mardi 30 juin 2009

Sermon du 3ème Dimanche après la Trinité

Texte : 1 Tm 1.12-17

12 « Je suis reconnaissant envers celui qui m'a fortifié, Jésus-Christ notre Seigneur, car il m'a jugé digne de confiance en m'établissant à son service,

13 moi qui étais auparavant un blasphémateur, un persécuteur, un homme violent. Cependant, il m'a été fait grâce parce que j'agissais par ignorance, dans mon incrédulité.

14 Et la grâce de notre Seigneur a surabondé, avec la foi et l'amour qui sont en Jésus-Christ.

15 Cette parole est certaine et digne d'être acceptée sans réserve: Jésus-Christ est venu dans le monde pour sauver des pécheurs. Je suis moi-même le premier d'entre eux,

16 mais il m'a été fait grâce afin que Jésus-Christ montre en moi le premier toute sa patience et que je serve ainsi d'exemple à ceux qui croiraient en lui pour la vie éternelle.

17 Au roi des siècles, au Dieu immortel, invisible et seul sage soient honneur et gloire aux siècles des siècles ! Amen ! »

Chers frères et sœurs,

objets de la patience, de la grâce et

– oui, soyez étonnés ! –

objets aussi de la confiance de Dieu !

Dieu ne vous a-t-il jamais pris au dépourvu dans la façon dont, un jour, il a bousculé votre existence, lui a fait prendre une nouvelle direction ?

Des surprises, il y en a des bonnes et des mauvaises. Bien entendu, nous savons que Dieu ne nous fait pas de mauvaise surprise, qu’il ne nous fait pas des coups bas, que « toutes choses contribuent au bien de ceux qui aiment Dieu » (Rm 8.28).

N’empêche, sur le coup, certaines de ses surprises ont du mal à passer, et sont vécues comme des drames, du moins comme des épreuves.

Ainsi, quand l’apôtre Paul se trouve en prison pour avoir annoncé la Bonne Nouvelle de l’amour et de la grâce de Dieu, la première réaction, bien humaine, est de se demander : Dieu n’aurait-il pas dû veiller à ce que son apôtre puisse continuer à prêcher librement ?

Sans parler de sa fin – décapité près de Rome – : pour ceux qui venaient juste d’être convertis « au Dieu immortel, invisible et seul sage » (v. 17) c’était plutôt déconcertant. Mais ils savaient ce que l’apôtre avait écrit et prêché : « Christ est ma vie et mourir représente un gain » (Ph 1.21). Mais quand Paul s’est retrouvé subitement devant le « trône de Dieu et de l’Agneau » (Ap 22.1-5), entouré « de myriades de myriades et de milliers de milliers d’anges » et des rachetés (Ap 5.11-13), cela a quand même été finalement une merveilleuse et impressionnante surprise.

Chers amis, nous avons tous, dans nos vies de ces revirements ou bouleversements surprenants. Et même si le monde ne peut le voir, et encore moins l’admettre, Dieu ne nous fait, en fin de compte, que des bonnes surprises si nous savons les vivre, comme Paul, dans la confiance en Dieu.

Dans notre texte, l’apôtre concentre le caractère surprenant de Dieu sur trois points. Il souligne :

NOTRE DIEU SURPREND

1. par sa patience

2. par sa grâce

3. par sa confiance

X X X 1 X X X

Notre Dieu nous surprend par

sa patience.

A-t-il dû être patient avec ce Saul « né » dans la ville universitaire grecque de « Tarse en Cilicie » (Ac 22.3) avec le rang de citoyen romain (Ac 22.25-29), bien que « de la tribu de Benjamin, hébreu né d’Hébreux ; […] pharisien [et] persécuteur de l’Eglise » ! (Ph 3.5)

Pourtant, comme Paul l’écrit aux Galates, « Dieu l’avait mis à part dès le ventre de sa mère », dès avant sa naissance ! (Ga 1.15) Mais Dieu a attendu patiemment – cela a mis des décennies ! – que Saul de Tarse soit prêt pour qu’il puisse « l’établir à son service » (v. 12).

Pour cela, Dieu a attendu patiemment que Saul fasse des études poussées de grec dans sa ville natale (son style montre qu’il y était devenu un érudit).

Dieu a aussi attendu qu’il étudie à Jérusalem et soit « formé aux pieds du » plus important professeur de théologie juif – ou rabbi – de l’époque, « Gamaliel ». Ainsi il a acquis « la connaissance exacte de la loi héritée de ses ancêtres » (Ac 22.3). Le futur apôtre devait avoir une bonne connaissance des écrits de l’Ancien Testament.

