13ème dimanche après la trinité
Culte d'installation
Matthieu 20.1à16
Critiquer la Grâce ?
Que
prêcher le jour de son installation ? Bien sur, la Parole de Dieu ! Mais quelle
partie ? Puisque aujourd’hui est le début de notre vie ensemble et que ce qu’on
dit peut donner le ton à ce qui suit, il m’a paru bon de commencer par ce qui
est au fond de notre foi chrétienne : la grâce de Dieu.
La
grâce est un don. C’est quand tu reçois ce que tu ne mérite pas. Dans la Bible,
la grâce est le fait que Dieu ne nous traite pas selon ce que nous méritons
mais qu’il nous donne librement ce que nous ne pourrions jamais atteindre. Dieu
a manifesté sa grâce en envoyant son Fils à souffrir et mourir à cause de notre
péché afin que nous ne soyons jugés et condamnés à l’enfer. Par cette grâce,
nous ressusciterons des morts et irons au ciel. Tout cela est gratuit, injuste
et immérité. Voilà la grâce, un concept fondamental de la foi chrétienne.
Mais
est-ce que nous comprenons vraiment la grâce, en particulier qu’il s’agit d’un
amour immérité, une miséricorde ? Pour nous faire comprendre, Jésus nous
raconte l’histoire des ouvriers dans la vigne. Ecoutez.
«Voici,
en effet, à quoi ressemble le Royaume des cieux: Un propriétaire sortit tôt le
matin afin d'engager des ouvriers pour sa vigne. 2 Il convint avec
eux de leur payer le salaire habituel, une pièce d'argent par jour, et les
envoya travailler dans sa vigne. 3 Il sortit de nouveau à neuf
heures du matin et en vit d'autres qui se tenaient sur la place sans rien
faire. 4 Il leur dit: ‹Allez, vous aussi, travailler dans ma vigne
et je vous donnerai un juste salaire.› 5 Et ils y allèrent. Le
propriétaire sortit encore à midi, puis à trois heures de l'après-midi et fit
de même. 6 Enfin, vers cinq heures du soir, il sortit et trouva
d'autres hommes qui se tenaient encore sur la place. Il leur demanda: ‹Pourquoi
restez-vous ici tout le jour sans rien faire?› - 7 ‹Parce que
personne ne nous a engagés›, répondirent-ils. Il leur dit: ‹Eh bien, allez,
vous aussi, travailler dans ma vigne.›
8
«Quand vint le soir, le propriétaire de la vigne dit à son contremaître:
‹Appelle les ouvriers et paie à chacun son salaire. Tu commenceras par les
derniers engagés et tu termineras par les premiers engagés.› 9 Ceux
qui s'étaient mis au travail à cinq heures du soir vinrent alors et reçurent
chacun une pièce d'argent. 10 Quand ce fut le tour des premiers
engagés, ils pensèrent qu'ils recevraient plus; mais on leur remit aussi à
chacun une pièce d'argent. 11 En la recevant, ils critiquaient le
propriétaire 12 et disaient: ‹Ces ouvriers engagés en dernier n'ont
travaillé qu'une heure et tu les as payés comme nous qui avons supporté la
fatigue d'une journée entière de travail sous un soleil brûlant!› 13
Mais le propriétaire répondit à l'un d'eux: ‹Mon ami, je ne te cause aucun
tort. Tu as convenu avec moi de travailler pour une pièce d'argent par jour,
n'est-ce pas? 14 Prends donc ton salaire et vas-t-en. Je veux donner
à ce dernier engagé autant qu'à toi. 15 N'ai-je pas le droit de
faire ce que je veux de mon argent? Ou bien es-tu jaloux parce que je suis
bon?› 16 Ainsi, ajouta Jésus, ceux qui sont les derniers seront les
premiers et ceux qui sont les premiers seront les derniers.» BFC
Un
propriétaire sort et engage les ouvriers pour sa vigne. Ce sont des hommes qui
n’ont pas d’emploi à plein temps. Eux et leurs familles vivent au jour le jour.
S’ils trouvent du travail ce jour-là ils mangent; sinon ils ne mangent
peut-être pas. Le propriétaire commence à chercher des ouvriers dès l’aube et
ne cesse de chercher jusqu’au coucher du soleil. Ce n’était pas qu’il avait
toujours besoin d’ouvriers à la fin de la journée, mais que ces ouvriers
avaient besoin de travail. Le propriétaire ne cherchait pas son propre bien
mais celui de ces hommes qui n’avaient pas de travail et donc pas de salaire.
A la
fin de la journée quelques uns des ouvriers ont reçu le salaire d’une journée
entière pour seulement une demi-journée de travail et d’autres le même salaire
pour pratiquement aucun effort. Ils ont reçu ce qu’ils n’ont pas mérité. Les
premiers engagés ont reconnu que ce n’était pas juste. Ils ont été en désaccord
avec cet acte de grâce et ont critiqué le propriétaire. Le propriétaire leur a
répondu qu’il n’a fait aucun tort. Il leur a donné le salaire sur lequel ils se
sont mis d’accord. Mais il a voulu faire de même aux autres. Ce n’est pas une
affaire d’équité mais de sa bonne volonté. Il a voulu être généreux.
