lundi 28 juin 2010

sermon du dimanche 27 juin 2010 - 4ème dimanche après la Trinité

Texte : Mt 9.35-38

35 « Jésus parcourait toutes les villes et les villages ; il enseignait dans les synagogues, proclamait la bonne nouvelle du royaume et guérissait toute maladie et toute infirmité.

36 A la vue des foules, il fut rempli de compassion pour elles, car elles étaient blessées et abattues, comme des brebis qui n'ont pas de berger.

37 Alors il dit à ses disciples : "La moisson est grande, mais il y a peu d'ouvriers.

38 Priez donc le maître de la moisson d'envoyer des ouvriers dans sa moisson." »

(Segond 21, 2007)

Chers frères et soeurs en Christ, « Chef de l’Eglise » (Col 1.18) et Directeur de la Mission

"La dimension missionnaire

de la paroisse

dans son environnement immédiat."

C’était là le thème de la « Conférence Luthérienne Européenne » au Portugal, au début du mois, un thème que nous avions préparé des mois à l’avance, un thème sur lequel nous nous sommes penchés pour trouver de nouveaux éclairages, de nouvelles ouvertures, de nouveaux encouragements.

Dans le culte d’ouverture, en prêchant sur ce texte, je me suis limité aux verbes qui décrivent Jésus :

JESUS

1. « parcourait »

2. « enseignait »

3. « proclamait »

4. « guérissait », et

5. « disait : ”Priez donc le Maître !” »

Il est vrai : Jésus est Jésus … et nous, nous sommes ce que nous sommes : des pécheurs, mais des pécheurs pardonnés, sauvés et sanctifiés. Luther a dit : « simul iustus et peccator », « à la fois juste et saint ».

Maintenant que nous avons été rachetés et élevés dans sa communion éternelle, la moindre des choses, c’est « d’avoir en nous les dispositions qui sont en Jésus-Christ » (Ph 2.5 ; NBS), « d’avoir une attitude identique à celle de Jésus-Christ » (Ph 2.5 ; Segond 21).

Et quelle disposition, quel sentiment de Jésus est souligné dans notre texte ? – « Il fut rempli de compassion pour les foules. » (v. 36)

Chers amis, on peut trouver toute une série de raisons qui nous poussent à témoigner de notre foi en Jésus-Christ : la nécessité de croître en nombre, les bénédictions qu’en retire la paroisse existante, l’amour de notre Sauveur, son grand ordre de mission (Mt 28.18-2°, et d’autres raisons encore.

Mais ce qui doit vraiment nous pousser à faire de la mission, ce doit être « la compassion pour les foules », « la compassion » pour les perdus, « la compassion » pour ceux dont Jésus a aussi expié les péchés, mais comme ils ne se l’approprient pas par la foi, ils n’en retirent aucun profit et demeurent perdus pour l’éternité.

Puissions-nous ne jamais perdre cette « compassion » pour les gens et ne pas l’oublier quand nous parlons de notre mission !

X X X 1 X X X

Jésus parcourait

« Jésus parcourait toutes les villes et les villages. » (v. 35)

L’une de mes grandes désillusions comme jeune débutant dans le ministère pastoral a été l’argument qu’un ancien pilier de la paroisse m’a opposé en assemblée paroissiale quand j’ai essayé de donner à la paroisse une orientation plus missionnaire. Il a dit : « Les gens savent que nous annonçons la vérité. S’ils veulent la vérité, ils savent où aller. » Il est vrai que ce paroissien, quand il était jeune, avait trouvé la vérité et avait découvert que notre Eglise l’annonçait avec fidélité.

Mais allez aborder les gens dans la rue ! La seule conviction qu’ils ont est celle de Pilate : « Qu’est-ce que la vérité ? » (Jn 18.38) Et comme ils ne la connaissent pas, ils ne savent pas non plus où la trouver.

Non, Jésus n’a pas dit : « Wait and see ! » « Attendez et voyez ce qui va se passer ! » « Attendez qu’ils viennent d’eux-mêmes ! ». Il a dit : « Allez ! » « Allez et faites des disciples ! » (Mt 28.19)

D’ailleurs, il n’a pas seulement dit : « Allez ! », il nous a aussi montré l’exemple : « Jésus parcourait toutes les villes et les villages. » Il se déplaçait pour rencontrer les perdus là où ils vivaient.

