savoir.

Voilà pourquoi Satan envoie ses compères, « les souverains de ce monde de ténèbres, les esprits du mal » (v. 12), à nos trousses, ces démons que la haine et la rage du désespoir habitent et animent.

Quant aux flèches qu’ils nous décochent, elles sont terribles. Paul les nomme « les flèches enflammées du Mauvais » (v. 16). Quant elles atteignent leur cible, elles déclenchent des brûlures dévastatrices.

Voyez « la flèche » décochée à Adam et à Eve : elle a mis le monde entier à feu ; en succombant à la tentation du diable, Adam et Eve ont ouvert la porte à la corruption du monde entier et nous ont rendus coupables devant Dieu et mortels.

Depuis, « les souverains de ce monde de ténèbres, les esprits du mal » (v. 12), essayent d’entraîner les églises fidèles ou des croyants fidèles dans « les ténèbres » de l’erreur et de l’infidélité en les détournant de la vérité. Quelques « flèches » bien dirigées, et toute une famille, toute une paroisse ou toute une Eglise peut se mettre à flamber.

Deux chapitres plus haut, Paul parle de « ruse » et d’« habileté dans les manœuvres d’égarement » (Ep 4.14). Ne sous-estimons pas leur subtilité. Ils ont pas mal réussi : il suffit de voir combien d’églises et de sectes se sont égarées en partie ou en totalité.

Un premier danger qui nous menace, c’est le manque de connaissances bibliques. Moins votre foi est solidement fondée sur le roc salutaire de la Parole de Dieu et plus facilement votre foi pourra se voir transformée en opinions humaines sans fondement, et surtout sans lien avec le Sauveur.

Une autre menace, c’est la pression de la société, des gens qui nous entourent, peut-être même de proches. Et comme Pierre, pressé par les employés du chef prêtre, la question se pose : Courage ou pas courage ? Je témoigne ou je me tais ? J’affiche la couleur ou je me camoufle et cache ma foi en Jésus-Christ ?

Et de fil en aiguille, le camouflage se transforme en réalité, de manque de courage pour afficher sa foi on en arrive à ne plus croire du tout. Satan a réussi son coup.

Tenez, encore une tentation : celle du compromis. Bien entendu que dans la vie courante nous devons être capables de compromis. La vie en société n’est pas possible autrement. Mais dans le domaine de la Parole de Dieu, dans le domaine de la foi, Dieu en veut à ceux qui « boitent des deux côtés » (1 R 18.21).

Les passages sont nombreux qui nous mettent en garde de « servir deux maîtres, Dieu et Mammon [l’argent] » (Mt 6.24), de penser qu’il pourrait y avoir une troisième voix, celle de la neutralité, entre le « avec Jésus » et le « contre Jésus » (Mt 12.30),

Et on pourrait multiplier les exemples et les domaines concernés. En fait, tous les domaines de la vie le sont.

« Les ruses du diable » (v. 11), ses « flèches enflammées » (v. 16), ses tentations insidieuses, ont toutes un seul et même but : nous faire fléchir, briser notre résistance, nous arracher à notre communion avec Dieu, nous faire tomber dans « les ténèbres » de l’infidélité et de l’incrédulité, de l’aveuglement et de la dureté de cœur, bref, nous dresser finalement contre Dieu.

Comment résister à ces tentations ? Elles ont souvent l’air si … raisonnables !

X X X 2 X X X

L’issue victorieuse

grâce aux armes de Dieu.

Chers amis, il faut bien reconnaître que nous ne sommes pas de taille pour tenir tête à Satan. Contre ces « esprits » d’un autre « monde » nous n’avons pas de moyens de résister, pas de défense appropriée … à moins … oui, à moins que Dieu ne vienne à notre rescousse en nous fournissant des armes divines, l’armure et l’armement appropriés pour ce genre de combat. Et c’est effectivement ce qu’il fait.

Dans sa bonté infinie envers nous, Dieu est allé jusqu’au sacrifice de son Fils pour nous arracher aux filets meurtriers du péché et de Satan. Il met maintenant aussi à notre disposition toutes les armes divines nécessaires pour pouvoir « résister » (v. 13) et « tenir ferme contre les manoeuvres du diable » (v. 11).

