lundi 28 juin 2010

sermon du dimanche 27 juin 2010 - 4ème dimanche après la Trinité

Texte : Mt 9.35-38

35 « Jésus parcourait toutes les villes et les villages ; il enseignait dans les synagogues, proclamait la bonne nouvelle du royaume et guérissait toute maladie et toute infirmité.

36 A la vue des foules, il fut rempli de compassion pour elles, car elles étaient blessées et abattues, comme des brebis qui n'ont pas de berger.

37 Alors il dit à ses disciples : "La moisson est grande, mais il y a peu d'ouvriers.

38 Priez donc le maître de la moisson d'envoyer des ouvriers dans sa moisson." »

(Segond 21, 2007)

Chers frères et soeurs en Christ, « Chef de l’Eglise » (Col 1.18) et Directeur de la Mission

"La dimension missionnaire

de la paroisse

dans son environnement immédiat."

C’était là le thème de la « Conférence Luthérienne Européenne » au Portugal, au début du mois, un thème que nous avions préparé des mois à l’avance, un thème sur lequel nous nous sommes penchés pour trouver de nouveaux éclairages, de nouvelles ouvertures, de nouveaux encouragements.

Dans le culte d’ouverture, en prêchant sur ce texte, je me suis limité aux verbes qui décrivent Jésus :

JESUS

1. « parcourait »

2. « enseignait »

3. « proclamait »

4. « guérissait », et

5. « disait : ”Priez donc le Maître !” »

Il est vrai : Jésus est Jésus … et nous, nous sommes ce que nous sommes : des pécheurs, mais des pécheurs pardonnés, sauvés et sanctifiés. Luther a dit : « simul iustus et peccator », « à la fois juste et saint ».

Maintenant que nous avons été rachetés et élevés dans sa communion éternelle, la moindre des choses, c’est « d’avoir en nous les dispositions qui sont en Jésus-Christ » (Ph 2.5 ; NBS), « d’avoir une attitude identique à celle de Jésus-Christ » (Ph 2.5 ; Segond 21).

Et quelle disposition, quel sentiment de Jésus est souligné dans notre texte ? – « Il fut rempli de compassion pour les foules. » (v. 36)

Chers amis, on peut trouver toute une série de raisons qui nous poussent à témoigner de notre foi en Jésus-Christ : la nécessité de croître en nombre, les bénédictions qu’en retire la paroisse existante, l’amour de notre Sauveur, son grand ordre de mission (Mt 28.18-2°, et d’autres raisons encore.

Mais ce qui doit vraiment nous pousser à faire de la mission, ce doit être « la compassion pour les foules », « la compassion » pour les perdus, « la compassion » pour ceux dont Jésus a aussi expié les péchés, mais comme ils ne se l’approprient pas par la foi, ils n’en retirent aucun profit et demeurent perdus pour l’éternité.

Puissions-nous ne jamais perdre cette « compassion » pour les gens et ne pas l’oublier quand nous parlons de notre mission !

X X X 1 X X X

Jésus parcourait

« Jésus parcourait toutes les villes et les villages. » (v. 35)

L’une de mes grandes désillusions comme jeune débutant dans le ministère pastoral a été l’argument qu’un ancien pilier de la paroisse m’a opposé en assemblée paroissiale quand j’ai essayé de donner à la paroisse une orientation plus missionnaire. Il a dit : « Les gens savent que nous annonçons la vérité. S’ils veulent la vérité, ils savent où aller. » Il est vrai que ce paroissien, quand il était jeune, avait trouvé la vérité et avait découvert que notre Eglise l’annonçait avec fidélité.

Mais allez aborder les gens dans la rue ! La seule conviction qu’ils ont est celle de Pilate : « Qu’est-ce que la vérité ? » (Jn 18.38) Et comme ils ne la connaissent pas, ils ne savent pas non plus où la trouver.

Non, Jésus n’a pas dit : « Wait and see ! » « Attendez et voyez ce qui va se passer ! » « Attendez qu’ils viennent d’eux-mêmes ! ». Il a dit : « Allez ! » « Allez et faites des disciples ! » (Mt 28.19)

D’ailleurs, il n’a pas seulement dit : « Allez ! », il nous a aussi montré l’exemple : « Jésus parcourait toutes les villes et les villages. » Il se déplaçait pour rencontrer les perdus là où ils vivaient.

