dimanche 19 février 2012

Sermon du Dimanche 19 Février 2012

Dimanche Quinquagésime

Am 5.21-24

Chants proposés :

Seigneur, tu nous appelles, AeC 212:1-3

Seigneur, rassemble-nous AeC 220:1-3+5-6

Louez Dieu dans son sanctuaire AeC 166:1

21 « Je déteste, je méprise vos fêtes, je ne peux pas sentir vos assemblées.

22 Quand vous me présentez vos holocaustes et des offrandes, je n’y prends aucun plaisir, et les veaux engraissés que vous offrez en sacrifice de communion, je ne les regarde pas.

23 Eloigne de moi le bruit de tes cantiques : je n’écoute pas le son de tes luths.

24 Mais que le droit jaillisse comme un cours d’eau, et la justice comme un torrent qui n’arrête jamais de couler ! »

Chers amis,

peut-être anxieux, après la lecture de ce texte,

de savoir si Dieu agrée notre culte !

Avouez que Dieu ne fait pas dans la dentelle quand il déclare : « Je déteste, je méprise vos fêtes, je ne peux pas sentir vos assemblées. Quand vous me présentez vos holocaustes et des offrandes, je n’y prends aucun plaisir, […] Eloigne de moi le bruit de tes cantiques : je n’écoute pas le son de tes luths. »

Quand pouvons-nous être certains que Dieu agrée notre culte ? Et qu’est-ce qui pourrait faire qu’il s’en détourne ?

La question n’est pas anodine. Car si Dieu se détourne d’un culte, il se détourne aussi de ceux qui rendent ce culte. Le prophète Amos doit annoncer le jugement, un jugement terrible, contre ceux qui rendent ces cultes rejetés par Dieu.

En fait, on pourrait résumer ainsi la pensée de Dieu : « Même si vos cultes sont les plus flamboyants et entraînants possible, même s’ils sont musicalement rehaussés par tout un orchestre, cela ne m’impressionne pas s’il ne s’y trouve pas ce qui doit être central et fondamental dans un culte qu’on me rend. »

Dieu veut nous faire comprendre deux choses par ces paroles :

1. Le rôle secondaire de la forme du culte

2. Le rôle fondamental du contenu du culte

X X X 1 X X X

Le rôle secondaire

de la forme du culte

Je n’ai pas dis que la forme n’a pas d’importance, elle est importante, comme nous le verrons, mais la forme du culte est secondaire par rapport à son contenu.

Voyez-vous, ici Dieu dit : « Eloigne de moi le bruit de tes cantiques : je n’écoute pas le son de tes luths », alors qu’ailleurs il est dit : « Entonnez un chant, faites résonner le tambourin, la harpe mélodieuse et le luth ! Sonnez de la trompette ! » (Ps 81.3-4)

Pourquoi, dans un cas, Dieu refuse-t-il les chants et la musique d’accompagnement, alors que, dans l’autre, il y invite et les encourage ?

Comment se fait-il que la même chose, dans des situations différentes, n’est pas appréciée de la même façon ? Qu’une fois cela est agréable à Dieu, une autre fois rejeté par lui ?

Dieu n’est pas versatile. La raison de ce changement ne peut donc pas lui être imputée.

Quant on pense que sous David, il y avait jusqu’à 4000 choristes et instrumentistes pour accompagner les cultes ! (1 Ch 23.5) Et Dieu approuvait cela ; il acceptait ces cultes qu’on lui rendait ainsi.

Avec Amos, nous nous trouvons environ 200 ans plus tard dans le royaume du Nord, le Royaume d’Israël. Il y avait moins de choristes et d’instrumentistes, mais leur nombre devait quand même être important puisque c’était la religion d’Etat, le culte financé par le régime.

La qualité ou le style de l’encadrement musical n’est pas le problème. L’accompagnement musical de ces cultes était fait par des professionnels.