« C’est pourquoi » « revêtez-vous de toutes les armes de Dieu, » « prenez toutes les armes de Dieu afin de pouvoir résister dans le jour mauvais. » (v. 11 et 13).

Qui d’entre nous n’en a pas connu, de ces « jours mauvais » où la tentation de lâcher prise a été forte sous les assauts tenaces des « souverains de ce monde de ténèbres » (v. 11) ?

Aussi « prenons » « les armes » que Dieu nous tend ! Habituons-nous à les porter, exerçons-nous à les manier en périodes d’accalmie, pour être prêts « au mauvais jour » !

Elles sont de deux ordres, ces « armes » divines nous permettant de résister victorieusement. Voilà l’énumération que Paul en fait :

« Ayez autour de votre taille la vérité en guise de ceinture ; enfilez la cuirasse de la justice ;

mettez comme chaussures à vos pieds le zèle pour annoncer l’Evangile de paix ;

Prenez en toute circonstance le bouclier de la foi, avec lequel vous pourrez éteindre toutes les flèches enflammées du Mauvais.

Prenez aussi le casque du salut et l’épée de l’Esprit, c’est-à-dire la Parole de Dieu. » (v. 14-17)

Ce qui frappe dans cette énumération, c’est le recours – à trois reprises – de la même arme, mais pour différentes fonctions : « la vérité » (v. 11), « la Parole de Dieu » (v. 17) et « l’Evangile » (v. 12), cette Bonne Nouvelle que Dieu est réconcilié avec les pécheurs que nous sommes, et ceci grâce à l’intervention et au sacrifice expiatoire de Jésus : celui-ci s’est laissé condamner à notre place et nous a ainsi évité de subir les conséquences de notre péché : la damnation et la mort éternelles.

« Ayez à vos pieds la vérité pour ceinture ! » Placez-vous en tout temps en pleine lumière de la vérité divine : le caractère mensonger et mortel des tentations de Satan vous apparaîtra alors immédiatement.

L’étude régulière de « la Parole de Dieu », voilà une bonne préparation au combat victorieux. Alors nous pouvons répondre aux tentations comme Jésus l’a fait en leur opposant : « Il est écrit ! » (Mt 4.4). « L’épée de l’Esprit qui est la Parole de Dieu » met Satan en fuite.

C’est ainsi que nous pouvons écarter les compromis, résister aux pressions psychologiques de la société qui voudraient nous faire abandonner « la vérité », car les compromis nous faciliteraient la vie.

La volonté, « le zèle » pour résister aux tentations, seul « l’Evangile de paix » peut nous les donner, cette promesse que Dieu est en paix avec nous malgré nos péchés, qu’il est avec nous, pour l’amour de son Fils.

Cette « paix » avec Dieu nous est chère. Nous ne voulons la perdre à aucun prix. Voilà pourquoi « l’Evangile de paix » nous « donne le zèle » pour résister, pour lutter contre tout ce qui voudrait la rompre, cette paix si précieuse et éternelle.

Et puis – dit Paul – : « enfilez la cuirasse de la justice ; […] prenez en toute circonstance le bouclier de la foi, avec lequel vous pourrez éteindre toutes les flèches enflammées du Mauvais. Prenez aussi le casque du salut. »

Quand Satan nous malmène, quand il veut nous faire tomber dans nos travers, quand il assaille l’Eglise, « résistons-lui avec une foi ferme » (1 P 5.8), ayons confiance en notre Dieu Sauveur ! Il ne se dédie pas, ne trahit pas le verdict d’acquittement, l’absolution qu’il a prononcée sur nous pour l’amour de son Fils.

Il nous a imputé la justice de son Fils, il s’est lié à nous dans l’alliance de grâce du Baptême ; il ne va pas nous abandonner au milieu de la lutte et des tentations.

L’histoire de l’Eglise – particulièrement celle de la Réforme que nous commémorerons dimanche prochain – montre comment la certitude du pardon et du salut a fait échouer « les manœuvres » et a « éteint les flèches enflammées » du diable.

Chers amis, si l’Eglise du Christ a subsisté à travers les âges, si des croyants n’ont pas plié – si nous n’avons pas plié – sous les assauts et « les manœuvres » de Satan, n’oublions jamais qu’il n’y a pas de quoi en tirer fierté, car ce n’est pas grâce à nous, mais grâce à Dieu et à ses armes que nous avons pu « résister et tenir ferme ».