Aujourd’hui aussi les perdus se trouvent en dehors de l’Eglise, autour de l’Eglise, dans son voisinage. Nous devrions nous le rappeler quand nous organisons notre vie paroissiale, nos activités paroissiales.

Sommes-nous une paroisse qui « va » ou une paroisse qui attend ? Montrons-nous par nos activités que nous sommes émus de compassion pour les foules, pour les perdus de notre voisinage ?

N’oublions jamais : « Jésus parcourait », mais

X X X 2 X X X

Jésus enseignait aussi

Nous apprenons d’ailleurs qu’il « enseignait » plus particulièrement « dans les synagogues » (v. 35), dans les structures locales de l’Eglise de son temps, dans les paroisses locales des « villes et villages » de Palestine.

Nous aussi nous devons veiller à ce que, dans notre paroisse, tous soient bien instruits dans les vérités de l’Evangile. Nous ne pourrons résister au doute et à la tentation que si nous sommes sûrs de notre salut, que si nous avons une connaissance claire de Jésus, « le Chemin, la Vérité et la Vie » (Jn 14.6).

L’un des points forts de l’Eglise luthérienne a toujours été le sérieux et la minutie avec lesquels elle instruit ses membres. Tenez, il y a un mois, nous avons célébré la confirmation de James et de Romain. Pourquoi ? – L’une des raisons est de montrer à la paroisse que ces adolescents ont atteint un niveau de connaissance suffisant pour pouvoir s’examiner eux-mêmes en vue de recevoir la Cène pour leur salut.

C’est pour la même raison que nous instruisons aussi avec le même sérieux ceux qui veulent devenir membres, et nous les recevons dans la paroisse par un acte liturgique public. Nous ne le faisons pas seulement avec ceux qui ont passé de l’incrédulité à la foi en Jésus-Christ, nous le faisons aussi avec ceux qui ont reçu un enseignement partiellement incorrect dans leur précédente Eglise.

D’ailleurs, nous avons tous besoin, tout au long de notre vie, de consolider et d’approfondir nos connaissances bibliques, de « progresser dans la connaissance de Dieu » (Col 1.10) et dans la foi « en Celui qui est le chef, Christ » (Ep 4.15). Cela se fait dans les cultes et études bibliques.

Une paroisse authentiquement missionnaire est une paroisse bien instruite. Une paroisse missionnaire est une paroisse dont les membres ont une claire connaissance des vérités à confesser, mais aussi des raisons bibliques d’en faire part aux autres.

Car, après avoir « parcouru » et « enseigné dans les synagogues »,

X X X 3 X X X

Jésus proclamait,

« il proclamait la Bonne Nouvelle du Royaume » (v. 35).

Dans les quatre Evangiles – Matthieu, Marc, Luc et Jean – nous trouvons plus de 50 fois « royaume de Dieu », plus de 30 fois « royaume des cieux » et plus de 20 fois « ciel » ou « cieux ». Jésus s’exprimait souvent ainsi. Dans notre texte, par contre, il est simplement dit qu’il « proclamait la Bonne Nouvelle du Royaume ».

Notre message missionnaire, la merveilleuse nouvelle que notre paroisse a le privilège de pouvoir annoncer dans son voisinage, c’est ce que Jean-Baptiste « proclamait » déjà « dans le désert » : « Repentez-vous », « changez d’attitude, car le Royaume des cieux est proche ! » (Mt 3.2) Le Roi est déjà venu dans ce monde pour y établir son « Royaume » !

Maintenant c’est nous qu’il envoie inviter les perdus à venir le rejoindre. Ce n’est qu’ainsi qu’ils seront en sécurité. Ce n’est qu’auprès de lui qu’ils trouveront le pardon de leurs péchés, la vie et le salut.

Il nous envoie inviter les perdus : « ”Repentez-vous,” confessez votre péché et attachez-vous avec foi à Celui qui a fait la réconciliation avec Dieu ! Ne désespérez pas de la vie, ne craignez pas la mort : ”notre Sauveur Jésus-Christ a réduit la mort à l’impuissance et a mis en lumière la vie et l’immortalité par l’Evangile !” » (2 Tm 1.10)

Comme Jésus, que notre paroisse persévère aussi à « proclamer la Bonne Nouvelle du Royaume » !