Jésus
dit que le Royaume des cieux ressemble à cela. Il y a des gens qui, à la
dernière heure, entendront l’Evangile, y croiront et iront au ciel, des gens
qui manifestement ne le méritent pas : voleurs, tricheurs et menteurs,
prostituées, maquereaux et ceux qui battent leur femme. Dieu, par grâce, leur
pardonnera leurs fautes les rendant égaux aux autres qui se sont efforcés toute
leur vie de mener une vie juste et pieuse. Cette pensée peut nous pousser à
critiquer Dieu, ne serait-ce qu’en pensée. Mais ça peut être une bonne chose !
Car étant en désaccord avec Dieu nous avons peut-être saisi la vraie nature de
sa grâce.
Or,
malgré ce que nous dirons aux autres, vous et moi nous nous prenons pour des
gens assez bons. Nous sommes de bons types qui fréquent l’église et non pas des
voleurs, meurtriers et maquereaux. Nous ne sommes pas comme Anders Breivik ou
Michelle Martin. Si donc Dieu nous fait grâce, s’il ferme les yeux sur nos
petites erreurs ou défauts et nous accueille au ciel, eh bien ça se comprend.
Mais si
Dieu montrait la même miséricorde à un vrai mauvais type, un Anders Breivik ou
une Michelle Martin ? Pense à la personne la plus mauvaise que tu connais,
celle que tu considère la plus malhonnête, plus menteuse, plus hypocrite que
jamais. Et si cette personne écoutait la parole de Jésus, se repentait et que
Dieu lui pardonnait ? En serais-tu content ou critiquerais-tu Dieu en pensée et
dirais-tu que ce n’est pas juste ? Toi, tu as fait de ton mieux pour mener une
vie juste. Cet autre n’a rien fait. Comment Dieu peut-il lui pardonner et
l’accepter dans son église tout comme toi ? Tu pourrais te fâcher comme les
ouvriers dans l’histoire de Jésus. Ils critiquaient le propriétaire et
disaient: ‹Ces ouvriers engagés en dernier n'ont travaillé qu'une heure et tu
les as payés comme nous qui avons supporté la fatigue d'une journée entière de
travail sous un soleil brûlant!›
Nous
nous identifions facilement avec ceux qui ont critiqué car la grâce n’est pas
juste ! Cependant, Jésus dit que le royaume des cieux ressemble à cette
histoire. L’entrée au royaume est par grâce. Comme Paul le dit dans sa lettre
aux Ephésiens, Car c'est par la grâce de
Dieu que vous avez été sauvés, au moyen de la foi. Ce salut ne vient pas de
vous, il est un don de Dieu; il n'est pas le résultat de vos efforts, et ainsi
personne ne peut se vanter. (Eph 2.8s) Cela veut dire que vous et moi, nous
avons reçu ce que nous n’avons pas mérité tout comme ces ouvriers d’une heure.
En ce qui concerne la justice ou notre justification, notre bonne conduite ne
compte pour rien devant Dieu. Nos efforts à garder ses commandements ne
compensent pas nos anciennes fautes. Tout est supprimé, même pour les plus
mauvaises personnes, par la mort et la résurrection de Jésus, c’est-à-dire, par
grâce ! Tout comme les ouvriers de l'histoire, nous avons reçu le salaire d’une
journée entière pour une heure de travail. Nous avons tout pour rien.
Quand
cela nous arrive c’est bon. Nous aimons recevoir des dons et pensons souvent
que nous les méritons. Mais quand nous voyons qu’un autre reçoit ce qu’il ne
mérite pas, cela nous irrite. C’est sans doute pour cette raison que c’est un
thème qui revient souvent dans la Bible.
Par
exemple, dans la parabole du fils perdu et retrouvé, le fils aîné a critiqué
son père de son acte de grâce. « Écoute,
il y a tant d'années que je te sers sans avoir jamais désobéi à l'un de tes
ordres. Pourtant, tu ne m'as jamais donné même un chevreau pour que je fasse la
fête avec mes amis. Mais quand ton fils que voilà revient, lui qui a dépensé
entièrement ta fortune avec des prostituées, pour lui tu fais tuer le veau que
nous avons engraissé ! » (Luc 15.29s) A sa place, vous et moi aurions
ressenti la même injustice.
Ou bien
considérez la grâce que Dieu a fait au roi Achab, un des plus mauvais
personnages de la Bible. Achab s’est donné entièrement à l'idolâtrie et a tué
les vrais prophètes de Dieu. Il a fait assassiner Naboth pour lui voler sa
vigne et a pris plaisir plus que tout le monde à faire ce qui déplaît au Seigneur. Mais quand Dieu envoie
le prophète Elie à Achab pour annoncer son jugement sur Achab et sa famille,
Achab s’humilie devant Dieu et Dieu le laisse en vie. On veut crier à haute
voix, «C’est pas juste ! »
De tels
événements nous permettent de voir ce qu’est la grâce : amour et miséricorde
immérités à cent pour cent. C’est l’amour de Dieu pour les pécheurs, pour ses
ennemis ! Ce n’est pas l’amour de Dieu pour les personnes généralement
convenable. Ce n’est pas que Dieu ferme les yeux sur nos petits défauts. Aucun
de nous, de soi-même, n’est assez bon pour le royaume de Dieu. Nous voyons cela
quand nous regardons dans le miroir de la Loi de Dieu. Si tu hais ton frère, tu
l’as déjà tué en toi-même, dans ton coeur. Si tu désires une femme ou un homme
qui n’est pas ton épouse ou ton époux, tu as déjà fait un adultère. Ce sont de
mauvaises pensées pour lesquelles nous devrions subir le jugement de Dieu. Mais
par la foi en Christ, ces péchés sont pardonnés. Nous avons reçu la grâce
!