Et cela ne pourra durer que si nous continuons à ne pas nous tromper d’armes : seules celles que Dieu nous procure sont adaptées à ce combat.

Exerçons-nous donc assidûment et régulièrement au maniement de ces « armes de Dieu » !

« Etudions », sondons « les Ecritures » (Jn 5.39) pour être de plus en plus affermis dans « la vérité » de « la Parole de Dieu » !

« Etudions », sondons « les Ecritures », pour être fortifiés dans la foi en notre Dieu Sauveur, fortifiés aussi dans la certitude du salut que Jésus nous a obtenu !

Oui, « fortifiez-vous dans le Seigneur et dans sa force toute-puissante ! » (v. 10) « Prenez toutes les armes de Dieu afin de pouvoir résister » et Dieu vous rendra invincibles, invulnérables et victorieux !

Amen.

Jean Thiébaut Haessig

lundi 25 octobre 2010

Sermon du dimanche 17 octobre 2010 - 20ème Dim. après la Trinité


Texte : 1 Th 4.1-8

Chants proposés :

Célébrez Dieu hautement LlS 7 : 1-5

Je veux t’aimer, Seigneur, je t’aime, LlS 263 : 1-5

Nous sommes au Seigneur LlS 281 : 1-4

Ô Jésus, notre divin Roi, LlS 166 : 1-3

ou

Louez Dieu car il est bon AeC 136 : 1-10

Oh ! prends mon âme, AeC 602 : 1-3

Ta volonté, Seigneur mon Dieu AeC 608 : 1-3

Prends ma main dans la tienne AeC 619 : 1-3

1 « Maintenant donc, frères et sœurs, vous avez appris de nous comment vous devez vous conduire et plaire à Dieu, et c’est ce que vous faites ; de même, nous vous le demandons et nous vous y encourageons dans le Seigneur Jésus : progressez encore.

2 Vous savez, en effet, quelles instructions nous vous avons données de la part du Seigneur Jésus.

3 Ce que Dieu veut, c’est votre progression dans la sainteté : c’est que vous vous absteniez de l’immoralité sexuelle,

4 c'est que chacun de vous sache garder son corps dans la consécration et la dignité,

5 sans le livrer à la passion du désir comme les membres des autres peuples qui ne connaissent pas Dieu ;

6 c’est que personne, dans ce domaine, ne fasse de tort à son frère ou ne porte atteinte à ses droits, parce que le Seigneur fait justice de tous ces actes, comme nous vous l’avons déjà dit et attesté.

7 En effet, Dieu ne nous a pas appelés à l’impureté, mais à la consécration.

8 Celui, donc, qui rejette ces instructions ne rejette pas un homme, mais Dieu, qui vous a aussi donné son Saint-Esprit. »

(Segond 21, 2007)


Chers frères et sœurs habités par l’Esprit saint !

« Ce que Dieu veut, c’est votre progression dans la sainteté ! » (v. 3) Ce passage, vous le connaissez sans doute mieux sous cette forme : « Ce que Dieu veut, c’est votre sanctification ! » C’est clairement un commandement, une parole de Loi.

Ah ! bon … Mais comment faire coïncider cela avec cet autre passage : « Dieu veut que tous les hommes soient sauvés et parviennent à la connaissance de la vérité » ? (1 Tm 2.4) Car ça, ce n’est pas de la Loi, c’est de l’Evangile, de la Bonne Nouvelle à l’état pur.

Mais alors, Dieu, que veut-il finalement : que nous obéissions à sa Loi … ou que nous soyons sauvés ? … – Les deux, bien entendu. Mais les deux n’ont pas le même but.

La volonté première de Dieu, c’est que nous soyons tous sauvés des conséquences de notre état pécheur. C’est pour cela qu’il a envoyé son Fils en personne : pour nous sauver du péché, de la mort et de la puissance du diable. Et cette « Bonne Nouvelle » doit « être proclamée à toute la création » (Mc 16.16).

