mercredi 31 mars 2010

Sermon du dimanche 28 mars 2009

DIMANCHE DES RAMEAUX

JEUDI SAINT

(Institution de la Cène)

Texte : Lc 22.19-20

19 « Ensuite, il prit du pain et, après avoir remercié Dieu, il le rompit et le leur donna en disant :

"Ceci est mon corps qui est donné pour vous. Faites ceci en souvenir de moi !"

20 Après le souper, il prit, de même, la coupe et la leur donna en disant :

"Cette coupe est la nouvelle alliance en mon sang qui est versé pour vous."

Chers frères et sœurs en Jésus-Christ, qui s’est donné pour nous pour le pardon de nos péchés !

Le choix de ce texte pour un Dimanche des Rameaux vous surprend peut-être. Je l’ai fait parce que nous n’avons pas de culte du Jeudi saint, jour anniversaire de l’institution de la Cène par notre Seigneur Jésus-Christ. Je l’ai fait ensuite parce que nous somme le dimanche qui précède cette commémoration et que nous célébrons aujourd’hui la Cène.

Nous sommes « la nuit où le Seigneur Jésus a été arrêté » (1 Co 11.23). Un jeudi soir. Les heures avant son arrestation au Jardin de Gethsémané, Jésus les a passées avec ses disciples à Jérusalem dans « une grande pièce aménagée à l’étage » (Lc 22.12). C’est là qu’il a institué la Sainte Cène.

C’était « le jour des pains sans levain où l’on devait sacrifier l’agneau pascal » (Lc 22.7). Jésus et ses disciples font en cela ce qui se fait ce soir-là dans toutes les familles juives.

Dieu lui-même a institué ce repas la veille de la délivrance du peuple d’Israël de l’esclavage en Egypte (Ex 12). Là-bas – c’était du temps de Moïse – les Israélites ont dû tuer « un agneau sans défaut » et badigeonner les montants et le linteau de la porte d’entrée avec son sang. Les Israélites ont rôti la viande de l’agneau, puis l’ont mangée tout en restant debout, prêts à partir.

Durant cette nuit, l’ange de l’Eternel a passé et frappé les familles égyptiennes, mais il a épargné les familles israélites qui lui ont fait confiance en badigeonnant le tour de leurs portes comme Dieu l’avait demandé.

Devant cette démonstration de puissance de l’Eternel, Pharaon, le roi d’Egypte, avait cédé et laissé partir les Israélites : 600 000 hommes, avec leurs femmes et leurs enfants.

Mais Dieu a voulu que son peuple commémore cette libération miraculeuse par une fête annuelle. Chaque année, dans chaque famille, le repas pascal devait mettre en scène ce puissant acte libérateur de Dieu.

C’est ce repas du souvenir que Jésus prend à Jérusalem avec ses disciples dans cette « grande pièce aménagée à l’étage ». La première Cène, Jésus la célèbre donc à l’occasion de son dernier repas pascal. Il remplace ainsi le repas pascal de l’Ancienne Alliance par le repas de « la Nouvelle Alliance en son sang » (v. 20).

C’est là l’un des moments les plus solennels et les plus décisifs de tous les temps. Dorénavant ses disciples peuvent entrer en communion avec leur Seigneur d’une façon qu’ils n’ont pas connu jusque-là. Quelle bénédiction pour ceux qui assistent à cet événement !

Qui sont-ils ? Nous y voyons Pierre, Jacques, Jean et les autres. Mais Jésus ne voit-il pas bien plus de personnes que la petite douzaine qui se trouve avec lui ?

Te voit-il peut-être aussi ?

Y ETAIS-TU

QUAND JESUS A INSTITUE LA CENE ?

Tout à fait, car en instituant la Cène

1. il pense déjà à toi ;

2. il te destine déjà les bienfaits de la Cène.

3. Aussi, viens et reçois-les de lui-même !

X X X 1 X X X

Oui, là-bas, dans « la grande pièce aménagée à l’étage », il songe à toi. Ce qu’il fait durant ces jours et ces heures intenses et tragiques jusqu’à sa mort, tout cela il le fait en songeant à toi aussi, il le fait même parce qu’il songe à toi aussi.

Au cours du repas pascal, lisons-nous, « il prit du pain et, après avoir remercié Dieu, il le rompit et le leur donna en disant : "Ceci est mon corps qui est donné pour vous. Faites ceci en souvenir de moi !" Après le souper, il prit, de même, la coupe, [« remercia Dieu » (Mt 26.27)] et la leur donna en disant : "Cette coupe est la nouvelle alliance en mon sang qui est versé pour vous." » (v. 19-20)

Le miraculeux, le voilà : sous l’espèce du « pain » il donne son « corps » ; sous l’espèce du « vin », il donne son « sang » !

L’étonnant, l’incompréhensible même, c’est qu’il « donne » ce même « corps » qui, dans quelques heures, sera cloué en croix ; il « donne » ce même « sang » qu’il va incessamment « verser pour le pardon des péchés » (Mt 26.28).

Cela dépasse tout ce que nous pouvons comprendre. Le Seigneur se trouve parmi eux dans cette salle en chair et en os, donc avec son « corps » et son « sang », et en même temps il nous assure avec force qu’en recevant le pain et le vin dans la Cène, les siens reçoivent en même temps – de façon surnaturelle et incompréhensible, certes, mais non moins réellement – son vrai « corps », celui qui sera cloué en croix, son vrai « sang », celui qui coulera de la croix !

« Cela », nous devons le « faire » continuellement « en souvenir de lui » (v. 19). Cela montre aussi, que dans cette salle de Jérusalem, Jésus ne voit pas seulement les douze et ne songe pas seulement à eux, il voit ses disciples de tous les temps, il nous voit nous aussi et le fait pour nous aussi.

Dans les heures sombres que ses disciples traversent à l’époque, ils ont tout particulièrement besoin qu’on leur rappelle combien Dieu les aime et les retient dans sa communion. Ce n’est pas rien que de voir son Maître bien-aimé être arrêté et exécuté, puis de ne plus pouvoir le voir à partir de son ascension.

Que pouvait-il leur donner de meilleur pour les encourager et les assister alors qu’il les envoie dans le monde hostile pour l’évangéliser ? – Rien de meilleur et de plus fort que son vrai « corps » et son vrai « sang » qu’il va offrir pour eux sur la croix.

Chaque fois qu’ils célébreront la Cène, cela leur rappellera – comme cela nous rappelle quand nous la prenons – que nous ne sommes pas seuls et abandonnés dans le monde.

Aujourd’hui, comme si souvent, vous vous approchez de nouveau de la Table du Seigneur « en souvenir de » ses souffrances et de sa mort. Soyez assurés qu’il a pensé à vous, là-bas à Jérusalem, à vous qui répondez à son invitation aujourd’hui à Châtenay-Malabry.

Il t’avait en vue en instituant la Cène, toi qui reconnais ton péché et crois en Jésus,

X X X 2 X X X

Il te destine aussi les bienfaits de sa Cène aujourd’hui.

Au fond, Jésus n’apprend rien de neuf à ses disciples dans cette « grande pièce » à Jérusalem, en tout cas rien qui ne soit dans le complet prolongement de ce qu’il a toujours dit. Ne leur a-t-il pas dit précédemment, par exemple : « Le Fils de l’homme est venu chercher et sauver ce qui était perdu » (Lc 19.10). « Le Fils de l’homme est venu, non pour être servi, mais pour servir et donner sa vie en rançon pour beaucoup » (Mt 20.28). « Il fallait que le Fils de l’homme souffre beaucoup, […], qu’il soit mis à mort et qu’il ressuscite trois jours après » (Mc 8.31).

Tout cela, le Seigneur le leur avait déjà maintes fois expliqué patiemment. Ce jeudi saint, il leur dit encore que son corps va être donné et son sang répandu « pour eux » (v. 19), « pour le pardon des péchés » (Mt 26.28).

C’est là de l’Evangile pur, la merveilleuse nouvelle : la mort de Jésus nous procure le pardon de nos péchés ! C’est là « la Nouvelle Alliance » qu’il a établie entre le Dieu trois fois saint et nous les pécheurs coupables, « la Nouvelle Alliance » qu’il fonde avec « son sang »,qu’il érige sur « son sang ».

C’est là aussi exactement ce que les prophètes avaient déjà annoncé dans l’Ancien Testament. Songez au merveilleux chapitre 53 du prophète Esaïe.

Mais avec la Cène, Jésus a ajouté quelque chose à la parole d’Evangile. Dans la Cène, il ajoute un gage à ses promesses de grâce, une sorte de garantie de son amour sauveur ; et ce n’est rien de moins que son vrai « corps » et son vrai « sang ».

Nous savons ce qu’est un gage ou un certificat de garantie. L’anneau nuptial est le gage et le signe de l’amour fidèle dans le mariage. De façon analogue, le corps et le sang du Christ nous sont donnés dans la Cène – et doivent être donnés aux croyants « jusqu’à ce qu’il vienne » à la fin du monde (1 Co 11.26) – pour servir de gage de l’amour fidèle de notre Seigneur.

Quand vous recevrez tout à l’heure, dans la Cène, le pain et le vin, vous recevez en même temps comme gages de votre salut son vrai « corps » et son vrai « sang » avec lesquels il vous a rachetés.

De cette manière il vous assure tout à fait individuellement et personnellement de son pardon. C’est plus parlant, réjouit, console et affermit davantage que si on ne fait que vous parler de l’amour de Dieu.

Ici, dans la Cène, tu expérimentes : Dieu t’aime, toi, malgré tes péchés. Dans la Cène il agit tout à fait personnellement avec toi

Jésus déclare : « Ceci est mon corps qui est donné pour vous. […], mon sang qui est versé pour vous. » En nous donnant ainsi son vrai « corps » et son vrai « sang », il nous reçoit dans une étroite et intime communion avec lui, mais aussi entre nous. Le Maître de l’univers te fait la grâce de venir à toi, pécheur coupable, d’une façon incompréhensible sous les espèces du pain et du vin. « La coupe de bénédiction que nous bénissons, n’est-elle pas la communion au sang de Christ ? Le pain que nous rompons, n’est-il pas la communion au corps de Christ ? » (1 Co 10.16)

Cette communion intime avec lui, Jésus nous l’offre pour affermir notre foi dans le pardon de nos péchés et notre salut, comme pour nous donner plus de punch pour vivre chrétiennement. C’est aussi une façon de confirmer sa grande promesse : « Voici je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde ! » (Mt 28.20)

Vous vous trouvez dans cette communion bénie parce que le Seigneur a aussi pensé à vous lorsqu’il a institué la Cène là-bas à Jérusalem.

Aussi

X X X 3 X X X

Venez et recevez aujourd’hui aussi sa bénédiction particulière dans la Cène !

Bien des années se sont écoulées depuis que les futurs apôtres ont été invités à la première de ce repas céleste. Depuis lors – depuis près de 2000 ans ! – des millions de croyants ont trouvé réconfort et affermissement dans cette bienheureuse communion.

« La grande pièce aménagée », tout croyant l’a trouvée, la trouve et la trouvera jusqu’à la fin des temps. Cette semaine, c’est, par exemple, la chambre de Mme […] à la maison de retraite qui a été cette « grande salle aménagée ». Aujourd’hui, c’est notre lieu de culte, et d’innombrables autres à travers le monde.

Et partout et chaque fois que la Cène est célébrée, nous nous trouvons face au même hôte divin : « Christ, le Seigneur » ! (Lc 2.11)

Et chaque fois, ses disciples se pressent autour de lui. Aujourd’hui, ici, c’est nous, ses disciples, nous qui croyons en ses paroles prononcées il y a 2000 ans : « Ceci est mon corps qui est donné pour vous. […], mon sang qui est versé pour vous. »

« Pour vous ! » Combien nous sommes reconnaissants pour ces mots ! Nous savons et reconnaissons que nous sommes pécheurs, donc coupables devant Dieu. Chacun de nous sait le mieux où il pèche contre la sainte volonté de Dieu : comme parent, comme enfant, comme conjoint, comme voisin, comme employé ou employeur, comme élève ou étudiant, comme paroissien, comme citoyen, …

Si notre Seigneur ne nous invitait pas avec insistance, s’il ne nous promettait pas si chaleureusement son pardon et sa paix dans le sacrement de la Cène, nous hésiterions sans doute à nous y présenter, par peur de la colère de Dieu contre le péché.

Mais comment pourrions-nous douter du pardon de celui qui est allé jusqu’à « donner son corps » et « répandre son sang » pour rétablir la paix entre Dieu et nous ?

En pensant à cet amour sans borne pour nous, comment ne pas jubiler avec Paul :

« Ainsi donc, déclarés justes sur la base de la foi, nous avons la paix avec Dieu par l'intermédiaire de notre Seigneur Jésus-Christ ; c’est aussi par son intermédiaire que nous avons accès par la foi à cette grâce, dans laquelle nous tenons ferme, et nous plaçons notre fierté dans l'espérance de prendre part à la gloire de Dieu. » (Rm 5.1-2)

« Vous n'avez pas reçu un esprit d'esclavage pour être encore dans la crainte, mais vous avez reçu un Esprit d'adoption, par lequel nous crions : "Abba! Père !" L'Esprit lui-même rend témoignage à notre esprit que nous sommes enfants de Dieu. Or, si nous sommes enfants, nous sommes aussi héritiers : héritiers de Dieu et cohéritiers de Christ, si toutefois nous souffrons avec lui afin de prendre aussi part à sa gloire. » (Rm 8.15-17)

Une des expériences les plus amères dans la vie, c’est de se sentir traité en parent pauvre, de se sentir la victime de passe-droits. On peut endurer bien des choses, mais être repoussé par les autres, cela fait mal. Rien ne peut remplacer le fait d’être reconnu ou accepté par les autres, ni l’argent, ni l’érudition, ni rien d’autre.

Dieu a fait de nous des êtres sociaux, pour vivre ensemble. Etre reconnu par ceux avec lesquels nous vivons, c’est nécessaire à notre épanouissement.

Mais plus important encore est d’être reconnu par Dieu. Il n’y a pas de plus grande terreur que de se croire abandonné, rejeté par Dieu. C’est cela l’enfer.

Jésus, notre Seigneur, a dû subir les deux. Il a été abandonné et rejeté par les hommes, mais aussi par Dieu à la croix (Mt 27.46). C’est justement cet abandon de Jésus qui a amené Dieu à nous accepter, à nous adopter même comme ses enfants. Jésus s’est fait rejeter à notre place. Tu n’as donc pas besoin d’être tiraillé par la peur que Dieu ne voudrait pas de toi qui acceptes avec foi le sacrifice de son Fils.

Oui, Jésus pensais aussi à toi, quand il a institué la Sainte Cène. Il l’a aussi instituée pour toi. Remercie l’en et loue l’en ta vie durant !

Et ancre solidement ton espérance et ta joie sur ces paroles : « Ceci est mon corps qui est donné pour vous. […], mon sang qui est versé pour vous. […] Faites ceci en souvenir de moi ! » (v. 19-20)

Amen.

Jean Thiébaut Haessig


Chants proposés :

Ouverture :

Hosanna ! hosanna ! La foule qui se presse LlS 84:1-4

Après l’Ancien Testament :

Ton peuple heureux et frémissant LlS 85:1

Après l’Epître :

Ton peuple heureux et frémissant LlS 85:2

Après l’Evangile :

Ton peuple heureux et frémissant LlS 85:3

Avant le sermon :

Jérusalem, laisse passer le Roi, LlS 162:1-3

Avant la Cène :

Venez, enfants de Dieu, venez, peuple fidèle, LlS 170:1-6*

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