Malheureusement, il l’avait alors mal compris et, dans la foulée, il a aussi mal compris la prédication et la foi des apôtres et des premiers chrétiens.

Là encore, Dieu a dû montrer sa grande patience quand Paul, le « pharisien », a dérapé dans le fanatisme et a pris la tête de la persécution des premiers chrétiens. « J’ai combattu à mort cet enseignement, enchaînant et mettant en prison hommes et femmes » confessera-t-il plus tard avec humilité et courage (Ac 22.4)

Oui, Dieu a été patient avec Saul de Tarse, d’une patience qui a dû coûter d’autant plus à Dieu que Saul persécutait des chrétiens, « pour les faire punir » (Ac 22.5).

Surprenant, cette patience de Dieu ? Nous, nous aurions interrompu tout cela au plus tard avant qu’il ne commence à persécuter les chrétiens ! Non ?

C’est que Dieu a toujours un plan, ne l’oublions pas, et ne l’oublions pas non plus dans ce que nous vivons. Oh ! certes, les persécutions n’étaient pas approuvées par Dieu et Paul parlera souvent de cette culpabilité. Il n’a pas dit : Puisque Dieu ne l’a pas empêché, c’est que c’était bon ! Non, c’était mauvais, très mauvais. C’était un péché terrible.

Mais cela devait servir de leçon au futur apôtre Paul, pour qu’il reste humble, et cela doit nous servir de leçon à nous aussi. Que visait Dieu en étant aussi patient avec Saul de Tarse ? Clairement, Paul nous dit que Dieu a été si patient avec lui aussi à cause de nous : « … afin que Jésus-Christ montre en moi le premier toute sa patience et que je serve ainsi d'exemple à ceux qui croiraient en lui pour la vie éternelle. » (v. 16)

Effectivement, la patience de Dieu a été phénoménale avec Saul de Tarse. Et cela doit « nous servir d’exemple » : c’est ainsi que Dieu se comporte avec nous aussi. Le temps de Dieu n’est pas le nôtre, la sérénité et la justesse de Dieu dans le gouvernement de nos vies ne correspond souvent pas à notre fébrilité et impatience.

Et heureusement qu’il sait être patient avec nous, car s’il s’était détourné de nous à notre première incartade, aucun de nous serait alors assis ici en ce moment, tous, il nous aurait rejetés depuis longtemps.

Pierre, l’apôtre dont notre paroisse porte le nom, nous écrit : « Considérez bien que la patience de notre Seigneur est votre salut ! » (2 P 3.15) Face à une telle patience, à une patience à laquelle nous devons notre salut, notre esprit, notre cœur, ne peut qu’être attiré « vers l’amour de Dieu et la patience de Christ » (2 Th 3.5)

Oui, prenons exemple sur Jésus-Christ : il a été patient sous les coups qu’il aurait pu s’éviter, qu’il aurait même pu rendre, sans problème ; il a surtout été patient – et cela était bien plus inhumain ! – dans les souffrances infernales endurées à cause de nous et pour notre salut.

Dans notre texte, l’apôtre Paul a donc d’abord souligné que Dieu nous surprend par sa patience,

X X X 2 X X X

Notre Dieu nous surprend par

sa grâce.

Et Paul en est le premier surpris, et le restera toute sa vie durant. Mais laissons-lui la parole :

« J’étais auparavant un blasphémateur, un persécuteur, un homme violent. Cependant, il m'a été fait grâce […]. La grâce de notre Seigneur a surabondé, avec la foi et l'amour qui sont en Jésus-Christ. […]. Jésus-Christ est venu dans le monde pour sauver des pécheurs. Je suis moi-même le premier d'entre eux, […] mais il m'a été fait grâce […]. » (v. 13-16)

Effectivement, si, dans l’histoire de Saul de Tarse, Dieu nous surprend par « sa patience », il le fait tout autant par « la grâce » dont bénéficie Saul, le « blasphémateur » et « persécuteur ».

La loi de Moïse était claire pour les blasphémateurs du sein du peuple d’Israël. Dieu avait fait aux descendants d’Abraham la faveur d’être son peuple élu, le peuple de son alliance, un peuple qui jouissait de ses bénédictions et de ses promesses temporelles et éternelles. En contrepartie, « celui qui blasphémera le nom de l’Eternel sera puni de mort » avait fait dire l’Allié divin à son peuple (Lv 24.16).