Jésus
termine cette histoire par des mots un peu curieux, Ainsi ceux qui sont les
derniers seront les premiers et ceux qui sont les premiers seront les derniers.
Il veut nous faire voir les choses d’une autre perspective. Dans ce cas, ceux
qui ressemblent aux ouvriers engagés au dernier moment, qui n’ont travaillé
qu’une heure, sont bénis. Ils peuvent devenir des grands dans le royaume de
Dieu. Ils ont été surpris d’avoir reçu le salaire d’une journée entière. Ils
sont entrés dans le Royaume par grâce. Ceux qui critiquent se fabriquent un
problème. Ils
commencent à se disputer avec Dieu sur ce qui est juste. Vous ne voulez pas y
aller ! Si Dieu nous donnait ce que notre comportement mérite, ce ne serait pas
joli à voir. Nous ne serions pas que les derniers, nous serions exclus du
royaume. Nous ne voulons donc pas ce que nous méritons. Nous voulons la grâce.
Alors
critiquer quand les autres reçoivent une grâce, est un réveil qui nous indique
que nous risquons d’oublier que nous vivons tous par la grâce seule. Jésus
répond à une de ses critiques, Es-tu jaloux parce que je suis bon ? Cette
jalousie est un « dépit envieux ressenti à la vue des avantages d'autrui. » Si
nous trouvons que nous sommes mécontents parce que Dieu pardonne et reçoit dans
son royaume les gens qui n’en sont pas dignes, c’est sans doute une indication
que nous ne regardons plus notre propre position devant Dieu uniquement selon
la grâce. Nous avons sans doute commencé à considérer notre propre mérite, le
fait que nous avons supporté la fatigue d'une journée entière de travail sous
un soleil brûlant ! Ce faire, c’est de se faire priver de la grâce et exclure
du royaume.
Au lieu
de critiquer la grâce nous devons remarquer combien elle est extraordinaire et
nous réjouissons avec les autres qui l’ont reçu. La grâce est notre garantie de
plaire toujours à Dieu. Elle assure notre place dans le royaume de Dieu et
exclu tout doute. Si nous pensons à notre comportement et ce que nous méritons,
il y aura toujours des moments où nous ne serons pas sûrs d’être dignes de la
vie éternelle. Mais si nous regardons la vie uniquement de la perspective de la
grâce, de l’assurance que Jésus nous a rendu acceptable à Dieu sans aucun
mérite de notre part, c’est alors que tout doute et toute peur disparaissent.
Car tout dépend de Jésus et rien de vous et moi. C’est l’Evangile ça !
Et
c’est bien cette Evangile, c’est grâce qui transformera notre vie et
comportement. Grâce veut dire que nous ne travaillons plus pour un salaire ou
pour garder notre place dans le royaume de Dieu. Au contraire, nous travaillons
de gratitude parce que nous sommes déjà dans le royaume.
Il y
avait une femme dont le mari ne l’aimait pas vraiment. Cet homme était très
exigeant et avait préparé à sa femme une liste de règles à suivre. Elle devait
relire la liste chaque jour et y obéir strictement. Entre autres, ces règles
prescrivaient des détails tels que l’heure à laquelle elle devait se lever le
matin, l’heure de lui servir son petit déjeuner, et comment faire le ménage. Après
de longes années le mari est mort. Plus tard la femme a trouvé un autre homme
qui l’aimait sincèrement et ils se sont mariés. Cet homme faisait tout son
possible pour rendre heureuse sa femme, la comblant toujours des expressions de
sa reconnaissance. Un jour en faisant le ménage, la femme a trouvé l’ancienne
liste de règles. En la regardant elle s’est rendu compte que, bien que le
nouveau mari ne lui ai jamais fait une telle liste, elle faisait quand même
tout ce que le premier mari avait exigé.
Elle était si dévouée à cet homme qu’elle voulait lui plaire par amour
et non pas par obligation. Voilà ce que la grâce fait dans notre vie à nous.
La
grâce est donc un concept très simple : quelque chose pour rien ! Donc, quand
vous voulez critiquer parce qu’un autre aurait reçu quelque chose pour rien,
rappelez-vous que vous aussi vous avez reçu la grâce. Par grâce Jésus a vécu,
est mort et ressuscité pour vous. Par grâce vous avez reçu le salaire d’une journée entière pour une heure de
travail.
Pasteur David Maffett
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