C’est là le message premier et primordial que nous devons répandre, car seul « l’Evangile est une puissance de Dieu pour le salut » (Rm 1.16) ; c’est « par l’Evangile » seul que nous avons été « appelés » et que nous sommes « gardés par la foi pour le salut » (2 Th 2.14 ; 1 Co 4.15 ; 1 P 1.5).

La Loi de Dieu, elle, par contre, ne nous permet pas d’atteindre ces buts. Au contraire, celui qui se fie aux œuvres qu’il accomplit, aux efforts qu’il fait pour obéir à la Loi de Dieu, ne peut qu’échouer, car il faudrait être parfait, sans péché, pour se mériter soi-même l’approbation de Dieu, pour qu’il soit satisfait de nous. D’où une certaine méfiance à l’égard de la Loi parce que nous ne pouvons être sauvés en la suivant.

Une méfiance bien déplacée, car « la Loi » de Dieu « est bonne » (Rm 7.16) ; il n’y a rien à y redire. Bien au contraire. Le problème est chez nous qui avons du mal à la respecter. Mais elle n’a pas été abolie pour nous.

Dieu nous l’applique comme barrière, comme miroir et comme règle de vie.

Comme barrière pour empêcher, dans une certaine mesure, les manifestations grossières du péché et préserver autant que possible l’ordre dans le monde.

Dieu utilise ensuite sa Loi comme miroir pour nous renvoyer notre image de pécheur.

Et il la donne, à nous, les croyants, comme règle de vie, en nous montrant comment nous pouvons mener une vie qui lui est agréable.

C’est de cela – de la règle de vie – que parle notre texte, de la vie sanctifiée des chrétiens, mais dans un domaine précis, celui de

LA SANCTIFICATION

DANS LE DOMAINE SEXUEL

Eh ! oui, pour Dieu il n’y a pas de domaine réservé, de domaine qui serait retiré ou exclu de sa Seigneurie, qui serait ignoré dans sa Parole.

Avec ce texte, l’apôtre Paul

1. s’adresse aux croyants

2. dans un contexte d’immoralité

3. pour nous encourager

à être de plus en plus consacrés

X X X 1 X X X

Cet appel à la sanctification

dans le domaine sexuel

s’adresse à nous, les croyants.

Paul s’adresse nommément à ses « frères et sœurs (v. 1) au début de notre texte. En premier lieu à ceux de « l’Eglise des Thessaloniciens » (1 Th 1.1) en Macédoine, au nord de la Grèce actuelle. Mais nous savons par Paul lui-même (Col 4.16) que ses épîtres devaient ensuite être recopiées et passées aux autres paroisses, et au-delà, à toute la chrétienté. Il s’adresse donc bien à nous aussi, croyants de St-Pierre de Châtenay-LePlessis.

Comme aux chrétiens de Thessalonique, « Dieu nous a », à nous aussi, « donné son Saint-Esprit » (v. 8). L’action du Saint-Esprit dans nos cœurs, c’est la chose la plus extraordinaire qui nous soit arrivée dans cette vie.

Aux Corinthiens, Paul demande (mais cette question s’adresse aussi à nous) : « Ne savez-vous pas que vous êtes le temple de Dieu et que l’Esprit de Dieu habite en vous ? » (1 Co 3.16)

Se servant de l’Evangile, « puissance de Dieu pour sauver » (1 Rm 1.16), le Saint-Esprit a établi sa demeure en nous, nous a « appelés hors des ténèbres » de l’incrédulité et de la perdition « à la merveilleuse lumière » de Jésus-Christ, notre Sauveur, et de son salut (1 P 2.9).

Il nous a régénérés, il a éveillé en nous la nouvelle vie de la foi, de l’espérance et de l’amour, ou – pour parler avec Paul dans notre texte – « Dieu nous a [ainsi] appelés à la consécration », « à la sanctification » (v. 7).

Et à quoi Dieu s’attend-t-il que nous nous « consacrions » ? En fait, ce que Paul écrit ici montre que je devrais plutôt demander : à qui Dieu s’attend-t-il que nous nous « consacrions » ? – « A Dieu », évidemment. Il s’agit, écrit Paul, de « plaire à Dieu ». Il s’agit de mener une vie telle que tout ce que nous faisons, disons et pensons « plaise à Dieu » et lui soit « agréable ».

