dimanche 19 septembre 2010

sermon du dimanche 5 septembre 2010

14ème Dim. Après la Trinité

Texte: Rm 8.12-17

Chants proposés :

O Seigneur, ta fidélité AeC 36 : 1-3

Nos cœurs pleins de reconnaissance AeC 562 : 1-2

Oh ! prends mon âme AeC 602 : 1-3

12 « Ainsi donc, frères et sœurs, nous avons une dette, mais pas envers notre propre nature pour nous conformer à ses exigences.

13 Si vous vivez en vous conformant à votre nature propre, vous allez mourir, mais si par l’Esprit vous faites mourir les manières d’agir du corps, vous vivrez.

14 En effet, tous ceux qui sont conduits par l’Esprit de Dieu sont fils de Dieu.

15 Et vous n’avez pas reçu un esprit d’esclavage pour être encore dans la crainte, mais vous avez reçu un Esprit d’adoption, par lequel nous crions : "Abba ! Père !"

16 L’Esprit lui-même rend témoignage à notre esprit que nous sommes enfants de Dieu.

17 Or, si nous sommes enfants, nous sommes aussi héritiers : héritiers de Dieu et cohéritiers de Christ, si toutefois nous souffrons avec lui afin de prendre aussi part à sa gloire. »

(Segond 21, 2007)

Chers frères et soeurs, à la fois « enfants » et « héritiers de Dieu » !

Avouez que nous revenons de loin ! Tout à l’heure nous avons confessé – c.à.d. reconnu – nos péchés, reconnu aussi que nous « méritons la juste colère et le châtiment de Dieu dans le temps et dans l’éternité » (Confession des péchés n° 1, Liturgie de l’EELSF).

Et voilà que Paul nous annonce : « Nous sommes enfants de Dieu. […] Nous sommes aussi héritiers de Dieu et cohéritiers de Christ » ! (v. 16-17)

Quel retournement de situation ! Que s’est-il passé ? Comment cela se fait-il ? Comment est-ce possible ?

En fait, cela, l’apôtre Paul l’a indiqué dans les chapitres précédents, ce qui a fait de l’Epître aux Romains un livre de base de la Réformation.

Paul y décrit « l’Evangile », le message divin de ce que Jésus a fait pour nous, comme « une puissance de Dieu pour le salut de tout homme qui croit » (Rm 1.16).

Il nous y annonce cette chose merveilleuse : que nous sommes « gratuitement déclarés justes par sa grâce, par le moyen de la libération qui se trouve en Jésus-Christ, » et que cela nous concerne tous, nous tous qui avons « foi en Jésus » (Rm 3.24+26).

« Ainsi donc, déclarés justes » par Dieu « sur la base de la foi, nous avons la paix avec Dieu par l’intermédiaire de notre Seigneur Jésus-Christ », la paix et « l’espérance de prendre part à la gloire de Dieu » (Rm 5.1-2).

Cette merveilleuse réalité, Paul la formule ainsi dans notre texte : Grâce à l’intervention salutaire de Jésus « nous sommes enfants de Dieu » (v. 16), « nous sommes aussi héritiers de Dieu » (v. 17).

Posons-nous alors la question :

C’est quoi, une vie

1. « d’enfant de Dieu » ?

2. « d’héritier de Dieu » ?

X X X 1 X X X

« Nous sommes enfants de Dieu ! »

Cela a-t-il de l’importance dans notre vie ? Cela change-t-il quelque chose à notre vie ? Quand on nous voit, voit-on autre chose que n’importe qui ?

Dans notre extrait de sa lettre aux chrétiens de Rome, Paul parle de notre « manière d’agir » (v. 13) d’enfants de Dieu.

Ah ! bon, nous aurions une « manière d’agir » autre que celle des incroyants ? Les règles de la vie scolaire ne sont-elles pas les mêmes pour tous ? Et celles de la vie sociale, du travail, voire du code de la route serait-elles différentes pour nous ?

Bien sûr que ce sont les mêmes ! Leurs exigences nous concernent de la même manière qu’elles s’adressent aux autres. Mais notre attitude dans la vie, notre attitude face à ces règles, est-elle la même ? Paul, inspiré du Saint-Esprit, répond par la négative.

Il y a une chose qui ne nous distingue pas des incroyants, une chose où, malheureusement, nous, « enfants de Dieu », sommes pareils aux autres : c’est que nous avons la même « propre nature ». Avec cette expression – « propre nature » – notre version de la Bible (la Segond 21) explique ce terme souvent mal compris des anciennes versions : « la chair » (aussi NBS).