Pourtant, Dieu dit : « Je déteste, je méprise vos fêtes, je ne peux pas sentir vos assemblées. Quand vous me présentez vos holocaustes et des offrandes, je n’y prends aucun plaisir, […] Eloigne de moi le bruit de tes cantiques : je n’écoute pas le son de tes luths. »

Dieu ne se laisse pas impressionner par le décorum ou la musique. Il regarde à quoi cela correspond. Il accepte aussi bien un culte majestueusement musical qu’un culte où on ne chante pratiquement pas. Sans doute n’est-ce pas là le culte normal, habituel, car nous aimons exprimer nos sentiments – tous nos sentiments, tous nos états d’âme – par des chants.

Rien n’est trop beau pour rendre un culte à Dieu, mais chaque paroisse a ses possibilités, sa façon d’exprimer ce que ses membres ressentent et comment ils veulent l’exprimer.

Tenez, la semaine dernière, quelqu’un m’a dit qu’il lui arrivait de s’arrêter de chanter au culte, parce que la mélodie et le rythme de certains chants ne lui permettaient pas d’intérioriser les paroles, l’empêchaient de faire monter vers Dieu les paroles avec recueillement. La musique peut donc aussi être une barrière.

Tout ceci pour dire que, aussi souhaitable et normal qu’il soit que nous honorions notre Seigneur et Sauveur en rendant à nos cultes la plus belle forme possible, il n’en demeure pas moins que la forme est secondaire, même si la forme est majestueuse comme lors des cultes du temps d’Amos.

La même chose est vraie aussi de nos dons, car rendre culte à Dieu cela signifie aussi lui apporter des offrandes. « Quand vous me présentez vos holocaustes et des offrandes, je n’y prends aucun plaisir. »

Pourtant, Dieu a inspiré à Moïse des chapitres entiers pour lui dire comment on devait lui apporter des offrandes, y compris des « holocaustes ». Les « holocaustes » étaient des offrandes qui étaient entièrement brûlées sur l’autel, à la fois en expiation des péchés qu’en l’honneur de Dieu.

Il faudrait savoir : « Les offrandes » que nous présentons à Dieu dans nos cultes, « les offrandes » sous forme de cotisations paroissiales pour l’avancement du règne de Dieu dans les cœurs, Dieu les attend-t-il ou les « déteste »-t-il ?

Jusque-là nous étions plutôt habitués à des passages bibliques parlant des offrandes de façon positive. Ainsi, Jésus parle de « présenter notre offrande à l’autel » (Mt 5.23). Et Paul, inspiré par le Saint-Esprit, dit qu’avec nos offrandes nous rendons « un culte agréable à Dieu » (Rm 12.1).

Agréable ou détestable ? Là encore, tout dépend. Bien entendu que le Seigneur attend que nous soutenions par nos dons le travail dans sa Vigne autant que nous le pouvons. Aucune somme – pas non plus « les deux petites pièces » de « la pauvre veuve » (Lc 21.1-2) – n’est superflue dans l’Eglise du Seigneur.

D’ailleurs, cet exemple nous montre que l’appréciation d’une offrande de la part de Dieu n’est pas liée au montant brut sans tenir compte du contexte.

Donc, aussi bien ce que Dieu dit de la dimension musicale du culte que ce qu’il dit de notre offrande en argent, montre que la forme ou apparence extérieure du culte, aussi important que cela puisse être, n’est que secondaire. Cela peut même contredire le but et contenu du culte.

Ce qui nous amène à réfléchir au

X X X 2 X X X

rôle primordial

du contenu du culte

Pourquoi, à l’époque d’Amos, Dieu « déteste » et « méprise »-t-il le chant, la musique et les offrandes des cultes du peuple d’Israël ?

Faisons un peu d’histoire. « Amos », contrairement à son contemporain Osée, est un habitant du royaume du sud, du royaume de Juda, avec Jérusalem comme capitale.

« Amos » était éleveur-agriculteur à « Tekoa » (Am 1.1), à quelque dix kilomètres au sud de Bethléhem.

Amos se présente lui-même ainsi : « Je suis berger et je cultive des sycomores [une sorte de figuier]. L’Eternel m’a pris derrière le troupeau, et c’est lui qui m’a dit : "Va prophétiser à mon peuple, Israël," » là-bas, dans le royaume du Nord avec Samarie comme capitale. (Am 7.14-15)

Le royaume du Nord était tombé bien bas. Les riches devenaient de plus en plus riches, les pauvres, exploités de façon éhontée, devenaient de plus en plus pauvres. L’argent, l’enrichissement à outrance, occupait les classes dirigeantes, et le clergé était complice des grands.