Le pharisien et spécialiste de l’Ancien Testament qu’était Paul le savait fort bien. C’est d’ailleurs l’accusation, fausse évidemment, que le sanhédrin a portée contre Jésus – et plus tard contre Etienne – pour pouvoir les condamner à mort. D’ailleurs, Saul était présent à la lapidation d’Etienne. « Saul approuvait l’exécution d’Etienne ». On peut même avoir l’impression qu’il la dirigeait. (Ac 7.58 – 8.1)

Que disent nos enfants ? « Celui qui le dit, il l’est ! » Effectivement, Saul qui disait que les chrétiens blasphémaient était un « blasphémateur », alors que celui qu’on accusait, Etienne par ex., ne l’était pas !

Plus tard, quand le Saint-Esprit, à travers l’enseignement d’Ananias à Damas, puis par les révélations qu’il fit à l’apôtre Paul, plus tard, donc, quand le Saint-Esprit plaça Paul devant la cruelle réalité de sa vie blasphématoire, ça l’a énormément ébranlé. Et Paul n’a jamais caché ce passé honteux.

Il l’a même utilisé, comme dans notre texte, pour nous faire comprendre l’immensité de la grâce de Dieu à l’égard des pécheurs, le caractère complètement surprenant et inattendu de cette grâce.

Le comportement de Dieu à l’égard de Saul de Tarse montre que la grâce de Dieu, c’est sa faveur imméritée pour l’amour de Jésus-Christ. Paul sait que c’est au sacrifice expiatoire de Jésus qu’il doit que Dieu a usé de clémence envers lui, au lieu de le châtier comme il l’avait mérité. « Jésus-Christ est venu dans le monde pour sauver des pécheurs. Je suis moi-même le premier d'entre eux, […] mais il m'a été fait grâce […]. » (v. 15-16)

Et cette grâce, cette faveur imméritée – mais que Jésus nous a obtenue sur la croix – est disponible pour les pécheurs les plus grossiers. Paul en savait quelque chose. « Je suis moi-même le premier d’entre eux » avoue-t-il ici.

Mais il est soulagé de savoir, comme il l’écrit aux Romains, que « là où le péché a abondé, la grâce a surabondé » (Rm 5.20 ; Segond, Genève 1978). Cela, il le dit par expérience personnelle ; mais il le met par écrit, sous l’inspiration du Saint-Esprit, pour que nous aussi, nous ne désespérions jamais de la grâce de Dieu, quelle que soit la gravité de ce que nous avons fait.

Il dit la même chose dans notre texte : « La grâce de notre Seigneur a surabondé, avec la foi et l'amour qui sont en Jésus-Christ. » (v. 14)

« Si nous reconnaissons nos péchés » (1 Jn 1.9) et avons « foi », croyons, en ce que Jésus a fait et enduré pour nous, nous sommes graciés, pardonnés, car ce par quoi Jésus a passé à la pleine satisfaction du Père, cela suffit pour expier « les péchés du monde entier » (1 Jn 2.2), les tiens aussi, également les miens, même ceux d’un « blasphémateur » et « persécuteur » comme Saul de Tarse.

Et si un péché particulier devait ne pas te laisser la conscience tranquille, si un sentiment de culpabilité précis devait peser sur ta conscience, sache que la confession et l’absolution privées sont une institution du Seigneur, justement pour retrouver la sérénité et la joie auprès de Lui. Là, il confirme sa grâce à celui qui se repent et qui croit en Lui.

Alors là, oui ! Dieu nous surprend par sa grâce sans borne, après nous avoir déjà surpris par sa patience. Mais

X X X 3 X X X

Notre Dieu nous surprend aussi par

sa confiance,

par la confiance qu’il place en nous, par les responsabilités et les tâches qu’il ose nous confier !

Saul de Tarse lui-même n’en revient pas : Dieu le choisit, lui, le « blasphémateur » et « persécuteur », pour le prendre au « service » le plus éminent dans l’Eglise de Jésus-Christ : l’apostolat !

Et cela le remplit de « reconnaissance envers Jésus-Christ » : bien entendu, avant tout pour avoir été gracié et sauvé de la perdition et élevé au rang d’enfant de Dieu et de citoyen des cieux. Mais sa « reconnaissance envers […] le Seigneur » concerne aussi tout particulièrement « la confiance » que Jésus place en lui, vu son passé encore tout récent !

« Je suis reconnaissant envers celui qui m'a fortifié, Jésus-Christ notre Seigneur, car il m'a jugé digne de confiance en m'établissant à son service. » (v. 12)

Il n’y a d’ailleurs pas que Paul à avoir été surpris par « la confiance » que le Christ lui témoignait en le faisant apôtre.

Rappelez-vous Ananias, chargé de faire la cure d’âme et l’instruction de Saul de Tarse à Damas ! Quand Jésus lui dit : Saul de Tarse va être « un instrument […] pour faire connaître mon nom aux non-Juifs, aux rois et aux Israélite », la réaction de recul a été immédiate chez Ananias : « Seigneur, j’ai appris de beaucoup tout le mal que cet homme a fait à tes saints ! » (Ac 9.10-16)

Ensuite ce fut au tour de l’Eglise de Jérusalem et des apôtres d’avoir des doutes sur la sincérité de la conversion de Saul de Tarse. « Arrivé à Jérusalem, Saul essaya de se joindre aux disciples, mais tous avaient peur de lui, car ils ne croyaient pas qu’il était un disciple » (Ac 9.26). Et si c’était une manœuvre d’infiltration de la part de ce « persécuteur » ? En tout cas, ce n’est pas eux qui auraient fait confiance à Saul pour en faire un des leurs, et encore moins un des apôtres ! Le Seigneur a pris tout le monde au dépourvu !

Chers amis, ne vous est-il jamais arrivé de vous dire que Dieu avait vraiment le goût du risque en vous confiant une responsabilité particulière, en vous demandant de remplir un « service » précis ?

Nous avons tous une certaine connaissance de notre personne, et même si certains peuvent avoir découvert en nous une faiblesse que nous ne discernons pas avec la même netteté, nous en savons assez sur nous-mêmes pour être étonnés que « Jésus-Christ, notre Seigneur » nous ait « jugés dignes de confiance en nous établissant à son service » !

Il est frappant de voir que dès que la grâce est faite à quelqu’un d’être inséré dans « la maison spirituelle » de l’Eglise, il est appelé « pierre vivante » (1 P 2.5), non seulement une pierre qui a reçu la vie de la foi, mais qui rayonne et qui transmet aussi cette vie !

Lorsque nous avons été « appelés des ténèbres à sa merveilleuse lumière », nous avons aussitôt été revêtus de la responsabilité « de proclamer les louanges » de notre Sauveur ! (1 P. 2.9).

Certains sont mêmes appelés à des fonctions particulières dans l’Eglise, voire à un ministère particulier comme diacre, ou même au ministère pastoral. Cette « confiance » que nous fait le Seigneur nous émeut et nous réjouit, bien entendu, mais elle nous surprend aussi. Nous ne nous en trouvons pas seulement indignes, mais souvent pas non plus à la hauteur de la tâche.

Et là il est bon de savoir : c’est le Seigneur qui « m’a jugé digne de confiance en m’établissant à son service ». Oh ! il ne le fait pas de façon aveugle. Il nous dirige et nous seconde, il nous « fortifie » aussi dans nos responsabilités et il agit lui-même à travers notre témoignage.

Ainsi, pour pouvoir exercer son apostolat, Paul a « reçu l’Esprit qui vient de Dieu ». Aussi pouvait-il dire : Nous, les apôtres, « nous parlons [des bienfaits de Dieu] avec les paroles […] qu’enseigne l’Esprit saint. ». Son apostolat ne repose donc pas sur sa « sagesse humaine », mais sur la révélation et l’accompagnement du Saint-Esprit (1 Co 2.12-13)

Et pour que nous, nous puissions le servir là où il nous a placés dans la vie et dans l’Eglise, il nous a donné dans la Bible d’une part son Evangile pour nous « fortifier » dans notre foi, d’autre part ses indications ou dispositions pour nous permettre de nous repérer et de nous diriger.

Ainsi, s’il nous surprend par sa « confiance », il nous étonne aussi par les moyens qu’il met à notre disposition pour que nous puissions exercer le « service » qu’il nous a confié.

S’il nous a « confié » à tous des responsabilités, faisons-lui confiance en retour : il nous assistera aussi. Ne pas lui faire confiance pour le « service » dans lequel il nous a appelés, ce serait l’accuser de s’être trompé en nous faisant « confiance ».