Aujourd’hui aussi les perdus se trouvent en dehors de l’Eglise, autour de l’Eglise, dans son voisinage. Nous devrions nous le rappeler quand nous organisons notre vie paroissiale, nos activités paroissiales.

Sommes-nous une paroisse qui « va » ou une paroisse qui attend ? Montrons-nous par nos activités que nous sommes émus de compassion pour les foules, pour les perdus de notre voisinage ?

N’oublions jamais : « Jésus parcourait », mais

X X X 2 X X X

Jésus enseignait aussi

Nous apprenons d’ailleurs qu’il « enseignait » plus particulièrement « dans les synagogues » (v. 35), dans les structures locales de l’Eglise de son temps, dans les paroisses locales des « villes et villages » de Palestine.

Nous aussi nous devons veiller à ce que, dans notre paroisse, tous soient bien instruits dans les vérités de l’Evangile. Nous ne pourrons résister au doute et à la tentation que si nous sommes sûrs de notre salut, que si nous avons une connaissance claire de Jésus, « le Chemin, la Vérité et la Vie » (Jn 14.6).

L’un des points forts de l’Eglise luthérienne a toujours été le sérieux et la minutie avec lesquels elle instruit ses membres. Tenez, il y a un mois, nous avons célébré la confirmation de James et de Romain. Pourquoi ? – L’une des raisons est de montrer à la paroisse que ces adolescents ont atteint un niveau de connaissance suffisant pour pouvoir s’examiner eux-mêmes en vue de recevoir la Cène pour leur salut.

C’est pour la même raison que nous instruisons aussi avec le même sérieux ceux qui veulent devenir membres, et nous les recevons dans la paroisse par un acte liturgique public. Nous ne le faisons pas seulement avec ceux qui ont passé de l’incrédulité à la foi en Jésus-Christ, nous le faisons aussi avec ceux qui ont reçu un enseignement partiellement incorrect dans leur précédente Eglise.

D’ailleurs, nous avons tous besoin, tout au long de notre vie, de consolider et d’approfondir nos connaissances bibliques, de « progresser dans la connaissance de Dieu » (Col 1.10) et dans la foi « en Celui qui est le chef, Christ » (Ep 4.15). Cela se fait dans les cultes et études bibliques.

Une paroisse authentiquement missionnaire est une paroisse bien instruite. Une paroisse missionnaire est une paroisse dont les membres ont une claire connaissance des vérités à confesser, mais aussi des raisons bibliques d’en faire part aux autres.

Car, après avoir « parcouru » et « enseigné dans les synagogues »,

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Jésus proclamait,

« il proclamait la Bonne Nouvelle du Royaume » (v. 35).

Dans les quatre Evangiles – Matthieu, Marc, Luc et Jean – nous trouvons plus de 50 fois « royaume de Dieu », plus de 30 fois « royaume des cieux » et plus de 20 fois « ciel » ou « cieux ». Jésus s’exprimait souvent ainsi. Dans notre texte, par contre, il est simplement dit qu’il « proclamait la Bonne Nouvelle du Royaume ».

Notre message missionnaire, la merveilleuse nouvelle que notre paroisse a le privilège de pouvoir annoncer dans son voisinage, c’est ce que Jean-Baptiste « proclamait » déjà « dans le désert » : « Repentez-vous », « changez d’attitude, car le Royaume des cieux est proche ! » (Mt 3.2) Le Roi est déjà venu dans ce monde pour y établir son « Royaume » !

Maintenant c’est nous qu’il envoie inviter les perdus à venir le rejoindre. Ce n’est qu’ainsi qu’ils seront en sécurité. Ce n’est qu’auprès de lui qu’ils trouveront le pardon de leurs péchés, la vie et le salut.

Il nous envoie inviter les perdus : « ”Repentez-vous,” confessez votre péché et attachez-vous avec foi à Celui qui a fait la réconciliation avec Dieu ! Ne désespérez pas de la vie, ne craignez pas la mort : ”notre Sauveur Jésus-Christ a réduit la mort à l’impuissance et a mis en lumière la vie et l’immortalité par l’Evangile !” » (2 Tm 1.10)

Comme Jésus, que notre paroisse persévère aussi à « proclamer la Bonne Nouvelle du Royaume » !

« Jésus parcourait », « Jésus enseignait », « Jésus proclamait »,

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Jésus guérissait :

« Jésus guérissait toute maladie et toute infirmité. » (v. 35)

Pas étonnant ! Il est le Fils de Dieu, il peut accomplir des miracles. Nous, non.

