lundi 9 septembre 2013

Sermon du dimanche 8 Septembre 2013

15ème dimanche après la Trinité

Pour être disciple, cédez tout à Christ

Philémon 1-21
De la part de Paul, prisonnier de Jésus-Christ, et de la part du frère Timothée à Philémon, notre bien-aimé collaborateur, à notre bien-aimée Apphia, à Archippe, notre compagnon de combat, et à l’Eglise qui se réunit dans ta maison : que la grâce et la paix vous soient données de la part de Dieu notre Père et du Seigneur Jésus-Christ !
Je dis constamment à mon Dieu toute ma reconnaissance en faisant mention de toi dans mes prières, car j’entends parler de ta foi dans le Seigneur Jésus et de ton amour pour tous les saints. Je lui demande que ta participation à la foi soit efficace et fasse reconnaître tout le bien que nous accomplissons pour la cause de [Jésus-]Christ. Nous éprouvons en effet beaucoup de reconnaissance et de réconfort au sujet de ton amour, car grâce à toi, frère, le cœur des saints a été tranquillisé.
C’est pourquoi, bien que j’aie en Christ toute liberté de te prescrire ce qui convient, c’est au nom de l’amour que je préfère t’adresser une requête, moi Paul, qui suis un vieillard et de plus, maintenant, un prisonnier de Jésus-Christ. Je t’adresse cette requête à propos de mon enfant, celui qui est devenu mon fils en prison, Onésime. Autrefois il t’a été inutile, mais maintenant il nous est bien utile, à toi comme à moi. Je te le renvoie, [et toi, accueille-le,] lui qui est une partie de moi-même. J’aurais désiré le garder près de moi pour qu’il me serve à ta place pendant que je suis en prison pour l’Evangile, mais je n’ai rien voulu faire sans ton avis, afin que ton bienfait ne paraisse pas forcé, mais qu’il soit volontaire.
Peut-être a-t-il été séparé de toi pour un temps afin que tu le retrouves pour toujours, non plus comme un esclave, mais bien mieux encore, comme un frère bien-aimé. Il l’est particulièrement pour moi, il le sera d’autant plus pour toi dans vos rapports humains et dans le Seigneur.
Si donc tu me considères comme ton ami, accueille-le comme si c’était moi. Et s’il t’a fait du tort ou te doit quelque chose, mets-le sur mon compte. Moi Paul, je l’écris de ma propre main, je te rembourserai, sans vouloir te rappeler que toi aussi, tu as une dette envers moi : c’est toi-même. Oui, frère, rends-moi ce service dans le Seigneur : tranquillise mon cœur en Christ.
C’est en comptant sur ton obéissance que je t’ai écrit, sachant que tu feras même plus que je ne demande.

Que la grâce du Seigneur Jésus-Christ, l'amour de Dieu et la communion du Saint-Esprit soient avec vous tous ! Amen.