Tenez, voici un exemple des accusations d’Amos, une dizaine de versets avant notre texte : « Vos crimes sont nombreux, vos péchés sont multipliés. Vous opprimez le juste, vous recevez des pots-de-vin et vous violez le droit des pauvres. […] Ces temps sont mauvais. » ( Am 5.12-13)

Ou encore : « Ils changent le droit en absinthe et jettent la justice par terre. » (Am 5.7) « Ils violent le droit des malheureux. » « Ils ont vendu le pauvre pour une paire de sandales ». Sans parler des dérèglements sexuels au sein des familles (Am 2.7).

Bref, c’était la décadence morale de la société. Pourtant, au culte, ils faisaient comme s’ils étaient en règle avec Dieu. Au lieu de répondre aux appels à la repentance d’Amos, bientôt secondé par Osée, Esaïe et Michée, ils ont interdit aux prophètes de prophétiser (Am 2.12).

Tous ces méfaits, ils ne pouvaient pas les cacher à Dieu en les couvrant de cultes magnifiques et de riches offrandes. Dieu ne se laisse pas duper. « Les paroles de la bouche », les actes aussi, le comportement, doivent correspondre « aux sentiments du cœur » (Ps 19.15), sinon Dieu ne s’en laisse pas conter. Il ne se laisse pas berner par la splendeur de cultes hypocrites.

« Au contraire, » leur dit Dieu, « que le droit jaillisse comme un cours d’eau, et la justice comme un torrent qui n’arrête jamais de couler ! » (v. 24).

Bien entendu, Amos leur demande de changer de comportement, d’avoir un comportement en accord avec la justice civile, mais il ne se cantonne pas à leur comportement extérieur.

« Le droit et la justice », cela ne vous rappelle rien ? Bien sûr que si ! Le prophète Esaïe, contemporain du prophète Amos, en annonçant la venue du Messie, du « Prince de la paix, » indique que son royaume sera un royaume où régneront « le droit et la justice, dès maintenant et pour toujours » (Es 9.5-6).

C’est « le droit » du Messie Sauveur qui doit « jaillir comme un cours d’eau » dans nos cultes ! C’est « la justice » de Jésus-Christ qui doit « jaillir comme un torrent qui n’arrête jamais de couler » de sa Parole et de ses sacrements !

Bref, nos cultes doivent exprimer notre repentance et notre foi, ils doivent correspondre à notre repentance et à notre foi : notre repentance, parce que nous ne correspondons pas aux exigences de la sainte Loi de Dieu ; notre foi en Jésus-Christ, à qui nous devons d’être ce que nous sommes, des pécheurs graciés et sauvés, des enfants de Dieu et des héritiers de la vie éternelle.

Repentance et foi dans « le droit et la justice » du Messie-Sauveur, voilà ce qui manquait aux cultes des Israélites de l’époque. Voilà aussi pourquoi leurs cultes étaient en horreur à Dieu malgré leur somptuosité ; voilà aussi pourquoi Dieu « méprisait » leurs « offrandes » aussi grandes qu’elles aient été.

En fait, leurs cultes n’étaient que de grandioses mises-en-scène sans contenu spirituel. Voilà pourquoi Dieu leur a dit : « Je déteste, je méprise vos fêtes, je ne peux pas sentir vos assemblées. »

Ils avaient considéré la forme suffisante ; ils avaient oublié le contenu, l’essentiel.

Chers amis, n’oublions jamais ce qui est central. La croix placée devant nos yeux doit nous le rappeler.

Dieu merci ! – pour parler avec l’apôtre Paul – « nous rendons un culte à Dieu par l’Esprit de Dieu ; » « nous plaçons notre fierté en Jésus-Christ et ne mettons pas notre confiance dans notre condition ! » (Ph 3.3)

Que le Seigneur nous maintienne dans cet état d’esprit de repentance et de foi de tous les jours ! Alors il prendra toujours plaisir à nos cultes, y compris à nos chants et à nos offrandes.

Amen.

Jean Thiébaut Haessig

Aucun commentaire: