dimanche 3 octobre 2010

Sermon du dimanche 3 octobre 2010- Fête des Récoltes

FETE DES RECOLTES ET D’ACTION DE GRÂCES

Texte : Ps 104.10-15+27-30

Chants proposés :

Bénissons l’Eternel, le Créateur LlS 135 : 1+3+6-8

Seigneur, jusqu’aux bornes du monde LlS 138 : 1-4

Le Dieu qui nous donna l’être LlS 136 : 1-5

10 « L’Eternel conduit les sources vers des torrents qui parcourent les montagnes.

11 Tous les animaux sauvages y boivent, les ânes y étanchent leur soif.

12 Les oiseaux du ciel nichent sur leurs rives et chantent dans les feuillages.

13 Du haut de sa demeure, Dieu arrose les montagnes. La terre est rassasiée du fruit de ton travail.

14 Il fait pousser l’herbe pour le bétail et les plantes pour les besoins de l’homme afin que la terre produise de la nourriture :

15 le vin qui réjouit le cœur de l’homme et fait, plus que l’huile, resplendir son visage, et le pain qui fortifie le cœur de l’homme.

16-26 […]

27 Tous ces animaux espèrent en toi pour que tu leur donnes la nourriture au moment voulu.

28 Tu la leur donnes, et ils la prennent ; tu ouvres ta main, et ils sont rassasiés de biens.

29 Tu te caches, et ils sont épouvantés ; tu leur retires le souffle, et ils expirent, ils retournent à la poussière.

30 Tu envoies ton souffle, et ils sont créés ; tu renouvelles ainsi la surface de la terre. »

(Segond 21, 2007)


Chers frères et sœurs en Christ,

enfants d’un Créateur si grand et si prévenant !

La Fête annuelle des Récoltes est une fête d’actions de grâces, un culte de louange et de reconnaissance que nous rendons à Celui à qui nous devons d’avoir « ce qui est nécessaire à l’entretien de cette vie » (Martin Luther, Petit Catéchisme), d’avoir même bien plus que cela, et de nous le donner dans un cadre si merveilleux.

Nous ne vivons plus dans la société rurale d’il y a 2500 à 3000 ans, surtout ici, dans l’agglomération parisienne. Aucun d’entre nous ne vit des récoltes qu’il ferait dans ses champs ou ses jardins.

Mais tous nous dépendons des récoltes que le Seigneur fait lever dans notre pays et de par le monde. Et toute activité économique dépend directement ou indirectement des conditions météorologiques, donc de la qualité du cadre de vie.

Penchez-vous sur une carte du monde et voyez où sont concentrés les pays aux niveaux de vie les plus élevés … Pas au Sahel, même si on y extrait du minerai comme l’uranium.

L’auteur de notre psaume – un psalmiste anonyme – est conscient de cette relation entre le niveau de vie et le climat, en fait entre le niveau de vie et le Maître du climat, « l’Eternel ».

Ce psaume est une véritable gerbe d’étincelles à la louange de notre Créateur, une mise en chant du récit de la Création.

Nous aussi nous voulons entrer dans son chant, car pour nous aussi, cette année encore, Dieu a fait de grandes choses. Durant l’année de récoltes, les douze derniers mois, il nous a permis de vivre à l’aise et de connaître, à côté d’épreuves qui sont aussi notre lot ici-bas, une vie matérielle que d’autres nous envient.

Nous allons faire une exception aujourd’hui, et tout simplement nous laisser entraîner par le psalmiste verset après verset dans son chant de

LOUANGE AU DIEU DE LA CREATION

X X X

« L’Eternel conduit les sources vers des torrents qui parcourent les montagnes. » (v. 10)

Si Dieu fait des miracles, il a néanmoins créé le monde en le soumettant à des lois précises, les lois de la nature. Et au départ de notre plat de légumes ou de notre rôti, il y a la … météo !

Dieu a une toute autre conception de la météo que la plupart des gens. Pour lui, pluie n’est pas synonyme de mauvais temps.

Ayant grandi et vécu presque exclusivement à la campagne les 55 premières années de ma vie, je suis toujours pour le moins perplexe quand les commentateurs météo parlent de mauvais temps quand il pleut. Je me rappellerai toujours la remarque d’un paroissien agriculteur qui m’a dit : « Dans une année pluvieuse jamais un paysan n’est mort de faim. »

On ne peut pas en dire autant d’une année de sécheresse. Songez aux canicules de 1975, ou à celle de 2003 (nos nappes phréatiques ne sont toujours pas reconstituées), ou songez aux pays du Sahel ! Non, nous avons toutes les raisons de chanter quand « l’Eternel conduit les sources vers des torrents qui parcourent les montagnes. » (v. 10)

X X X

« Tous les animaux sauvages y boivent,

les ânes y étanchent leur soif. » (v. 11)

La pluie est une véritable bénédiction. Dieu l’utilise pour que nous puissions assouvir un besoin vital : étancher la soif, pas seulement « la soif » des animaux, aussi la nôtre.

« L’eau est le principal constituant du corps humain. La quantité moyenne d’eau contenue dans un organisme adulte est de 65 %, ce qui correspond à environ 45 litres d’eau pour une personne de 70 kilogrammes.

« Le corps humain ne peut pas stocker l’eau. En effet, l’organisme élimine en permanence de l’eau via les excrétions […], la respiration […], et surtout la transpiration […] : plus la chaleur et/ou l’activité physique sont importantes, plus la transpiration est abondante. […]

« Pour maintenir l’organisme en bonne santé, les pertes en eau doivent toujours être compensées par les apports. « La soif » est d’ailleurs un mécanisme par lequel l’organisme "avertit" qu’il est en état de déshydratation et c’est pourquoi il n’est pas bon d’attendre d’avoir soif pour boire. » ( www.cnrs.fr )

Le Créateur a tout prévu. Ne négligeons pas d’écouter ce que nous dit le corps qu’il nous a « façonné » (Gn 2.7).

X X X

« Les oiseaux du ciel nichent sur leurs rives

et chantent dans les feuillages. » (v. 12)

Oui, notre Créateur a songé à embellir notre cadre de vie : le chant des oiseaux, la musique, le chant humain.

X X X

« Du haut de sa demeure,

Dieu arrose les montagnes.

La terre est rassasiée du fruit de ton travail. »

(v. 13)

Le psalmiste met Dieu en scène. On a l’impression de le voir un arrosoir à la main !

Egalement en train d’accrocher plein de boules au sapin de sa création, ou, comme un vendangeur, en train de déverser le contenu de sa hotte sur la terre.

X X X

« Il fait pousser l’herbe pour le bétail

et les plantes pour les besoins de l’homme

afin que la terre produise de la nourriture : »

(v. 14)

Tout est fait dans notre intérêt. Dieu veille à ce qu’il y ait de la nourriture pour « le bétail », bétail qui à son tour nous apporte les laitages, les œufs, la viande, mais aussi la laine, le cuir, etc.

« Il fait [aussi] pousser les plantes », et là encore dans notre intérêt, car Dieu a créé notre corps avec ses besoins en nourriture végétale.

« La nourriture » que nous avons sur nos tables ne nous tombe pas toute cuite du ciel : il y a toute une chaîne de travailleurs pour l’amener sur nos tables :

---- les producteurs (agriculteurs, arboriculteurs, maraîchers, etc.),

---- les « transformateurs » (meuniers, boulangers et autres industries alimentaires)

---- et sans doute aussi des négociants et autres transporteurs intermédiaires,

---- sans compter le papa ou la maman qui fait la cuisine.

Pourtant, c’est bien Dieu qui « produit la nourriture », car pour qu’il y en ait, il faut qu’il bénisse non seulement la météo, mais aussi tous les travaux nécessaires entre sa pluie et son soleil d’une part, le plat fumant sur la table d’autre part.

X X X

Parmi la nourriture que Dieu fait produire, le psalmiste énumère

« le vin qui réjouit le cœur de l’homme

et fait, plus que l’huile, resplendir son visage,

et le pain qui fortifie le cœur de l’homme. »

(v. 15)

Dieu n’est pas un « triste Sire » : dans l’énumération de « la nourriture » qu’il « produit », il commence par le vin pour finir avec « le pain », bref il commence par ce « qui réjouit le cœur de l’homme » : « le vin ». Bien entendu Dieu songe ainsi à nous procurer de la joie, non pas à nous énivrer : la Bible a des mots très durs pour « l’ivrognerie » (1 P 4.3)

Le psalmiste continue ensuite avec ce qui « fait resplendir le visage » : « l’huile » ; aujourd’hui nous parlerions de produits de beauté.

Dieu ne pense pas seulement à l’utilitaire, il veut aussi nous procurer du plaisir. Et cela il l’a aussi fait au courant de l’année passée. Dieu a aussi le sens du beau et de l’agréable. Il pense aussi à la beauté de notre cadre de vie.

Il ne parle qu’en fin de liste de ce qui « fortifie le cœur de l’homme » : « le pain ». Mais il a une grande place dans l’organisation de Dieu, car Dieu se préoccupe de notre santé et de notre équilibre.

Quand, parfois, nous avons l’impression qu’il s’en désintéresse, c’est que nous oublions que les récoltes et autres biens que nous lui devons dans le domaine matériel, sont là pour agrémenter notre passage sur terre, un voyage qui n’est pas fait pour durer : c’est le bout du voyage, la félicité dans les cieux, qui est fait pour durer sans fin.

C’est pour cela que dans nos cultes nous parlons plus souvent des biens spirituels et célestes que des biens matériels ; mais aujourd’hui, c’est le jour des biens matériels !

« Le pain » peut être étendu au sens large pour désigner « tous les biens nécessaires à l’entretien de notre vie » (Martin Luther, Petit Catéchisme) : ceux-là, nous les avons eus cette année.

Quant au « vin » et à « l’huile », ils peuvent aussi être pris au sens large pour tous les plaisirs que Dieu nous a accordés en plus du nécessaire : un salaire plus que suffisant, du confort, des loisirs, mais aussi une couverture sociale qui connaît, certes, des problèmes comme tout ici-bas, mais qui a quand même le mérite d’exister. Ne soyons pas ingrats.