« La chair », ce sont nos tendances innées marquées par le péché originel, cette « tendance » naturelle qui nous pousse à aller contre la volonté de Dieu, à agir contrairement à sa Loi, à nous livrer à « la révolte contre Dieu » (Rm 8.7).

Et bien entendu, c’est avec « le corps » que nous agissons, c’est le corps qui est l’instrument de notre comportement.

Avec la langue on peut dire la vérité ou le mensonge, diffamer ou défendre.

Les pieds, on peut les utiliser pour être à l’heure ou pour traîner, pour marcher sur les chemins autorisés, par ex. traverser sur les passages piétons, ou pour aller par des chemins interdits.

Les mains, pour signer une déclaration juste ou non, pour faire un travail honnête ou non, pour donner un coup de main ou un coup de poing.

Le corps, on peut l’offrir en cadeau à son conjoint où le salir en dehors des liens du mariage. Et ainsi de suite.

Paul ne veut pas dire que le corps seul serait affecté par le péché, et non pas l’âme. Ici, il parle de nos agissements. Ce n’est pas l’âme qui agit : elle pousse à l’action. C’est le corps qui agit ; c’est pour cela qu’il parle ici « des manières d’agir du corps ».

Et quand on voit comment il en parle, on comprend que Dieu l’ai choisi pour être son grand apôtre ! Ah ! Paul sait frapper les esprits ! Il a le sens de la formule ! Que dit-il ? – En résumé ceci : « Si vous vivez […] vous allez mourir, mais si […] vous faites mourir […], vous vivrez ! »

Bien entendu, j’ai laissé tomber bien des parties de sa phrase. Pour mieux faire ressortir la façon frappante de parler de l’apôtre. « Si vous vivez […] vous allez mourir, mais si […] vous faites mourir […], vous vivrez ! »

Maintenant, pour vraiment comprendre ce qu’il veut dire, il faut le citer en entier : « Si vous vivez en vous conformant à votre nature propre, vous allez mourir, mais si par l’Esprit vous faites mourir les manières d’agir du corps, vous vivrez. »

« Si vous vivez en vous conformant à votre nature propre, » si vous vous comportez comme si le Saint-Esprit n’avait pas fait de vous des « enfants de Dieu », si vous vous alignez sur le monde en suivant vos penchants pécheurs, vous courrez à votre perte, « vous allez mourir ».

« Mais si, par l’Esprit, vous faites mourir les manière d’agir du corps, » si vous vous placez sous l’action sanctifiante du Saint-Esprit, si vous vous laissez éclairer, animer et diriger par sa Parole, « vous vivrez ».

Car si vous êtes « conduits par l’Esprit », il vous conduira dans une vie de repentance et de foi, dans une vie où vous reconnaîtrez vos torts, vos faiblesses, vos manquements, vos erreurs, bref, vos péchés, mais aussi dans une vie de foi en Jésus-Christ, de foi en son pardon, dans la certitude qu’il vous a réconciliés avec Dieu, qu’il vous a même permis d’être adoptés par Dieu.

Ne vous comportez pas comme si vous aviez « une dette » envers votre nature propre, innée, pécheresse, comme si vous étiez tenus de la suivre dans ses incitations. Non, vous ne lui devez rien.

Mais vous devez tout à Jésus-Christ qui s’est sacrifié pour vous permettre d’être « enfant de Dieu » et de pouvoir, « avec une confiance d’enfant, vous adresser à lui comme des enfants s’adressent à leur père bien-aimé ». (Martin Luther, Petit Catéchisme)

« Nous avons une dette », écrit Paul, mais envers Jésus. Oh ! il n’attend pas que nous la payions. Il sait bien que cela nous est impossible. C’est bien pour cela qu’il a payé de sa personne.

« Nous avons une dette » envers Jésus qui a fait de nous des « enfants de Dieu », à qui nous devons d’être maintenant « conduits par l’Esprit » pour que nous vivions. Nous n’allons quand même pas dire : « Non merci, Esprit Saint, je préfère me passer de toi et aller à ma perte ! » ?

Le dire ainsi à haute voix montre toute l’incongruité d’une telle attitude.

Prions le Seigneur de nous accorder son Esprit avec force pour qu’il nous conduise dans toute la vérité, nous montre le merveilleux de notre condition « d’enfants de Dieu » et ancre en nous la volonté de « faire mourir les manières d’agir » de notre nature pécheresse, pour qu’elles ne nous détournent pas de Dieu et nous conduisent à notre perte, à perdre notre héritage divin, car :

X X X 2 X X X

« Nous sommes héritiers de Dieu ! »

Je vais le formuler autrement : « Je suis héritier du Dieu majestueux et éternel de l’univers ! » Redites-le, chacun pour soi en silence : « Je suis héritier du Dieu majestueux et éternel de l’univers ! » (silence)

Enorme ! non ? Au point de ne pas en saisir toute la réalité, au point aussi de l’oublier souvent au milieu des tracas, des épreuves et autres souffrances – physiques ou morales – de notre vie ici-bas.