Même, ne pas « être reconnaissant » à Jésus de nous avoir fait « confiance » en « nous prenant à son service », c’est méconnaître le grand honneur qu’il nous fait ainsi, méconnaître aussi que « la moisson est grande » et qu’il n’y a pas trop « d’ouvriers dans la moisson’ » (Mt 9.37-38)

Non, soyons humbles en ce qui nous concerne, confessons aussi nos manques et nos manquements, mais ayons confiance en

ce Dieu qui nous surprend

1. par sa patience,

2. par sa grâce, et

3. par sa confiance !

« Au roi des siècles, au Dieu immortel, invisible et seul sage soient honneur et gloire aux siècles des siècles ! Amen ! » (v. 17)

Jean Thiébaut Haessig


Chants proposés :

Viens, Créateur, emplis nos âmes AeC 501 :1-3

Ø Liturgie d’entrée

Je crois en Dieu, le Créateur, AeC 565 : 1-3

Non point à nous-mêmes, Seigneur AeC 539 : 1-4

Ø Prédication

Je veux répondre, ô Dieu ! AeC 415 : 1-3

lundi 1 juin 2009

Sermon du dimanche 31 mai 2009 -Pentecôte

CONFIRMATION 2ème partie

23 « Jésus lui répondit : "Si quelqu'un m'aime, il gardera ma parole et mon Père l'aimera ; nous viendrons vers lui et nous établirons domicile chez lui.

24 Celui qui ne m'aime pas ne garde pas mes paroles, et la parole que vous entendez ne vient pas de moi, mais du Père qui m'a envoyé.

25 Je vous ai dit cela pendant que je suis encore avec vous,

26 mais le Défenseur, l'Esprit saint que le Père enverra en mon nom, vous enseignera toutes choses et vous rappellera tout ce que je vous ai dit.

27 Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix. Je ne vous la donne pas comme le monde donne. Que votre coeur ne se trouble pas et ne se laisse pas effrayer." »



Chers frères et sœurs et particulièrement vous, chers Quentin et Xavier !

Tout à l’heure, au cours de la liturgie de la confirmation proprement dite, je vous imposerai successivement les mains en invoquant sur vous le Saint-Esprit tel qu’il est décrit dans Esaïe 11, verset 2 : « Esprit de sagesse et de discernement, Esprit de conseil et de force, Esprit de connaissance et de crainte de l'Eternel. »

C’est dire – mais qui aurait pu en douter ? – combien il est judicieux de célébrer une confirmation lors de la Fête du Saint-Esprit, lors de la Fête de la Pentecôte.

Bien entendu, le rôle du Saint-Esprit ne se limite pas au jour de la confirmation et, d’ailleurs, lors de la première Pentecôte à Jérusalem, il n’y avait pas de confirmation comme nous en célébrons une aujourd’hui – encore que …

le récit de la première Pentecôte se termine ainsi : « Ceux qui acceptèrent sa parole [celle proclamée par l’apôtre Pierre] furent baptisés et, ce jour-là, le nombre des disciples augmenta d’environ 3000 personnes » (Ac 2.41).

Nous avons tous les ingrédients d’une confirmation dans cet événement fondateur de l’Eglise du Nouveau Testament : confession de foi, implication du baptême, réception dans le nombre des disciples, c.à.d. des membres de l’Eglise qui mettent en pratique leur promesse de « persévérer dans l’enseignement des apôtres, dans la communion fraternelle, dans la fraction du pain et dans les prières » (Ac 2. 42)

Il y a dix jours, quand vous avez professé votre foi à l’aide de vos connaissances catéchétiques, vous avez parlé de l’action du Saint-Esprit dans votre Baptême, dans votre conversion et dans votre vie de tous les jours. Vous avez confessé que « c’est le Saint-Esprit qui, par l’Evangile, » – pour résumer – « vous a appelés, éclairés de ses dons, sanctifiés et maintenus dans la vraie foi » (Martin Luther, Petit Catéchisme).

C’est de cela que Jésus nous parle dans le texte proposé pour ce jour. Cela tombe bien. C’est à croire que ceux qui ont choisi ce texte comme texte pour la prédication de Pentecôte savaient que nous célébrerions ce jour une confirmation à Châtenay-Malabry. – Je plaisante, évidemment.

Voici comment nous pourrions résumer ce que Jésus nous dit ici à tous – et à vous deux en particulier, Quentin et Xavier :

LAISSEZ

« LE DEFENSEUR, L’ESPRIT SAINT, »

CONTINUER

1. à vous remplir de l’amour de Dieu !

2. à vous enseigner avec la Parole de Jésus !