Mais … n’avons-nous pas dit que pour cela nos actes, nos paroles et nos pensées devraient être parfaites, complètement conformes à la Loi de Dieu, et que cela nous était impossible ?

Comment pourrions-nous alors « plaire à Dieu » ? Eh ! bien, figurez-vous, nous le pouvons ! Ou plutôt : Dieu considère que nous le faisons. Il accepte notre consécration, toute imparfaite qu’elle soit, comme « agréable », mais « agréable par Jésus-Christ ». C’est l’apôtre Pierre qui nous l’assure (1 P 2.5).

D’ailleurs l’épître aux Hébreu ne nous dit rien d’autre. Certes, elle le formule ainsi : « Sans la foi il est impossible d’être agréable à Dieu » (Hé 11.6). Cela veut dire : « Avec la foi cela est possible », « celui qui se réfugie avec repentance et foi auprès de Jésus, celui-là est agréable à Dieu », Dieu accepte sa consécration pour l’amour de son Fils.

C’est ainsi qu’il faut comprendre l’appel à la consécration ou sanctification que Dieu nous adresse ici.

Avouons que

X X X 2 X X X

Cet appel à la sanctification

dans le domaine sexuel

tombe à pic dans notre monde immoral.

S’il y a un « domaine » (v.6) où le monde s’est laissé complètement éloigner de la Loi morale, c’est bien celui sexualité. Dieu en avait fait quelque chose de « très bon » (Gn 1.31), le monde en a fait quelque chose de nauséabond. Et ça ne s’arrange pas.

Vous n’avez sans doute pas pu rater la nouvelle controverse qui s’étale dans les journaux autour de Monseigneur André Léonard, primat de Belgique (un « primat » est, dans l’Eglise de Rome, l’évêque qui possède la suprématie, au moins honorifique, sur tous les évêques et archevêques de son pays).

Mgr Léonard a dit que le sida est une « sorte de justice immanente » qui arrive lorsqu’on malmène la nature profonde de l’amour humain ». « Quand on malmène l'environnement, il finit par nous malmener à son tour. Et quand on malmène l'amour humain, peut-être finit-il par se venger, sans qu'il faille y faire intervenir une cause transcendante. » « Malmener la nature profonde de l'amour humain finit toujours par engendrer des catastrophes à tous niveaux. »

Aujourd’hui on a le droit d’attaquer et de s’en prendre à tout le monde et à tous les comportements, sauf à l’homosexualité. Pourtant, quand la Bible en parle elle parle de « passions déshonorantes », de « rapports sexuels contre nature », d’« actes scandaleux » (Rm 1.24-27).

Mais ce n’est pas le seul exemple de ce que Paul appelle dans notre texte de « l’impureté » (v. 7) contraire à la « consécration », contraire à une vie d’enfant de Dieu.

L’infidélité dans le mariage est prônée par notre monde comme la norme de personnes saines. Ne restent fidèles que ceux qui sont coincés.

Et les tentations sont omniprésentes – dans la rue, dans les médias, partout – de « se livrer à la passion du désir comme les membres des autres peuples qui ne connaissent pas Dieu » (v. 5).

Dieu n’est pas contre « le désir » et « la passion » dans le couple marié. Il nous a même créés ainsi et a déclaré que c’était « très bon », mais « très bon » dans le mariage, pas ailleurs. C’est une des raisons pour lesquelles il a institué le mariage.

Non, Paul s’en prend ici au détournement de « la passion du désir » ; il s’en prend au détournement de cette belle chose ; il s’en prend à ceux qui salissent et dénaturent l’intimité sexuelle en la vivant ailleurs que dans le cadre que Dieu a institué pour cela.

C’est là, écrit Paul, le comportement de ceux « qui ne connaissent pas Dieu », « qui ne connaissent pas » sa bonté, sa sagesse, son amour pour nous dans tout ce qu’il a disposé et prescrit pour nous.

Et puis surtout, ils ne connaissent pas Dieu tel qu’il se révèle dans son Evangile en Jésus-Christ. Ils n’ont donc que faire de sa Loi morale, ils n’ont aucune raison de « progresser dans la sanctification », car aucune raison de vouloir « plaire à [un] Dieu » qu’ils ne connaissent pas et en qui ils ne croient pas, à qui ils pensent ne rien devoir.