L’arbre nous cache parfois la forêt, nos soucis obscurcissent alors notre vision des choses, nos épreuves nous rendent myopes et nous empêchent de voir au-delà des soucis immédiats l’immensité et l’infinie grandeur, la dimension éternelle de notre état « d’enfants de Dieu ».

Il y a trois semaines, le texte sur lequel j’ai prêché lors des obsèques de Didier Nérambourg, contenait ces paroles de Moïse : « Le temps passe vite et nous nous envolons. […] Enseigne-nous à bien compter nos jours, afin que notre cœur parvienne à la sagesse. » (Ps 90.10-12)

Ne sommes-nous pas heureux et soulagés que Jésus ait fait de nous ses « cohéritiers », les « héritiers de Dieu » ? Pourquoi alors nous comportons-nous parfois comme si nous ne voulions pas cet héritage, comme s’il nous faisait peur, comme si nous voulions nous contenter de la part de cet héritage qui se situe de ce côté-ci de la mort, comme si nous ne savions pas que nous n’en jouirons pleinement, de cet héritage divin, qu’après la mort ?

Serait-ce parce que nous négligerions de nous laisser « conduire par l’Esprit » (v. 15), parce que nous négligerions de nous laisser remplir de foi, d’amour et d’espérance par sa Parole et ses sacrements ?

Certes, nous ne devons pas négliger cette vie-ci ; nous devons même la considérer comme un précieux don de Dieu. Qu’il est rassurant de pouvoir vivre ici-bas de la grâce de Dieu en Jésus-Christ ! Qu’il est apaisant de pouvoir s’adresser en tout temps à Dieu en l’appelant « Abba ! Père ! » (v. 15) !

Mais la part d’héritage divin dont nous jouissons déjà ici « ne saurait être comparée à la gloire » qui sera nôtre dans l’éternité ! (Rm 8.18) Dans une autre lettre, celle aux Philippiens, le même apôtre jubile : « Christ est ma vie, et mourir représente un gain » (Ph 1.21) ; avec la mort, nous, « enfants » et « héritiers de Dieu », nous gagnons au change !

Car il faut bien l’avouer : de ce côté-ci de la mort, notre héritage divin est encore assombri, non seulement par « notre nature propre » innée, pécheresse, mais aussi par les afflictions diverses que nous sommes amenés à traverser : problèmes d’emploi, difficultés matérielles et financières, problèmes relationnels, deuils, maladies, les symptômes de l’âge. Et puis aussi l’incompréhension, si ce n’est le rejet que l’on peut rencontrer parce que « nous ne nous conformons pas aux exigences » (v. 12) ou à l’état d’esprit du monde incroyant.

Ce n’est pas pour rien que Paul nous exhorte ici à ne pas nous détourner de notre unique Sauveur ! C’est pour que nous ne connaissions pas de grands désagréments.

Ce n’est pas pour rien qu’il nous encourage à « souffrir avec Christ » ! C’est « afin de prendre aussi part à sa gloire » (v. 17), plutôt que de « vivre selon notre nature propre » pécheresse, d’abandonner Christ et de ne jamais connaître ainsi « sa gloire » éternelle (v. 17).

Ne comprenons pas mal ce que Paul nous dit ici. Il ne dit pas que nous nous méritons la gloire éternelle par les souffrances qu’il peut nous arriver d’endurer comme « enfants de Dieu ».

Il dit seulement qu’il vaut mieux garder foi en Jésus-Christ et mener une vie de repentance et de foi, entourés et réchauffés par la grâce de Dieu, même si cela peut entraîner quelques désagréments passagers, plutôt que d’éviter ces désagréments en tournant le passagers$ dos au seul Sauveur que nous ayons.

Ne cessons de plonger nos regards dans l’Evangile de Jésus-Christ ! C’est là que le Saint-« Esprit lui-même rend témoignage à notre esprit que nous sommes enfants de Dieu. Or, si nous sommes enfants, nous sommes aussi héritiers : héritiers de Dieu et cohéritiers de Christ, si toutefois nous souffrons avec lui afin de prendre aussi part à sa gloire. »

Puisons dans cette merveilleuse nouvelle la sérénité, la joie et la foi dont nous avons besoin pour maîtriser la vie, en attendant la vie à venir dans la gloire !

Amen.

Jean Thiébaut Haessig

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