lundi 12 mai 2008

Sermon du jeudi de l'Ascension - 1er mai 2008

FETE DE L’ASCENSION - CONFIRMATION

texte : Jn 12.32
« Et moi, quand j'aurai été élevé de la terre,j'attirerai tous les hommes à moi. »


Chants :
Entonnons un nouveau cantique LlS 114 : 1-5
Le Sauveur est ressuscité LlS 118 : 1-3
Attire-nous, Roi bon et doux, LlS 113 : 1-5




Chers frères et sœurs

– et tout particulièrement toi, chère Emma –
que le Christ monté au ciel « attire » ici !

Il y a des gens qui nous « attirent », d’autres pas. Il y a des gens qu’on suit par obligation, d’autres par sympathie. Il y a des gens dont nous ne pouvons attendre les visites, d’autres dont nous pourrions bien nous passer.

Je ne vais pas vous demander dans quelle catégorie vous rangez le Christ. Votre présence ici, à son contact dans l’adoration et l’Evangile, est une réponse qui parle mieux que tous les mots.
Il est vrai, Emma, qu’en ce qui te concerne, tu nous l’as aussi largement fait savoir par l’exposition de ta foi et de ton amour pour ton Seigneur et Sauveur tout à l’heure. Et s’il y a « de la joie dans le ciel pour un seul pécheur qui se repent » (Lc 15.7), pour une seule personne qui reconnaît son état pécheur mais place sa foi dans l’expiation du Christ, sache que toute la paroisse se réjouit avec le ciel d’avoir entendu ta confession de foi, de t’avoir entendu parler de ton attirance par le Seigneur triomphant.

En cette Fête de l’Ascension, je vous propose de méditer le passage choisi comme mot d’ordre pour ce jour. C’est notre Seigneur qui parle : « Et moi, quand j'aurai été élevé de la terre, j'attirerai tous les hommes à moi. »

Notre Seigneur monté au ciel nous « attire à lui »

1. mais il y a des résistances ;
2. il a dû en vaincre de plus fortes ;
3. il nous donne les moyens de les neutraliser pour le suivre ;
4. et là-bas, nous serons totalement débarrassés de ces résistances.


----- 1 -----

Notre Seigneur monté au ciel
nous « attire à lui »,
mais il y a des résistances !

Nous savons tous ce que c’est qu’un aimant. C’est un bout de fer magnétisé qui attire un autre objet en fer et les plaque ensemble. Les plus petits, ça les amuse ; aux adultes cela rend bien des services dans certains métiers.

Ce ne sont pas des liens visibles, des ficelles, du ruban adhésif ou des câbles qui lient les deux objets ensemble ; on ne voit rien, et pourtant, ça tient. N’étant pas physicien, je n’y comprends pas grand chose, mais je ne le mets pas en doute.

Voyez-vous, les liens par lesquels Jésus nous « attire » à lui ne sont pas visibles non plus. Vous seriez bien embêtés de devoir en donner la couleur, le son ou le parfum. Son magnétisme, notre Seigneur Jésus-Christ l’exerce de façon invisible. D’ailleurs aucun de nous ne l’a jamais vu.
Et pourtant, il nous « attire » à lui. Cela a toujours été son intention. Autrement il ne se serait jamais prêté à l’ignominie de la croix.

Il nous « attire » à lui comme un aimant extrêmement puissant. Il y a des gens qui attirent dans des traquenards : c’est qu’ils n’aiment pas leur prochain ; ils sont animés par de mauvais sentiments, parfois même par des sentiments meurtriers.

Jésus est un aimant – participe présent du verbe aimer – dans tous les sens du terme : il est l’amour en personne. C’est parce qu’il nous aime plus que sa quiétude et sa gloire qu’il a tout fait pour nous « attirer » à lui, pour nous détacher de ce qui allait nous entraîner dans notre perdition éternelle.

Oui, tout ce que notre Seigneur a fait et continue de faire, n’a qu’un seul but : nous « attirer » à lui pour notre salut. C’est ainsi qu’il a dit à son Père : « Quant à ce que tu m'as donné, Père, je veux que là où, moi, je suis, eux aussi soient avec moi, pour qu'ils voient ma gloire, celle que tu m'as donnée. » (Jn 17.24)
[1]

Mais, il y a des résistances à l’attirance du Christ. Paul l’explique ainsi : ce que le Christ représente paraît « insensé » pour les uns, pour ceux qui le jugent selon ce qu’ils voient ou savent, et cela paraît « scandaleux » pour d’autres, pour ceux qui se bercent d’illusion en pensant être au-dessus de tout reproche (1 Co 1.23).