Il est difficile d’écouter la lecture de l’Evangile d’aujourd’hui (Luc 14.25-35) sans ressentir un peu de confusion, surtout si on le lit dans les versions qui emploient la traduction littérale de haïr son père, sa mère, etc. Entendre qu’il nous faut préférer Christ à nos parents, à notre épouse et à nos enfants, même à notre propre vie, et qu’il nous faut renoncer à tout ce que nous possédons pour pouvoir être disciple de Jésus, — c’est pas évident.
Une partie du heurt est sans doute culturelle. Dans la langue hébraïque, on se sert des opposés comme aimer et haïr pour faire une comparaison très nette et catégorique. Nous autres disons tous simplement qu’il faut préférer une chose ou une personne à une autre. Peut-être qu’il faut la préférer de beaucoup. En tout cas, Jésus dit que nous devons accorder plus de valeur à nos relations avec lui qu’avec toute autre personne, et que nous devons être plus engagés à lui qu’à toute autre personne ou chose. En fait, il nous appelle à une relation avec lui dans laquelle nous lui cédons la maîtrise de notre vie et de nos biens.
Je ne veux pas dire cela dans le sens d’un culte moderne auquel vous transféreriez le titre de propriété de votre maison ! Avec Dieu, cela marche autrement. Quand nous cédons la maîtrise de notre vie et de nos biens à Jésus, nous ne les perdons pas. Nous les utilisons plutôt selon sa volonté et selon son dessein. Nous reconnaissons que notre vie et tout ce que nous possédons sont des dons de Dieu, et que lui, le Créateur omniscient, sait les utiliser mieux que nous. Du coup nous menons une vie qui rend gloire à Dieu ; et nous nous servons de nos biens pour rendre gloire à Dieu, et non pour satisfaire aux désirs de notre nature propre corrompue. Lorsque nous cédons la maîtrise de notre vie et de nos biens à Jésus, notre confession de foi et notre comportement convergent. Jésus n’est pas alors un conseiller de temps en temps, mais Dieu, Seigneur, Sauveur. Et nous, nous sommes le peuple dont il est le berger, le troupeau que sa main conduit (Ps 95.7).
Cela nous amène à la lettre de Paul à Philémon. Voilà l’exemple d’un homme qui a cédé à Jésus la direction de sa vie et de l’emploi de ses biens.
Paul est prisonnier, mais nous ne savons pas où. Onésime, l’esclave de Philémon, a passé un temps avec Paul, mais nous ne savons ni comment ni pourquoi. Apparemment, Onésime avait causé du tort à son maître et s’était enfuit. Ainsi, il avait une dette envers Philémon. Pourtant, durant son séjour avec Paul, Onésime est devenu chrétien et a été aussi très utile à Paul dans son travail d’apôtre. En fait, Paul voudrait bien garder Onésime auprès de lui.
Mais Paul ne peut pas forcer quelqu’un à lui donner sa propriété. Il doit renvoyer Onésime à Philémon. Aussi il écrit cette lettre pour demander deux choses à Philémon. Premièrement, il lui demande de recevoir Onésime, non pas comme un esclave inutile, mais comme un frère bien-aimé et le fils spirituel de Paul lui-même. Deuxièmement, avec beaucoup de tact, Paul demande à Philémon de permettre à Onésime de retourner et travailler avec lui. Il est clair que Paul demandait à Philémon de céder la direction de sa propriété à la cause de Christ.
Notons que cette lettre ne s’adresse pas à Onésime et n’est pas non plus sur le sujet de l’esclavage. Elle s’adresse à Philémon. Paul lui écrit pour lui faire une demande précise. En conséquence, Philémon doit décider comment sera sa vie et ce qu’il fera de son esclave. S’est-il conformé à la demande ? Il y a raison à le croire. Dans la génération après Paul, Ignace, l'évêque d’Antioche, mentionne un certain Onésime qui était un évêque d’Ephèse. C’est fort possible que ce soit la même personne.
Or, n’étant pas des propriétaires d’esclaves, je doute que nous puissions apprécier pleinement la situation de Philémon et donc la demande de Paul. Imaginons un autre scénario. Supposons que ton fils et toi ne vous entendez pas très bien. Il a l’opportunité de faire des études supérieures en médecine et tu veux qu’il devienne médecin. Mais il refuse. Puis un jour tu te lèves et t’aperçoit qu’il est parti en prenant la voiture. Quelque temps plus tard, un très bon ami qui est président d’un séminaire théologique t’appelle. Ton fils est allé le voir en espérant que cet ami pourrait te raisonner. Pendant que ton fils était chez lui, ils ont tous deux compris que ce que le jeune homme voulait vraiment faire, c’est d’aller au séminaire et devenir pasteur. Ton ami te demande donc de pardonner à ton fils d’avoir pris la voiture et d’être parti. Il te demande de ne plus penser à lui seulement comme à un fils, mais aussi comme un homme de foi, un frère dans la foi, et de lui permettre d’aller au séminaire. Et à ce propos, sa formation va te coûter un peu et il pourrait aussi avoir besoin de la voiture !
En bien, je ne sais pas si cela est plus facile à comprendre que la situation d’Onésime, mais c’est semblable. Pourquoi devrais-tu pardonner à ton fils et le renvoyer au séminaire ? Pourquoi Philémon aurait-il dû pardonner à Onésime et le renvoyer auprès de Paul ? Dans les deux cas, la raison est que tu regardes la demande comme si Jésus lui-même l’avait faite, et que tu es prêt à suivre et servir Christ en tout. C’est précisément pour ce motif que Paul a fait sa demande à Philémon. Je dis constamment à mon Dieu toute ma reconnaissance en faisant mention de toi dans mes prières, car j’entends parler de ta foi dans le Seigneur Jésus et de ton amour pour tous les saints… Nous éprouvons en effet beaucoup de reconnaissance et de réconfort au sujet de ton amour, car grâce à toi, frère, le cœur des saints a été tranquillisé. C’est pourquoi, bien que j’aie en Christ toute liberté de te prescrire ce qui convient, c’est au nom de l’amour que je préfère t’adresser une requête.
Philémon est un disciple dévoué de Christ. Une église se rassemble dans sa maison ! Il a toujours fait son possible pour encourager et pour soutenir les autres croyants, les saints. Pour cette raison, Paul le supplie au sujet d’Onésime. Sans doute que cela a été difficile pour Philémon. Nous ne savons pas quelle perte il a subie au départ d’Onésime. Et bien que Paul offre de rembourser toute dette que cette esclave aurait pu avoir, je suis certain que Paul, étant prisonnier, n’avait pas de quoi payer une grande dette. En plus, Philémon devait traiter le sujet de l’esclavage. Onésime était un esclave, une propriété, pas un fils. Pourtant Paul lui demande de l’accueillir non plus comme un esclave, mais bien mieux encore, comme un frère bien-aimé, et comme Paul lui-même. Et le comble, Paul demande à son ami de lui renvoyer Onésime, et ainsi à renoncer à tout service dont il aurait bénéficié de son esclave.
Toutefois, Paul est certain que Philémon fera tout cela. Pourquoi ? Parce que Philémon aime le Seigneur et participe à la confrérie de la foi. Il regarde Paul comme collaborateur dans la foi qui accomplit la volonté de Dieu. Et puis, Philémon considère qu’il doit sa propre vie à Christ et à cet apôtre.
Pour les mêmes raisons, chers frères et sœurs, Jésus peut nous faire le même genre de demande. Il peut nous demander de l’aimer plus que toute personne et toute chose, et de renoncer à tout pour le suivre. Vous et moi, nous croyons que Jésus nous a affranchis de la peine du péché, c’est-à-dire, du jugement de la mort et de la condamnation. Et cela, « non pas à prix d'or ou d'argent, mais par son saint et précieux sang, par ses souffrances et sa mort innocentes. » Il est mort à notre place pour que nous recevions le pardon de nos fautes. Il est mort pour satisfaire à la juste condamnation de la loi de Dieu. Et il est ressuscité des morts en tant que le premier vainqueur sur la mort.
Nous paierions volontiers n’importe quoi si nous et ceux que nous aimons pouvions échapper à la mort, si nous pouvions vivre à perpétuité en bonne santé et dans la jeunesse. C’est justement ce que Jésus nous a préparé ! Il nous a offert la vie éternelle et elle ne nous coute rien, ni une minute de temps, ni un centime. C’est là notre assurance et notre foi : qu’un jour, Jésus nous ressuscitera des morts.
C’est pour ce motif que Paul présente sa demande à Philémon. C’est pourquoi, bien que j’aie en Christ toute liberté de te prescrire ce qui convient, c’est au nom de l’amour que je préfère t’adresser une requête. Philémon a connu l’amour de Christ pour lui. Il a expérimenté la faveur imméritée de Dieu à cause de Christ. Paul lui demande donc d’agir envers Onésime sur le fondement de cet amour. Il ne demande pas à Philémon de remplir une obligation. Il voudrait que Philémon agisse par gratitude en se souvenant de la dette que lui-même ne peut rembourser.
Nous aussi, nous devons notre vie à Christ, et dans une certaine mesure, à quiconque nous a amenés à la foi en Christ. Car sans Jésus, nous n’avons aucun moyen d’acquérir la vie éternelle. Aussi, Jésus nous appelle à le suivre — à le préférer à nos parents, à notre épouse et à nos enfants, même à notre propre vie et à tout ce que nous possédons — parce qu’il a donné sa vie pour nous et nous a gagné la vie éternelle.
Dans le cas de Philémon, Paul dit que, C’est en comptant sur ton obéissance que je t’ai écrit, sachant que tu feras même plus que je ne demande. Jésus, peut-il faire la même demande à vous et à moi ? Peut-il nous dire, bien que j’aie toute liberté de te prescrire ce qui convient, c’est au nom de l’amour que je préfère t’adresser une requête… C’est en comptant sur ton obéissance que je t’ai écrit, sachant que tu feras même plus que je ne demande ? Pouvons-nous nous soumettre, avec tous nos biens, au service de Christ ? Il est difficile de répondre à cette question. La plupart du temps, nous ne connaissons pas la réponse avant le moment de l’épreuve.
Mais je suis certain de ceci : si jamais vous et moi espérons céder tout à la directive de Jésus, nous devons être entièrement convaincus de son amour pour nous. Aucun commandement ne peut nous contraindre à nous confier à Christ. Pour cela nous devons être convaincus que sa mort compte pour la nôtre, et que sa résurrection garantie la nôtre. Nous devons être convaincus que nous avons été joints au Christ et que nous sommes maintenant ses collaborateurs. Nous devons être convaincus que nous sommes membres de son corps, et qu’ainsi nous avons part, avec lui, à la vie du monde à venir.
Pour que nous soyons convaincus de toutes ces choses, il nous a donné sa parole, ses sacrements et son Esprit. Dans la lecture de l’épître dimanche dernier, il nous a été dit : Souvenez-vous de vos conducteurs qui vous ont annoncé la parole de Dieu. Considérez quel est le bilan de leur vie et imitez leur foi. Jésus-Christ est le même hier, aujourd’hui et pour l’éternité. Hé 13.7-8. Aujourd’hui l’Esprit nous parle de Philémon. Il semble évident qu’il a agi comme Paul le lui avait demandé, qu’il a accueilli Onésime non plus comme un esclave, mais bien mieux encore, comme un frère bien-aimé, et puis qu’il l’a renvoyé auprès de Paul. De cette façon la parole de Dieu nous encourage, parce qu’elle démontre que notre foi et notre travail ne sont pas sans résultat dans le Seigneur. Cette même parole nous encourage d’une manière très personnelle par le Baptême et par la Sainte Cène : « Tes péchés à toi sont pardonnés ; ta dette est payée ; tu es membre toi du corps de Christ ! »
Jésus a accompli tout cela pour nous, comme Luther l’a dit, « afin que je lui appartienne et que je vive dans son Royaume, pour le servir éternellement dans la justice, l'innocence et la félicité. » Dieu vous a donné son fils et vous a promis la vie éternelle. Alors, suivez Christ. Cédez lui la direction de votre vie de vos biens. Vous n’avez rien à perdre, mais tout à gagner.

Que la paix de Dieu qui dépasse tout ce que l’on peut comprendre, garde votre cœur et vos pensées en Jésus-Christ, pour la vie éternelle ! Amen.
Pasteur David Maffett



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