3. à vous envelopper de la paix divine !

X X X 1 X X X

Laissez « le Défenseur, l’Esprit Saint, »

continuer à

vous remplir de l’amour de Dieu !

Premier plissement de sourcil : « le Défenseur » ? En quoi ai-je besoi d’un « Défenseur » (v. 2) ? Et pourquoi Jésus appelle-t-il « le Saint-Esprit » « le Défenseur » ? D’ailleurs, l’ancienne traduction Segond ne traduisait-elle pas « Consolateur » ?

Il est normal que vous vous posiez cette question. Il y a d’ailleurs des traductions – « la Bible de Jérusalem », par exemple – qui ont laissé le mot grec original : « le Paraclet », ce qui, il est vrai, ne vous avance pas plus. Mais pourquoi pas ? Nous avons d’autres titres ou mots grecs comme « Christ » ou hébreux comme « Emmanuel » ou « Jésus », qu’il faut aussi expliquer pour en comprendre la signification.

Ailleurs, comme dans le verset de confirmation que vous avez choisi tous les deux dans la 1ère Epître de Jean, ce mot est traduit par « avocat », et là, en parlant de Jésus. (1 Jn 2.1-2)

Vous avez peut-être l’impression de vous perdre dans ce fouillis fait d’avocat, de défenseur et de consolateur. Mais c’est simple, et c’est surtout réconfortant pour nous. « Paraclet » signifie : celui qui a été appelé à nos côtés pour nous soutenir. Quand nos péchés nous accusent, il est notre « Défenseur » ou « Avocat » de la défense. Quand nos péchés nous culpabilisent, il est notre « Consolateur ». Dans les deux situations, il nous « rappelle » (v. 26) la Parole d’amour de Dieu qu’est l’Evangile du Christ.

Dans ces situations, il dirige notre regard sur Celui qui a expié nos fautes et auprès duquel le pardon est disponible pour quiconque se repend et place sa foi en Lui.

Ce service – vous défendre et vous consoler face à vos péchés et à votre culpabilité – ce service, il veut vous le rendre tout au long de votre vie. Il ne veut cesser de vous « rappeler » ce que Jésus a fait pour vous, comment il a expié vos péchés et vous a obtenu le pardon et l’amour de Dieu.

Laissez « le Défenseur, l’Esprit saint, » continuer à vous rappeler l’amour de Dieu toute votre vie durant ! Laissez-le vous soulager par le rappel que Dieu vous aime. Laissez-le vous le rappeler particulièrement quand cela va mal dans votre vie, quand vous avez l’impression de ne pas être à la hauteur de ce qui se dresse sur votre route, quand vous avez l’impression que Dieu s’est détourné de vous, ne s’intéresse pas à vous !

Vous « gardez sa Parole » ? Vous prenez à cœur ce qu’il vous dit dans sa Parole d’Evangile ? Conformément aux promesses faites pour l’amour de Jésus-Christ, vous le prenez au mot et lui accordez foi ?

Alors, nous dit Jésus, « le Défenseur, l’Esprit saint, que le Père envoie en mon nom, vous rappelle » entre autre cette promesse : « Mon Père t’aime ; nous sommes venus vers toi et nous avons établi domicile chez toi » ! (v. 23).

N’empêchez jamais le Saint-Esprit de vous le rappeler ! Ne mettez jamais d’obstacles entre vous et son activité de soutien et de « Consolateur » ! Et débarrassez votre vie et votre corps de tout ce qui pourrait le faire fuir, car « votre corps est le temple du Saint-Esprit » et il ne veut pas établir domicile dans un temple où on se complaît dans le péché ! (1 Co 6.18-20)

En d’autres mots,

X X X 2 X X X

Laissez « le Défenseur, l’Esprit Saint, »

continuer à

vous enseigner avec la parole de Jésus !

Avec la confirmation, vous avez – et nous tous, un jour, nous avons – franchi une étape : nous avons traversé de bout en bout l’instruction catéchétique de l’enfance. Mais ce n’est qu’une étape, ce n’est pas une fin. Vous avez posé des bases ; il s’agit maintenant de continuer à construire et à consolider.

Ou pour prendre une autre image : il s’agit de continuer à entretenir le feu de la foi, sinon il s’éteint si on oublie de rajouter continuellement du combustible.