Ainsi, ce matin, j’ai écouté des journalistes se demander pourquoi il y avait de moins en moins de monde aux défilés du 1er mai. Ils ont trouvé toutes sortes d’explications ; mais à aucun moment aucun d’entre eux n’a fait valoir, qu’en cette année 2008 le 1er mai tombe le Jeudi de l’Ascension et que, peut-être beaucoup de gens seraient aux cultes. Cette idée ne les a même pas frôlée, tant la foi en Jésus-Christ est devenue marginale dans notre société.

Mais nous aussi, il doit nous « attirer », nous tirer à lui, car en nous aussi il y a des résistances dues à notre nature pécheresse innée. Ce qu’on pourrait appeler « la loi de pesanteur de notre nature pécheresse » nous tire « vers le bas », dans le sens opposé à « l’attirance » exercée par notre Seigneur bien-aimé.

Mais il s’est donné les moyens pour nous arracher aux résistances. D’ailleurs,

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Notre Seigneur monté au ciel
nous « attire à lui »,


après avoir dû surmonter des résistances bien plus fortes que nous.

Avec la déclaration du Christ choisie comme texte de ce sermon – « moi, quand j'aurai été élevé de la terre, j'attirerai tous les hommes à moi » – notre Seigneur parle, en fait, d’abord d’une autre élévation que celle de son ascension. Jean explique : « Il disait cela pour signifier de quelle mort il allait mourir. » (Jn 12.33)

Avant de pouvoir monter au ciel, il devait monter sur la croix. Avant de pouvoir être « souverainement élevé », il devait « s’abaisser lui-même en devenant obéissant jusqu’à la mort – la mort de la croix ! » (Ph 2.8-9). Avant d’être « élevé » à la droite du Père, il devait être hissé sur l’ignominieuse croix de Golgotha.

En fait, avant de pouvoir nous « attirer » auprès de lui dans la gloire céleste, il devait rompre les liens qui nous retenaient attachés sous la colère de Dieu, dans les filets de la damnation éternelle.
Nous savons tous qu’avant de réaliser un travail donné, il faut s’occuper des préparatifs. Avant de commencer à construire une maison, il faut en faire les plans, le devis, les démarches bancaires, réunir les outils et les matériaux. Avant de vous délivrer un sermon, il faut que je le prépare.
Eh ! bien, avant que Jésus ne puisse nous « attirer » à lui au Paradis, il faut qu’il en règle les préparatifs. Ne va pas au ciel qui veut. En fait, si Jésus n’était pas intervenu et n’avait pas réglé les préalables, aucun de nous ne pourrait avoir la certitude d’aller au ciel ; au contraire, la Loi divine nous condamnerait tous sans distinction.

Il fallait que, d’abord, Jésus démolisse toutes les forces opposées à notre élévation. Il fallait qu’il apaise la colère de Dieu, fasse abolir le verdict de notre condamnation, et rende vaines les accusations que Satan élève contre les pécheurs que nous sommes pour amener Dieu à nous faire partager son sort en enfer.

Jésus était le seul à pouvoir démonter ces résistances. Lui seul était capable de satisfaire les exigences de la sainte Loi de Dieu à notre place. Et il l’a fait en faisant porter à notre crédit la vie sainte qu’il a menée, mais aussi en détournant la damnation et les souffrances de l’enfer sur lui.
C’est ainsi qu’il a désamorcé les résistances de Dieu à notre élévation au Paradis ; c’est en se prêtant à l’élévation sur la croix qu’il a rendu possible notre élévation au ciel.
Oh ! il y a encore des résistances à notre entrée au ciel, mais elles ne sont plus du côté de Dieu, elles le sont de notre côté et du côté du monde qui nous entoure.

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Notre Seigneur monté au ciel
nous « attire à lui »,
et il nous donne les moyens
de neutraliser les résistances
pour le suivre.


« J’attirerai tous les hommes à moi. »
Chère Emma, chers frères et sœurs, Dieu merci ! depuis la droite de son Père, son Fils nous a aussi « attirés » à lui. La preuve : nous sommes ici, dans sa maison. S’il n’y a que toi, Emma, qui aies pu faire état à voix haute de ta foi et de ton amour pour ton Dieu sauveur, de la certitude du salut aussi que tu fondes sur lui, nous tous nous partageons cette joie et cette foi avec toi.
Mais ce n’est pas qu’aujourd’hui que nous nous retrouvons dans la maison du Seigneur. C’est chaque dimanche qu’il nous y invite, et sauf empêchement, nous venons l’y rencontrer chaque semaine. Pourquoi ?

Parce que c’est dans le culte – pas seulement dans le culte, mais là de la façon la plus complète – qu’il se sert des moyens avec lesquels il nous « attire à lui », je veux parler des moyens de grâce, de son « Evangile, puissance de Dieu pour le salut » (Rm 1.16), que ce soit sous forme de Parole ou sous celle des sacrements.