« Jésus parcourait », « Jésus enseignait », « Jésus proclamait »,

X X X 4 X X X

Jésus guérissait :

« Jésus guérissait toute maladie et toute infirmité. » (v. 35)

Pas étonnant ! Il est le Fils de Dieu, il peut accomplir des miracles. Nous, non.

Mais … Oui, car il y a un mais.

Tout d’abord, Dieu a béni l’humanité en lui permettant de faire des progrès médicaux prodigieux. Grâce à Dieu, nos médecins peuvent, aujourd’hui, guérir des « maladies » qu’à l’époque seul Jésus pouvait « guérir ».

Mais les « infirmités » sont aussi variées qu’omniprésentes dans le monde d’aujourd’hui. Ce qui me frappe, c’est la quantité d’« infirmités » qui accablent, par exemple, nos banlieusards : des malaises financiers, oui, mais aussi une foule d’« infirmités » sociales et psychologiques ; des personnes sont brisées, « sans espérance et sans Dieu dans le monde » (Ep 2.12).

Vous en rencontrez dès que vous sortez dans la rue, peut-être déjà sur le palier en quittant votre appartement.

Notre monde est malade, malade de ne pas être relié à la source de la vie, malade d’avoir perdu les repères moraux, malade d’être perdu dans un brouillard spirituel.

Dans notre paroisse, nous avons le remède à ces « maladies ». La thérapie peut prendre du temps – des mois, peut-être des années dans certains cas ! – pour amener des personnes blessées à la guérison.

Nous, les croyants, nous sommes les seuls à pouvoir les amener à ne plus connaître « la tristesse de ceux qui n’ont pas d’espérance » (1 Th 4.13).

Bien entendu, dans tout ce que j’ai dit depuis le début – « parcourir », « enseigner », « proclamer » et « guérir » – dans tout cela il ne faut pas oublier

X X X 5 X X X

Jésus a aussi dit :

« Priez le Maître ! »

En d’autres mots, « parcourir », « enseigner », « proclamer » et « guérir », ce sont là des activités paroissiales qu’il s’agit de faire dans un contact régulier avec le Chef divin de l’Eglise, en priant régulièrement.

C’est lui qui nous envoie en mission. C’est de lui qu’est venu l’ordre. « Parcourir », « enseigner », « proclamer » et « guérir » les perdus et les infirmes autour de nous, c’est son affaire.

Mais il y tient tant qu’il nous demande, à nous qui sommes déjà en sécurité dans son Royaume, de nous joindre à lui dans ses efforts pour atteindre ceux qui sont perdus.

Quelle entreprise peut fonctionner harmonieusement et efficacement si les employés ne sont pas en contact constant avec le patron ? Aucune ! Eh bien, c’est pareil pour l’Eglise ! Pas étonnant que Jésus dise : Priez donc le Maître de la moisson d’envoyer des ouvriers dans sa moisson ! » (v. 38)

Soyons conscients du danger qui consiste à devenir une paroisse hyperactive, mais sans vie spirituelle, une simple organisation humaine qui ne serait plus reliée au Sauveur par la prière.

Mais soyons aussi conscients du danger opposé : devenir une paroisse à la vie apparemment hautement théologique et spirituelle, mais sans les œuvres correspondant à une vie spirituelle, sans « l’attitude » missionnaire « identique à celle de Jésus-Christ ».

N’oublions pas : « La moisson est grande, mais il y a peu d’ouvriers. » (v. 37) « La moisson » est prête à être rentrée dans les granges divines, mais quelle en sera la part qui pourrira dehors, éternellement ?

Quand je me rends de Châtenay-Malabry à Argenteuil, à Nozay ou à Yerres – sans parler de … Soissons – pour des cercles bibliques ou des visites, je passe à côté de centaines de milliers de gens, et je sais qu’un nombre effroyable d’entre eux est perdu ! Penser à eux m’afflige.

Bien entendu, nous ne pouvons pas tout faire, mais n’ignorons pas les portes que le Seigneur nous ouvre ; entrons-y avec confiance, dans la prière.

C’est son projet. Nous y sommes engagés sur son ordre de mission.

Alors, quand il nous montre des portes à notre portée (excusez le jeu de mots), essayons de les ouvrir en son nom, poussés par la compassion pour les perdus et pour sa seule gloire !

Amen.

Jean Thiébaut Haessig

Chants proposés :

Demeure par ta grâce Avec nous, Dieu Sauveur, LlS 3 : 1- 5

Ô Jésus, tu nous appelles à former un même corps LlS 272 : 1- 4

En avant ! En avant ! Que ton drapeau flotte au vent LlS 172 : 1+4-6

Ô Seigneur Jésus, mon Sauveur, Tu m’invites LlS 167 : 1-10

Sermon du dimanche 20 juin 2010

CULTE SYNODAL Rm 12.1-2

1 « Je vous encourage donc, frères et sœurs,

par les compassions de Dieu,

à offrir votre corps comme

un sacrifice vivant, saint, agréable à Dieu.

Ce sera de votre part un culte raisonnable.

2 Ne vous conformez pas au monde actuel,

mais soyez transformés

par le renouvellement de l’intelligence

afin de discerner

quelle est la volonté de Dieu,

ce qui est bon, agréable et parfait. »

(Segond 21)

1 : « Je vous encourage donc, mes frères,

au nom de toute la magnanimité de Dieu,

à offrir votre corps comme

un sacrifice vivant, saint et agréé de Dieu ;

voilà quel sera pour vous

le culte conforme à la Parole.

2 : Ne vous conformez pas à ce monde-ci,

mais soyez transfigurés

par le renouvellement de votre intelligence,

pour discerner

quelle est la volonté de Dieu :

ce qui est bon, agréé et parfait. » (NBS)

Chers frères et sœurs en Christ,

et plus particulièrement,

chers délégués synodaux de nos paroisses,

pasteurs et laïcs !

Nous avons préparé notre assemblée synodale dans les conférences pastorales, en conseils régionaux, au conseil synodal et dans les paroisses, nous avons mis nos réflexions en commun ces deux derniers jours, nous avons pris des décisions devant la face de Dieu, nous avons réfléchi aux « Temps forts du culte », et nous voilà en plein dans le moment solennel le plus fort d’une Assemblée Générale Synodale : le Culte Synodal.

Je ne vais pas revenir sur les temps forts d’un culte liturgique. Nous en avons amplement parlé ces jours-ci. Je vais plutôt poser la question : Le culte que Dieu attend de nous prend-t-il fin quand nous quittons le lieu de culte ?

Dans l’original grec, l’apôtre Paul emploie ici un terme précis pour « culte ». Il utilise le mot λατρεία (latreia), « -lâtrie » que nous ne trouvons plus que dans idolâtrie, le service des idoles. Paul l’utilise dans un autre sens, au sens de « service » rendu à Dieu, « service » divin, « culte ». Jésus d’ailleurs aussi (Jn 16.2).

La question que nous voulons nous poser est la suivante :

Quand et où

REND-T-ON « service » ou « culte »

à Dieu ?

Seulement au cours du déroulement liturgique délimité par le prélude au début et le postlude à la fin ? – Dans notre texte, l’apôtre Paul est nettement d’un autre avis. Comme il est court, je vais le relire :

1 « Je vous encourage donc, frères et sœurs,

par les compassions de Dieu,

à offrir votre corps comme

un sacrifice vivant, saint, agréable à Dieu.

Ce sera de votre part un culte raisonnable.

2 Ne vous conformez pas au monde actuel,

mais soyez transformés

par le renouvellement de l’intelligence

afin de discerner

quelle est la volonté de Dieu,

ce qui est bon, agréable et parfait. »

LE CULTE

QUE NOUS RENDONS A DIEU

1. englobe toute notre existence,

2. ne correspond pas aux critères de ce monde,

3. est produit par la compassion de Dieu,

4. demande une remise en question continuelle.

X X X 1 X X X

Le culte que nous rendons à Dieu

englobe toute notre existence.

Certes, nous venons à l’église pour rendre culte à notre Dieu Sauveur en suivant le merveilleux déroulement de nos offices du dimanche.

C’est là aussi ce à quoi notre foi nous pousse : à venir rencontrer notre Dieu dans la Parole et les sacrements, à venir l’adorer, le louer, le chanter, le célébrer et l’invoquer, y chercher notre absolution et sa bénédiction. Ce culte-là aussi, bien entendu, Dieu l’attend de nous.

Mais est-ce tout ? Avons-nous fini de rendre culte à Dieu quand nous quittons l’église ? Notre « culte », le « service » que nous rendons à Dieu, se résume-t-il à maximum une heure et demie par semaine ? Et encore ! Souvent l’office du dimanche ne dépasse pas l’heure. … Alors ! ? …

Ce n’est pas l’avis de l’apôtre Paul. Ce n’est pas ce que le Saint-Esprit lui a inspiré dans notre texte. Il n’écrit pas ici : « Je vous encourage […] à chanter, prier, écouter la Parole, à baptiser (ou recevoir le Baptême) et à prendre la Cène ».

Tout cela, il peut aussi l’écrire ailleurs, mais ici il parle d’un « culte » bien plus complet, bien plus présent dans notre vie, d’un culte qui englobe toute notre existence : « Je vous encourage donc, mes frères, […] à offrir votre corps comme un sacrifice vivant, saint et agréé de Dieu. » (v. 1)

« Offrir nos corps ? » … N’ayez crainte : Dieu n’attend pas de sacrifices humains ! Il les a même en horreur, au point de menacer de mort celui qui fait des sacrifices humains. Les prophètes – Esaïe, Jérémie et Ezéchiel – dénonçaient les sacrifices humains comme une idolâtrie (Es 57.5 ; Jé 7.31 ; 32.35 ; Ez 16.20 ; 23.37). Or, ce que Dieu veut, ce n’est pas que nous soyons idolâtres, mais que nous lui rendions un culte à lui seul.

L’horreur qu’il ressent pour les sacrifices humains, montre ce que le sacrifice de son Fils a été pour lui. Cela montre aussi l’horreur et la colère que lui inspire notre péché, ce péché qui l’a obligé à prendre une décision qui lui fait horreur, qui a obligé son Fils de se sacrifier pour les expier.

Non, le culte que Dieu attend de nous, ce n’est pas celui de corps morts, mais « vivants ». Il parle de « sacrifice vivant », de l’offrande de notre vie. Il attend que nous placions notre vie à son service.

Il l’appelle aussi un « sacrifice saint », consacré à lui, consacré à sa cause. Notre vie doit lui faire honneur, doit le servir, y compris le servir en servant son Eglise et nos semblables.

Certes, un « sacrifice » est un sacrifice ; je veux dire : cela coûte, comme cela ressort des expressions : apporter un sacrifice, faire des sacrifices.

Si notre salut, le fait d’avoir été adoptés par Dieu sans l’avoir mérité, le fait d’avoir été rachetés au prix du sacrifice de Jésus, le fait d’être déjà citoyens des cieux, ne change rien à notre vie, le culte que nous rendons à notre Dieu Sauveur est bien pauvre, s’il n’est pas carrément inexistant.

D’où cette insistance de Paul : « J’exhorte donc ! » N’oublions pas – comme Paul l’écrit dans une autre lettre – : « [nous] ne nous appartenons plus à nous-mêmes, car [nous] avons été rachetés à un grand prix ! »

Et Paul d’en conclure : « Rendez donc gloire à Dieu dans votre corps et dans votre esprit qui appartiennent à Dieu. » (1 Co 6.19-20)

X X X 2 X X X

Le culte que nous rendons à Dieu

ne correspond pas aux critères du monde

Paul indique que Dieu nous a « transformés », mot-à-mot, « métamorphosés » (μεταμορφοῦσθε).

Mais comme, dans le verset précédent, il n’était pas question de sacrifier nos corps, il n’est pas davantage question ici de métamorphose de nos corps. Nos corps existent dans les mêmes conditions, avec les mêmes forces et les mêmes faiblesses et maladies que ceux des incroyants.