C’est ce que vous avez déclaré il y a dix jours en citant Luther : « Je crois que je ne puis, par ma raison et mes propres forces, croire en Jésus-Christ, mon Seigneur, ni aller à lui. Mais c’est le Saint-Esprit qui, par l’Evangile, m’a [non seulement] appelé, [mais aussi] éclairé de ses dons, sanctifié et maintenu dans la vraie foi. »

Si nous nous coupons de l’Evangile, notre foi en Jésus-Christ ne peut que s’étioler, s’éteindre plus ou moins vite, car nous nous coupons alors de celui que Jésus a promis d’envoyer – et qu’il a effectivement envoyé ! – pour nous ancrer et nous faire grandir dans une relation de foi vivante avec lui.

C’est ce qu’il nous dit ici dans notre texte : « Le Défenseur, l'Esprit saint que le Père enverra en mon nom, vous enseignera toutes choses et vous rappellera tout ce que je vous ai dit. »

Et Jésus s’étend sur le sujet, au point de remplir aussi le chapitre suivant où il revient sur le rôle du Saint-Esprit : « Il rendra témoignage de moi » (Jn 15.26), l’action du Saint-Esprit consistera – et consiste maintenant – à « nous enseigner toutes choses et [à] nous rappeler tout ce que [Jésus] a dit » et fait pour nous.

Autrement dit : le Saint-Esprit veut nous fortifier dans la foi en Jésus-Christ, notre Sauveur, en agissant sur nous à travers l’Evangile, cette Bonne Nouvelle de ce que Jésus a fait pour nous et de la grâce et du pardon de Dieu qu’il nous a ainsi obtenus de haute lutte.

Comment ne pas rester à l’écoute d’une Nouvelle aussi merveilleuse, merveilleuse par son contenu, mais merveilleuse aussi par son effet, l’action sanctifiante que le Saint-Esprit a sur nous à traveers cet Evangile !

Comment ne pas vouloir en entendre toujours plus sur le compte de ce Sauveur merveilleux ! Quand vous recevez une lettre de quelqu’un que vous aimez, vous l’ouvrez avec fébrilité, vous n’avez jamais assez de ses nouvelles.

C’est pareil avec les mots d’amour que Dieu nous envoie, l’Evangile de Jésus-Christ, l’Evangile où Dieu se présente plein de grâce envers nous. Ce qui fait dire à Jésus ici. « Si quelqu'un m'aime, il gardera ma parole. » (v. 23)

Et comment ne pas vouloir nous mettre le plus possible, le plus fréquemment et le plus régulièrement possible au contact de cet Evangile, comment ne pas tout faire pour se trouver placé sous son action sanctifiante et salutaire !

Nous nous attachons d’autant plus à rencontrer notre Sauveur bien-aimé dans l’Evangile, que le Saint-Esprit nous y affermit dans la foi en Jésus, y resserre nos liens avec notre bon Père céleste et nous conforte ainsi dans notre état d’enfants de Dieu et d’héritiers des cieux.

Voilà pourquoi nous venons au culte, aux études bibliques, aux réunions des jeunes. Non pas pour être meilleurs que d’autres – Dieu nous préserve d’un tel orgueil ! – mais par amour pour notre Sauveur et dans la joie de savoir que le Saint-Esprit y exerce cette merveilleuse action sanctifiante sur nous.

Aussi, laissez « le Défenseur, l’Esprit Saint, » continuer à vous enseigner avec la parole de Jésus après comme avant votre confirmation !

Enfin,

X X X 3 X X X

Laissez « le Défenseur, l’Esprit Saint, »

continuer à

vous envelopper de la paix divine !

Une « des paroles que Jésus a dites » et que « le Saint-Esprit » veut « nous rappeler » ici tout particulièrement, c’est celle qui clôt notre texte : « Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix. Je ne vous la donne pas comme le monde donne. Que votre coeur ne se trouble pas et ne se laisse pas effrayer. » (v. 27)

Quand nous recevons quelque chose dans « le monde », il nous arrive d’avoir des doutes, voire des soupçons, sur les mobiles, ou sur ce qu’on attend de nous en retour, ou sur la qualité de ce qu’on nous donne.

Cela est tout particulièrement vrai quand quelqu’un nous propose de faire la paix, ou quand les partenaires sociaux font la paix après des tensions sociales, ou quand un Etat conclue une paix avec un autre Etat.

Ces paix sont toutes éphémères, provisoires, car fondées sur la volonté des hommes qui eux ne sont ni parfaits ni éternels. Et si leurs arrière-pensées ou espoirs plus ou moins avouées ne se réalisent pas, la paix conclue vole de nouveau en éclats.