« Quand j'aurai été élevé de la terre, j'attirerai tous les hommes à moi » – a-t-il indiqué à ses disciples quelques jours avant sa mort. Depuis, il a été « élevé », d’abord en croix, et peu après à la droite du Père.

Et là, il ne se tourne pas les pouces ; là, il continue d’agir en notre faveur ; là, il fait tout pour que nous soyons « attirés » par lui et, un jour, « élevés » devant son trône de gloire.
Il y a, dans notre catéchisme, une importante question 155 que je vais vous lire : « Notre Sauveur vit dans sa gloire. Quelle est maintenant notre assurance ? » Vous connaissez la réponse ? … Je vais vous aider : elle est en trois points. … Ça vous met sur la voie ? … Et si je vous dis que cela se réfère aux trois fonctions de Jésus ? … Voici la réponse :

« 1°) Comme Prophète, Jésus glorifié envoie des hommes prêcher l’Evangile [la Bonne Nouvelle] du salut. » Pourquoi ? – Mais bien évidemment pour nous « attirer » dans la foi vers lui.
« 2°) Comme Souverain Sacrificateur, il intercède pour nous auprès de Dieu » La aussi : Pourquoi ? – Comme tout à l’heure, pour que nos péchés ne nous empêchent pas d’être unis à lui.
« 3°) Comme Roi, il protège les siens et gouverne le monde dans l’intérêt de son Eglise, » encore pour « attirer » à lui des pécheurs à travers l’Evangile.

L’Eglise ne propose pas à tous les paroissiens d’avoir, à intervalles réguliers, le même entretien public que celui de la confirmation, celui auquel nous avons assisté avec Emma tout à l’heure.. Mais l’Eglise a un catéchisme synodal rédigé pour que chaque membre ait son manuel sous la main pour l’aider à clarifier les questions qu’il peut avoir et pour davantage encore être « attiré » par son Sauveur merveilleux et son salut qui ne l’est pas moins.

C’est ainsi qu’il nous permet de vaincre les tendances opposées à son attirance. C’est ainsi qu’il nous permet, par exemple, de nous lever le dimanche matin pour aller au culte au lieu de continuer à jouir des bienfaits de l’oreiller. C’est ainsi qu’il nous aide à mener une vie chrétienne en semaine malgré les ricanement et les incompréhensions de bien des gens que nous côtoyons.

----- 4 -----

Notre Seigneur monté au ciel
nous « attire à lui » :

et là-bas, nous serons totalement débarrassés de ces résistances.

Nous connaissons tous ce cri du cœur de l’apôtre Paul, impatient d’arriver enfin au but : « J’ai le désir de m’en aller et d’être avec Christ, ce qui serait, de beaucoup, le meilleur » (Ph 1.23) 1000 ans auparavant, le roi David avait déjà jubilé dans le Psaume 16 : « Il y a abondance de joies devant toi, des délices éternelles à ta droite. » (Ps 16.11

Pourquoi ? – Parce que là-bas, Jésus n’aura plus à tirer sur nous pour que nous soyons avec lui, là-bas il n’y aura plus de forces contraires que Jésus devrait surmonter en nous « attirant » plus fort encore ; là-bas il n’y aura plus de péché, plus de peur, plus de tentations. Là-bas, nous serons totalement débarrassés de ces résistances.

Comme nous ne savons pas ce qu’est une vie sans tentation, sans attirance par le mal, nous ne pouvons que nous imaginer l’état de félicité absolue au ciel. Vous rendez-vous compte ? – Là-bas nous pourrons entièrement nous abandonner à la joie d’être unis au Seigneur, sans avoir à mener encore le combat de la foi pour repousser les tentations.

C’est comme si l’objet en métal attiré par l’aimant n’avait pas de poids qui tire vers le bas.

------ Conclusion ------


Oui, Jésus est monté au ciel. Il partage maintenant – aussi selon sa nature humaine – la majesté et les pouvoirs qui étaient de toute éternité celles de sa nature divine.
Il nous est maintenant plus proche que jamais, même si nous ne le voyons pas. Il agit par sa Parole et ses sacrements sur nous comme il n’aurait guère pu le faire s’il était resté dans son état d’abaissement et d’humiliation.

Continuons à nous exposer au champ magnétique de son amour sauveur, au champ magnétique de son Evangile, au champ magnétique aussi de la Sainte Cène. Dans toutes ces rencontres avec nous, il n’a qu’un but : « nous attirer à lui » pour l’éternité !
Amen.

Jean Thiébaut Haessig, pasteur


[1] Jn 17.24 (Segond 21) : « Père, je veux que là où je suis ceux que tu m’as donnés soient aussi avec moi, afin qu’ils contemplent ma gloire, la gloire que tu m’as donnée. »

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