Paul précise tout de suite : « Soyez transformés par le renouvellement de votre intelligence ! » Placez-vous au contact des moyens de grâce pour que le Saint-Esprit puisse continuer l’œuvre qu’il a commencée en vous.

Veillez à permettre au Saint-Esprit de continuer en vous son œuvre de « renouvellement » et de « régénération » commencée, pour l’immense majorité d’entre nous, dans notre Baptême (Tt 3.5).

Laissez « le Saint-Esprit » vous « appeler par l’Evangile », vous « éclairer de ses dons », vous « sanctifier et » vous « maintenir dans la vraie foi » (Martin Luther, « Petit Catéchisme »).

Ainsi éclairés et « transformés » par le Saint-Esprit dans « notre intelligence », nous serons en mesure « de discerner quelle est la volonté de Dieu, ce qui est bon, agréable et parfait » à ses yeux.

Mais cela nous amène aussi à « nous conformer » de moins en moins « à ce monde-ci ». Plus les choses vont, et plus nous sentons le monde autour de nous s’écarter de la morale chrétienne.

Cela ne devrait pas nous étonner. Là où il n’y a plus de foi en Dieu, là où on ne vit plus dans la joie d’avoir été sauvé par le sacrifice expiatoire de Jésus, on ne voit pas non plus pourquoi on chercherait à suivre les règles d’un Dieu auquel on ne croit pas !

Là où il n’y a pas de foi en Jésus-Christ, il ne peut pas non plus y avoir les fruits de la foi. Oh ! certes, il y a aussi des incroyants qui se conduisent de façon vertueuse, qui soutiennent des œuvres sociales par leurs dons, mais le monde qui nous entoure a perdu les repères divins : n’ayant plus Dieu pour Dieu, il s’est fait lui-même le critère de sa conduite. Ce qui lui plaît est bon et il se le permet … à moins que la société n’y mette le holà !

Ainsi, au fur et à mesure que le temps passe, nous nous retrouvons de plus en plus à l’écart du style de vie du plus grand nombre. Eux rendent un culte à l’homme, à l’homme coupé de son Créateur et Sauveur ; nous par contre, nous rendons un culte à Celui qui nous a si richement bénis.

Eux servent des tendances non éclairées ni « transformées » par le Saint-Esprit, nous, nous nous efforçons de servir Dieu en nous laissant guider par le Saint-Esprit dans ce qui « est la volonté de Dieu, ce qui est bon, agréable et parfait ».

Attention ! Paul ne dit pas que notre culte est parfait, mais que « la volonté de Dieu » est « parfaite ».

Nous le savons : le service que nous rendons à Dieu est imparfait, et c’est malheureux. Néanmoins, nous nous efforçons de le « servir » selon « sa volonté », même si nous nous mettons ainsi en porte-à-faux avec « le monde actuel ».

Avouez : ce n’est pas toujours facile de ne pas faire comme les autres, que ce soit à l’école, au travail, dans le voisinage ou ailleurs. Ce n’est pas toujours facile de se démarquer des autres par amour et fidélité envers Jésus-Christ.

Nos choix sont parfois diamétralement opposés à ceux du monde. Au mieux on se moque de nous comme d’attardés, au pire on nous accuse et nous rejette.

C’est parfois difficile à vivre, mais cela ne devrait pas nous surprendre. Jésus n’avait-il pas indiqué : « Vous serez détestés de tous à cause de mon nom », à cause de votre vie mise à mon service, « mais », s’empresse-t-il de poursuivre, « celui qui persévérera jusqu’à la fin sera sauvé. » (Mt 10.22)

Qu’est-ce qui nous pousse et nous rend ainsi capables de faire de notre quotidien « un culte agréable à Dieu » ?

X X X 3 X X X

Le culte que nous rendons à Dieu

est produit

par la compassion de Dieu.