Dans « le monde », une paix doit continuellement être consolidée, adaptée à des circonstances changeantes, pour que chacun des partenaires impliqués y trouve à peu près son compte, car les paix de ce « monde » sont toutes imparfaites. Il faut nous en faire une raison.

Quel soulagement, alors, de nous entendre dire par Jésus que sa paix est différente, parce que lui qui nous la donne est différent : « Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix. Je ne vous la donne pas comme le monde donne. Que votre coeur ne se trouble pas et ne se laisse pas effrayer. »

Dieu merci ! nous n’avons pas besoin d’être « effrayés » de voir Jésus nous « donner sa paix ». Il « ne la donne pas comme » un vainqueur l’impose à un vaincu, elle n’est pas hypocrite, il n’y a pas de piège ou de vice caché dans sa paix, elle ne nous engage pas à des obligations où nous serions pris comme dans une souricière, faits comme des rats.

Non, Jésus la donne de bon cœur. Personne n’aurait pu l’y forcer. Pourtant il a dû payer de sa vie pour pouvoir nous la donner. Et il la donne sans contrepartie, il la donne de bonne grâce et par pure grâce.

Et quelle paix ! C’est du solide. C’est une paix durable, permanente, elle est même éternelle ! Elle n’est pas fondée sur des engagements humains, donc fragiles, mais sur le paiement parfait qu’il a fait lui-même et que Dieu a accepté comme satisfaisant, comme suffisant pour être réconcilié avec nous, les pécheurs.

C’est vraiment – comme le dit Paul – « une paix qui dépasse tout ce qu’on peut comprendre » (Ph 4.7). Tout y est miraculeux : que le Dieu trois fois saint accepte de faire la paix avec les pécheurs que nous sommes, le prix exorbitant payé pour que cette paix soit possible, et le payeur – le Fils de Dieu lui-même ! – qui se voit d’ailleurs décerné le titre de « Prince de la Paix » (Es 9.5)

La façon dont nous avons été reçus dans cette « paix » est d’ailleurs tout aussi miraculeuse : le Saint-Esprit nous a appelés et maintenus dans la foi en Jésus-Christ « par l’Evangile », il nous a élevés dans l’Alliance de grâce du Baptême et il continue de nous y enraciner par la Parole et la Cène

Laissez « le Défenseur, l’Esprit saint, » continuer à vous envelopper dans « la paix » que Jésus vous a procurée. N’oubliez pas ce que vous avez confessé : « Je crois que je ne puis, par ma raison et mes propres forces, croire en Jésus-Christ ni aller à lui. Mais c’est le Saint-Esprit » qui fait tout cela « par l’Evangile ».

Il n’y a que lui qui peut vous maintenir dans cette paix avec Dieu, ce n’est que lui qui peut vous maintenir dans cette situation bienheureuse où Dieu n’est plus votre juge implacable mais votre Allié, votre Père tout-puissant, miséricordieux et prévenant.

Il n’y a que le Saint-Esprit qui peut vous maintenir dans cet état d’enfant de Dieu et d’héritier des cieux. Mais il ne peut le faire que si vous ne vous soustrayez pas à son action à travers l’Evangile.

Si une paroisse multiplie les activités spirituelles, si elle propose, en plus des cultes et de l’instruction des enfants, par exemple des études bibliques et des réunions des jeunes, ce n’est pas par activisme, mais pour être au contact de l’action du Saint-Esprit, pour être maintenus dans « la paix » du Christ, la paix dès ici-bas malgré nos péchés, et la paix, plus tard dans la félicité éternelle, lorsqu’il n’y aura plus de péché et que du bonheur !

Alors, oui, arrangeons-nous – vous deux, Quentin et Xavier, mais aussi nous tous ici présents – arrangeons-nous pour laissez « le Défenseur, l’Esprit saint, » continuer

1. à nous remplir de l’amour de Dieu !

2. à nous enseigner avec la Parole de Jésus !

3. à nous envelopper de la paix divine !

Amen.

Jean Thiébaut Haessig


Chants proposés :

Viens, Créateur, emplis nos âmes AeC 501 :1-3

Ø Liturgie d’entrée

Je crois en Dieu, le Créateur, AeC 565 : 1-3

ou :

Comme un souffle fragile AeC 232 : 1-3

Ø Prédication

Torrents d’amour AeC 419 : 1-3

Ø Liturgie de Confirmation

Oh ! prends mon âme, AeC 602 : 1-3*