Ce qui est malheureux, c’est que le monde ne veut pas voir qu’il se détruit ainsi, car il « fait [ainsi] du tort à son prochain » et « porte atteinte à ses droits » (v. 6).

Ces termes peuvent nous surprendre. Mais voyez notre société qui se délite. Les passions débridées « causent » beaucoup « de mal » dans les couples, dans les familles, entre familles.

Et les passions débridées « portent atteinte aux droits » des époux, des enfants (n’oublions pas le droit des enfants) ; elles « portent atteinte au droit » divin tout court.

X X X 3 X X X

C’est dans ce contexte

que Paul nous appelle

à montrer notre consécration

et notre rejet de l’immoralité.

C’est dans ce contexte de délitement – ce qui voulait dire à l’origine : changer de lit … d’où « être pris en flagrant délit » et « l’objet du délit », termes qui n’ont plus ce sens aujourd’hui – c’est donc dans ce contexte de délitement que Dieu nous invite dans notre texte à « garder » aussi notre « corps dans la consécration et la dignité » (v. 4).

Nous ne sommes pas deux personnes : l’une serait l’âme, l’autre le corps ; l’une (l’âme) serait concernée par « la sanctification », l’autre (le corps) ne le serait pas.

Non, Dieu nous a créés, sauvés et sanctifiés corps et âme. D’où l’invitation de notre texte à « garder [notre] corps dans la consécration et la dignité ».

Et quel est le grand argument que Paul emploie pour nous entraîner dans la voie de la « sanctification » ? Non pas les menaces, les injonctions, mais une révélation. Non pas la Loi, mais l’Evangile : « Dieu vous a donné son Saint-Esprit » (v. 8).

Il ne sert à rien de brandir la Loi : seul celui qui a foi dans le salut de Jésus-Christ et qui lui en sait gré et qui l’aime, voudra aussi, « poussé par l’amour du Christ » (1 Co 5.14), lui faire plaisir par une vie consacrée.

Cet argument, Paul le développe davantage dans une autre de ses épîtres, la première qu’il ait envoyée aux Corinthiens. Là-bas il écrit :

« Ne savez-vous pas que vous êtes le temple de Dieu et que l’Esprit de Dieu habite en vous ? » (1 Co 3.16)

« Votre corps est le temple du Saint-Esprit qui est en vous et que vous avez reçu de Dieu. Vous ne vous appartenez pas à vous-mêmes car vous avez été rachetés à un grand prix. Rendez donc gloire à Dieu dans votre corps ! » (1 Co 6.19-20)

Notre « corps », le « corps » de nous qui plaçons notre foi en Jésus-Christ, « est le temple du Saint-Esprit qui est en [nous] et que [nous] avons reçu de Dieu ». Allons-nous employer ce « temple du Saint-Esprit » pour le livrer à « l’impureté », pour le transformer en porcherie ?

Par l’habitation du Saint-Esprit notre personne – y compris notre corps – est devenue « un temple saint », consacré à Dieu (1 Co 3.17). Allons-nous le consacrer à ce qui horripile notre Dieu Sauveur, qui horrifie le Saint-Esprit ? Allons-nous mettre notre salut en jeu en faisant fuir le Saint-Esprit ?

Voilà les considérations que nous soumet l’apôtre.

Ceci étant – et c’est heureux, même miraculeux, pour nous ! – Jésus est mort pour tous les pécheurs, il a expié tous les péchés quels qu’ils soient ; le pardon est disponible auprès de lui pour tous les dérapages, aussi importants soient-ils.

N’oublions pas, Paul a aussi su écrire : « Là où le péché a abondé, la grâce a surabondé » (Rm 5.20). Nous en avons tous déjà fait l’expérience ; nous vivons tous de cette grâce et de ce pardon en Jésus-Christ, les uns plus pour ceci, d’autres plus pour cela.

Que le Saint-Esprit qui nous a été donné nous remplisse de joie, de foi et d’amour !

Qu’il nous maintienne dans une vie de repentance et de foi de tous les jours et nous aide à « progresser dans la consécration », pour que notre vie soit de plus en plus un témoignage à sa seule gloire !

Amen.

Jean Thiébaut Haessig