Paul, du haut de son autorité apostolique qui est effectivement la sienne, ne dit pas : « Je vous ordonne de faire de votre vie un culte rendu à Dieu ! » Il ne dit même pas : « Rendez un culte à Dieu par votre style de vie ! » Non, il dit : « Je vous encourage, frères et sœurs, par les compassions de Dieu ! »

« Voyez comment votre perdition éternelle a remué Dieu jusque dans ses entrailles ! » (C’est l’image qu’utilise Paul en grec pour parler de la « compassion de Dieu ») « Votre situation dramatique, catastrophique, sans issue, l’a tellement bouleversé qu’il a fait intervenir son Fils pour vous sauver ! »

« "J’encourage par les compassions de Dieu", je vous prie de méditer ce qu’il a fait, comment il a eu pitié de vous ! Cela devrait vous pousser à la reconnaissance ! » Ailleurs, Paul nous dit : « L’amour de Christ nous presse ! » (2 Co 5.14)

Et c’est bien la seule chose qui puisse nous pousser sur le chemin de la foi, nous pousser à lui « rendre un culte » par toute notre vie !

En nous prêchant la Loi, Paul aurait peut-être obtenu la même chose, mais cela aurait été forcé. « En fait, la Loi produit la colère » (Rm 4.15).

Avec l’Evangile, la Bonne Nouvelle de ce que Jésus a fait pour nous, Paul nous émeut, le Saint-Esprit lui-même éveille en nous la volonté de lui montrer notre reconnaissance et de lui faire honneur par notre vie placée sous sa croix, placée dans sa lumière, placée à son service.

Ceci dit – et je me répète – le culte que nous lui rendons est loin d’être parfait :

X X X 4 X X X

Le culte que nous rendons à Dieu

demande

une remise en question continuelle.

Faire de notre vie « un culte », une « offrande vivante, sainte, agréable à Dieu », c’est à la fois difficile et … facile.

Difficile, parce qu’il s’agit « de discerner quelle est la volonté de Dieu, ce qui est bon, agréable et parfait. » Il n’est pas toujours facile, dans les situations complexes de cette vie, dans les situations compliquées par le péché, « de discerner », de découvrir « quelle est la volonté de Dieu ».

C’est la raison pour laquelle nous échangeons en AGS et essayons de trouver ensemble les réponses à une question, à un problème, à un défi.

Mais il arrive plus d’une fois que nous ne savons pas avec certitude si nous avons fait ce qu’il aurait fallu faire, si nous n’avons pas omis de faire ce qu’il aurait fallu, ou si nous n’avons pas carrément agi contre « la volonté de Dieu ».

« S’examiner soi-même » n’est donc pas seulement nécessaire avant de participer à la Cène ; nous devons le faire quotidiennement.

En fait, si nous sommes honnêtes avec nous-mêmes, si – pour parler avec l’apôtre Jean – « nous ne nous trompons pas nous-mêmes », nous ne pouvons que « reconnaître nos péchés » (1 Jn 1.8-9), donc aussi reconnaître que le culte que nous rendons à Dieu est gangrené par nos péchés.

De ce point de vue, il n’est non seulement difficile de « rendre un culte » parfait, c’est même impossible.

Et pourtant, c’est facile, ou pour le dire autrement : cela nous a été rendu facile.

Paul nous exhorte à faire de notre vie un culte « vivant » et « agréable » à Dieu ? Mais Pierre nous a appris que « les sacrifices spirituels » que nous « offrons » à Dieu sont « agréables à Dieu par Jésus-Christ » ! (1 P 2.5)

Dieu accepte notre culte, nos efforts pour placer notre vie à son service lui sont même « agréables », il accepte notre service malgré nos déficiences et nos faiblesses ; il l’accepte parce que nous nous sommes réfugiés par la foi auprès de Jésus-Christ qui, lui, a rendu à Dieu un culte parfait à notre place.

Certes, nous allons régulièrement nous examiner et voir comment mieux servir notre Père céleste, mais nous ne le faisons pas par peur d’être punis pour les péchés qui gangrènent encore notre service – Jésus s’est déjà fait punir à notre place ! – non, nous examinons notre vie et nous nous efforçons de toujours davantage plaire à Dieu par amour pour ce qu’il a fait pour nous, pour ce qu’il a fait de nous !

C’est ainsi, dégagés de toute crainte, poussés par l’amour et les compassions de Dieu, que nous voulons continuer ce culte, puis tous les autres cultes liturgiques, au cours des semaines qui suivent.

Prions le Seigneur que cela se ressente aussi dans la vie et la santé de nos paroisses !

Amen.

Jean Thiébaut Haessig, pasteur