Mais … Oui, car il y a un mais.

Tout d’abord, Dieu a béni l’humanité en lui permettant de faire des progrès médicaux prodigieux. Grâce à Dieu, nos médecins peuvent, aujourd’hui, guérir des « maladies » qu’à l’époque seul Jésus pouvait « guérir ».

Mais les « infirmités » sont aussi variées qu’omniprésentes dans le monde d’aujourd’hui. Ce qui me frappe, c’est la quantité d’« infirmités » qui accablent, par exemple, nos banlieusards : des malaises financiers, oui, mais aussi une foule d’« infirmités » sociales et psychologiques ; des personnes sont brisées, « sans espérance et sans Dieu dans le monde » (Ep 2.12).

Vous en rencontrez dès que vous sortez dans la rue, peut-être déjà sur le palier en quittant votre appartement.

Notre monde est malade, malade de ne pas être relié à la source de la vie, malade d’avoir perdu les repères moraux, malade d’être perdu dans un brouillard spirituel.

Dans notre paroisse, nous avons le remède à ces « maladies ». La thérapie peut prendre du temps – des mois, peut-être des années dans certains cas ! – pour amener des personnes blessées à la guérison.

Nous, les croyants, nous sommes les seuls à pouvoir les amener à ne plus connaître « la tristesse de ceux qui n’ont pas d’espérance » (1 Th 4.13).

Bien entendu, dans tout ce que j’ai dit depuis le début – « parcourir », « enseigner », « proclamer » et « guérir » – dans tout cela il ne faut pas oublier

X X X 5 X X X

Jésus a aussi dit :

« Priez le Maître ! »

En d’autres mots, « parcourir », « enseigner », « proclamer » et « guérir », ce sont là des activités paroissiales qu’il s’agit de faire dans un contact régulier avec le Chef divin de l’Eglise, en priant régulièrement.

C’est lui qui nous envoie en mission. C’est de lui qu’est venu l’ordre. « Parcourir », « enseigner », « proclamer » et « guérir » les perdus et les infirmes autour de nous, c’est son affaire.

Mais il y tient tant qu’il nous demande, à nous qui sommes déjà en sécurité dans son Royaume, de nous joindre à lui dans ses efforts pour atteindre ceux qui sont perdus.

Quelle entreprise peut fonctionner harmonieusement et efficacement si les employés ne sont pas en contact constant avec le patron ? Aucune ! Eh bien, c’est pareil pour l’Eglise ! Pas étonnant que Jésus dise : Priez donc le Maître de la moisson d’envoyer des ouvriers dans sa moisson ! » (v. 38)

Soyons conscients du danger qui consiste à devenir une paroisse hyperactive, mais sans vie spirituelle, une simple organisation humaine qui ne serait plus reliée au Sauveur par la prière.

Mais soyons aussi conscients du danger opposé : devenir une paroisse à la vie apparemment hautement théologique et spirituelle, mais sans les œuvres correspondant à une vie spirituelle, sans « l’attitude » missionnaire « identique à celle de Jésus-Christ ».

N’oublions pas : « La moisson est grande, mais il y a peu d’ouvriers. » (v. 37) « La moisson » est prête à être rentrée dans les granges divines, mais quelle en sera la part qui pourrira dehors, éternellement ?

Quand je me rends de Châtenay-Malabry à Argenteuil, à Nozay ou à Yerres – sans parler de … Soissons – pour des cercles bibliques ou des visites, je passe à côté de centaines de milliers de gens, et je sais qu’un nombre effroyable d’entre eux est perdu ! Penser à eux m’afflige.

Bien entendu, nous ne pouvons pas tout faire, mais n’ignorons pas les portes que le Seigneur nous ouvre ; entrons-y avec confiance, dans la prière.

C’est son projet. Nous y sommes engagés sur son ordre de mission.

Alors, quand il nous montre des portes à notre portée (excusez le jeu de mots), essayons de les ouvrir en son nom, poussés par la compassion pour les perdus et pour sa seule gloire !

Amen.

Jean Thiébaut Haessig

Chants proposés :

Demeure par ta grâce Avec nous, Dieu Sauveur, LlS 3 : 1- 5

Ô Jésus, tu nous appelles à former un même corps LlS 272 : 1- 4

En avant ! En avant ! Que ton drapeau flotte au vent LlS 172 : 1+4-6

Ô Seigneur Jésus, mon Sauveur, Tu m’invites LlS 167 : 1-10

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