X X X

« Tous ces animaux espèrent en toi

pour que tu leur donnes la nourriture

au moment voulu. » (v. 27)

Tout le monde, y compris le monde animal et végétal, est tendu vers les bienfaits de l’équilibre climatique. Consciemment ou non, tous attendent et espèrent que Dieu fasse le nécessaire pour cela.

Mais nous qui sommes conscients que cela vient du Créateur, nous savons aussi qu’il est seul juge du « moment » adéquat pour la pluie, la neige, le soleil ou le brouillard, pour le chaud ou le froid. Il fait cela « au moment voulu ». Heureusement que nous ne sommes pas impliqués dans cette décision, sinon ce serait une raison de querelles et de guerres supplémentaire.

Ce faisant, Dieu nous forme à son école de patience, mais aussi à son école de la foi. Il veut nous apprendre à lui faire confiance, à montrer que nous savons qu’il « fait tout contribuer au bien de ceux qui l’aiment » (Rm 8.28), les jours agréables comme les pénibles.

X X X

Il est vrai qu’il ne fait pas beau chaque jour. Un jour les conditions climatiques peuvent être favorables, une autre fois non, et encore, ce n’est pas pareil partout. Les mêmes variations, nous pouvons les connaître au niveau du travail, de la santé, de la vie du pays. Et nous n’y comprenons souvent pas grand-chose à la façon de s’organiser de Dieu, à sa façon d’organiser notre vie.

Le psalmiste confesse : « Les choses nécessaires à l’entretien de notre vie,

tu [les] leur donnes, et ils [les] prennent ;

tu ouvres ta main,

et ils sont rassasiés de biens. » (v. 28)

X X X

Mais il continue aussi :

« Tu te caches, et ils sont épouvantés ;

tu leur retires le souffle, et ils expirent,

ils retournent à la poussière. » (v. 29)

Oui, parfois on a l’impression que Dieu « se cache », qu’il est aux abonnés absents, ou qu’il dort malgré le déchaînement des éléments, un peu comme quand Jésus dormait sur le bateau au milieu de la mer déchaînée et que ses disciples paniquaient.

Pourquoi laisse-t-il les tsunamis, les tremblements de terre, les inondations ou les énormes incendies ravager des régions entières ?

Pour nous faire comprendre que nous ne sommes rien comparés à lui. Pour tourner l’attention des gens sur lui. Pour nous amener à la repentance et à nous remettre avec confiance à sa bonté. Car sa volonté première est toujours de nous faire du bien, et avant tout de nous amener au plus grand bien qui soit, au bonheur suprême : la félicité éternelle.

C’est ce qu’il a amplement montré en allant jusqu’à se sacrifier pour nous sur la croix.

Il nous le montre aussi avec les bénédictions terrestres, un tout petit avant-goût de la félicité qui nous attend dans l’éternité.

X X X

Certes, les générations quittent l’une après l’autre ce monde par la porte de la mort. Mais ce n’est pas le point final, ni ici-bas, ni dans l’au-delà,

« Tu envoies ton souffle, et ils sont créés ;

tu renouvelles ainsi la surface de la terre. »

(v. 30)

Ici- bas, il suscite de nouvelles générations pour remplacer celles qui s’en vont « et renouvelle ainsi la surface de la terre ».

Il la renouvelle aussi dans le monde animal et végétal.

Une chose qui m’a toujours impressionnée, c’est la force que Dieu a déposée dans la nature, la force réparatrice. Songez aux marées noires, voire à des sols souillés. Quelles énormes catastrophes naturelles. Des années après, la nature de Dieu a repris le dessus. Dieu a effacé les traces du mal.

Mais là où « le souffle de Dieu » fait encore plus de merveilles, c’est quand il fait revivre les siens dans l’éternité. Là-bas la météo sera toujours bonne ; là-bas nous ne manquerons de rien ; là-bas nous ne connaitrons plus d’angoisses. Notre périple aura atteint son but.

X X X

On ne peut pas demeurer inerte devant tant de bonté, devant tant de bienfaits.

Aussi confessons-nous avec Martin Luther : « Je dois, pour tous ces bienfaits, le bénir et lui rendre grâce, le servir et lui obéir. C’est ce que je crois fermement. » (Petit Catéchisme)

« Le bénir et lui rendre grâce », nous le faisons dans ce culte. Mais faisons-le aussi dans notre vie quotidienne. Témoignons de sa bonté en lui faisant honneur par notre mode de vie, notre façon de nous conduire, notre façon de nous impliquer.

Témoignons-lui notre gratitude en « le servant », en lui rendant service, à lui et à son Eglise pour qu’elle puisse continuer à répandre sa louange dans le monde.

Et avec le psalmiste concluons avec entrain :

« Je veux chanter en l’honneur de l’Eternel tant que je vivrai, je veux célébrer mon Dieu tant que j’existerai ! » (Ps 104.33)

Amen.

Jean Thiébaut Haessig

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